Allez encenfer les autels De ces charmantes Immortelles ; A votre retour, les Mortels Vous compteront parmi les Belles; Et les Amours les plus cruels Vous serviront souvent mieux qu'elles. On l'accoutume à la laideur, L'esprit nous la rend supportable; Et les Graces, pour leur honneur, Placent souvent notre bonheur Dans les bras d'une laide aimable. De même on plait en tous les tems; Les Graces suivent tous les âges; Elles réparent leurs outrages, Et sement les fleurs du printems Sur l'hiver paisible des Sages. Ainsi le vieux Anacréon Orna sa brillante vieillesse Des graces, que dans la jeunesse Chantoit l'amante de Phaon. De leurs célebres bagatelles Le monde encore est occupé; La Mort, de l'ombre de ses aîles, N'a point encore enveloppé Leurs chansonnettes immortelles; Le feul esprit et les talens N'éternisent pas nos merveilles. L'oubli, qui nous suit à pas lents, Fait périr le fruit de nos veilles. , Rien ne dure que ce qui plait, L'utile doit être agreable; Un Auteur n'est jamais parfait, Quand il néglige d'être aimable.
Enfans illustres de Clio, Vous, dont la plume infatigable Nous enrichit et nous accable; Voyez de vos in-folio Quel est le fort inévitable. Dans l'abime immense du tems
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Tombent ces recueils importans D'Historiens, de Politiques, D'Interpretes, et de Critiques, Qui tous, au mépris du bon sens, Avec les livres Germaniques *) Se perdent dans la nuit des ans. La mort dévore avec furie Les grands monumens d'içi-bas;
: Mais le plaisir qui ne meurt pas, Abandonne à sa barbarie Les annales des Potentats, Et tout bon livre qui l'ennuie, Pour sauver et rendre à la vie, L heureux chantre de Ménélas, Et le tendre amant de Lesbie. La mort n'épargna dans. Varron Que le titre de sçavant homme; Mais les graces de Cicéron Tirerent des cendres de Rome Et ses ouvrages et son nom. Je ne Içais par quelle avanture Quelques ouvrages de pédant Ont pû percer la nuit obscure Où tombe tout livre excédant. Mais je fçais bien, en attendant, Que c'est toujours contre nature Qu' arrive un pareil accident. Les Graces seules embellissent Nos esprits, ainsi que nos corps; Et nos talens sont des ressorts Que leurs mains légeres polissent. Les Graces entourent de fleurs Le fage compas d'Uranie, Donnent les charmes des couleurs Au pinceau brillant du génie ;
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*) Hoffentlich waren die Grazien mit den von ihnen ein:
gegebenen Werken des deutschen Geschmacks beffer, als der Dichter bekannt, um ihm hier nicht beizustimmen.
Bernis. Enseignent la route des coeurs
A la touchante mélodie, Et prêtent des charmes aux pleurs Que fait verfer la Tragédie. Malheur à tout esprit grossier, A l'ame de bronze et d'acier, Qui les méprise et les ignore. Le coeur qui les sent, les adore, Et peut seul les apprécier. Mais vous, filles de la nature, Qui fites l'amour des mortels, Ne fouffrez pas qu'on défigure Vos ouvrages sur vos autels. Paroislez aux yeux des impies, Qui, fans craindre votre courroux, Nous offrent des froides copies Qu'ils nous font adorer pour vous. Venez disliper l'imposture, Daignez reparoitre au grand jour; Nous apprendrons votre retour, Et par
le cri de la nature, Et par les transports de l'amour.
Im dreizehnten Hande der von Beaumarchais bez sorgten Ausgabe seiner samtlichen Werke findet man nicht weniger als 114 Episteln von diesem so fruchtbaren Dichter, unter welchen einige treffliche Meisterstücke in ihrer Art find. Die folgende ist eine der berühmtesten, und, wie in der ges dachten Ausgabe bemerkt wird, an mademoiselle de L **, damals Frau Marquise de 6 **, gerichtet. Sie wurde dadurch veranlaßt, daß ihr Schweizer Voltaire'n den Bes such bei ihr verweigerte, den sie vor ihrer Verheirathung oft von ihm angenomnien hatte. Als er im J. 1778 wieder nach Paris kam, besuchte er sie, als Witwe, unda gleich ihm, über achtzig Jahr alt. Ueber diesen Besuch sagte er zit seinen Freunden: Ah! mes amis, je viens de paller d'une bord du Cocyte à l'autre. Eine sehr glückliche Neberseßung dieses Briefes findet man in Hrn. Gotter's Gedichten, Th. I. S. 16 ff.
EPITRE DES VOUS ET DES IU.
Philis, qu'est devenu ce tems, Où dans un fiacre promenée, Sans laquais, fans ajustement, De tes graces seules ornée, Contente d'un mauvais fouper, Que tu changeois en ambrofie, Tu te livrois, dans ta folie, A l'Amant heureux et trompé, Qui t'avoit conlacré sa vie ? Le Ciel ne te donnait alors, Pour tout rang et pour tous trésors, Que les agréments de ton âge, Un coeur tendre, un esprit volage, Un fein d'albâtre et de beaux yeux. Avec tant d'attraits précieux, Helas! qui n'eut été friponne? Beisp. Samml. 3. 5
B 6
Voltaire. Tu le fus, objet gracieux;
Et que l'amour me le pardonne, Tu sçais que je t'en aimais mieux!
Al! Madame, que votre vie, D'honneur aujourd'hui fi remplie Diffère de ces doux instans! Ce large Suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte, Philis, est l'image du tems, Il semble qu'il challe l'escorte Des tendres amours et des ris; Sous vos magnifiques lambris Ces enfans tremblent de paroître Hélas ! je les ai vû jadis, Entrer chez toi par la fenêtre, Et se jouer dans ton taudis.
Non, Madame, tous ces tapis Qu'a tiffu la Savonnerie, *) Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfevrerie. Et ces plats si chers que Germain **) A gravés de la main divine, Et çes cabinets où Martin ***) A surparlé l'art de la Chine; Vos vales Japonois et blancs, Toutes ces fragiles merveilles; Ces deux lustres de diamans Qui pendent à vos deux oreilles; Ces riches carcans, ces colliers, Et cette pompe enchanteresse, Ne valent pas un des baisers Que tu donnois dans ta jeunesse.
*) Manufacture de tapis. **) Excellent orfèvre. ***) Fameux vernisseur.
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