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de France, d'Autriche-Hongrie, d'Italie, de Russie, de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas une conférence de délégués pour le 12 septembre 1888, à 10 heures du matin, à Berne, à l'effet de transformer en une convention définitive les projets adoptés dans la troisième conférence de Berne au sujet du droit des transports par chemins de fer.

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La Revue d'histoire diplomatique est la tribune essentielle de notre Société. Grâce aux progrès de nos recettes, notre Conseil d'administration a examiné sous quelle forme nous allons pouvoir étendre notre action. Il a décidé la publication d'un important volume, qui sera distribué à nos membres. Jusqu'à présent, l'activité de notre association s'est manifestée :

1° Par la publication, sous ses auspices, da volume de M. le baron d'Avril, sur les Négociations relatives au traité de Berlin et aux arrangements qui ont suivi.

2o Par la publication de la Revue, dont le premier numéro a paru le 1er janvier 1887.

Le livre de M. d'Avril est ce gros et important volume que vous connaissez, résumé des négociations relatives au traité de San-S efano et au traité de Berlin, qui se trouve, nécessairement, dans les mains de tous les diplomates appelés à s'occuper des questions agitées en Orient. Nous nous sommes fondés au moment où ce volume paraissait. Nous ne pouvions donc songer à l'adopter entièrement. Mais, M. d'Avril a bien voulu offrir le patronage de son œuvre à la Société naissante, qui l'a accepté avec empressement.

La Revue d'Histoire diplomatique a publié des travaux d'ordre très variés. Dans l'ordre général ou philosophique, M. Ad. Franck, notre savant doyen, a étudié le rôle de la guerre dans la formation des nations, et, quoique apôtre de la paix, il a reconnu à la guerre civilisée certains avantages; M. Funck-Brentano a révélé le véritable rôle de Puffendorf et les grandes figures de la France du xvne siècle: Pascal, Domat, Montchrétien. M. de Grammont, l'historien d'Alger, nous a donné une liste des envoyés de la France à Alger.

L'histoire diplomatique contemporaine, ou très récente, a été largement représentée. Un ancien ambassadeur, bien qualifié pour nous parler de l'empereur Guillaume I, d'Allemagne, près duquel il était accrédité naguère, M. le baron de Courcel, pour ne pas le nommer, a tracé un portrait de ce souverain. M. Rothan a donné, sur le traité de 1879, entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, des détails que l'évènement, depuis que l'attention s'est portée sur ce point, a mis dans une lumière singulière. Vous savez, Messieurs, que le texte même du traité a été publié. M. Rothan a exposé aussi les difficultés et les variations de la diplomatie wurtembergeoise en 1866, lorsqu'elle faisait appel à la Russie et à la France. M. le baron d'Avril a résumé les récentes négociations relatives à la neutralisation du canal de Suez, et le projet d'incorporation à l'Empire d'Allemagne de toute la monarchie autrichienne en 1850. M. Bikėlas nous a donné, sur la formation de l'Etat grec, sa patrie, un travail qui a été plusieurs fois traduit. M. le comte de Barral, et, après lui, M. de Serpa Pimen

(1) Grâce à l'obligeance de M. de Maulde, secrétaire-général, nous pouvons reproduire son intéressant rapport ainsi que le discours de l'éminent Président de la Société.

tel, out entretenu nos lecteurs des mariages dans la maison de Bragance. Enfin, M. Lavollée a retracé, en partie d'après les souvenirs de son expérience personnelle, le mouvement si digne de remarque qui porte les peuples modernes à s'unir, de plus en plus, sur le terrain des intérêts moraux ou des intérêts matériels, surtout de ces derniers, il faut l'avouer. Cependant, Messieurs, nous sommes une preuve vivante que, sur le terrain de l'étude et de la science, les unions internationales sont possibles également.

