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hamilton., Et plus par fes vers, que fes voeux,
Des Amans fut le plus heureux.
Envain une époufe captive
Avoit paffé l'affreufe rive
Du Cocyte, et du Phlégéton;
Un tendre époux fléchit Pluton,
Et l'implacable Proferpine
Rendit à cette voix divine,

Rendit à ces touchans accords

Ce qu'on ne rend plus chez les Morts.
Heureux! fi lorgnade imprudente
Ne l'eut privé de fon attente;
Heureux fi jusqu'à fon retour
Il eut gagné fur fon amour,
L'harmonieux et tendre Orphée,
De tourner le dos à fa Fée!
Ainfi, puisque les chants, les vers,
Triomphent jusques aux enfers,
Vous, de qui l'aimable compagne
Fait le bonheur d'une campagne,
Où fa préfence et les Zephirs
Comblent tour à tour nos défirs,
Sans mêler à la folitude

Les ennuis, ou l'inquiétude;
Quel fort pour nous injurieux
Nous ôte la voix dans des lieux,
Où tout anime, où tout confpire
Au defir d'exercer la lyre?
Sortez de ce profond oubli,
Où vous femblez enféveli
Pour l'Helicon, pour le Parnaffe;
De leurs fentiers fuivez la trace,
Et pour les vers, ingratement,
N'enterrez plus votre talent.
Pour moi, qui fans art, fans étude,
Vais rimaillent par habitude,
A ce frivole amusement
Je m'abandonne fottement.
Temoins ces pauvretés nouvelles,
Où jamais les doctes pucelles,

Ni leur maitre, ont mis la main;
Non, je ne fuis pas de leur train.
Ainfi guidé par la prudence,
Sans afpirer à l'excellence,
Que demandent les Vers pompeux,
Fleuris, fublimes, ou nombreux;
Me tenant à mon caractére,
J'exerce une veine étrangere,
Tantôt enflant mes chalumeaux
Au doux murmure des ruiffeaux;
Tantôt, quittant le ton ruftique,
Je laffe tout un domestique
Par cent couplets pour des appas,
Que j'aime, ou que je n'aime pas;
Tantôt je cherche quelque rime
Digne d'un mérite fublime;
Et quoique je le cherche en vain,
Ma plume, en conduifant ma main
Dans un amufement que j'aime,
Va griffonant malgré moi-même.
Si par hafard je penfe bien,
Mes Vers n'en difent jamais rien;
Je le fais; mais en recompenfe,
Exprimant mal ce que je penfe,
Ma Rime d'un Zéle indifcret
Ne va pas prôner mon fecret:
Car d'abord je brouille ou déchire
Ces amusemens, que m'infpire,
Soit en hiver, foit en été,
Une indolente oifivété.

Si quelquefois je leurs fais grace
Sur le deftin qui les ménace,

Et f'ils évitent mon courroux;

C'eft

pour un ami tel

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Hamilton.

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L. Racine.

L. Racine.

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G. B. II. S. 273. Jm vierten Bande seiner Wers ke stehen zwei philosophisch - poetische Briefe über den Mens schen, an Ramsay, zwei andre an den Kardinal Polignac über die Seclen der Thiere, und ein fünfter, welcher hier folgt, an Hrn. de Valincourt, über den Mißbrauch der Poesie. Die Veranlassung zu diesem leßtern gab der Ents schluß des Dichters, feine bisher der Religion geweihte Muz › se nicht durch profane Arbeiten, besonders nicht durch dramatische Gedichte, wozu ihn seine Freunde auffoderten, zu entheiligen. Freilich ist die Strenge, mit welcher hier manche Gesinnungen ausgedrückt werden, etwas übertrieben und einseitig, und der Ton dieser Epistel wird zuweilen ets was frömmelnd; fie enthält aber doch viel Wahres und Edles über den höchsten Zweck und über die ursprüngliche Anwendung der Dichtkunst; und mehr die Beschränkung seiner unpoetischen Sprache, als Mangel an Gefühl, scheint daran Schuld zu seyn, wean R, sich über diesen Gegenstand nicht immer mit der seiner würdigen Wärme ausdrückt.

A. M. DE VALINCOURT.

Sur l'Abus que les Poetes font de la Poefie.

