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DIPLOMATIQUES

1871-1872

RECUEIL

DE DIPLOMATIE ET D'HISTOIRE

TOME DEUXIÈME

11 ET 12 ANNÉES

AVRIL, MAI, JUIN

1871-1872

PARIS

LIBRAIRIE DIPLOMATIQUE D'AMYOT, ÉDITEUR

8, RUE DE LA PAIX

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Dans une entrevue que j'ai eue ce matin avec le prince Gortschakoff, Son Excellence m'a prié d'informer Votre Seigneurie par le télégraphe, qu'il attendait avec anxiété que le Gouvernement de la Reine fit les démarches nécessaires pour faire aboutir l'idée que j'avais reçue pour instruction, par un télégramme de Votre Seigneurie, de soumettre à Son Excellence, au sujet de la convenance d'un accord général à intervenir entre les puissances neutres, à l'effet qu'aucune d'elles ne renoncerait à sa neutralité avant d'en avoir averti les autres cosignataires.

Son Excellence m'a dit que la convenance d'un pareil arrangement

ayant déjà frappé l'Empereur, ii avait tout aussitôt adopté l'idée suggérée par le Gouvernement de la Reine, et afin d'en faciliter l'acceptation général, il avait notifié immédiatement par télégramme aux gouvernements de l'Autriche, d'Italie, de Suède, de Danemark, des Pays-Bas, d'Espagne, de Portugal et de la Turquie, que le Gouvernement de l'Empereur l'avait acceptée.

Il espérait, en conséquence, que le Gouvernement de Sa Majesté britannique ne perdrait pas un instant pour faire une proposition à cet effet à ces mêmes puissances; si cette proposition était acceptée par elles (et il ne pouvait y avoir aucun doute à cet égard), cette entente générale établie entre elles augmenterait largement l'influence morale que les puissances seraient appelées à exercer dans les conférences qui pourraient avoir lieu pour le rétablissement de la paix. Son Excellence m'a dit qu'il était impossible de prévoir quand une médiation serait opportune, puisque la France pourrait n'être pas disposée à l'accepter avant d'avoir obtenu quelques succès militaires et d'un autre côté parce que la Prusse ne souhaitait pas la fin immédiate de la guerre. Il avait réanmoins dit au prince de Reuss que, si une des grandes puissances faisait une proposition pratique pour le rétablissement de la paix, la Russie y adhérerait, l'Europe demandant un prompt rétablissement de la paix sur des bases équitables et durables.

Son Excellence a ajouté que par des bases équitables et durables, il entendait des arrangements que les deux parties belligérantes pourraient accepter sans intention de les violer aussitôt qu'elles seraient assez fortes pour le faire, et il considérait que des concessions humiliantes arrachées à la France seraient incompatibles avec une paix telle qu'il est essentiel d'assurer pour les intérêts permanents et le bien de l'Europe. Il était prématuré, a-t-il dit, de parler des termes sur lesquels un arrangement satisfaisant pourrait être conclu ; mais quand des conférences s'ouvriraient, la Russie y serait indubitablement représentée par une personne qui pourrait être chargée par l'Empereur de faire concilier l'opinion du Gouvernement russe avec celles des autres puissances, et que quant à l'endroit où ces conférences pourraient être tenues, Paris et Berlin étaient les seules capitales auxquelles l'Empereur pourrait faire objection.

N° 337.

ORDRE DU JOUR DU ROI DE BAVIÈRE.

Château-Berg, le 17 août 1870.

Louis II, etc. Considérant les preuves irréfutables de l'attachement le plus fidèle à notre trône et à la patrie qui s'est dernièrement manifesté, nous nous sommes décidés avec bienveillance d'accorder une amnistie à toutes les personnes qui, jusqu'à aujourd'hui, ont été condamnées à l'amende ou aux frais pour avoir commis un acte d'offense envers Notre Majesté ou envers un membre de notre maison royale, ou bien un délit de presse et de réunion publique, tant que ces peines n'ont pas encore été exécutées et qu'elles ne concourrent avec d'autres délits. En pareille occasion, on doit immédiatement s'adresser à notre ministre de la Justice, pour qu'il nous soumette des rapports conformes. Nos autorités sont tenues de se conformer au présent décret.

(Suivent les signatures des ministres.)

Signé: LOUIS.

N° 338.

M. SCHUYLER A M. FISH.

Légation des États-Unis, Saint-Pétersbourg, le 17 août 1870.

Monsieur, de grands efforts sont tentés ici pour décider le Gouvernement à renoncer à sa neutralité et à se déclarer pour un côté ou un autre. Il paraît être l'opinion générale que si la Russie était prête, elle déclarerait la guerre et essaierait d'en retirer certains avantages politiques, tels que la révision du Traité de Paris et une extension de territoires sur la mer Noire ou sur la Baltique. Le sentiment public en faveur de la France est peut-être encore plus fort depuis les récents succès de la Prusse, et les principaux journaux publient chaque jour des articles pour demander combien serait funeste pour l'Europe et pour les gouvernements libres l'augmentation et la consolidation d'un grand pouvoir militaire comme celui de l'Allemagne du Nord. Un seul journal, le Novoe Vremyn, l'organe du

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