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N° 52.

LE COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS.

Foreign-Office, le 9 juillet 1870

Mylord, le Ministre d'Italie m'a fait part ce matin d'une communication de son gouvernement sur le conflit entre la France, la Prusse et l'Espagne. Il m'a dit que le gouvernement français s'était adressé au cabinet de Florence pour lui demander d'user de son influence en vue de la conservation de la paix et que le gouvernement italien, étant très-soucieux du maintien de la paix générale, était tout prêt à agir, suivant le désir du gouvernement français et tenait à faire savoir au gouvernement de la Reine qu'il était tout prêt à joindre dans ce but ses efforts aux siens.

A ce sujet, M. de Cadorna avait été chargé de s'assurer des vues du gouvernement de Sa Majesté sur l'état critique actuel des affaires, et si et jusqu'à quel point une action commune pourrait avoir lieu entre les deux gouvernements.

J'ai répondu que nous étions très-sensibles à la confiance amicale qui avait dicté cette communication et je lui expliquai en résumé ce que nous avions déjà fait et écrit à cet égard dans les dépêches adressées à Votre Excellence, à lord Loftus et à M. Layard.

Je lui exprimai ma vive satisfaction de la décision sage à laquelle le gouvernement italien était arrivé, de contribuer autant qu'il serait en son pouvoir au maintien de la paix générale. Quoiqu'une action combinée des autres puissances pour concilier le différend qui avait amené tant de crainte, ne parût pas, en tout cas pour le présent, désirable, le gouvernement italien pouvait être certain, que tout en agissant isolément, le gouvernement de la Reine, en toute occasion, agirait avec le cabinet italien cordialement dans le même esprit, dont j'étais heureux de le constater, il était animé.

Je promis que je tiendrais le gouvernement italien au courant des démarches que nous ferions et j'ajoutai que je ne doutais pas un seul instant qu'il agirait de même à notre égard.

Je suis, etc.,

Signé GRANVille.

No 53.

M. BONAR AU COMTE DE GRANVILLE.

Berne, le 9 juillet 1870.

Mylord, dans une entrevue que j'ai eue ce matin avec le Président de la Confédération, la conversation s'est naturellement tournée sur l'extrême agitation qui s'est manifestée à Paris au sujet de la candidature du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne et sur les dernières déclarations du duc de Gramont et de M. Ollivier aux Chambres.

Le langage de M. Dubs m'a clairement démontré qu'il comprenait complétement la gravité de l'état actuel des affaires, mais Son Excellence a reconnu qu'elle n'avait encore reçu du ministre de Suisse à Paris aucune nouvelle, en dehors de ce qu'on trouvait dans les journaux, sur les intentions du gouvernement ou sur l'opinion générale en France.

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Milord, j'ai vu ce matin M. Visconti Venosta, et la conversation s'est immédiatement tournée vers l'aspect grave des affaires entre la France et la Prusse, par suite de l'acceptation par le prince de Hohenzollern de la couronne d'Espagne.

M. de Visconti Venosta ne doute pas que si le choix du ministère espagnol était ratifié par les Cortès, la France déclarerait la guerre à la Prusse, le noeud de la question était donc à Madrid.

Il a ajouté qu'il avait donné pour instruction à M. Cerruti de profiter du délai jusqu'à la réunion des Cortès pour faire remarquer aux membres du Gouvernement et aux personnages influents combien il était à désirer, dans les intérêts de l'Espagne, que l' avénement d'un nouveau souverain ne devienne pas la cause d'une guerre en Europe;

le gouvernement italien serait toujours prêt à se joindre aux autres gouvernement pour aider le gouvernement espagnol à résoudre la difficulté dans laquelle il se trouverait placé en ce qui concerne l'organisation constitutionnelle du pays, s'il ne renonçait pas à la candidature du prince de Hohenzollern.

No 55.

SIR A. BUCHANAN AU COMTE DE GRANVILLE.

Saint-Pétersbourg, le 9 juillet 1870.

Mylord, je n'ai pas vu le prince Gortschakoff depuis l'arrivée ici du compte rendu télégraphique de ce qui s'est passé le 6 au Corps législatif, Son Excellence étant allée, le 7, à Peterhoff, où elle est restée jusqu'à hier soir.

J'ai cependant lieu de croire que la Russie a reçu simultanément une note de l'ambassadeur de France, déclarant que la guerre avec la Prusse était inévitable pour le cas où le prince Léopold de Hohenzollern monterait sur le trône d'Espagne, et une autre note du ministre de Prusse que son Gouvernement avait déclaré à celui de France qu'il était resté entièrement étranger à l'arrangement proposé et qu'il n'y avait aucun intérêt.

