Ta vie est un paifible cours Qu'embellit le foin de lui plaire. La raifon réglant tes defirs, Ce cortège de la jeuneffe, Enchaine, aux pieds de la vielleffe Tes paffions et tes plaifirs! Tu peux, fans redouter le blâme, Rendre compte de tes momens; La nature enrichit ton ame De ce qu'elle enleve à tes fens. Pour moi, je ne fais quelle ivreffe, Dispolant toujours de mon coeur, Me laiffe eftimer la fageffe, Et me fait courir à l'erreur;
Oui, déja tout mon fang bouillonne; Les trésors parfumés des champs, Des Céres les nouveaux préfens, L'amitié même, hélas! pardonne, Rien ne maîtrise les élans
D'un coeur qui toujours f'abandonne A la foule de fes penchans; Rien ne me touche et ne m'arrête; Il me faut un monde nouveau; Ami, je reprends mon bandeau Et cours affronter la tempête. Je vais, dans mon aveuglement, Errer de chimère en chimère; Offrir un culte involontaire Aux illufions du moment; Achêter, par de longues peines, Une étincelle de bonheur; Crier liberté dans les chaînes, Et rire au fein de la douleur; Dans une pénible pareffe Confumer chaque trifte jour, Et fur tout livrer ma foibleffe A tous les rêves de l'amour.
Ah! fans lui, qui pourroit nous plaire Sans cet heureux enchantement,
Que refteroit-il à la terre?
L'ennui de vivre, et lé néant!
Tu vois trop quel est mon délire; Ami, je ne puis le cacher: L'amour lui feul peut m'attacher; C'eft fa flamme que je rèspire. Ce fexe; orné de mille attraits, Que fon addresse multiplie, Nous tient enchaînés à la vie Par d'imperceptibles filets; Dans fes défauts trouve fes armes, Nous plaît, en nous tyrannisant, Et n'eft jamais fi feduisant, Qu'alors qu'il fait couler nos larmes. Toujours abfous par nos defirs, Il a tout, puisqu'il a les charmes Et qu'il difpenfe les plaifirs. Que dis-je ? une fougue imprudente. Sans doute emporte mes efprits; La jeuneffe, toujours ardente, A ce bonheur met trop de prix; Ils viendront, ces jours de lumière, Où la fcène change à nos yeux. Où l'homme, en foupirant, f'éclaire Sur le vrais moyens d'être heureux! Alors, battu par les orages, Digne du moins de ta pitié J'irai, fuyant d'autres naufrages, Chercher un port dans l'amitié; Sous la plus épaiffe verdure
Michel Jean Seldaine, ein noch lebender, vornehm lich durch seine Schauspiele bekannter Dichter. Seine klei nern Poesien haben viele Vorzüge in den leichten und naifen Wendungen des Gedankens und des Ausdrucks. Folgende Allerliebste Tändelei von ihm verdient hier eine Stelle.
Ah! mon habit, que je vous remercie! Que je valus hièr, grace à votre valeur! Je me connois; et plus je m'apprécie, Plus j'entrevois qu'il faut que mon Tailleur, Par une fecrette magie,
Ait caché dans vos plis un talisman vainqueur, Capable de gagner et l'efprit et le coeur. Dans ce cercle nombreux de bonne compagnie, Quels honneurs je reçus! quels égards! quel accueil! Auprès de la Maîtreffe, et dans un grand fauteuil Je ne vis que des yeux toujours prêts à fourire. J'eus le droit d'y parler, et parler fans rien dire! Cette femme à grands falbalas
Me confulta fur l'air de fon vifàge; · Un Blondin fur un mot d'ufage Un Robin fur des opéras.
Ce que je décidai, fut le Nec plus ultra. On applaudit à tout, j'avois tant de génie! Ah! mon habit, que je vous remercie! C'est vous qui me valez cela!
De complimens, bons pour une Maîtresse, Un Petit maître m'accabla
Et pour m'exprimer fa tendreffe
Dans fes propos guindés, me dit tout Angola. Ce Poupart à fimple tonfure,
Qui ne fonge qu'a vivre, et ne vit que pour foi; Oublia quelque tems fon rabat, la figure Pour ne l'occuper que de moi.
Ce Marquis, autrefois mon ami de collége, Me reconnût enfin, et du premier coup d'oeil Il m'accorda par privilége
Un tendre embraflement, qu'approuvoit fon orgueil, Ce qu'une liaifon dès l'enfance établie,
Ma probité des moeurs que rien ne dérégla, N'euffent obtenu de ma vie
Votre afpect feul me l'attira Ah! mon habit, que je vous remercie! C'est vous qui me valez cela! Mais ma furprise fut extrême: Je m'apperçus que fur moi-même Le charme fans doute opéroit. J'entrois jadis d'un air difcret;
Enfuite fufpendu fur le bord de ma chaife, J'ecoutois en filence, et ne me permettois Le moindre Si, le moindre Mais;, Avec moi tout le monde étoit fort à fon aife Et moi je ne l'etois jamais;
Un rien auroit pû me confondre Un regard, tout m'etoit fatal; Je ne parlois que pour répondre; Je parlois bas, je parlois mal. Un fot Provincial arrivé par le coche,
Eût été moins que moi tourmenté dans fa peau;
Je me mouchois presqu'au bord de ma poche J'eternuois dans mon chapeau;
On pouvoit me priver, fans aucune indécence, De ce falut que l'ufage introduit
Il n'en coûtoit de révérence
Qu'à quelqu'un trompé par le bruit: Mais à prelént, mon cher habit
Tout eft de mon reffort, les airs, la fuffifance, Et ces tons décidés qu'on prend pour de l'aifance Deviennent mes tons favoris:
Eft-ce ma faute, à moi, puisqu'ils font applaudis? Dieu! quel bonheur pour moi, pour cette étoffe,
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