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von Ba r.
Bar.

Georg Ludwig von Bar, ein deutscher Freiherr aus dem Osnabrückischen, geb. um8 J. 1701, gest. 1767 auf seis nem Gute Barenau, als Domsenior zu Münden, und Erb. Landdroft des Stifts Osnabrück. Unter feinen Schriften find die Epitres Diverses fur des sujets différens am bekanntesten, wovon man auch eine Lieberkühnische Uebersehung in sehr mittelmäßigen Versen hat. Es sind vier und zwanzig poetis sche Briefe, in Boileau's Manier, obgleich nicht ganz in seinem Geiste, und noch weniger in seiner glücklichen Versis fikation, meistens an erdichtete Personen gerichtet, deren Charaktere aus Romanen und Schauspielen, vornehmlich Den molierischen, bekannt sind.

EPITRE A HARPAGON.

von Bar.

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Ne crains plus, Harpagon, les Momus indiscrets,

Le fiécle férieux rend les Railleurs muets.

Nos moeurs font en effet telles, que l'Avarice
Se trouve une Vertu, loin d'être encore un Vice;
Le Cenfeur le plus rude en toi va refpecter
Des mortels, qu'un Démon auroit peur d'irriter.
A voir comme en rampant l'humaine Créature,
Pour fe gorger de biens, fupporte la torture,
On diroit que l'Argent effaçant tout péché,
L'homme achete le Ciel ainfi qu'un Evêché.
Pouvons nous mieux prouver quel efprit nous do:
mine,

Qu'en infpirant d'abord l'amour de la lézine
Aux êtres nés de nous, afin d'éteindre en eux
Ce tendre naturel qui les rend généreux?
Le Pere ofe à fon fils impofer la fottife

De traîner fes beaux jours en Noble de Venife.
S'il penfe que le Ciel n'a mis entre fes mains
Des biens que pour en vivre, et fervir les Humains,

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von Bar.

A nos yeux devorans, c'eft un prodigue infigne;
Les grands de leur faveur le fuppofent indigne.
C'est un fait fi connu, qu'on a vu plus d'un Fat
Ladre par politique, et par prudence ingrat.
Sans doute, pour pouvoir obtenir quelque office,
Il faudra faire enfin des preuves d'avarice,
Comme, en certains Climats, le Noble criminel
Fait des preuves d'orgueil pour vivre de l'Autel.
La fortune autrefois favorifoit l'Audace;
Elle eft folle aujoud'hui de l'Animal tenace.
A-t-elle des trefors? elle court les cacher
Chez le dragon qui veille, et qui n'ofe y toucher.
Nous trouvons dans l'Avare un mérite funefte,
Merite qu'on cajole autant qu'on le déteste.
Vous voit on fort dans l'art d'inventer des impôts,
Qui rongent fourdement le peuple jusqu'aux os?
Ce grand talent fuffit; votre fortune est faite.
Comme on croit qu'un coeur dur marque une bon-
ne tête,

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'L'Orgueil f'abaiffera jusqu'à vous rechercher;
Vous parviendrez un jour à l'honneur d'écorcher,
En quelque augufte nom, cette utile Canaille,
Qui vit pour travailler et pour payer la Taille:
Honneur, fublime honneur, dont tant d'illuftres
Foux,

Au gré de Belzebub, font lachement jaloux!
L'avare, fur la foi de la feule avarice,

Voit les trefors d'autrui rouler pour fon fervice.
C'eft au Ladre connu qu'on ne refufe pas
L'opulente Héritière aux folides appas.

L'avare, homme de poids dans l'efprit du Vulgaire,
Fait valoir fes confeils, et fe rend néceffaire;
C'eft l'oracle des Sots, et, quoique fans amis,
C'eft encore un Tyran, auquel tout eft permis.
Tel, dans la trifte nuit de fes Caves fecrettes,
Enterre chaque jour de pefantes Caffettes,
Qui, f'il ne vole pas l'avoine à fes Chevaux,
Ne nourrit fes enfans qu'en comptant les mor-

ceaux.

La

La terre porte encore un efcroc en fix lettres, *)
Qui vendit fans rougir le Dieu de fes Ancétres.
Qui ne pouvant, fans dot, établir ailément
Sa fille, fille unique et propre au Sacrement,
La déclara foudain Batarde adultérine,
Et d'une bouche pinfi délivra fa cuifine.
Pendant le quart du fiècle, il fut le digne Epoux
D'une Thaïs Chrétienne, et n'en fut point jaloux.
Mais l'Or ne pleuvant plus au giron de la Dame
Le Traitre f'en défit par une voye infame;
Quatre murs mal blanchis renferment pour toujours
La galante Moitié du plus affreux des ours.

Sans femme, fans enfans, chargé de biens immen-
fes,

Il ne craint plus le Ciel, mais il craint les depenfes.
Il paffe dans le coin d'un antique Salon,

Sans huitres les Hivers, les étés fans melon;
Et, content d'épargner, ce Pindare moderne **)
Fait tirer fon Nectar du fond d'une Cîterne.
C'est 1 Homme, le Docteur, que j'ofe propofer
A quiconque, ne vit que pour théfaurifer;
Mais je l'offre de même à quiconque veut peindre
L'Animal le moins plaint quoique le plus à plaindre.
Quand nous ignorons l'art de payer fans chagrin
Boucher et Boulanger, Tailleur, Marchand de vin,
Nous devons envier, quelles que foient nos Rentes,
Le fort des Animaux, des Arbres et des Plantes,
Ou le fort de ce Roi, qui fçut pendant fept ans,
Couvert d'un poil hideux, brouter l'herbe des
Champs.

