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sans aucun résultat utile; que le débouché était impossible puisque l'ennemi occupait déjà les barrières de la place, et que ses canons étaient braqués sur les avenues étroites qui y conduisent. Ces officiers généraux se sont rendus à l'avis de la majorité.

En conséquence, le conseil a déclaré au général en chef que, en présence de l'impuissance matérielle de prolonger la lutte, nous étions forcés d'accepter les conditions qui nous étaient imposées, tout sursis pouvant nous exposer à subir des conséquences plus douloureuses encore.

Signé DE WIMPFFEN, DUCROT, FORGEOT,
LEBRUN, DOUAY, DEJEAN.

N° 392.

CAPITULATION DE SEDAN, SIGNÉE A FRÉNOIS
LE 2 SEPTEMBRE 1870.

Entre les soussignés, le chef d'état-major du roi Guillaume, commandant en chef les armées allemandes, et le général commandant en chef de l'armée française, tous deux munis de pleins pouvoirs de Leurs Majestés le roi Guillaume et l'empereur Napoléon, la convention suivante a été conclue:

Art. 1er. L'armée française placée sous les ordres du général de Wimpffen, se trouvant actuellement cernée par des troupes supérieures autour de Sedan, est constituée prisonnière de guerre.

Art. 2. Vu la défense valeureuse de cette armée, il est fait exemption pour tous les généraux et officiers, ainsi que pour les employés supérieurs ayant rang d'officiers, qui engageront leur parole d'honneur, par écrit, de ne pas porter les armes contre l'Allemagne et de n'agir d'aucune autre manière contre ses intérêts jusqu'à la fin de la guerre actuelle. Les officiers et employés qui acceptent ces conditions conserveront leurs armes et les objets qui leur appartiennent personnellement.

Art. 3. Toutes les autres armes ainsi que tout le matériel de l'armée, consistant en drapeaux, aigles, canons, chevaux, caisses de guerre, équipages, munitions, etc., seront livrés à Sedan, à une commission militaire instituée par le commandant en chef pour être remis immédiatement au commissaïre allemand.

Art. 4. La place de Sedan sera livrée ensuite dans son état actuel,

et au plus tard dans la soirée du 2 septembre, à la disposition de Sa Majesté le roi de Prusse.

Art. 5. Les officiers qui n'auront pas pris l'engagement mentionné à l'article 2, ainsi que les troupes désarmées, seront conduits, rangés d'après leur régiment ou corps, et en ordre militaire.

Cette mesure commencera le 2 septembre et sera terminée le 3. Ces détachements seront conduits sur le terrain bordé par la Meuse, près d'Iges, pour être remis aux commissaires allemands par leurs officiers, qui cèderont alors le commandement à leurs sous-officiers. Les médecins, sans exception, resteront en arrière pour prendre soin des militaires blessés.

Fait à Frénois, le 2 septembre 1870. (L. S.) Signé : DE MOLTKE.

(L. S.) Signé: DE WIMPFFEN.

N° 393.

PROCLAMATION DU GÉNÉRAL DE WIMPFFEN A L'ARMÉE.

Sedan, le 2 septembre 1870.

Hier, vous avez combattu contre des forces très-supérieures. Depuis le point du jour jusqu'à la nuit vous avez résisté à l'ennemi avec la plus grande valeur et brûlé jusqu'à votre dernière cartouche. Épuisés par cette lutte, vous n'avez pu répondre à l'appel qui vous a été fait par vos généraux et par vos officiers pour tenter de gagner la route de Montmédy, et de rejoindre le maréchal Bazaine. Deux mille hommes seulement ont pu se rallier pour tenter un suprême effort. Ils ont dû s'arrêter au village de Balan, et rentrer dans Sedan, où votre général a constaté avec douleur qu'il n'existait ni vivres ni munitions de guerre.

On ne pouvait songer à défendre la place, que sa situation rend incapable de résister à la nombreuse et puissante armée de l'ennemi.

