Sivut kuvina
PDF
ePub

main et des jugements suggérés par les événements postérieurs. Il peut alors entrer dans des détails circonstanciés qu'on ne trouverait nulle part ailleurs; il ne se borne pas au récit des faits; on peut dire que rien ne lui est étranger: mours, modes, théâtres, écrits du jour, aspects de Paris, voyages en France, industrie et arts. On a ainsi la physionomie complète de l'époque, sa vie politique, sociale, artistique, etc.

Des notes nombreuses, complètant le texte, renvoient aux documents, en reproduisent les passages essentiels. Les gravures dont l'ouvrage est rempli concourent au même but; ce sont uniquement des reproductions d'estampes, vignettes, aquarelles, dessins ou tableaux de la fin du xvme siècle. Tout est donc combiné fort heureusement pour donner l'idée la plus exacte du commencement de notre Révolution.

L'ouvrage paraît par livraisons et sera achevé le 27 avril 1889.

Voici le sommaire des deux premières livraisons: Jours d'allégresse, étrennes au peuple (avec une gravure du célèbre tableau de Bucourt, représentant un colporteur vendant le portrait de Louis XVI dans les chaumières); M. Necker (son portrait, celui de sa femme, gravures allégoriques, etc.). — Nous signalerons les passages les plus importants des diverses livraisons au fur et à mesure de leur publication. Nous n'avons voulu aujourd'hui qu'annoncer cet ouvrage qui fera, nous n'en doutons pas, honneur à l'auteur et à l'éditeur.

La Légende de Metz, par le comte d'llérisson, 1 vol. in-12. Paris, 1888 Paul Ollendorff, éditeur.

M. d'Hérisson, connu par diverses publications fort curieuses dont nous avons endu compte, s'est proposé dans le présent ouvrage une tâche particulièrement difficile, digne d'un esprit un peu paradoxal, la réhabilitation du maréchal Bazaine. D'après lui, le condamné de Trianon aurait été la victime expiatoire de fautes commises par d'autres. On aurait entassé sur sa tête toutes les responsabilités, afin de permettre aux véritables coupables, aux hommes dont l'incapacité, les étroites ambitions, les basses rivalités auraient causé nos désastres, d'échapper aux sévères condamnations de l'histoire. Bref, en ce qui concerne Bazaine, l'histoire de la campagne de 1870 rappellerait la fable célèbre des Animaux malades de la peste. C'est le moins fautif qui aurait payé pour

tous.

Nous n'avons pas à discuter ici le plus ou moins de fondement de cette assertion, ni à refaire, avec M. le comte d'Hérisson, le procès de Trianon. L'intérêt du livre, d'ailleurs, n'est pas là; il est dans les quelques faits et documents, soit inédits, soit généralement peu connus, invoqués par l'auteur à l'appui de sa plaidoirie en faveur de Bazaine. Le point sur lequel insiste principalement l'aufeur est que le maréchal n'a jamais été libre de son action et de ses mouvements. Jusqu'à la dernière heure, c'est-à-dire jusqu'à la reddition de l'armée de Sedan, l'Empereur a toujours pesé de la façon la plus lourde et la plus désastreuse sur toute la conduite des opérations, Ainsi, pour ne citer qu'un seul fait, après que l'armée eût perdu son aile droite par l'écrasement du maréchal MacMahon, lorsqu'on était sans nouvelles du corps de Failly, qui pouvait être dispersé ou même avoir été forcé de mettre bas les armes, l'Empereur consulta le inaréchal Bazaine, et voici quelle fut leur conversation:

Aux questions posées par l'Empereur, le maréchal répondit :

Nous n'avons encore devant nous que trois corps d'armée ennemis ; il faut les attaquer. Nous avons la supériorité du nombre et celle de la position; si Votre Majesté veut me charger de l'opération, je me fais fort de battre ces trois corps et de les renvoyer à la frontière. Ce succès relèvera le courage de l'armée, donnera au commandant en chef du génie le temps de construire ses ponts, rendra l'ennemi très circonspect, et nous passerons la Moselle sans être inquiétés.