J'ai entendu dire que le général Fleury a représenté au prince Gortschakoff que l'agrandissement de la Prusse et l'extension de son influence en Europe serait pour la Russie aussi bien que pour la France une cause de danger. Le prince aurait répondu qu'en ce qui concerne les relations de la Prusse avec la France, il regarde toute intervention de la Prusse en Espagne comme devant l'affaiblir infailliblement, et quant à ce qui regarde la Russie, elle ne saurait éprouver aucune alarme de la puissance de la Prusse.

On m'a dit aussi que le prince Gortschakoff aurait ajouté que, lorsque le prince Charles de Hohenzollern devint souverain de Roumanie, avec l'appui de la France, et, malgré la Russie, cette dernière s'était bornée à des remontrances, et avait ensuite accepté le fait accompli. Le prince Gortschakoff ne voyait pas pourquoi, aujourd'hui, la Prusse pourrait être davantage responsable de l'élection d'un autre membre de la famille royale au trône d'Espagne, éventualité dans laquelle elle a déclaré n'avoir aucun intérêt.

Le prince Gortschakoff a l'intention de partir demain pour Wilbad,

malgré les événements, à moins toutefois que l'Empereur n'en décide autrement, et s'il part, le prince de Reuss en profitera pour se rendre en même temps à Berlin en congé d'absence. J'ai, etc.

N° 56.

Signé A. Buchanan.

LORD BLOOMFIELD AU COMTE DE GRANVILLE.

Vienne, le 9 juillet 1870.

Mylord, j'ai vu le comte de Beust aujourd'hui et je l'ai trouvé trèsinquiet sur le résultat que produira sur le Gouvernement prussien la nouvelle, arrivée de Paris, au sujet de la candidature du prince Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne. Il m'a dit que les termes dans lesquels les représentations de la France étaient formulées n'étaient points faits pour faciliter un arrangement, cependant il espérait encore pour le mieux, et il avait chargé M. de Münch, le chargé d'affaires à Berlin, de tout faire pour arriver à une solution pacifique du dissentiment entre la France et la Prusse. Il ajouta qu'il avait envoyé copie de ces instructions au comte Apponyi, en lui donnant tous les détails sur cette question, qu'il n'avait encore rien appris de cet ambassadeur, mais qu'il avait la confiance que, dans l'intérêt du maintien de la paix, le Gouvernement de Sa Majesté ne serait pas éloigné d'interposer ses bons offices ou d'agir comme médiateur entre la France et la Prusse.

J'ai répondu au comte de Beust que j'ignorais complètement quelles étaient les intentions du Gouvernement de Sa Majesté; que Votre Seigneurie vient à peine d'être installée dans son nouveau ministère, et n'a pas pu avoir le temps de donner toute l'attention voulue à une question si importante, et encore moins en venir à une décision, mais que je ne doutais pas que vous étiez disposé à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour vous efforcer de détourner de l'Europe les sérieuses complications, dont elle paraissait menacée : qu'en tout cas, avant qu'une médiation put être ouverte ou même proposée, une base devait être préalablement établie à cet égard.

La conversation continua sur cette malheureuse affaire, durant laquelle le comte de Beust exprima sa désapprobation et son regret de la façon précipitée avec laquelle le Gouvernement français a parlé aux Chambres, ce qui tendait grandement à augmenter les difficultés

et les dangers de la position, et rendre encore plus difficile une solu

tion amicale.

J'ai, etc.

N° 57.

Signé BLOOMFIELD.

LE DUC DE GRAMONT AU COMTE RENEDETTI, A EMS.

(Télégramme.)

Paris, le 10 juillet 1870, 1 heure 20 minutes soir.

J'ai reçu seulement ce matin votre dépêche d'hier soir, et avec des parties tronquées. Il faut employer tous vos efforts pour obtenir une réponse décisive; nous ne pouvons attendre, sous peine d'être devancés par la Prusse dans nos préparatifs. La journée ne peut pas s'achever sans que nous commencions.

Je sais de source certaine qu'à Madrid le régent désire la renonciation du prince de Hohenzollern. Dès que vous le pourrez, envoyezmoi un télégramme et écrivez par la poste en chiffres.

N° 58

LE DUC DE GRAMONT AU COMTE BENEDETTI, A EMS.

(Télégramme.)

Paris, le 10 juillet 1870, 1 heure 25 minutes du soir.

Écrivez-moi une dépêche que je puisse lire aux Chambres ou publier, dans laquelle vous démontrerez que le Roi a connu et autorisé l'acceptation du prince de Hohenzollern, et dites surtout qu'il vous a demandé de se concerter avec le prince avant de vous faire connaître ses résolutions.

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