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ment avec le prince Léopold, sans qu'un seul moment il ait pensé que son honneur lui permettait de transiger avec la moindre influence d'un cabinet étranger. J'appelle très-particulièrement l'attention de Votre Excellence sur ce point, parce qu'il importe beaucoup dé faire constater que le gouvernement du Régent a sculement obéi dans cette affaire à ses propres inspirations, et qu'aucun but d'intérêt national à l'extérieur et encore moins d'intérêt étranger n'a guidé son président dans le cours de cette négociation. C'est le désir seul d'accomplir les voeux de la nation et la mission que lui avaient confiée le Régent et ses collègues du cabinet, qui l'a induit à proposer la candidature au trône d'Espagne à un prince majeur, maître absolu de ses actions et qui, par ses relations de parenté avec la plupart des maisons régnantes d'Europe, sans être appelé à la succession au trône d'aucune d'elles, excluait dans cette situation toute idée d'hostilité contre une puissance quelconque.

Par conséquent la candidature du prince de Hohenzollern-Sigmaringen n'affecte en rien les relations amicales de l'Espagne avec les autres puissances, et à plus forte raison elle ne peut ni ne doit affecter les relations que celles-ci peuvent avoir entre elles.

Votre Excellence, - bien pénétrée des intentions qui ont guidé le gouvernement espagnol dans la résolution qui va être soumise aux Cortès, devra régler d'après elles sa conduite pour tout ce qui dans cette affaire se rapporte à l'exercice de vos fonctions; j'attends de votre zèle et de votre intelligence que vous serez le fidèle interprête des intentions dont le gouvernement de S. A. est animé.

Veuillez donner lecture à M. le ministre des affaires étrangères de cette dépêche et lui en laisser copie.

Dieu garde Votre Exè. plusieurs années !

Signé: PRAXEDES M. SAGÁSTÀ.

No 25.

LE COMTE DE GRANVILLE A M. LAYARD, A MADRID.

Foreign Office, le 7 juillet 1870.

Monsieur, votre télégramme du 5 courant, annonçant que le conseil des Ministres avait décidé de proposer le prince héréditaire de Hohenzollern comme candidat au trône d'Espagne et qu'en conséquence les Cortès avaient été convoquées pour le 20 du mois, nous a

donné le premier avis que le gouvernement de Sa Majesté ait reçu qu'une semblable mesure avait été projetée par le gouvernement provisoire.

A la suite des renseignements qui nous sont parvenus depuis, cette candidature, à ce qu'il paraît, a été reçue avec un grand déplaisir par le gouvernement français et a amené dans le Corps législatif une déclaration très-décidée de la part du Ministre des Affaires étrangères sur la façon dont le gouvernement français envisagerait la chose și l'on perséverait dans ce choix.

Le gouvernement de Sa Majesté n'a pas le désir de recommander aucune personne spéciale à l'Espagne comme son futur souverain, ni d'intervenir d'aucune façon dans le choix de la nation espagnole; mais entretenant, comme il le fait, les voeux les plus ardents pour le bien-être de l'Espagne, il est impossible qu'il ne ressente pas d'anxiété pour les conséquences de la mesure adoptée par le gouvernement provisoire, et il vous invite, tout en vous abstenant d'employer un langage de nature à l'offenser, à user de toute pression sur lui, qui dans votre jugement, peut contribuer à l'induire à abandonner le projet de conférer le trône d'Espagne au prince Léopold de Hohenzollern.

J'ai à peine besoin de vous signaler, néanmoins, l'importance qu'il y a à éviter, soigneusement toute démarche qui pourrait le provoquer à y persister.

Je suis, etc.

No 26.

Signé: GRANVILLE.

LE COMTE DE GRANVILLE A M. LAYARD, A MADRID.

Foreign-Office, le 7 juillet 1870.

Monsieur, j'ai vu aujourd'hui le ministre d'Espagne. Il m'a traduit un télégramme qu'il a reçu de son gouvernement annonçant que le gouvernement espagnol avait offert la couronne d'Espagne au prince Léopold de Hohenzollern et que son offre avait été acceptée par son Altesse, exprimant en même temps la conviction que le choix qu'il avait fait d'un souverain pour l'Espagne serait agréable à toutes les Puissances de l'Europe.

J'ai dit à M. de Rancès que j'avais été surpris par les nouvelles que j'avais reçues il y a deux jours, qu'en ce qui regardait la satisfaction

avec laquelle cette offre serait reçue par les nations étrangères, je ne parlais pas simplement après l'événement, mais qu'il était impossible de n'avoir pas prévu qu'un pareil choix, fait en secret et annoncé soudainement, causerait une grande irritation en France.

J'ajoutai que rien ne pouvait me faire plus regretter d'avoir succédé à lord Clarendon qu'en ce qui regardait l'Espagne qu'il connaissait si bien et par l'intérêt qu'il avait porté à sa prospérité et qui avait été si apprécié par les Espagnols, son influence aurait pu être très-grande dans ce moment critique, mais mon seul désir était de suivre ses traces et de faire tout mon possible pour aider à tout ce qui pourrait augmenter la prospérité de l'Espagne, sans prétendre lui imposer quoique ce soit, ni intervenir dans ses affaires intérieures.

Je le priai néanmoins d'expliquer à son gouvernement, dans les termes qui seraient scrupuleusement compatibles avec la dignité du cabinet espagnol que je ne pouvais trop insister auprès de lui, pour des raisons de prudence, sur le désir du gouvernement britannique qu'il ne soit pas donné suite à une résolution qui, comme celle d'élever le prince Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne, pourrait occasionner de grandes calamités en Europe et ne manquerait pas, bien certainement, de donner une tournure désagréable, sinon hostile, aux rapports de l'Espagne avec une Puissance qui est sa voisine immédiate.

