Sivut kuvina
PDF
ePub

No 75.

LE DUC DE GRAMONT AU COMTE BENEDETTI.

(Télégramme.)

Paris, 11 juillet 1870, 6 h. 50 soir.

J'ai reçu votre premier rapport du 9 et votre lettre particulière, Au point où nous en sommes, je ne dois pas vous laisser ignorer que votre langage ne répond plus, comme fermeté, à la position prise par le Gouvernement de l'Empereur. Il faut aujourd'hui l'accentuer davantage. Nous ne pouvons pas admettre la distinction entre le Roi et son Gouvernement qui vous a été exposée. Nous demandons que le Roi défende au prince de Hohenzollern de persister dans sa candidature; et si nous n'avons pas une réponse décisive demain, nous considérerons le silence ou l'ambiguité comme un refus de faire ce que nous demandons. »

No 76.

(Télégramme.)

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

Ems, le 11 juillet 1870, 7 heures du soir. M. Daru est arrivé. Je vous expédie M. de Bourqueney avec la copie de mes deux télégrammes et un rapport sur mon audience de ce matin. Il arrivera avec M. de Werther.

Il devenait, pour moi, de plus en plus évident que le Roi désirait combiner les choses de manière à dégager, aussi bien devant l'opinion publique en Allemagne que vis-à-vis de la France et des autres Puissances, sa responsabilité personnelle; qu'il voulait, dans ce but, laisser au prince de Hohenzollern l'initiative de son désistement, comme il prétendait lui avoir laissé l'initiative de son acceptation. Je l'ai dit dans ma dépêche et dans mes télégrammes. Par mes pressantes instances, j'avais obtenu d'ailleurs des explications qui me plaçaient dans l'alternative de déférer au vou du Roi et d'attendre le court délai qu'il demandait pour me donner une réponse définitive, ou de rompre la négociation et de ne plus laisser aucune chance ouverte au maintien de la paix. J'ai pris le premier de ces deux partis, et j'ai demandé des ordres. Le gouvernement de l'Empereur a approuvé ma résolution et mon langage.

Signé BENEDETTI,

N° 77.

LE COMTE DE BEUST AU PRINCE DE METTERNICH, A PARIS.

Vienne, le 14 juillet 1870.

Votre expédition du 8 de ce mois nous dépeint la situation sous des couleurs assez alarmantes. Nous ne pouvons pas prétendre à nous ériger en juges des intérêts qui se trouvent engagés dans la question de la candidature du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne. Le seul sentiment qui nous anime en cette occasion, c'est le désir de contribuer au maintien de la paix. Nul autre intérêt ne peut guider notre politique, mais celui-ci est assez fort pour nous induire à prendre une part active dans les efforts qui vont être tentés de divers côtés pour empêcher la complication actuelle de prendre des proportions déplorables.

Dès que Votre Altesse nous a fait connaitre le désir du duc de Gramont de nous voir agir à Berlin dans le sens de la conciliation; nous nous sommes empressés d'envoyer au baron de Münch les instructions que j'ai communiquées à Votre Altesse par ma dépêche du 9 de ce mois.

Mon télégramme du 7 au comte de Dubsky, dont Votre Altesse connaît également le texte, le charge de signaler de son côté au Gouvernement espagnol les conséquences dangereuses d'un choix capable de froisser les susceptibilités nationales en France, et de faire une question européenne d'une affaire qui devrait être menée de manière à ne concerner que l'Espagne seule.

Nous n'avons pas hésité ainsi à plaider la cause de la paix en cherchant à écarter un incident dont le Gouvernement français s'émeut non sans raison. Aussi, quand M. le marquis de Cazaux est venu avant-hier me donner lecture d'une dépêche dans laquelle M. le duc de Gramont exprime le vœu de voir notre action diplomatique seconder les vues du Gouvernement français, j'ai pu répondre au Chargé d'affaires de France que j'avais déjà agi dans le sens indiqué.

Nous savons que le Gouvernement anglais a tenu à Berlin un language à peu près semblable au nôtre, et nous sommes persuadés que les autres Cabinets ne tarderont pas à suivre cet exemple, s'ils ne l'ont pas déjà imité.

Nous ne doutons pas que la voix unanime de l'Europe ne se fasse entendre en faveur du maintien de la paix, et il nous paraît évident que le retrait de la candidature du prince de Hohenzollern, qui n'a

point été encore l'objet d'une manifestation imposante de la nation espagnole et qui ne répond à aucune exigence sérieuse de la situation, serait la solution la plus simple de la difficulté qui préoccupe aujourd'hui à juste titre toute l'Europe. Cette solution ne compromet aucun intérêt et n'implique aucun sacrifice, pas même celui de la dignité personnelle du Prince qui, en renonçant à sa candidature à peine proclamée, donnerait un noble exemple d'abnégation dont la valeur serait partout appréciée.

Il me semble impossible que ces considérations ne pèsent pas d'un grand poids dans les déterminations décisives qui vont être prises tant à Berlin qu'à Madrid. Nous avons surtout assez de confiance dans la sagesse du Gouvernement prussien pour croire qu'il n'hésitera pas à donner à l'Europe, dans une aussi grave circonstance, un gage éclatant de ses sentiments de conciliation, non-seulement en déclarant qu'il est étranger à ce qui se passe en Espagne, mais en usant de toute son influence pour faire retirer la candidature posée à Madrid d'une manière aussi inopinée qu'inopportune.