En nos temps fomptueux, où, même à pure perte,
Il faut, le long du jour, tenir la bourse ouverte,

von Bar.

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*) L'Original de ce portrait f'eft noyé, et fa Veuve, for-' tie du Couvent, f'eft remarièe.

•-**) "Aessor μèv idwę, il n'y a rien meilleur que l'eau, dit

Pindare; et Harpagon conseilla à son fils, qu'il fuppo-
foit malade, de boire un grand verre d'eau fraiche à la
cuifine.

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von Bar. L'Avare doit fouffrir cent fois plus de douleurs,
Qu'une femme en travail dans les grandes chaleurs.
Vous êtes-vous acquis le renom d'être chiche?
Chacun à vos dépens voudroit devenir riche.
Femme, enfans et voifins, fervantes et valets,
Pour vous ronger le coeur, vous tendent des filets.
A coup fûr, f'ils ofoient, ils bruleroient vos gran-
ges;

Qui tourmente un Vilain croit divertir les Anges.
Tu dois me confeffer, que le plaifir exquis
De paffer en revue un nombre de Louïs,
'Ne peut te foulager dans les tranfes mortelles,
Où te jette l'achat des moindres bagatelles.
Si j'avois à prouver contre nos Médecins,
Que l'Homme ne meurt point du poifon des chagrins,
Je produirois d'abord un Ladre octogénaire,
Qui, mangeant à fes fraix, fent toute fa mifère;
Le pain d'autrui l'affame au point que tout Vivant :
Semble à fes yeux jaloux un Rival triomphant.
Nous donnons, fur la foi d'un principe, bizarre,
Des Tuteurs au Prodigue, ét jamais à l'Avare:
Je voudrois qu'en r'ouvrant le Coffre du premier,
Le Magiftrat bornât l'épargne du dernier.
Dira-t-on, qu'un Grigou, puni par l'Avarice,
Expireroit bientôt dans ce double fupplice?
Que perdroit le public à la mort de ce Fou,
Qui, pour le bien commun, ne perdroit pas un fou?
L'Argent doit circuler; qui l'arrête en fa courfe,
Devroit dans l'Océan circuler tête en bourse;
Ceft du Bonheur public l'Ennemi déclaré,
Et c'est toujours trop tard qu'on f'en voit délivré,
Le plus vil Scélérat fçait mériter l'eftime
Au moins de fes pareils, coupables de fon crime;
Cartouche dans Shephard admiroit le Voleur;*)
L'Avare de l'avare abhorre la noirceur,
L'Avare en fes pareils doit détefter fon vice,
Et prouver, contre lui, qu'il faut qu'on le haïffe.

Lors

Cartouche, fameur Chef de Voleurs à Paris, comme Shephard à Londres.

Lorsque dans l'Orient un Tyran furanné,
Squelette fenfuel, au Jeune condamné,
Arrache à fes Sujets fans choix toutes les Belles,
Et, pour les contempler, f'emprisonne avec elles,
Ce Monftre, à ton avis, n'eft il pas furieux?
Que n'inmole-t-il point au plaifir de fes yeux?
Pourtant c'eft ton portrait, Mortel infatiable!
Ton Coffre eft le Sérail, où ta griffe éxécrable
Renferme ces Beautés, ces Piftoles de poids,
Qui ferofent le bonheur du Peuple et des Bourgeois.
Regarde l'Artifan defoeuvré, fans pratique,
Il porte ton Arrêt dans fon oeil famélique,
Et de fes cris perçans, qui te touchent fi peu,
Hélas! tu dois répondre un jour devant fon Dieu.
S'il fe peut, Harpagon, que ton éfprit revêche
Doute de vérités que mon amour lui prêche,
Fais répandre en tous lieux le bruit de ton trépas,
Chacun dira tout haut ce qu'on fe dit tout bas.
Le Peuple extravagant, à fon délire en proye,
Dans tous les Carrefours fignalera fa joye;
Le nom du nouveau Mort d'épithetes chargé,
Sera de fon hiftoire un cauftique Abregé.
Dès-lors, Pere aux Ecus, tes propres Domestiques
Fourniront au, Public cent Farces fatiriques;
Ce font des Perroquets, on a beau les nourrir,
S'ils n'ofent pas nous mordre, ils ofent nous falir.
Bientôt ton propre fils, le Chef de la Famille,
Plus fou qu'un jeune Anglois fortant de la Baftille,
Plus fringant qu'un Sauteur du Manége échappé,
T'apprendra qu'il fçait vivre en fils émancipé:
Et quand dejà ton fang bouilliroit en fes veines,
Toutes fes paffions feront autant de Reines,
Qui toutes à la fois, attaquant le Magot,
Feront ce cher Dauphin et repic et capot.
Dans cet inftant affreux, à ce moment horrible,
Vien, fauve ton trefor de fa perte infallible,
Et longe à te munir d'un flegme fuffifant,
Pour digérer encor l'affront le plus cuifant.
Si, fur le bruit flatteur de ta mort defirée,
Tout un peuple a fait voir fa joye immodérée,

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von Bar.

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