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battu en 1884. Son opposition d'alors n'était nullement basée sur les mérites ou sur le principe de l'entreprise. Tous les arguments de sir Michael Hicks-Beach ne sont là qu'un épouvantail dirigé contre le projet.

M. Gladstone rappelle que la nomination d'une commission commune, ayant pour objet l'étude et la construction du tunnel, n'a été que suspendue en 1884 par suite de conditions financières défavorables. Mais il faut des motifs sérieux pour justifier l'attitude de l'Angleterre vis-à-vis de la France et son recul. Ce n'est qu'en 1881 que les autorités militaires ont paru opposées au projet.

C'est avec regret que M. Gladstone a entendu sir Michael Hicks-Beach comparer la situation de la France aujourd'hui à celle d'il y a six ou sept ans. Il ne partage pas l'opinion que la stabilité de cette nation soit moins grande en ce moment qu'à cette époque; il fait observer que, depuis 1870, jamais la République française n'a eu à traverser une crise aussi sérieuse que celle où elle s'est trouvée l'année dernière, à propos de la nomination d'un nouveau président. Il est heureux de dire que les institutions de la France sont sorties de cette lutte avec autant de calme et de solidité qu'aucun pays n'en a montré dans des crises aussi grandes.

Les avantages d'un tunnel sous la Manche seraient énormes; mais M. Gladstone veut envisager la question comme député. Les frontières de terre sont moins sûres que celles naturellement formées par la mer; mais les frontières de terre ont un avantage immense au point de vue des relations d'hommes à hommes, surtout lorsqu'on croit que la paix et non la guerre doit être la condition normale et habituelle de l'Angleterre.

En ce qui concerne l'assertion de sir Michael Hiks-Beach que l'ouverture du tunnel serait pour l'Angleterre une cause d'anxiété, il est étonnant que la même anxiélé ne règne pas du côté de la France.

Les Français ont continuellement et sans hésitation adhéré à la construction du tunnel et ont toujours montré les sentiments les plus amicaux pour l'Angleterre, tandis que celle-ci, non seulement a abandonné sa position dans l'affaire, mais a témoigné de la méfiance à l'égard de la France.

La question réelle à examiner est celle d'une invasion possible. Or, dans les six derniers siècles, le nombre des invasions de la France par l'Angleterre est plus de dix fois supérieur aux invasions des Français en Angleterre. Napoléon le Grand dut lui-même abandonner son projet d'une descente en Angleterre. On a dit que Napoléon n'avait pas la vapeur à son service, mais justement la vapeur et les progrès réalisés dans les constructions navales ont considérablement augmenté le pouvoir de résistance de l'Angleterre.

Enfin l'idée énoncée par Sir Michael Hicks-Beach qu'il faut faciliter les communications en élargissant les ports créerait certainement un plus grand danger que la construction du tunnel. Quant à l'opinion des antorités militaires, celles-ci ne sont pas infaillibles.

M. Gladstone a conclu en disant qu'il espère que le pays, qui n'a jamais été opposé au projet, lui est aujourd'hui favorable et qu'il y a désormais chance de le voir aboutir.

Lord Randolph Churchill a déclaré que tant que l'Angleterre occupera l'Egypte, le scepticisme au sujet de la continuation de l'amitié de l'Angleterre avec la France est tout naturel.

La seconde lecture du bill a été rejetée par 305 voix contre 163.

Quelques jours auparavant, M. Léon Say, président de la Compagnie du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre, avait adressé à M. Gladstone la lettre suivante :

Mon cher Monsieur Gladstone,

Paris, le 22 juin 1888.

J'apprends avec la plus vive satisfaction qu'un débat important s'ouvrira le

27 de ce mois dans la Chambre des Communes sur le chemin de fer sous-marin de Douvres à Calais, et que vous êtes disposé à prendre la parole en cette circonstance.

La Compagnie française est prête, elle a terminé ses études préparatoires; le temps qui s'est malheureusement écoulé depuis qu'elle a obtenu la concession de la partie française, lui a permis de perfectionner ses procédés techniques et de réduire au minimum le montant des dépenses probables.

Ce qui paraissait chimérique, il y a encore peu d'années, n'a plus aujourd'hui que le caractère d'une de ces belles entreprises que le génie moderne sait mener à bonne fin. Il ne nous manque plus, pour pouvoir travailler avec fruit, que de trouver en face de nous des ingénieurs et des capitalistes anglais, munis comme nous, de pouvoirs suffisants.