Puis notre Revue est remontée de plus en plus vers le passé les négociations de la France, en vue d'un établissement colonial dans l'Extrême-Orient, en 1845, par M. le comte d'Harcourt, qui en parlait savamment; la candidature du duc de Leuchtenberg, au trône de Belgique, en 1831, par M. le baron Kervyn de Lettenhove; les impressions du roi de Wurtemberg et de M. de Talleyrand, en 1814, par le même M. de Lettenhove et par M. de Schlossberger; les lettres de Charlotte de Rohan au Roi de Suède, par M. le comte de Mas-Latrie, puis la correspondance, encore inconnue, de Jean de Bry avec Joseph Bonaparte, de M. Pingaud; le récit de M. l'abbé Pisani sur l'expédition Russo-Turque aux iles loniennes, en 1798-1799; les lettres du comte Fersen, publiées par M. Geffroy, nous ramènent peu à peu à un siècle en arrière, par des épisodes si émouvants et si importants qu'on voudrait pouvoir s'arrêter à chacun. Le souper bizarre du czar Pierre III (comte Ed. de Barthélemy), la plaisante histoire de l'ambassadeur Elliot à Berlin M. Browning), participent à la gaité du siècle dernier. M. le duc de Broglie fait revivre l'esprit de ce siècle par le piquant article sur Voltaire diplomate, qui a ouvert la série de nos publications, et par la suite de lettres de Louis XV qu'il nous a données. Tout le monde a lu l'histoire de Struensée, dévoilée d'après des dépêches diplomatiques, par M. le comte de Barthélemy. M. Jametel nous a reportés en Orient par le meurtre de deux ambassadeurs chinois au Tibet. M. le comte Waliszewski a tracé un grand tableau de la politique française dans les affaires de Pologne, qui nous a valu une nouvelle communication de M. le duc de Broglie.

La liste de nos travaux s'allonge ainsi, et cependant je ne vous ai pas encore signalé ceux qui ont rapport au XVIe et au xvIe siècles, c'est-à-dire les travaux de M. Rott, sur Philippe III d'Espagne et le duc de Lerme; de M. le baron de Ruble, sur le traité de Cateau-Cambrésis; le rapport sur la Cour de Brandebourg, en 1694, reproduit et commenté par M. Schefer; les communications de M. Stein, sur un faux diplomate marocain près de Louis XIII, et de MM. Leval, de Grouchy, et de votre secrétaire-général sur le patriarche Ioannikios II de Constantinople, Mazarin, duc de Mayenne, et P. Antonio Pecci. Nous avons rendu hommage au Moyen-âge en publiant un long travail sur l'établissement des ducs d'Orléans en Lombardie au xve siècle, les remarques de M. Frantz Funck-Brentano sur le caractère religieux de la diplomatie du Moyen-âge, de M. Væsen, sur les théories de Louis XI, et plusieurs instruments diplomatiques inédits exhumés par M. Thuasne, ainsi que des contrats d'extradition au xive siècle. Enfin, partis du canal de Suez, nous avons complété notre cycle avec M. Geffroy, qui nous ramène à la Grèce, la Grèce classique, aux monuments de laquelle il a arraché le secret des origines de la diplomatie.

On ne saurait non plus, Messieurs, ne pas se vanter d'une série de comptesrendus critiques, signés, non-seulement par des écrivains tels que ceux que je viens de citer, mais encore par MM. Sorel, de Moustier, de Vorges, Durrieu, le baron Manno, Rivier, de Holzendorff, Matveieff, Fraknoi, de Gyory, Vedel, Vandal, Lehr, des Portes, Doutchitch, Baguenault de Puchesse, Bonnassieux, de Luçay, Waternau, Paul Delaroche, Rubio, Palacios, Christian Schefer, de Guichen... je cite au hasard.

Appuyée sur cette pléïade d'écrivains, qui grossit chaque jour, notre Revue peut espérer rendre quelques services. Elle prétend, avant tout, on ne saurait trop le répéter, à constituer une tribune scientifique, libre et impartiale; nous espérons déjà l'avoir prouvé. Tous les Membres de la Société sont expressément conviés à en prendre leur part. Ainsi peut s'établir un concert loyal, et même sympathique, entre des personnes nécessairement éloignées les unes des autres

et cependant attachées à la même étude, placées à des points de vue différents, et cependant ayant les yeux fixés sur le même objet: l'histoire des relations des peuples. Il est désirable aussi, suivant le vou récemment exprimé dans ses colonnes par M. de Holzendorff, qu'elle devienne un utile agent de renseignements, qui permette de suivre le mouvement, si considérable et si complexe aujourd'hui, des publications scientifiques d'intérêt international. Si nos Membres partagent cette vue, rien ne sera plus facile; ils peuvent, au moins, recourir à la Revue pour faire connaitre leurs propres travaux.

