Puis le méridien 5° 45' (cinq degrés quarante-cinq minutes) jusqu'au parallèle de 54° 20' (cinquante-quatre degrés vingt minutes) de latitude. Et enfin ce dernier parallèle jusqu'à la côte. Il sera procédé contre tout bâtiment qui tenterait de violer ledit blocus, conformément aux lois internationales et aux traités en vigueur avec les puissances neutres. A bord de la Magnanime, frégate cuirassée de S. M. l'Empereur des Français, stationnée entre l'île anglaise d'Héligoland et la côte prussienne. Le vice-amiral commandant en chef, N° 318. Signé FOURICHON. PROCLAMATION DU ROI DE PRUSSE AUX HABITANTS DES TERRITOIRES FRANÇAIS OCCUPES PAR LES TROUPES ALLEMANDES. Le 12 août 1870. Nous Guillaume, roi de Prusse, faisons savoir ce qui suit aux habitants des territoires français occupés par les armées allemandes. L'empereur Napoléon ayant attaqué par terre et par mer la nation allemande, qui désirait et désire encore vivre en paix avec le peuple français, j'ai pris le commandement des armées allemandes pour repousser l'agression et j'ai été amené par les événements militaires à passer les frontières de la France. Je fais la guerre aux soldats et non aux citoyens français. Ceux-ci continueront, par conséquent, à jouir d'une entière sécurité pour leurs personnes et leurs biens, aussi longtemps qu'ils ne se priveront pas eux-mêmes, par des entreprises hostiles contre les troupes allemandes, du droit de leur accorder ma protection. Les généraux commandants des différents corps détermineront par des dispositions spéciales qui seront portées à la connaissance du public les mesures à prendre envers les communes ou les personnes qui se mettraient en contradiction avec les usages de la guerre; ils règleront de la même manière tout ce qui se rapporte aux réquisitions qui seront jugées nécessaires pour les besoins des troupes, et ils fixeront la différence du cours entre les valeurs allemandes et françaises, afin de faciliter les transactions individuelles entre les troupes et les habitants. Signé: GUILLAUME. N° 319. ORDRE DU JOUR DU PRINCE ROYAL DE PRUSSE. Quartier général de Petersbach, le 12 août 1870. Soldats de la 3e armée! Nous avons franchi la frontière française avec le combat victorieux de Wissenbourg, et ensuite au moyen de la victoire éclatante à Woerth nous avons forcé l'ennemi d'évacuer l'Alsace, enfin nous avons traversé les Vosges en avançant bien loin dans le pays de France et nous avons gagné la communication avec la 1o et la 2e armée, dont les succès ont également obligé l'ennemi de reculer. Grâce à votre bravoure admirable et à vos sacrifices, grâce à votre courage avec lequel vous supportez toutes les difficultés et à vos efforts, nous avons obtenu des résultats considérables. Je vous remercie au nom du roi de Prusse, notre commandant en chef, ainsi qu'au nom des princes d'Allemagne réunis. Je suis fier de me trouver à la tête d'une armée à laquelle l'ennemi n'a pu résister jusqu'à présent et dont les exploits font l'admiration de notre patrie allemande. Signé FRÉDÉRIC-GUILLAUME, prince royal de Prusse. M. DE THILE AUX N° 320. AGENTS DIPLOMATIQUES DE LA CONFÉDÉRATION DE L'ALLEMAGNE DU NORD PRÈS DES GOUVERNEMENTS DE L'ALLEMAGNE DU SUD. (Circulaire.) Berlin, le 12 août 1870. Monsieur, vous connaissez par les journaux la circulaire, en date du 4 du mois courant (no 292), qui a été adréssée par le duc de Gramont aux légations françaises et qui a été publiée par le Journal officiel. Malgré le peu de foi que méritent et que rencontrent les communications récentes du Gouvernement impérial, je crois ne pas devoir négliger de caractériser, comme elle le mérite, une des contre-vérités renfermées dans cette circulaire. Je désire parler du propos attribué à M. le comte de Bismarck, d'après lequel il redouterait une alliance éventuelle de l'Autriche avec les États de l'Allemagne du Sud, Je ne doute point, il est vrai, que les Gouvernements de l'Allemagne du Sud, abstraction faite des rapports que les traités ont établis entre nous, n'aient puisé dans notre attitude à leur égard et dans leur propre conviction, la persuation qu'une semblable appréhension ne saurait nous atteindre. Mais comme cette allégation se rapporte à un objet qui n'a jamais donné lieu qu'à des pourpalers tout confidentiels, et comme les Gouvernements restés étrangers à ces pourparlers ne possèdent par conséquent pas les moyens de vérifier l'allégation de M. le duc, je dois tout au moins à l'histoire de la compléter en déclarant ce propos de M. de Bismarck, que le duc prétend avoir emprunté à une lettre du marquis de La Valette, ambassadeur français à Londres, comme absolument controuvé. Au commencement de cette année, le comte de Clarendon proposa confidentiellement à M. le chancelier fédéral de faire prendre par la Confédération de l'Allemagne du Nord l'initiative d'une réduction générale des forces militaires; mais il renonça à sa proposition par suite des objections soulevées par nous. Ces objections, au sujet desquelles je n'ai pas à m'expliquer aujourd'hui, étaient principalement fondées sur ce fait qu'en présence de la différence des systèmes militaires des divers pays et notamment de l'Allemagne du Nord et de la France, l'exécution et le contrôle d'un désarmement proportionnel offriraient les plus grandes difficultés. La lettre du comte de Bismarck sur cette question ne fait aucune mention des Etats de l'Allemagne du Sud, et il n'en a pas