Il dépend du gouvernement anglais de donner un caractère légal à une entente préparée depuis longtemps, et qui produirait immédiatement, aussitôt qu'elle sera officiellement réalisée, les meilleurs résultats.

Jamais la question ne s'est présentée sous un jour plus favorable. Nos deux nations sentent de plus en plus le besoin de rendre leurs relations plus intimes et, en resserrant leurs lieus, de donner à la paix du monde un gage plus assuré.

Des faits récents ont montré l'émotion que pouvaient faire naître les moindres incidents de manière à restreindre notre trafic international.

Vous pouvez beaucoup, mon cher monsieur Gladstone, pour détruire, par votre haute éloquence, les préjugés de ceux qui ne craindraient pas de nous isoler les uns des autres.

Je fais des vœux pour que vous y réussissiez. Ces vœux sont ceux de tous les Français; vous pouvez en être assuré.

Recevez, etc.

Signé : LÉON SAY,

Président de la Compagnie du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre.

Voici la réponse de M. Gladstone :

Mon cher Monsieur Léon Say,

Londres, le 23 juin 1888.

Je n'ai pas besoin de vous dire avec quel intérêt j'ai lu la lettre que vous avez bien voulu m'adresser.

Je ne pense pas que ma voix fasse beaucoup d'effet dans la question du tunnel sous la Manche; mais j'emploierai ma bonne volonté à faire le peu que je pourrai. Je suis honteux de la façon dont ce grand projet a été accueilli depuis quelques années de ce côté-ci de la Manche. Je ne considérerai pas votre lettre comme confidentielle, et je reste, etc.

Signé GLADSTONE.

SAINT-SIÈGE

Circulaire de la Congrégation du Saint-Office
aux évêques irlandais.

La Congrégation du Saint-Office a spontanément, sans l'intervention du gouvernement anglais, déclaré illicites le boycottage et le plan de campagne adopté par les Irlandais.

Le Pape a approuvé la déclaration de la Congrégation, sans d'ailleurs faire aucune allusion aux questions politiques pendantes entre l'Angleterre et l'Irlande.

Voici le texte de la circulaire par laquelle la décision de la Congrégation du Saint-Office a été notifiée aux évêques d'Irlande :

Illustrissime et Révérendissime Seigneur,

La suprême, sainte, romaine et universelle Congrégation de l'Inquisition a émis le 20 avril courant une lettre destinée à être transmise aux archevêques et évêques d'Irlande.

J'envoie ci-inclus un exemplaire de cette lettre à Votre Seigneurie, et mon devoir accompli, je prie Dieu qu'il vous accorde le plus longtemps possible sa sauvegarde et sa protection.

Rome, siège de la Sacrée-Congrégation de la Propagation de la Foi.
Votre dévoué frère,
JEAN CARDINAL SIMEONI, préfet.
Archevêque de Tyr, secrétaire de la Sacrée - Congrégation de la Propagande.

Illustrissime et Révérendissime Seigneur.

Aussi souvent que les affaires du pays ont paru l'exiger, le Siège apostolique a adressé au peuple irlandais envers lequel il a toujours montré une affection spéciale des avertissements opportuns et des conseils pour l'encourager à défendre ses droits ou à revendiquer la justice, sans troubler la paix publique. A l'heure qu'il est, Sa Sainteté le Pape Léon XIII, craignant que le sens exact de la justice et de la charité ne s'altère dans le peuple par suite de ce genre de lutte appelé « plan de campagne » qui a été employé dans ce pays dans les contestations entre propriétaires et locataires de terres ou fermes, comme aussi par suite d'un genre d'interdiction relatif aux mêmes contestations et connu sous le nom de « boycottage,» a chargé la Suprême, Sainte, Romaine et Universelle Congrégation de l'inquisition de soumettre cela à un grave et soigneux examen. En conséquence, on a soumis aux Très Eminents Pères Cardinaux qui partagent avec moi la charge d'inquisiteurs généraux contre l'erreur hérétique, la question de savoir s'il est licite d'employer dans les contestations entre fermiers et propriétaires les moyens appelés vulgairement plan de campagne et boycottage et Leurs Eminences ayant pesé la chose longtemps et avec maturité ont répondu unanimement: Non.

Le Très Saint-Père a sans retard approuvé et confirmé cette réponse le 18 du présent mois.

