Puiffé je, après deux nuits entieres,
Nêtre encor qu'au premier réveil, Et voir dans tout fon appareil L'Aurore entr'ouvrant les barrieres Du temple brillant du Soleil!
Vous, dont la main m'eft toujours chere Vous, mes amis dès le berceau, Si l'enfant qui porte un flambeau Venoit m'annoncer que Glycere Favorife un Amant nouveau, Mes Dieux, déchirez fon bandeau, Et répouflez le téméraire.
Mais, fi plus fenfible à mes voeux,. Il vous apprend que cette Belle, Moins aimable encor que fidelle, Brûle pour moi des mêmes feux; Alors d une offrande éternelle Flattez cet enfant dangereux; Et qu'une fleur toujours nouvelle Orne à l'inftant fes beaux cheveux.
Eben das heitre, anmuthvolle Kolorit, wodurch sich die mahlerische Poesie dieses Kardinals in seinen Jahrs- und Tageszeiten auszeichnet, belebt auch seine poetischen Epis fteln, unter welchen folgende an die Grazien eine der reis zendften ist.
vous, qui parez tous les âges, Tous les talens, tous les efprits, Vous, dont le temple est à Paris, Et quelquefois dans les villages; Vous, que les plaifirs et les ris Suivent en fecret chez les Sages, Graces, c'eft à vous que j'écris. Fugitives ou folitaires,
La foule des efprits vulgaires
Vous cherche fans ceffe et vous fuit. Auffi fimples que les Bergeres Le gout vous fixe et vous conduit. Indifférentes et légères,
Vous échappez à qui vous fuit. Venez dans mon humble reduit, Vous n'y ferez point étrangeres; Rien ne peut y bleffer vos yeux: Votre frere eft le feul des Dieux Dont vous verrez chez moi l'image. Dans fon carquois brille un feul trait, Et dans fa main est le portrait De celle qui fut votre ouvrage. Venez donc, foeurs du tendre Amour, Eclairer ma retraite obfcure;
Venez enfemble, ou tour à tour, Et du pinceau de la nature
Achevez l'heureuse peinture Que je vous confacre en ce jour. Vos bienfaits, charmantes Déeffes,, Sont prodigués dès le berceau, Et jusques au fond du tombeau, Vous nous confervez vos richesses. Vous élevez fur vos génoux Ces enfans fi vifs et fi doux, Dont le front innocent déploie La candeur qu'ils tiennent de vous, Et tous les rayons de la joie. Vous aimez à vivre avec eux, Vous vous jouez dans leurs cheveux, Pour en parer la négligence. Compagnes de l'aimable enfance, Vous préfidez à tous les jeux; Et de cet âge trop heureux Vous faites aimer l'ignorance. L'amour, les plaifirs, la beauté, Ces trois enfans de la jeuneffe, N'ont qu'un empire limité, Si vous ne les fuivez fans cefle. L'Amour à travers fon bandeau Voit tous les défauts qu'il nous cache; Rien à fes yeux eft toujours beau; Et quand de vos bras il f'arrache. Pour chercher un objet nouveau, Vos mains rallument fon flambeau Et ferrent le noeud qui l'attache. Bien plus facile à dégoûter, Moins delicat, et plus volage, Le plaifir fe laiffe emporter Sur l'aile agile du bel âge: Il dévore fur fon paffage Tous les inftans fans les compter. Vous feules lui faites goûter Le befoin qu'il a d'être fage. Par-tout où brille votre image, Le goût le force à f'arrêter, Et la conftance est votre ouvrage,
Bernis. Sans vous que feroit la beauté? C'eft par les graces qu'elle attire; C'est vous qui la faites fourire; Vous tempérez l'austérité
Et la rigueur de fon empire. Sans votre charme fi vanté,
Qu'on fent, et qu'on ne peut décrire. Sa froide régularité
Nuiroit à la vivacité
Des défirs ardens qu'elle infpire. Le Dieu d'amour n'eft qu'un enfant; Il craint la fierté de ces Belles Qui foulent d'un pied triomphant Les fleurs qui naiffent autour d'elles. Par vous, l'Amant ofe efpérer De faifir l'inftant favorable. C'est vous qui rendez adorable L'objet qu'on craignoit d'adorer. Qu'il eft doux de trouver aimable Ce qu'on eft contraint d'admirer! Les Belles qui fuivent vos traces, Nous ramènent à leurs genoux. Junon, après mille disgraces, Après mille transports jaloux, Enchaine fon volage époux Avec la ceinture des Graces. L'air, la démarche, tous les traits, L'éfprit, le coeur, le caractère, Ont emprunté de vos attraits. Le talent varié de plaire.
La Nymphe qui craint un regard, Et qui pourtant en eft émue;
La Nayade, qui, par hazard,
Nous laiffe entrevoir qu'elle eft nue; La Vendangeufe qui fourit
Au jeune Sylvain qu'elle enivre, Et lui fait fentir que, pour vivre, L'enjouement vaut mieux que l'éfprit; De l'amour, victime rebelle, La boudeufe qui, dans un coin,
Semble fuir l'Amant qu'elle appelle,
Qui, plus fenfible que cruelle,
Gémit de fentir le béfoin De fe laiffer approcher d'elle; La Rêveufe, dont la langueur La rend encore plus touchante,
Qui fe plaint d'un mal qui l'enchante, Dont le remede eft dans fon coeur; La Coquette qui nous attire, Quand nous croyons la dédaigner, Et qui, pour fûrement regner, Semble renoncer à l'Empire; L'Amante, qui, dans fon ardeur, A de l'amour fans indécence, Et qui fçait, à chaque faveur, Faire revivre l'innocence; La Beauté dont les yeux charmans Donnent les defirs fans ivresse; Qui, fans refroidir fes amans, Leur fait adorer fa fagefle; La fineffe fans faufleté, La fageffe fans pruderie, L'enjoûment fans étourderie, Enfin la douce volupté, Et la touchante rêverie,
Un gefte, un fourire, un regard, Ce qui plait fans peine et fans art, Sans excès, fans airs, fans grimaces, Sans gêne, et comme par hazard, Eft l'ouvrage charmant des Graces.
Ceffez donc de vous allarmer, Vous à qui la nature avare Accorda le bienfait d'aimer, Et refufa le don plus rare, Le don plus heureux de charmer: De l'amour touchante victime, O vous qu'il blefle et fuit toujours, Les Graces offrent leur fecours Aux coeurs malheureux qu'il opprime.
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