L'armée, réunie dans les murs de la ville, ne pouvant ni en sortir, ni la défendre, les moyens de subsistance manquant pour la population et pour les troupes, j'ai dû prendre la triste détermination de raiter avec l'ennemi.

Envoyé au quartier général prussien avec les pleins pouvoirs de l'Empereur, je ne pus d'abord me résigner à accepter les clauses qui m'étaient imposées. Ce matin seulement, menacé d'un bombarde

ment auquel nous n'aurions pu répondre, je me suis décidé à de nouvelles démarches, et j'ai obtenu des conditions, dans lesquelles nous sont évitées, autant qu'il a été possible, les formalités blessantes que les usages de la guerre entraînent le plus souvent en pareilles circonstances.

Il ne nous reste plus, officiers et soldats, qu'à accepter avec résignation les conséquences de nécessités contre lesquelles une armée ne peut lutter: manque de vivres et manque de munitions pour combattre.

J'ai, du moins, la consolation d'éviter un massacre inutile et de conserver à la patrie des soldats susceptibles de rendre encore dans l'avenir de bons et brillants services.

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RAPPORT DU COMTE DE BISMARCK AU ROI DE PAUSSE
SUR LA CAPITULATION DE SEDAN.

Donchery, le 2 septembre 1870.

Sur l'ordre de Votre Majesté Royale je me suis rendu ici, hier soir, pour prendre part aux négociations relatives à la capitulation. La conférence sur ce sujet dura jusqu'à près de 1 heure de la nuit et fut alors suspendue sur la demande du général de Wimpffen, qui désirait avoir le temps de la réflexion. Mais, en consentant à cette suspension, le général de Moltke avait déclaré catégoriquement qu'aucune autre condition ne serait accordée que de mettre bas les armes, et qu'à 9 heures du matin le bombardement recommencerait si la capitulation d'ici là n'était pas conclue.

Ce matin, vers 6 heures, me fut annoncé le général Reille; il m'informa que l'Empereur désirait me voir et se trouvait déjà sur la route qui mène de Sedan ici. Le général retourna immédiatement avertir Sa Majesté que je le suivais. Bientôt après, je me trouvai en présence de l'Empereur, à moitié chemin entre Sedan et ici, dans les environs de Frénois. Sa Majesté était dans une voiture découverte avec trois officiers supérieurs; plusieurs autres l'escortaient à cheval. Parmi ces derniers m'étaient connus personnellement les généraux Castelnau, Reille, Moskowa, qui paraissait blessé au pied, et Vaubert. En arri

vant auprès de la voiture, je descendis de cheval, m'approchai de la portière, du côté de l'Empereur, et demandai les ordres de Sa Majesté.

L'Empereur exprima tout d'abord le désir de voir Votre Majesté Royale, qu'il supposait être aussi à Donchery. Lorsque je lui eus appris que le quartier général de Votre Majesté se trouvait en ce moment à une distance de 3 milles, à Vendresse, l'Empereur me demanda si Votre Majesté avait fixé un lieu, où il pût se rendre tout de suite, et, éventuellement, quel était mon avis à cet égard. Je lui répondis que là-dessus je ne pouvais avoir aucune idée précise, vu que la contrée in'était inconnue, et je mis à sa disposition la maison occupée par moi à Donchery, que j'eusse aussitôt évacuée. L'Empereur, acceptant mon offre, se fit mener au pas vers Donchery; mais il s'arrêta, à quelques centaines de pas du pont sur la Meuse qui conduit à fľa ville, devant une maison d'ouvriers abandonnée par ses habitants; et me demanda s'il ne pouvait descendre là. Je fis visiter la maison par le conseiller de légation comte Bismarck-Bohlen, qui m'avait suivi; lorsque celui-ci rapporta que ce logis était très-pauvre et trèsétroit, mais qu'il ne s'y trouvait pas de blessés, l'Empereur descendit de voiture et m'invita à le suivre dans l'intérieur de la maison. J'eus là, dans une très-petite chambre, garnie pour tout meuble d'une table et deux chaises, un entretien de près d'une heure avec l'Empereur.