Chacun comprendra aisément toute l'équité de ce jugement, en songeant que le prix du loyer, fixé par consentement mutuel, ne peut être diminué par la volonté d'un seul des contractants, sans violer la foi du traité d'autant plus que des tribunaux spéciaux ont été institués pour résoudre ce genre de différends, réduire et modérer les loyers trop élevés, jusqu'aux limites de l'équité, étant donné même le motif de stérilité du sol ou de calamités qui peuvent se produire.

Il ne faut pas croire qu'il soit légitime d'extorquer aux créanciers le montant du loyer et de le déposer entre les mains d'inconnus, sans égard pour le propriétaire.

Enfin, il est absolument étranger à la justice naturelle et à la charité chrétienne de faire sévir un nouveau genre de persécution et de proscription soit contre ceux qui sont satisfaits des loyers convenus avec leurs maitres et sont prêts à les payer, soit contre ceux qui, usant de leurs droits, louent des fermes

vacantes.

C'est pourquoi il vous appartiendra de donner des avertissements prudents mais efficaces, tant aux ecclésiastiques qu'aux fidèles, afin que, tout en cherchant un soulagement à leur mauvaise fortune, ils gardent la charité chrétienne et ne dépassent pas les bornes de la justice.

Qu'il me soit permis de demander pour vous, à Dieu, toute sorte de bénédictions.

Rome, le 20 avril 1888.

ARCH. DIPL. 1888. 2 SÉRIE, T. XXVII (89)

Votre très-dévoué en N.-S.
R. Card. MONACO.

8

Lettre du Pape Léon XIII au Cardinal Gibbons, à propos du jubilė sacerdotal de Sa Sainteté.

Le Moniteur de Rome vient de publier la lettre suivante, que le Saint-Père a adressée à S. Em. le cardinal Gibbons pour le charger de transmettre ses remerciements au président Cleveland :

A notre cher Fils Gibbons, cardinal-prêtre de la sainte Eglise romaine, archevêque de Baltimore.

Très cher Fils, salut et bénédiction apostolique,

Parmi les félicitations sans nombre que nous avons reçues de toutes les parties du monde catholique à l'occasion du cinquantième anniversaire de notre ordination sacerdotale, Nous avons avons attaché, comme cela était naturel, une importance particulière aux témoignages de courtoisie et d'égards que nous ont adressés les Chefs des nations. Car, par ces marques de bonne volonté visà-vis du Chef de l'Eglise, ils manifestent, et c'est là notre ardent désir, leurs dispositions bienveillantes envers leurs sujets catholiques. Aussi, quand l'illustre Président des Etats-Unis a cru convenable d'user à notre égard, par votre entremise, très cher Fils, d'une semblable courtoisie, en l'accompagnant d'un exemplaire de la Constitution de cette puissante République, il nous a causé une joie et une satisfaction toutes particulières.

En outre, comme il est juste que nous renvoyions à Son Excellence l'expression de notre gratitude, nous vous chargeons d'accomplir cette mission, à la fois à cause de votre rang élevé dans la hiérarchie et de l'estime particulière dans laquelle vous tient Son Excellence M. Cleveland. En remplissant ce devoir, nous désirons que vous assuriez le Président de notre admiration pour la Constitution des Etats-Unis, non-seulement parce qu'elle a permis aux citoyens entreprenants et industrieux de l'Amérique d'atteindre un si haut degré de prospérité, mais aussi parce que, sous sa protection, vos concitoyens ont joui d'une liberté qui a favorisé grandement le développement prodigieux de leur religion dans le passé et lui permettra à l'avenir, comme nous l'espérons, d'être également très avantageuse à la société civile. Veuillez aussi ajouter que nous adressons au Ciel de ferventes prières pour les progrès constants de votre pays en gloire et en prospérité et pour la santé et le bonheur du président et de sa digne compagne.

Finalement à vous, très cher Fils, et aux fidèles soumis à votre sollicitude pastorale, nous accordons de tout cour la bénédiction apostolique.

Donné à Rome, le quatrième jour de février dans l'année du Seigneur 1888 et la dixième de Notre Pontificat.

SUISSE

La convention avec le Saint-Siège au sujet du Tessin. Circulaire du Conseil fédéral.