-

Non, lui répondit l'Empereur, témoin de l'affaissement moral de l'armée

[ocr errors]

et se l'exagérant encore. Il faut passer la Moselle le plus tôt possible, c'était son idée fixe. Cette attaque retarderait le passage.

Mais, Sire, le passage est impossible en ce moment, les ponts ne sont pas prêts; pendant que nous nous battrons, ils s'achèveront peut être. Et puis, il n'est pas possible, sans s'exposer à un désastre, de passer un défilé avec l'ennemi à dos chassons donc l'ennemi d'abord, nous passerons ensuite.

:

Non, il faut passer la Moselle, répétait l'Empereur. Si vous jugez nécessaire d'attaquer, eh bien! il faudra attaquer en même temps que nous passerons.

- Mais, Sire, les deux opérations ne peuvent se faire simultanément. Je ne puis répondre du succès qu'à condition d'avoir la supériorité du nombre, eu égard à la démoralisation de l'armée; et, cette supériorité, je ne l'aurai pas si un corps d'armée passe la rivière pendant que les autres se battront.

L'Empereur fut inflexible. Etait-il possible de pousser plus loin l'entêtement et le trouble d'esprit ?

Ce ne fut qu'à son corps défendant, toujours au dire de M. d'Hérisson, que Bazaine consentit à accepter le commandement en chef de l'armée du Rhin. Lorsque ce poste lui fut proposé, il fit observer à l'Empereur que le commandement revenait de droit soit à Mac-Mahon, soit à Canrobert, qui étaient, l'un et l'autre, ses anciens en grade; à quoi Napoléon répondit : « L'opinion publique unie à celle de l'armée vous désigne à mon choix. Mac-Mahon à été malheureux à Froeschwiller et Canrobert vient d'avoir son prestige égratigné au camp de Châlons. Il n'y a donc plus que vous d'intact, et c'est un ordre que je vous donne ». C'est ainsi que Bazaine fut contraint d'accepter, malgré lui, une tâche dont l'Empereur et dont d'autres plus adroits déclinaient les responsabilitės, heureux de trouver un homme qui allait devenir responsable devant la France et devant l'histoire, non-seulement des fautes qu'ils avaient déjà commises, mais de celles qu'il leur restait à commettre. Au reste, Bazaine, quoique investi du commandement en chef, ne devait pas être livré à son initiative personnelle. Napoléon III n'avait plus la responsabilité du commandement, mais il continuait à donner des ordres et à diriger les mouvement de l'armée.

On a reproché à Bazaine d'avoir immobilisé son armée en la renfermant dans Metz. Voici ce que dit, à ce sujet, M. d'Hérisson:

La bataille du 16 août (la bataille de Rezonville) avait été un avertissement : Bazaine avait pu constater un manque d'entente cordiale entre les généraux, l'indiscipline et l'indécision parmi les hommes. L'armée avait quitté Metz dans la confusion et la désorganisation générales, insuffisamment pourvue de munitions et de vivres. Rezonville avait presque entièrement épuisé les cartouches, les caissons de munitions des deux corps qui avaient été le plus fortement engagés les autres en avaient fait également une grande dépense. Quant aux rations, le corps de Frossard, d'après son propre rapport, n'avait plus de biscuit et de riz que pour un seul jour. Une partie de la cavalerie avait manqué de grain, pendant quarante-huit heures.

Les hommes de Canrobert, de son propre aveu, n'avaient, eux non plus, «< ni biscuit, ni viande, ni café, ni sucre, ni sel, ni riz; » en un mot, ils étaient complètement dépourvus. Dans cette situation, Bazaine, qui n'avait assumé le commandement nominal de l'armée que depuis quatre jours, et qui, la veille encore, avait les mains liées par des ordres précis, ne peut être considéré comme responsable, quoiqu'on lui ait fait subir rudement toutes les conséquences de la responsabilité.

Il était nécessaire, pour l'armée, de se refaire de ses fatigues et de se ravitailler; dans ce but, une retraite, à portée d'une libre communication avec Metz, était la seule ressource.