D'un autre côté, nous aimons à croire que la France, tout en sc montrant jalouse de veiller à sa dignité, s'abstiendra d'augmenter par son attitude les dangers de la situation. Nous comprenons que le Gouvernement français insiste pour qu'il soit tenu compte des intérêts évidents qu'il doit défendre dans cette occasion, mais la modération ne nuira pas à la fermeté de son langage et ne fera que lui acquérir de nouveaux titres aux sympathies des Puissances qui tiennent à ce que le repos public ne soit pas troublé par des combinaisons impré

▼ues.

Veuillez régler votre langage sur ces indications et recevez, etc.

N° 78.

Signé : BEUST.

EXTRAIT DU MONITEUR BELGE.

Bruxelles, le 11 juillet 1870.

Une Agence télégraphique étrangère annonce que le Gouvernement belge a répondu favorablement à la notification que l'Espagne lui a faite de la candidature du prince de Hohenzollern.

Cette allégation est de tout point inexacte. Le Gouvernement beige n'avait à faire et n'a fait aucune réponse à la communication qu'il a reçue, comme les autres Gouvernements, du cabinet de Madrid.

N° 79.

LE VICE-AMIRAL HARRIS AU COMTE DE GRANVILLE.

La Haye, le 14 juillet 1870.

Mylord, M. Asquerino, le ministre d'Espagne, accrédité auprès des cours de Bruxelles et de La Haye, est arrivé ici avant hier venant de Bruxelles.

Le Ministre des Affaires étrangères m'a informé ce matin que M. Asquerino avait reçu ordre de son gouvernement de lui faire savoir qu'il était entré en négociation avec le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen en vue de son élection au trône d'Espagne, qu'une proposition à cet effet serait prochainement soumise aux Cortès, et que le résultat en serait porté à la connaissance des Pays-Bas.

M. Roest van Limburg observa que ce choix lui paraissait trèsinacceptable pour le Gouvernement français.

M. Asquerino répondit que, toute regrettable que fût la chose, de si nombreux obstacles avaient été opposés aux propositions semblables qui avaient été faites antérieurement, que le cabinet de Madrid s'était cru obligé d'adopter cette ligne de conduite.

Je me bornai à exprimer le vif désir que la guerre serait évitée.

Je suis, etc.

N° 80.

Signé: E.-A.-S. HARRIS.

M. LAYARD AU COMTE DE GRANVILLE.

Madrid, le 11 juillet 1870.

Mylord, mon collègue d'Italie m'apprend qu'il a reçu des instructions de son gouvernement pour insister de toutes ses forces auprès du Gouvernement espagnol, afin d'éviter d'amener une rupture avec la France et d'arriver à quelque arrangement pour retirer la candidature du prince de Hohenzollern. M. Cerruti m'a dit qu'il avait vu M. Sagasta et qu'il avait rencontré chez Son Excellence les meilleures dispositions pour accepter le conseil des Puissances amies de l'Espa

gne, et éviter toute cause d'offense à la France; mais malheureusement par suite, a dit Son Excellence, de la marche suivie par le Gouvernement français, il était difficile de savoir de quelle façon agir. Si l'on avait du temps devant soi, il était persuadé qu'on arriverait à quelque arrangement satisfaisant.

J'ai vu depuis M. Sagasta qui m'a confirmé ce que M. Cerruti m'avait dit et qui m'a assuré que la dernière chose que l'Espagne pourrait désirer serait une rupture avec la France.

Son Excellence a parlé avec indignation des articles de la presse française au sujet des motifs attribués au général Prim et du ministère espagnol dans le choix du prince de Hohenzollern pour candidat au trône d'Espagne. Il me pria d'informer sans retard Votre Seigneurie de la part du Gouvernement espagnol qu'il repoussait de la façon la plus formelle l'intention qu'on lui prêtait de faire alliance avec la Prusse, d'adopter la politique de M. de Bismarck, ou de faire offense à la France en décidant de proposer le prince aux Cortès.

Samedi soir, le général Prim, invité à assister à une réunion du parti libéral, qui était très-nombreuse a prononcé un discour plein de tact et de modération, qui a produit l'effet le plus favorable. En effet, de tous les côtés n'apparait qu'un vif désir de suivre une politique conciliatrice à l'égard de la France; et quoique quelques-uns des journaux accueillent en terme; assez vifs le langage menaçant des chambres et de la presse françaises, après tout le ton général de la presse espagnole est, dans les circonstances, relativement modéré. J'ai, etc.

N° 81.

Signé LAYARD.

SIR A. BUCHANAN AU COMTE DE GRANVILLE.

Saint-Pétersbourg, le 11 juillet 1870.

Mylord, j'ai fait part ce matin à M. de Westmann du contenu du télégramme de Votre Seigneurie, en date d'hier, au sujet du différend entre la France et la Prusse pour la candidature du prince Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne; Son Excellence a pris note du renseignement que je lui est donné afin de le communiquer à l'Empereur.

Son Excellence m'a dit que des conseils sérieux avaient été déjà

« EdellinenJatka »