Nous comptons aujourd'hui six cents associés, et l'on peut être fier d'en parcourir la liste, surtout si l'on se souvient qu'il n'y a pas encore deux ans, Messieurs, dans un salon hospitalier, voisin de celui-ci, un d'entre nous adressait tout bonnement un premier appel sept ou huit personnes courageuses. En deux ans nous avons centuplé. Nos vœux, pour l'avenir, sont plus modestes. Malheureusement, la mort a déjà exercé ses ravages parmi nous....

Placée, Messieurs, dans les régions sereines de la science, et ayant la bonne fortune de grouper, par le lien humain de la recherche de la vérité pure, des hommes profondément divers de goûts et de passion, notre Association a perdu, depuis sa fondation, d'illustres appuis.

Souffrez pourtant qu'en terminant ce premier rapport, j'adresse, avec l'expression de notre confiance et de nos souhaits, les hommages les plus respectueux de notre reconnaissance aux Membres d'honneur qui ont daigné autoriser notre association à se placer sous leur haut patronage: A Sa Majesté l'Empereur du Brésil, le magnanime souverain à qui aucune science humaine ne semble étrangère et pour lequel nous faisons tant de voeux, et à Mgr le comte d'Eu, que le Brésil doit à la France; à Mgr le Prince royal de Danemark, qui, dès le premier jour, a daigné agréer l'hommage de notre plus respectueux dévouement et nous témoigner sa bienveillance; à Mgr le duc de Sparte; à Mgr le duc de Bragance; à S. A. S. le prince souverain de Monaco; à LL. EE. les Ministres des Affaires étrangères d'Autriche-Hongrie, de Danemark, d'Espagne, de France, de Grande-Bretagne, de Grèce, des Pays-Bas, de Portugal, de Serbie et de Suisse; à M. le Ministre des Affaires étrangères de l'Empire Ottoman, qui a pris personnellement en mains la direction de notre Société; à MM. les Ministres des Affaires étrangères de l'Empire du Brésil, des Républiques de Colombie et de Costa-Rica.

Sous de tels auspices, vous en conviendrez, notre Association peut espérer de longs jours et une abondante moisson. R. DE MACLDE.

Discours de M. le duc de Broglie, président.

Messieurs,

Les lectures intéressantes que vous venez d'entendre (1), complètent et commentent, ce me semble, de la façon la plus heureuse le tableau si bien présenté, au début de cette séance, des travaux auxquels notre Société s'est livrée pendant la seconde année de son existence. Vous y aurez vu, en effet, sur quelle variété de sujets son activité sait se porter tour à tour.

Quoi de plus instructif, d'ailleurs, à cet égard que l'énumération que faisait tout à l'heure M. le secrétaire général, de la série d'études dont la Revue que la Société publie a donné communication à ses lecteurs? Vous aurez remarqué sans doute qu'une part presque égale a été faite dans cette suite d'écrits si distingués à des recherches curieuses sur les relations internationales dans les siècles qui nous ont précédés et aux modifications que ces mêmes relations ont subies et subissent tous les jours dans le siècle où nous vivons. C'est ainsi que

(1) Une Négociation à la Cour de Catherine II, par A. Geffroy; Molière et le Cérémonial Turc à la Cour de Louis XIV, par Albert Vandal. V. ces travaux dans la Revue d'Histoire diplomatique, 3 livraison de 1888.

pendant que M. Geffroy, aussi habile à éclairer l'histoire ancienne qu'à animer les tableaux de l'histoire moderne, nous faisait remonter aux origines mêmes de la diplomatie dans la Grèce antique pendant que M. Funck-Brentano nous apprenait le caractère religieux que la diplomatie a pris au moyen-âge - pendant qu'un jour nouveau était jelé sur d'importantes négociations du xvir et du XVIIIe siècle par la publication de documents inédits et de lettres intimes des souverains, M. d'Avril nous amenait jusqu'aux époques les plus rapprochées de nous par son ouvrage relatif aux négociations récentes du Congrès de Berlin, qu'il a bien voulu publier sous nos auspices, et anticipait même un peu sur l'avenir en examinant la convention relative à la navigation du canal de Suez, qui n'est encore, ni exécutée ni même tout à fait conclue.