Je lui dis qu'une monarchie inaugurée sous de semblables auspices ne consoliderait pas les nouvelles institutions de l'Espagne et que les difficultés extérieures trouveraient un écho dans le royaume même.

M. Rancès m'expliqua que le projet avait été formé sans intention hostile contre la France, qu'il était le résultat réel des autres combinaisons qui n'avaient pu aboutir, qu'il avait pour but de satisfaire le désir ardent du parti libéral d'avoir un roi afin de consolider les institutions de l'Espagne. Mais il me pria de remarquer que c'était une simple résolution des ministres à l'effet de soumettre une proposition au pays, que les Cortès auraient à décider, et qu'il n'y avait aucune raison de supposer que les Cortès prendraient une décision précipitée ou téméraire.

M. Rancès me promit d'en écrire à son gouvernement et de lui faire part du vif désir du gouvernement de la Reine de le voir agir dans cette question en vue du maintien de la paix en Europe et du bonheur de l'Espagne.

Je suis, etc.

Signé GRANVILLE.

N° 27.

LORD LOFTUS AU COMTE DE GRANVILLE.

(Extrait.)

Berlin, le 7 juillet 1870.

Me trouvant un peu mieux, j'ai vu aujourd'hui le baron de Thile. A l'occasion de la candidature du prince de Hohenzollern à la couronne d'Espagne, son Excellence m'a répété ce qu'elle avait dit la veille à M. Petre tel que je l'ai rapporté dans ma dépêche du 6 cou

rant.

Son Excellence m'a dit qu'elle n'avait reçu aucun renseignement nouveau à cet égard, si ce n'est que le ministre d'Espagne était venu le voir dans la journée et lui avait montré un télégramme qu'il avait reçu en clair (sic) de son gouvernement pour lui annoncer que le conseil des ministres s'était réuni à La Granja sous la présidence du Régent et que l'acceptation du prince de Hohenzollern comme roi futur d'Espagne avait été décidée à l'unanimité.

Le télégramme ajoutait que les Cortès se réuniraient le 20 courant et que le 1er août, le vote aurait lieu. Le baron de Thile me parla de la grande irritation qui existait à Paris et du ton hautain du duc de Gramont dans son discours à la Chambre. Son Excellence ajouta que, néanmoins, le gouvernement prussien conserverait une attitude d'un parfait silence et d'abstention.

N° 28.

M. LAYARD AU COMTE DE GRANVILLE.

(Extrait.)

La Granja, le 7 juillet 1870.

J'ai reçu cette après-midi le télégramme de Votre Seigneurie relatif à l'anxiété que lui causent les conséquences de l'insulte que ferait l'Espagne à la France en élevant le prince héréditaire de Hohenzollern au trône, ainsi qu'il en ressort de la déclaration très-nette dans les Chambres françaises du point de vue pris à cet égard par le gouvernement de l'Empereur, ce télégramme répudiant en même temps l'intention de l'Angleterre de recommander un souverain quelconque à l'Espagne ou d'intervenir en quoi que ce soit dans le choix

du peuple espagnol. J'ai télégraphié tout aussitôt à M. Seymour, le deuxième secrétaire de la légation, d'aller voir M. Sagasta de ma part et de lui donner le résumé du télégramme de Votre Seigneurie. Mais comme j'avais eu dans la matinée une conversation au sujet de l'élection du prince de Hohenzollern avec le régent, qui après être entré dans tous les détails sur cette question m'a exprimé ses inquiétudes au sujet des nouvelles reçues de Paris sur les impressions du Gouvernement français et des Chambres, j'ai cru bien faire en lui donnant communication de votre télégramme. Son Altesse m'a exprimé sa satisfaction des sentiments du gouvernement de la Reine et m'a fait observer qu'il partageait l'inquiétude de Votre Seigneurie.

J'ai fait valoir à Son Altesse que l'Angleterre n'avait ni le désir ni l'intention de recommander un souverain quelconque à l'Espagne, ni d'intervenir dans le choix libre de son peuple; j'ai ajouté que l'inquiétude qu'exprimait le gouvernement de Sa Majesté en présence de l'attitude de la France ne devait être attribuée qu'à l'intérêt qu'il portait au bonheur de la nation espagnole. Son Altesse m'a paru apprécier pleinement les sentiments amicaux du gouvernement de la Reine et m'exprima sa satisfaction de ce que j'avais fait part du télégramme de Votre Seigneurie au ministre d'État.

N° 29.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

(Extrait).

Paris, le 7 juillet 1870.

Dans mon télégramme d'hier, j'ai donné de mémoire à Votre Seigneurie la substance de la déclaration faite au Corps législatif par le duc de Gramont au sujet de l'offre de la couronne d'Espagne au prince Léopold de Hohenzollern; et dans ma dépêche d'hier, je vous ai envoyé le texte même de ladite déclaration.

Des observations faites par M. Crémieux et M. Arago, membres de l'extrême gauche ont amené de la part de M. Emile Ollivier l'assurance que la déclaration ne devait pas être prise pour un signe que le gouvernement préparait à dessein ou volontiers la voie à la guerre. Il nia que cette déclaration contint quoi que ce soit qui put raisonnablement offenser soit l'Espagne, soit la Prusse, et il prononça avec énergie ces paroles : « Le gouvernement désire la paix ; il la désire ayec passion... il la désire avec passion, mais avec honneur. »

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