Sa Majesté se montrait désireuse par dessus tout d'obtenir pour l'armée des conditions de capitulation plus favorables. Je m'excusai dès l'abord de ne pouvoir traiter ce sujet avec Sa Majesté, attendu que c'était une question purement militaire, qui devait être résolue entre le général de Moltke et le général de Wimpffen. De mon côté, j'interrogeai l'Empereur pour savoir si Sa Majesté était disposée à des négociations de paix. L'Empereur répondit que maintenant, comme prisonnier de guerre, il n'était plus en situation de traiter, et comme je lui demandai encore par qui, à ses yeux, l'autorité politique serait actuellement représentée en France, l'Empereur me désigna le gouvernement existant à Paris (1). Après avoir éclairci ce point, qui ne ressortait pas d'une manière certaine de la lettre adressée la veille par l'Empereur à Votre Majesté, je reconnus, et ne le dissimulai pas à l'Empereur, que la situation, à cette heure comme la veille, n'offrait un point pratique que sur le terrain militaire; conséquemment. je fis ressortir la nécessité pour nous, avant toutes choses, de nous mettre en main, par la capitulation de Sedan, un gage qui nous assurât les résultats militaires obtenus par nos armes. Déjà la veille au

(1) Régence; Ministère Palikao.

ARCH. DIPL. 1871-1872

11.

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soir, avec le général de Moltke, j'avais examiné sous toutes ses faces la question de savoir s'il aurait été possible, sans préjudice pour les intérêts allemands, d'accorder au sentiment d'honneur militaire d'une armée qui s'était bien battue, des conditions plus favorables que celles qu'on avait fixées. Après le plus sérieux examen, nous avions dû tous les deux répondre négativement à cette question. Et si le général de Moltke, qui, de la ville, était survenu au milieu de notre entretien, se rendit ensuite auprès de Votre Majesté pour Lui soumettre les désirs de l'Empereur, ce n'était point, Votre Majesté le sait, dans l'intention d'appuyer ses désirs.

L'Empereur étant alors sorti de la chambre, m'invita à m'asseoir près de lui devant la porte de la maison. Sa Majesté me demanda s'il n'était pas possible de laisser l'armée française passer la frontière belge, pour qu'elle y fut désarmée et internée. J'avais déjà discuté, la veille au soir, avec le général de Moltke, cette éventualité, et, par les motifs donnés plus haut, je ne crus point devoir entrer dans la discussion du mode proposé. En ce qui concerne la situation politique, je m'abstins, pour moi, de toute initiative, l'Empereur n'y toucha, de son côté, que pour déplorer les malheurs de la guerre, déclarant qu'il n'avait pas voulu cette guerre lui-même, mais qu'il avait été obligé de la faire sous la pression de l'opinion publique en France.

Cependant, grâce à des informations prises en ville, et surtout à des reconnaissances faites par des officiers de l'état-major général, on sut, entre 9 et 10 heures, que le château de Bellevue, près Frénois, était un lieu convenable pour recevoir l'Empereur et qu'aucun blessé n'y avait encore été transporté. J'en informai l'Empereur, en lui disant que j'avais désigné Frénois comme le lieu que je proposais à Votre Majesté pour l'entrevue et je me mis à la disposition de Sa Majesté, si Elle voulait se rendre immédiatement en ce lieu, attendu que le séjour dans une petite maison d'ouvrier était incommode et que l'Empereur aurait peut-être besoin de quelque repos. Sa Majesté accepta volontiers cette offre, et je conduisis l'Empereur, que précédait une escorte d'honneur du régiment des cuirassiers de la garde de Votre Majesté, au château de Bellevue où déjà s'étaient rendus le reste de la suite de l'Empereur et ses équipages, dont la sortie de Sedan semblait être considérée jusque là comme douteuse.

En même temps arrivait le général Wimpffen, avec lequel, en attendant le retour du général de Moltke, la discussion de termes de la capitulation, interrompue la veille au soir, fut reprise par le général de Podbielski, en présence du lieutenant-colonel de Verdy et du chef d'état-major du général de Wimpffen, lesquels deux officiers rédi

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