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Roi, et efforcez-vous d'obtenir que S. M. conseille au prince de Hohenzollern de revenir sur son acceptation.

J'attache un grand intérêt à connaître aussitôt que possible, et par le télégraphe, le résultat de vos démarches.

Agréez,

No 21.

Signé GRAMONT.

LE DUC DE GRAMONT AU COMTE BENEDETTI.

Paris, le 7 juillet 1870, minuit.

Mon cher comte, je vous envoie le jeune Bourqueney avec un chiffre, afin que vous puissiez me renseigner le plus tôt possible sur le résultat de votre démarche auprès du Roi. Nous savons, par les aveux du prince lui-même, qu'il a combiné toute l'affaire avec le gouvernement prussien, et nous ne pouvons pas accepter la réponse évasive avec laquelle M. de Thile cherche à sortir du dilemme qui lui a été posé. Il faut absolument que vous obteniez une réponse catégorique, suivie de ses conséquences naturelles. Or, voici la seule qui puisse nous satisfaire et empêcher la guerre :

« Le gouvernement du Roi n'approuve pas l'acceptation du prince de Hohenzollern, et lui donne l'ordre de revenir sur cette détermination, prise sans sa permission. »

Il restera ensuite à me faire savoir si le prince, obéissant à cette injonction, renonce officiellement et publiquement à sa candidature. Nous sommes très-pressés, parce qu'il faut prendre les devants dans le cas d'une réponse non satisfaisante, et dès samedi commencer les mouvements de troupes pour entrer en campagne dans quinze jours.

Vous citerez au Roi tous les exemples que vous connaissez de certaines couronnes interdites à certains princes pour des raisons d'ordre politique : le duc de Nemours en Belgique, un prince anglais, russe ou français en Grèce, un Murat à Naples désavoué par l'Empereur, etc.

J'insiste surtout sur la nécessité de ne pas laisser gagner du temps par des réponses évasives; il faut que nous sachions si nous avons la paix; ou si une fin de non-recevoir nous oblige à faire la guerre.

Si vous obtenez du Roi qu'il révoque l'acceptation du prince de

Hohenzollern ce sera un immense succès et un grand service. Le Roi aura, de son côté, assuré la paix de l'Europe.

Sinon, c'est la guerre.

Quant au prince, son règne en Espagne ne durera pas un mois; mais la guerre provoquée par cette intrigue de M. de Bismarck, combien durera-t-elle, et quelles en seront les conséquences?

Ainsi donc, pas d'ambages et pas de lenteurs. Jamais mission ne fut plus importante: puissiez-vous y réussir, c'est mon vœu le plus ardent.

Tout à vous,

Signé GRAMONT.

P. S. Tenez-vous en garde contre une réponse qui consisterait à dire que le Roi abandonne le prince de Hohenzollern à son sort, et se désintéresse de tout ce qui arrivera ; qu'il restera neutre en présence de toutes les éventualités qui pourraient être la conséquence de ses résolutions individuelles.

Nous ne pourrions accepter cette réponse comme satisfaisante, car le gouvernement du Roi ne peut se désintéresser aujourd'hui par de simples paroles d'une situation qu'il a contribué à créer.

Il faut qu'il la modifie. qu'il la redresse, pour que nous acceptions l'assurance de son désintéressement.

N° 22.

M. MERCIER DE LOSTENDE AU DUC DE GRAMONT.

(Télégramme.)

Madrid, le 7 juillet 1870, 4 heures 20 minutes du soir.

J'ai vu le maréchal Prim. Je lui ai communiqué l'impression de l'Empereur. Répétition de notre conversation de l'autre jour, seulement plus accentuée de ma part. Enfin, il m'a dit : « Comment sortir de là? Je ne vois qu'un moyen : que le prince me dise qu'il rencontre des obstacles au consentement du Roi, et alors, au lieu d'insister, je lui facilite sa retraite. » Je lui ai dit : « Prenez l'initiative. » Il m'a répondu qu'il ne le pouvait, et prie qu'on ignore qu'il nous a ouvert cette issue. Il me semble difficile qu'elle mène bien loin.

N° 23.

LE COMTE DE BEUST AU COMTE DUBSKÝ, Å MADKIĎ.

(Télégramme.)

Vienne, le 7 juillet 1870.

D'après une communication qué vient de me faire le ministre d'Espagne, le Gouvernement a décidé de proposer la candidature Hohenzollern aux Cortès. Elle déclare que cette résolution n'est prise qué pour satisfaire l'opinion nationale et qu'elle ne renferme aucun dessein inquiétant. J'ai répondu que l'idée pouvait être excellente, mais que son effet serait déplorable. La notoriété de la volonté nationale en faveur d'une combinaison qui mettait en péril la paix de l'Europe ne m'était pas connue, et il était à espérer que le peuple et le gouvernement espagnol écouteraient l'appel que la France faisait à leur sagesse et à leur amitié. Notre avis était d'autant moins suspect que nous avions en tout temps observé la plus complète impartialité et la plus grande réserve à l'égard des affaires de l'Espagne.

No 24.

M. SAGASTA, AUX REPRÉSENTANTS DE L'ESPAGNE A L'ÉTRANGER.

(Circulaire.)

Madrid; le 7 juillet 4870.

Monsieur l'ambassadeur, Votre Excellence connaît les importantes déclarations qui ont été faites au sein des Cortès constituantes, le 11 juin dernier, par Son Excellence M. le président du conseil des ministres. En exposant aux représentants de la nation espagnole les démarches jusqu'alors infructueuses qui avaient été faites dans le but de trouver un candidat au trône qu'ils ont relevé en vertu de leur incontestable souveraineté, le président du conseil leur manifesta que le gouvernement provisoire d'abord, puis le pouvoir exécutif, et plus tard le gouvernement de Son Altesse le Régent l'avaient honoré d'une confiance illimitée, l'autorisant à faire toutes les démarches et à entreprendre toutes les négociations nécessaires dans le but d'obtenir dans une question d'une si haute importance un résultat satisfaisant.

