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que moi; et que les dispositions du Gouvernement des États-Unis sont prouvées par l'ordre qu'a déjà donné le Président de reconnaître le nouveau Gouvernement français.

N° 422.

M. WASHBURNE A M. JULES FAVRE.

Signé: DAVIS.

Paris, le 7 septembre 1870.

Monsieur, j'ai reçu la nuit dernière, à onze heures, la communication que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser à la date du 5 courant, et par laquelle vous me faisiez savoir que, en vertu d'une résolution adoptée par les membres du Gouvernement de la Défense nationale, le département des Affaires étrangères vous avait été confié.

J'ai à mon tour la satisfaction de vous annoncer que j'ai reçu de mon Gouvernement un télégramme par lequel il me donne mission de reconnaître le Gouvernement de la Défense nationale comme le Gouvernement de la France.

En conséquence, je suis prêt à entrer en relations avec ce Gouvernement, et, si vous le voulez bien, à traiter avec lui toutes les affaires ressortissant aux fonctions dont je suis revêtu.

En faisant cette communication à Votre Excellence, je la prie d'agréer pour elle-même et pour les membres du Gouvernement de la Défense nationale les félicitations du Gouvernement du peuple des Etats-Unis ils auront appris avec enthousiasme la proclamation de cette République qui s'est instituée en France sans qu'une goutte de sang ait été versée, et ils s'associeront par le cœur et sympathiquement à ce grand mouvement qu'ils espèrent et croient devoir être fécond en résultats heureux pour le peuple français et pour l'humanité tout entière.

Jouissant depuis près d'un siècle des innombrables bienfaits du Gouvernement républicain, le peuple des États-Unis ne peut assister qu'avec le plus profond intérêt aux efforts de ce peuple français auquel le rattachent les liens d'une amitié traditionnelle et qui cherche à fonder les institutions par lesquelles on assurera à la génération présente, comme à sa postérité, le droit inaliénable de vivre en travaillant au bonheur de tous.

En terminant, je tiens à dire à Votre Excellence que je me félicite d'avoir pour intermédiaire entre le Gouvernement de la Défense nationale et moi l'homme si distingué dont on apprécie tant, dans mon propre pays, le caractère élevé, et qui a consacré avec dévouemeut toutes les forces de son intelligence à la cause de la liberté humaine et des gouvernements libres.

Agréez, etc.

No 423.

Signé: WASHBURNE

LE COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS, A PARIS.

Foreign-Office, le 7 septembre 1870.

Mylord, j'ai reçu le télégramme de Votre Excellence, en date du 6 courant, me donnant la substance d'une conversation que vous veniez d'avoir avec M. Jules Favre, et dans laquelle il vous a dit que la France consentirait certainement à un armistice, s'il était proposé par une puissance neutre, et qu'il serait heureux qu'une offre de médiation, sur la base de l'intégrité du territoire français, fut faite à la Prusse, même si elle devait être repoussée.

Votre Excellence voudra bien faire savoir à M. Julés Favre que le Gouvernement de la Reine est d'avis qu'il ferait plus de mal que de 'bien à la cause de la paix en proposant une médiation à moins qu'il n'ait lieu de croire que les deux parties l'accepteraient et que ce serait une base de négociation.

Votre Excellence ajoutera que de même que le Gouvernement de la Reine a servi d'intermédiaire pour les communications entre les belligérants au sujet de questions de peu d'iinportance, il sera heureux d'être l'intermédiaire de toute communication qu'il croirait pouvoir conduire à la paix.

Je suis, etc.

·Signé GRANVILLE.

N° 424.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILle.

Paris, le 7 septembre 1870.

Mylord, le prince de Metternich, ambassadeur d'Autriche, m'a informé qu'il avait reçu du comte de Beust un télégramme lui donnant ordre de signaler au ministre des Affaires étrangères et aux chefs de missions à Paris le grand inconvénient et même le peu de convenance d'admettre que les membres du Corps diplomatique fussent enfermés dans Paris durant le siége et fussent ainsi privés des moyens de communiquer avec leurs Gouvernements respectifs.

Le prince de Metternich dit qu'il avait vu à ce sujet M. Jules Favre et lui avait représenté qu'il incombait au ministre des Affaires étrangères de donner au Corps diplomatique notice à temps pour le mettre à même de quitter Paris sans précipitation et sans gêne inutile. Il ajouta que M. Jules Favre lui parut accepter ce même point de

vue.

Le Nonce et les ambassadeurs d'Espagne et de Turquie, ainsi que d'autres chefs de missions sont venus me voir aujourd'hui pour me parler à ce sujet.