été question davantage, d'après la déclaration officielle du comte de Bernstorff, dans les entretiens que celui-ci a eus au sujet de la proposition. Je vous prie de donner lecture du présent office à M. le ministre des Affaires étrangères et de lui en remettre copie. Signé DE THILE. N° 321. LE BARON DE BEAULIEU AU COMTE DE GRANVILLE. Légation de Belgique, Londres, ce 12 août 1870. Mylord, suivant les instructions dont votre Excellence avait bien voulu le munir, le ministre de Sa Majesté Britannique à Bruxelles, M. Lumley, a confidentiellement communiqué à M. le baron d'Anethan, ministre des Affaires étrangères, le projet de traité identique à conclure par le Royaume-Uni avec la Prusse et la France pour rappeler par un acte solennel, à l'occasion de la guerre qui vient d'éclater, leur ferme détermination de maintenir l'indépendance et la neutralité de la Belgique. Je suis chargé, mylord, de remercier votre Excellence de cette communication, que M. le baron d'Anethan a reçue avec un intérêt particulier, et d'exprimer au même temps la profonde reconnaissance dont le Gouvernement du Roi est pénétré pour ce nouveau et éclatant témoignage de la vive sollicitude du Gouvernement de Sa Majesté Britannique envers la Belgique. En m'acquittant de cette agréable mission, je saisis, etc. Signé BEAULIEU N° 322. LE COMTE DE GRANVILLE AUX REPRÉSENTANTS DE LA GRANDE BRETAGNE. Circulaire). Foreign-Office, le 12 août 1870. Le Gouvernement de Sa Majesté a appris avec le plus grand regret qu'en Allemagne l'impression est que l'Angleterre est sortie de l'attitude de neutralité (qu'elle a déclaré vouloir conserver), en donnant à la France des facilités pour obtenir certains articles de guerre, tels que munitions, chevaux et houille, facilités qui n'auraient point été accordées dans le même degré aux Etats alliés allemands. Il est naturel, au moment d'une excitation telle que celle qui existe aujourd'hui, que la nation allemande se montre plus susceptible qu'en temps ordinaire touchant l'attitude des puissances restées en dehors de la lutte; et l'on ne peut s'étonner de voir les Allemands accepter comme des faits de simples rumeurs sans fondement, et qu'ils condamnent, sans examen préalable, comme violation de la loi des neutres, des procédés que, en temps ordinaire, et avec l'impartialité de jugement qui les distingue, ils auraient reconnu être conformes absolument aux coutumes et à la bienveillance internationales. Sans aucun délai, aussitôt après l'échange des déclarations de guerre, le Gouvernement de S. M. a annoncé la détermination prise par la Grande-Bretagne de maintenir sa position de neutralité envers les belligérants, position jusqu'ici fidèlement conservée. Il n'est point vrai qu'aucunes facilités aient été données, ou aucunes restrictions imposées qui n'aient été communes aux deux belligérants. Les démarches du Gouvernement de S. M. ont été strictement conformes aux précédents et aux principes de toute nation neutre, y compris la Prusse, dans les guerres récentes. On voudrait, paraît-il, que la Grande-Bretagne fit davantage, et que non-seulement elle imposât à ses sujets les obligations de la loi des neutres, mais qu'elle étendit ces obligations d'une façon qui n'est pas ordinaire. Il faudrait qu'elle ne se contentât point de défendre l'exportation des articles de contrebande de guerre, mais qu'elle prévînt cette exportation, en décidant elle-même ce qui doit et ce qui ne doit pas être considéré comme article de contrebande, et qu'elle surveillât ses ports, en sorte qu'aucun de ces objets n'en sortit. Il suffit de réfléchir pour comprendre que ce devoir re peut incomber à aucun des pouvoirs neutres. Chaque nation apprécie différemment et selon les circonstances ce qui doit être regardé comme article de contrebande de guerre, et aucune décision générale n'a été arrêtée à ce sujet. Aujourd'hui, on se plaint hautement de l'exportation de houille pour la France; mais des écrivains prussiens de grande réputation ont déclaré que la houille n'est point article de contrebande, et qu'au cune puissance neutre ou belligérante ne peut prétendre le contraire. Mais, en supposant que ce point soit résolu clairement, il n'est pas douteux que le caractère de contrebande dépend de la destination de l'objet exporté, et les puissances neutres ne peuvent prévenir l'expor tation de tels articles pour un port neutre; comment donc savoir, au moment du départ du bâtiment chargé, si la déclaration faite de la destination est vraie ou spécieuse? La question de destination doit être résolue par la Cour des prises d'un des belligérants, et la Prusse ne pourrait rendre le Gouvernement britannique responsable si un bâtiment anglais chargé d'article de contrebande de guerre est capturé au moment où il entrerait dans un port français. Le Gouvernement de S. M. ne doute pas que, lorsque l'apaisement des esprits sera fait, la nation allemande ne rende justice à l'Angleterre, reconnaissant que rien n'a été négligé pour observer strictement et loyalement la neutralité; et, ce qui autorise cette conviction, c'est qu'elle se rappellera que la Prusse, se trouvant dans la position dans laquelle se trouve aujourd'hui la Grande-Bretagne, a tenu la même conduite, et s'est vue, elle aussi, impuissante pour maintenir ses sujets dans la stricte obligation de ne pas exporter des munitions de guerre. Pendant la guerre de Crimée, armes et munitions étaient librement |