Ainsi s'est réalisé dès le premier jour le programme qui vous avait été annoncé comme celui que la Société voulait remplir et qui consiste à se faire le trait d'union entre ceux qui étudient l'histoire de la diplomatie dans le passé et ceux qui sont appelés à là mettre en pratique dans le présent. Partant de cette idée que les rapports des peuples entre eux, fondés presque toujours sur des intérêts permanents, changeut beaucoup moins qu'on ne le dit par l'effet du temps, et que les hommes sont au fond toujours les mêmes, votre Société est convaincue que rien n'est plus utile que de faire marcher de front et de contrôler les uns par les autres (en matière diplomatique comme en toute autre) les résultats de l'étude et ceux de l'expérience.

Aux nouveaux venus qui aspirent à agir de nos jours, il est bon d'apprendre ce qui s'est fait avant eux; mais aux historiens qui veulent bien apprécier les actes d'autrefois, il convient aussi de regarder ce qui se fait et ce qui peut se faire aujourd'hui.

Cette comparaison, ainsi poursuivie sur les théâtres les plus divers, entre le passé et le présent de la diplomatie, fait naltre une question très intéresssante, dont elle prépare en même temps la solution. On est amené à se demander quel changement les nouvelles conditions sociales, auxquelles n'échappe aujourd'hui aucune nation européenne, ont apporté au rôle de la diplomatie, et, par suite, quel avenir lui est réservé. Est il vrai, comme l'affirment des observateurs chagrins et superficiels, que ses beaux jours soient passés, et que tout conspire contre elle dans les mœurs que les révolutions nous ont faites et dans l'atmosphère même que nous respirons? Ou bien n'est-ce pas seulement le mode de son action qui doit différer, tandis que l'action elle-même, loin de n'avoir plus qu'à s'effacer et à disparaître, est appelée, au contraire, à s'élever et à s'étendre?

Il serait puéril de contester que la diplomatie est déconcertée dans ses plus vieilles et plus chères habitudes par beaucoup des conditions de nos mœurs nouvelles, et surtout par ce régime de publicité bruyante qui prévaut dans toutes les sphères politiques. Elle a grandi à l'ombre pendant des siècles, elle a vécu de silence et de secret, et voici qu'à l'heure présente elle ne peut plus faire un mouvement sans qu'un témoin incommode s'attache à ses pas: c'est la presse avec ses mille voix et sa curiosité toujours en éveil.

Comment la diplomatie ne se prendrait-elle pas à regretter le voile qui dérobait autrefois aux regards, comme un sanctuaire interdit aux profanes, l'intérieur des cabinets où se traitaient les affaires publiques? C'était le bon temps pour la commodité des négociateurs; tout se passait à huis clos, entre un petit nombre d'initiés. Les plus graves questions, les extensions de frontière, les remaniements de territoire, étaient débattus et tranchés avant que le nouvelliste le mieux informé en eût même le soupçon. Pas un mot n'était soufflé sur ces importants litiges dans ces feuilles à dimensions microscopiques, les seules gazettes alors connues, et qui ne parlaient que des incidents de la cour et des solennités publiques. Si quelque embryon de liberté de la presse existait déjà à Londres ou à La Haye, aucun de ses folliculaires, dont le nom était malfamé, ne se serait permis d'aller faire la leçon et encore moins demander des confidences aux grands négociateurs d'alors, les Père Joseph, les d'Avaux, les Servien, les Polignac. Aujourd'hui, quelle différence! Il n'y a point de