J'ai dit à tous qu'en principe le point de vue du comte de Beust me paraissait juste et raisonnable, mais que, pour mon compte, je n'avais pas le désir de håter mon départ de Paris sans une cause très-plausible. Je serai, ai-je dit, disposé à agir à cet égard d'accord avec mes collègues et ne ferai aucune difficulté pour partir si j'y suis invité ou engagé par le Gouvernement français; néanmoins, je me contenterai de laisser la chose en l'état actuel sans faire aucune représentation spéciale au ministre des Affaires étrangères.

J'ajouterai que l'on pense qu'il est probable que plusieurs fonctionnaires du Gouvernement, et parmi eux le ministre des Affaires étrangères, se détermineront à quitter Paris. Dans ce cas, le Corps diplomatique suivrait naturellement le ministre par l'entremise duquel il est en rapport avec le Gouvernement.

J'ai, etc.

Signé : LYONS.

N° 425.

PROCLAMATION DU GOUVERNEMENT DE LA DÉFENSE NATIONALE AU PEUPLE FRANÇAIS.

Paris, le 8 septembre 1870.

Français, en proclamant, il y a quatre jours, le Gouvernement de la Défense nationale, nous avons nous-mêmes défini notre mission.

Le pouvoir gisait à terre; ce qui avait commencé par un attentat finissait par une désertion. Nous n'avons fait que ressaisir le gouvernail échappé à des mains impuissantes.

Mais l'Europe a besoin qu'on l'éclaire. Il faut qu'elle connaisse par d'irrécusables témoignages que le pays tout entier est avec nous. II faut que l'envahisseur rencontre sur sa route non-seulement l'obstacle d'une ville immense résolue à périr plutôt que de se rendre, mais un peuple entier, debout, organisé, représenté, une assemblée enfin qui puisse porter en tous lieux, et en dépit de tous les désastres, l'âme vivante de la Patrie.

En conséquence,

Le Gouvernement de la Défense nationale décrète :

Art. 1. Les colléges électoraux sont convoqués pour le dimanche 16 octobre, à l'effet d'élire une Assemblée nationale constituante. Art. 2. Les élections auront lieu au scrutin de liste, conformément à la loi du 15 mars 1849.

Art. 3. Le nombre des membres de l'Assemblée constituante sera de sept cent cinquante.

Art. 4. Le ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.

Signé Général TROCHU, Emmanuel ARAGO,

CREMIEUX, Jules FAVRE, Jules FERRY, GAMBETTA, GARNIER-PAGÈS, GLAIS-BIZOIN, PELLETAN, E. PICARD, ROCHEFORT, Jules SIMON, le ministre de la Guerre, général LE FLô; le ministre par intérim de la Marine et des Colonies, le contreamiral DE DOMPIERRE D'HORNOY; le ministre de l'Agriculture et du Commerce, M. MAGNIN, ancien député; le ministre des Travaux publics, M. DORIAN.

N° 426.

M. JULES FAVRE A M. WASHBURNE.

Monsieur,

Paris, le 8 septembre 1870.

Je considère comme un heureux augure pour la République française d'obtenir comme premier appui diplomatique la reconnaissance du Gouvernement des Etats-Unis.

Nul mieux que le représentant d'un peuple qui donne au monde le salutaire exemple d'une liberté absolue ne pouvait rappeler dans des termes à la fois plus justes et plus élevés les inappréciables bienfaits d'un gouvernement républicain.

Vous avez fondé vos sages et puissantes institutions sur l'indépendance et la vertu civique, et, malgré les épreuves terribles traversées par vous, vous avez conservé avec une inébranlable fermeté votre foi dans ce grand principe de la liberté d'où découlent naturellement la dignité, les mœurs, la prospérité.

C'est à marcher sur vos traces que doivent aspirer les nations maîtresses de leurs destinées; elles ne peuvent être vraiment libres qu'à la condition d'ètre dévouées, courageuses, modérées, et de prendre pour symbole l'amour du travail et le respect du droit de tous. Ce programme est celui du gouvernement qui vient de naître en France de la crise douloureuse provoquée par les folies du despotisme; mais à l'heure où il se fonde, il ne peut avoir d'autre pensée que d'arracher la patrie à l'ennemi. Ici encore, il rencontre l'exemple de votre courage et de votre persévérance.

Vous avez soutenu une lutte gigantesque et vous avez vaincu. Forts de la justice de notre cause, repoussant tout esprit de conquête, ne voulant que notre indépendance et notre liberté, nous avons le ferme espoir de réussir.

Dans l'accomplissement de cette tâche, nous comptons sur l'appui de tous les hommes de cœur et de tous les gouvernements intéressés au triomphe de la paix. L'adhésion du cabinet de Washington nous donnerait à elle seule cette confiance. Les membres du Gouvernement me prient de vous en témoigner toute leur reconnaissance et d'en transmettre l'expression à votre Gouvernement.

Pour ma part, je suis heureux et fier du hasard qui me permet d'être le trait d'union entre deux peuples liés par tant de glorieux sou venirs et maintenant par tant de nobles espérances, et je vous remer

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