Le choeur y consoloit l'innocent abatta, Effrayoit le coupable, et chantoit la Vertu.
Mais quels chants pouvoit-on attendre de Thalie, Lorsque d'Aristophane épousant la folie, Et par son impudence assurant ses succès, Elle l'abandonnoit aux plus honteux excès Fit quand Socrate même essuyoit ses outrages? Dans un panier risiblè, au milieu des
nuages, Quel spectacle de voir enlever ce Héros, Qu'une Muse effrontée immole à ses bons mots! Faut-il f'en étonner, lorsque sa raillerie Jouoit impunément les Dieux de la patrie; Quand tout un peuple en foule au Théatre accous-
roit Pour rire de ces Dieux qu'au temple il adoroit?
Rome à peine eût dompté la Gréce par ses ar
mes, Que la Gréce à son tour la dompta par ses charmes; La captive enchaînant ses farouches vainqueurs, A leurs Muses apprit à corrompre les coeurs. La molle volupté respire dans Tibulle, Et la pudeur s'allarme au seul nom de Catulle. Ovide nous apprend le grand art d'allumer Des feux, déja fans lui, trop prompts à l'enfâmer. Horace, en nous offrant des images impures, Deshonore souvent les plus belles peintures. Envain pár Juvenal le vice est combattu, Sa trop libre Satire irrité la vertu. Un Pétrone feroit rougir même à Cithere A son Domitien Martial cherche à plaire. Les Ecrivains de Rome en ressentent les moeurs; On reconnoit chez eux la Cour des Empereurs.
Dans ces tems, malheureux Venus avoit des
temples. Le crime autorisé par d'augustes exemples, Ne paroissoit plus crime aux yeux de ces mortels, Qui d'un Mars adultere encenloient les autels
L. Hacine., Sur une terre impie, et sous un ciel coupable,
Le chantre des plaisirs pouvoit être excusable. Cependant aujourd'hui les enfans de la Foi, D'un plus fage transport ont-ils suivi la loi? Hélas ! dreflant par-tout un piége à l'innocence, Des Romains et des Grecs ils passent la licence. Je pleure avec raison tant de rares esprits, Qui pouvant nous charmer par d’utiles écrits, De ces précieux dons oubliant l'avantage, Ont fouillé des talens dignes d'un autre usage.
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Des discours trop grossiers le Théatre epuré Eft toujours à l'Amour parmi nous consacré. Là de nos passions l'image la plus vive Frappe, enleve les lens, tient une âme captive. Le jeu des passions faifit le spectateur; Il aime, it haït, il craint, et lui-même est acteur. D'un Héros soupirant, là chacun prend la place, Et c'est dans tous les coeurs que la scene se passe. Le poison de l'amour a bientôt pénétré D'autant plus dangereux qu'il est mieux préparé. Ce feu toujours couvert d'une trompeuse cendre, S'allume au moindre louffle, et cherche à se répandre. Gardons nous d'irriter ce perfide ennemi, Dans le coeur le plus froid il ne dort qu'à demi Et periffe notre art: que nos Lyres se taifent, Si les fons de l'Amour sont les seuls qui nous plaisent.
Rendons, aux Vers plutôt toute leur majesté: De la Religion chantons la verité. Rarement, je le fais, par des douceurs pareilles, Une Muse pieuse a charmé les oreilles. Nos Poëtes chretiens, presque tous ennuyeux, Ont à peine formé des fons harmonieux; Mais des Poëtes seuls accusons la foiblesse: Aux profanes travaux livrés dans leur jeunesle, Pour reparer en fin leurs Vers pernicieux Ils ont offert à Dieu, digne offrande à ses yeux! Les restes languisfans d'une veine épuisée, Et les froids mouvemens d'une chaleur usée.
Celui qui montrant Phédre en proie à ses fureurs, , l. Racine. Pour elle nous força de repandre des pleurs, Scut depuis, il est vrai, devenu plus grand maitre, Avec le seul fecours d'un Enfant, et d'un Prêtre, Sur un ouvrage saint attacher, tous les
yeux, Et fortir de la course encor plus glorieux: Aussi nous peignit-ił ce Joad intrépide, Cet aimable Joas, cette reine homicide, Sans attendre que l'age amenant la langueur Eût de l'auteur de Phédre affoibli la vigueur. Jeune et plein de courage abandonnant la fcene, D'où tant de vieux foldats ne s'arrachent qu'à peine, De ses nobles exploits il fufpendit le cours, Et fuyant les honneurs qui le suivoient toujours, De bonne heure il chercha cette heureuse lumiere, Qu'on n'apperçoit souvent qu'au bout de sa carriere.
L'âge peut quelquefois changer un libertin, Et même réformer la plume d'Aretin, L'homme est long-tems trompé par de faulles images; Mais la mort, qui l'approche, écarte les nuages, Captive jusqu'alors, enfin la verité Sort du fond de nos coeurs, et parle en liberté: On écoute sa voix, on change de langage: De l'esprit et du tems on regrette l'ulage; Regrets tardifs d'un bien qui n'est jamais rendu: L'esprit est presque eteint, et le tems est perdu. Ne perdons point le nôtre. Heureux, dans
sa jeunesse Qui prévoit les remords de la fage vieillesse: Mais plus heureux encor qui fait les prévenir, Et commence les jours comme il veut les finir. Ainsi quoiqu'à mes yeux le Théatre ait des charmes, Je fuis, et ne veux point me préparer des larmes; Dullai-je disputer aux plus fameux guerriers, Il me faudroit enfin pleurer sur mes lauriers Si l'Auteur de mes jours, cher, et parfait modelle, M'a du feu de lon sang laissé quelque étincelle, Je veux, digne de lui, par des travaux Chrétiens, (Mes sentimens du moins font conformes aux fiens) Je veux, à toi fidelle, ô Verite divine, Rapeller l'art des Vers à la sainte origine. Beisp. Samml. 3. B.
Puille
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Puisle mon
coup
d'essai par un succès heureux, Affermir dans mon coeur ce projet généreux! Par mes premiers accens la Grace célébrée, Rend ma timide voix déja plus assurée. A les commandemens les bienfaits m'ont soumis, C'est elle à qui je dois tant d'illustres amis Qui pour mieux me prouver leur fincere tendreste, Par d'utiles conseils foutiennent ma jeunesse, C'est elle, Valincourt, qui m'entraînant chez toi, T'inspira l'amitié que tu ressens pour moi. C'est ellé, de mes vers récompenfe honorable! Qui conduisit mes pas dans ce lieu respectable, Où son fouffle fécond faisoit toujours fleurir Le solide Bonheur, la Joie inaltérable, I.a tranquille Constance, et la Paix délectable. O Frêne, lieu charmant, cher à mon louvenir, Des biens que tu m'as faits prompt à m'entretenir, Mon coeur reconnoissant me rapelle à toute heure Ces jours délicieux coulés dans ta demeure; Ces exemples fi faints, dont j'y fus le témoin, Et sans cesse il m'anime à les suivre de loin.
S. B. I. S. 393. Jhm vornehmlich verdankt der leichte, angenehmie, lebhafte, und selbst durch eine gemise Nachi&ßigkeit und Geschmaßigkeit &ußerfi einnehmende Ton seine Entstehung und sein Glück, der so viele reizende Epi: fteln neuerer französischer Dichter belebt. Ungemein anzies bend ift folgendes Gemåbide häuslicher poetischer Genügs samkeit und Ruhe.
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