Muni de ces pleins pouvoirs, le maréchal Prim avait, dans l'accom

ARCH. DIPL. 1871-1872. - 1.

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plissement de sa difficile mission, outre sa haute représentation politique personnelle, l'autorité morale de tout le gouvernement, la force que donne l'unité d'opinion et d'action, et la garantie de la plus absolue réserve. On était donc autorisé à espérer que, malgré le malheureux résultat de ses premières démarches, il pourrait vaincre toute espèce de difficultés et parviendrait à proposer à ses collègues du gouvernement et à présenter à l'approbation des Cortès constituantes un candidat digne de ceindre la couronne d'Espagne et en même temps pouvant être accepté par tous les hommes du grand parti monarchique libéral. Le gouvernement avait cette confiance, qui n'a pas été trompée, et aujourd'hui il a la satisfaction d'annoncer à Votre Excellence, par mon entremise, que le conseil des ministres, réuni à la Granjà le 4 courant, sous la présidence de Son Altesse le Régent, a désigné le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen comme candidat au trône d'Espagne.

Les conditions toutes favorables que possède ce prince et le bon accueil que sa désignation a rencontré dans l'opinion publique du pays donnent au gouvernement l'agréable espérance que son candidat sera bientôt nommé roi par les Cortès avec une grande majorité, et qu'ainsi se terminera la glorieuse période constituante commencée en septembre 1868.

Dès hier, aussitôt qu'il fut possible de sortir de la réserve que conseillait jusqu'à ce jour la prudence, je m'empressai de télégraphier à Votre Excellence la résolution du gouvernement et les dispositions qu'il allait immédiatement adopter pour la soumettre à l'approbation des Cortès, en se conformant strictement aux préceptes du code fondamental de la nation et aux règles établies par la loi sur l'élection du monarque. Tout en prévenant Votre Excellence de le communiquer au gouvernement......., je vous donnais quelques indications sur la vraie signification politique de cet événement, qui ne doit en rien affecter nos relations avec les autres puissances, malgré la grande influence qu'il est destiné à exercer sur l'avenir de la nation espagnole,

La situation créée par la révolution de septembre, qui a changé d'une façon si radicale les conditions politiques de notre pays, a pu se soutenir sans difficulté sous une forme provisoire jusqu'au jour où les Cortès ont voté la Constitution monarchique du pays. Mais dès ce moment le provisoire était un danger, parce qu'il laissait sous la puissante sanction des faits l'idée qui s'était révélée comme l'aspiration du peuple espagnol. Si le gouvernement ne trouvait pas le moyen de réaliser cette idée, ses ennemis recouvraient naturellement des forces en face de ce provisoire qui laissait la porte ouverte à toute sorte d'espérances insensées. Il en résultait une situation diffi

cile, qu'on n'a pu traverser que grâce aux constants efforts du gouvernement et à la sagesse de l'immense majorité des Espagnols. Digne d'admiration sans nul doute est le spectacle donné au monde entier par notre patrie traversant une période de deux ans au milieu d'une tranquillité dont on ne trouve pas d'exemple dans des circonstances analogues, même dans l'histoire des peuples qui se croient les plus civilisés.

Néanmoins l'opinion publique, tant en Espagne qu'à l'étranger, réclamait impérieusement la fin de cette situation. A l'intérieur, on était ardemment désireux de couronner l'œuvre de la révolution; et à l'extérieur, les gouvernements amis ont mainte fois exprimé, comme Votre Excellence a sans doute eu occasion de l'observer, les vœux qu'ils faisaient pour la consolidation dans notre pays d'une situation définitive qui écartât les craintes de futures complications. Tel est l'heureux succès que le gouvernement espagnol a aujourd'hui l'honneur de porter à la connaissance du gouvernement..... par l'entremise de Votre Excellence, et je ne doute pas qu'il ne soit accueilli par cette Cour avec la plus vive satisfaction. Les cordiales relations qui, par bonheur, existent entre les deux pays continueront, je me plais à le croire, sur le même pied d'intimité; car le même esprit et le même désir de les conserver continueront d'animer le gouvernement espagnol.

Celui-ci, en ce qui concerne ses relations extérieures, s'est efforcé jusqu'à ce jour de s'inspirer de l'opinion publique en même temps que du bien-être de la nation. Le prince Léopold, s'il parvient à occuper le trône espagnol par le vote des Cortès souveraines, sera roi constitutionnel avec la constitution la plus démocratique de toutes celles qui existent dans les pays régis par des institutions libérales. Son gouvernement ne pourra donc pas se dispenser de continuer à obéir comme dans le présent aux inspirations de l'esprit public qui ne sera pas changé parce qu'un étranger viendra occuper le poste de premier magistrat de la nation. Dès le moment où il montera sur le trône de San Fernando, il sera Espagnol et, à ce titre, il continuera et affermira l'œuvre de la révolution de septembre à un point de vue exclusivement espagnol. Occupé principalement de la régénération politique intérieure de la nation, il observera la plus stricte neutralité à l'extérieur, ce qui lui permettra de consacrer toutes ses forces au développement des intérêts moraux et matériels du pays, et rien ne pourra changer la voie que s'est tracée la politique espagnole.

C'est pour cela que le gouvernement de Son Altesse, usant de sa libre action pour préparer la solution monarchique qui lui était nécessaire, a agi seul pour son propre compte et s'est entendu directe

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