capitale où vingt journaux, rédigés par des écrivains de renom, ne soient dans toutes les mains et ne traitent doctrinalement toutes les questions qui naissent sur un point quelconque de l'Europe. Tout le monde circule, d'ailleurs, et il n'y a pas de voyageur ayant traversé une contrée en chemin de fer et causé avec un passant dans une auberge, qui ne se croie en mesure de décider des intérêts et des droits des peuples. La scène regorge de diplomates officieux qui prennent la parole avant la diplomatie officielle et lui dictent leurs volontés. Cette pénétration de la diplomatie par la presse devient chaque jour plus intime. Nous avions les reporters hier, nous avons les interviewers aujourd'hui, ces visiteurs empressés qui ne laissent ni partir ni arriver un ministre ou un ambassadeur sans avoir pu le surprendre à son lever, moins pour écouter ce qu'il leur dira que pour deviner ce qu'il ne dit pas. Qu'il est difficile, quand on est pris ainsi directement à partie, de ne pas laisser au moins entrevoir sa pensée! Heureux encore quand ce n'est pas le personnage lui-même, mis de la sorte sur la sellette, qui, se laissant séduire par une flatterie délicate, ouvre la bouche, comme le corbeau de la fable, et laisse tomber son secret pour pouvoir admirer ensuite le lendemain, dans le journal, le charme de son langage!

Une autre révolution qui n'a pas moins contribué à changer la manière d'être et d'agir de la diplomatie, et à contrarier son goût pour le mystère, c'est celle qui a permis à toutes les nouvelles de circuler et de se propager en un clin d'oeil d'une extrémité du monde à l'autre. On se serait fait difficilement d'avance et on se fait difficilement, même après coup, une idée suffisante du changement qu'a apporté dans les allures de la politique étrangère la décou verte qui a mis le télégraphe à la disposition de tous les correspondants et à la portée de toutes les bourses. Le télégraphe aérien était un serviteur docile et discret; et les hiéroglyphes que ses grands bras traçaient dans l'espace n'étaient compris que de ceux qui en avaient la clef. Un Gouvernement, averti seul d'un événement imprévu, avait ainsi quelques heures au moins d'avance pour y réfléchir solitairement et, suivant que ses désirs en étaient secondés ou contrariés, en tirer parti ou y porter remède. Aujourd'hui, le moindre incident est connu, de Pékin à Chicago, par quiconque tient un journal entre ses mains, et pour peu qu'une tribune soit ouverte et qu'un interpellateur y monte, voilà un ministre obligé de dire sa façon de penser avant même de bien savoir s'il en a une. Il faut en faire son deuil l'électricité et la presse ont porté à la religion du secret diplomatique, au moins dans sa stricte observance, une atteinte dont elle se relèvera malaisément.

On peut regretter ces résultats de faits inévitables; on peut s'affliger de n'avoir plus à attendre, dans l'avenir, l'apparition de ces desseins politiques à longue vue, préparés en silence pendant des années, consignés dans des articles de traités occultes et qui éclataient à heure fixe quand tout était prêt pour assurer leur succès. Les ambassadeurs d'aujourd'hui peuvent se plaindre que leur rôle n'ait plus la grandeur de celui de leurs devanciers qui, laissés seuls dans un poste éloigné, à des centaines de lieues de leur pays, avec des instructions toujours vagues, devaient prendre souvent sous leur responsabilité personnelle d'importantes décisions. Ils peuvent se reporter avec envie vers ces jours où une négociation à suivre était comme une bataille à livrer, dont la fortune dépendait souvent de la perspicacité, du coup d'oeil et de la promptitude de résolution du général. Obligés qu'ils sont maintenant d'attendre, pour le moindre de leurs actes, l'autorisation du télégraphe, ils peuvent trouver triste de n'être plus guère que des porteurs de parole et des agents d'exécution. Mais les regrets n'ont jamais arrêté le cours irrésistible du temps et, quand le passé a fui, n'ont jamais réussi à le rappeler.

Une préoccupation plus utile est de rechercher si, dans ces conditions nouvelles mêmes dont la diplomatie a eu à souffrir, elle ne peut pas trouver des compensations qui lui rendent en considération et en autorité autant au moins qu'elle a perdu. J'ai la confiance que ces compensations existent et qu'elle les trouvera, qu'elle les trouve même déjà, soit dans la nature plus élevée des

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