A la suite de la convention conclue à Berne entre Me' Ferrata, au nom du Saint-Siège, et le Conseil fédéral suisse, celui-ci a adressé aux Gouvernements des cantons du diocèse de Bâle la circulaire suivante :

Fidèles et chers confédérés,

Nous nous empressons de vous communiquer le texte de la convention signée le 16 mars par nos délégués et celui du Saint-Siège pour régler définitivement la situation religieuse des paroisses catholiques du canton du Tessin. Cette convention, qui consacre le rattachement du Tessin à un diocèse suisse, doit être envisagée comme l'heureux résultat d'une politique suivie depuis de longues années par les autorités fédérales (Voir en particulier le message du Conseil fédéral de 1885, et l'arrêté fédéral dù 22 juillet 1859, feuillé fédérale de 1859, II, 81, et

recueil officiel des lois, ancienne série, tome VI, page 287). Elle est due à l'esprit de conciliation dont les parties contractantes, aussi bien que le Gouverne. ment tessinois, ont fait preuve.

Pour le choix du diocèse auquel le Tessin devait être réuni, nous avons tenu compte des circonstances générales et des facilités de communication. Nous avons pensé pouvoir négocier cette réunion sans votre autorisation formelle, puisqu'elle ne portait aucune atteinte à vos droits et qu'elle n'augmentait ni vos charges ni celles de votre évêque. Sur un point seulement, celui de la participation du Tessin à la nomination de l'évêque diocésain, nous avons formellement réservé votre consentement, sans en faire dépendre néanmoins la mise en vigueur et la pleine application des autres stipulations de la convention. Si, comme nous osons l'espérer, vous ne vous refusez pas à admettre en principe le Tessin au bénéfice des dispositions de la convention du 26 mars 1828, concernant la nomination de l'évêque, les modalités de sa participation à cet acte devront être réservées à un accord ultérieur.

Le rattachement du Tessin à un diocèse suisse crée un lien de plus entre ce canton et la Confédération. Nous aimons à croire que l'esprit de confraternité fédérale qui vous anime vous engagera à seconder nos efforts pour rendre ce lien tout à fait effectif, en faisant à ce canton une place à côté de vous pour la nomination de l'évêque commun aux deux églises réunies.

En 1884, le Tessin a donné les mains à une solution qui a facilité grandement le règlement des questions intéressant votre diocèse. Nous désirons vivement qu'à votre tour vous nous permettiez d'assurer au nouvel arrangement sa pleine et entière application. Après que la Confédération a mis près d'un siècle pour détacher le Tessin de tous liens de juridiction spirituelle étrangère, nous serions heureux de le voir indissolublement réuni à un évêché national.

En vous priant de vouloir bien nous faire connaitre prochainement votre détermination à cet égard, nous saisissons cette occasion, fidèles et chers conférés, pour vous recommander avec nous à la protection divine.

Le procès de Bâle.

Le procureur général de la Confédération, M. le docteur Zutt, vient de formuler ses conclusions dans l'affaire du carnaval de Bâle; il propose de déférer aux assises fédérales les personnages suivants : Charles Schill, commis de Bâle, auteur de la chanson du carnaval au sujet de laquelle le Gouvernement allemand s'est porté partie plaignante, Norbert Hofer, commis de Bâle, impliqué dans l'affaire comme ayant aidé à distribuer la chanson,-Muller Schmied, imprimeur, pour avoir livré 110 exemplaires de la chanson, enfin, F. Festersen Mieg, ressortissant allemand, pour avoir vendu 90 exemplaires (environ) de la chanson en question.

La Chambre d'accusation du Tribunal fédéral ratifiera, sans nul doute, ces propositions et le Tribunal fédéral nommera les jurés et convoquera les assises fédérales en juin pour prononcer sur cette grosse affaire.

De quoi s'agit-il? D'une méchante chansonnette composée par un jeune commis en rupture de rayon; elle était, du reste, en dialecte bâlois, presque incompréhensible.

du ciel.

« Les Chinois ont le fleuve Jaune qui a débordé et noyé d'innombrables fils Si le vieux Rhin pouvait en faire autant et noyer toute la race teutonique, etc., etc. »>

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Le reste sur ce ton.

Et c'est pour punir ce grave délit, cette alleinte au prestige de l'Allemagne, que l'on va convoquer le solennel ensemble des assises fédérales, qui ne se réunissaient que de loin en loin, tous les 15 ou 20 ans, à propos de graves complications intérieures !!!

Projet d'une conférence sur les transports par chemins de fer.

Le Conseil fédéral a proposé (11 mai 1888, aux Gouvernements d'Allemagne,

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