Aux combats de la fcéne, en vain, cher VALIN

COURT,

Des amis trop flatteurs m'excitent chaque jour,
Et m'y font efperer ces éclatans fouffrages
Que le public content donne aux jeunes courages;
Quoique de ce difcours le charme dangereux
Tente aifément un coeur de la gloire amoureux:
C'eft à tes feuls avis que je prête l'oreille.
Loin de porter envie aux rivaux de Corneille,
A tes fages leçons je veux m'affujettir,
Et choifir des travaux exempts du repentir.

Au

Auroit-il dû jamais allarmer l'innocence, L'art fublime des Vers fi pur en fa naissance; Art divin, qui reçut de tes nobles transports, Sainte religion, fa pompe, et fes accords?

Oui, c'est toi, qui de l'homme élevant le genie,
Autrefois enfantas l'admirable harmonie:
Pour honorer le Ciel, et publier fes dons,
La Lyre, fous ta loi forma fes premiers fons.

Quand les juifs d'un barbare évitoient la pour-
fuite

La mer les vit paroître, et la mer prit la fuite.
Pour fauver Ifraël par des chemins nouveaux,
Le fouffle du Seigneur ouvre les feins des eaux,
L'onde refte immobile, et foudain ranimée,
De la fuperbe Egypte enfevelit l'armée.
Après ce grand fpectacle, et ce prodige heureux,
Une divine ardeur f'empare des Hebreux:
Moïfe, plein du feu dont fon âme eft faifie,
Entonne un faint Cantique, augufte Poëfie,
Qui célébre le Dieu dont le bras étendu,
Des flots fur le feul Juif tint l'amas fufpendu:
Tout le peuple y répond, et la reconnoiffance,
Des poëtiques chants confacra la naissance.

Des céleftes bienfaits le tendre fentiment
Imprime à tous les coeurs ce même mouvement:
Et l'ardeur d'exprimer noblement fon hommage,
Des Vers, au Payen même infpira le langage.
Lorsqu'après fon travail le laboureur joyeur,
Dans les jours folemnels rendant graces aux Dieux,
A l'afpect des moiffons fous fes toits amaflées
Perdoit le fouvenir de fes peines paffées:

Docile aux loix d'un art qu'il ne connoiffoit
pas,

Sur des tons mefurés il conduifit fes pas;
Son oreille attentive à de juftes cadences,

Le régla dans les chants, le guida dans fes danfes.

Ainfi

2. Racine.. L.

L. Racine., Ainfi la Poëfie en toute Nation
Doit fa naiffance illuftre à la Religion.

Mais aux traits de la mere où l'innocence
brille,

Qui pourroit aujourd'hui reconnoitre la fille?
Helas! presque en naiffant, loin des yeux mater-
nels,

Elle alla fe jetter en des bras criminels:
Non, loin de fon berceau déja defigurée,
Yvre des faux plaifirs, au mentonge livrée,
Et de nos paffions trop funefte inftrument,
Elle ofa nous prêcher le vice effrontément:
Elle mit en tous lieux fa gloire à nous féduire,
Et corrompit des coeurs, qu'elle devoit inftruire.
Homere le premier, fertile en fictions,
Tranfporta dans le Ciel toutes nos paífions.
C'est lui qui nous fit voir ces maitres du tonnere,
Ces Dieux dont un clin d'oeil peut ébranler la Terre,
Injuftes, vains, craintifs, l'un de l'autre jaloux,
Au fommet de l'Olympe auffi foibles que nous;
Et c'est lui-même encor dont la main dangereufe,
A tiflu de Venus la ceinture amoureuse.
Les feux qui de Sapho confumerent le coeur,
Dans fes écrits encore exhalent leur chaleur.
Pour chanter les exploits des héros qu'il admire,
Le foible Anacréon envain monte fa lyre.
Les cordes fous fes doigts ne refonnent qu'amour.

Athénes il eft vrai, tu le fais, VALINCOURT,
Par ces lâches difcours qu'infpire la moleffe,
N'a jamais du cothurne avili la nobleffe.
On ne vit point alors des heros languiffans,
Sous le poids de leurs fers fans ceffe gemiffans,
Et l'on n'entendit point fur la tragique fcene
D'un amoureux tourment foupirer Melpomene.
Là, de nos paffions, pour en purger nos coeurs,
Sophocle dépeignit les troubles et les malheurs:
Là, pour donner du vice une horreur falutaire,
Oedipe vint gémir d'un crime involontaire:

Le

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