Quant à l'accusation portée contre Bazaine de n'avoir pas épuisé, avant de se rendre, tous les moyens de défense à sa disposition, M. d'Hérisson répond par les faits suivants :

Déjà, au 15 septembre, on trouva nécessaire de réduire la ration de pain pour l'armée. Au 15 octobre, le général Coffinières, gouverneur de Metz, informait que 25,000 soldats malades manquaient de médicaments, de soulage

ments médicaux et de secours de toute espèce. Dix jours avant cette date, le médecin en chef de l'armée avait fait connaître le terrible développement de la fièvre typhoïde, la perte d'innombrables blessés atteints par la cruelle gangrène d'hôpital et par l'impitoyable empoisonnement du sang; le typhus était si violent qu'il moissonnait les chirurgiens à la faux; le scorbut était presque général et une épidémie de dyssenterie avait pris de telles proportions que les hôpitaux et Metz tout entier était un hôpital n'auraient pu contenir un dixième des malades. Il avait exposé comment les patients atteints de maladies mortelles n'avaient d'autre nourriture que de la viande de cheval sans sel, et un peu de mauvais pain. Comme témoignage personnel à l'appui, je puis dire que j'ai vu des prisonniers et des déserteurs de l'armée assiégée amenés dans les lignes allemandes, rongés par le scorbut et les maladies cutanées, résultant évidemment de l'appauvrissement du sang, et affamés non pas comme des hommes, mais comme des loups.

L'armée qui, après la capitulation, défila pour se rendre prisonnière dans ses cantonnements, offrait le spectacle lamentable d'hommes décharnés, anémiques et couverts de pustules. Les malheureux mouraient comme des mouches pendant qu'ils attendaient dans leurs camps découverts, sous la pluie froide, que les trains de prisonniers fussent prêts pour les emmener en captivité; et la mortalité durant le voyage fut considérable.

M. d'Hérisson conclut de tous ces faits, ainsi que des déclarations des généraux renfermés dans Metz, que Bazaine ne traita que vaincu par la faim et par la maladie, et que, par conséquent, la condamnation qui l'a frappé est inique. C'est là une opinion que nous n'avons point à discuter, pas plus que nous ne pouvons discuter les accusations que l'auteur, dans le but d'amoindrir la culpabilité de Bazaine, porte contre tous les personnages, sans exception aucune, qui ont été mêlés aux événements politiques et militaires de 1870. Sous ce rapport, le volume de M. le comte d'Hérisson constitue un véritable pamphlet où se laissent voir d'évidents partis pris. Il nous semble que la défense de Bazaine aurait plutôt gagné que perdu à ce que l'écrivain eût apporté plus de modération, d'impartialité et de réel esprit critique dans l'accomplissement de sa difficile entreprise.

Histoire contemporaine d'Angleterre depuis l'avénement de la Reine Victoria jusqu'aux élections générales de 1880, par Mac Carthy, membre de la Chambre des Communes, trad. de l'anglais, avec l'autorisation de l'auteur, par Léopold Goirand, député, tome V, Paris, 1887, Librairie académique, Emile Perrin.

Nous avons rendu compte des quatre premiers volumes de cet intéressant ouvrage (Archives, 1886, I, p. 379) et nous en avons indiqué le caractère général. Le tome V, qui le complète, comprend la période de 1868 à 1880, pendant laquelle bien des questions importantes de politique intérieure ou extérieure ont été agitées. Il suffira de citer les titres de quelques chapitres: L'idée irlandaise ; modification du traité de 1856; la question de l'Alabama tranchée par l'arbitrage; encore la question d'Orient; le Congrès de Berlin; le déclin de l'impérialisme. Le dernier chapitre est consacré à la littérature du règne pendant sa seconde période. Enfin, l'ouvrage se termine par une Table analytique des plus complètes, qui permet de se reporter facilement aux nombreux faits cités dans l'ouvrage. Le traducteur et l'éditeur ont rendu un grand service au public frauçais en mettant ainsi à sa portée un ouvrage rempli de renseignements relatifs à une histoire contemporaine qui nous intéresse à un si haut degré.

Le Gérant: FÉCHOZ.

Arcis-sur-Aube.

Imprimerie Léon FREMONT,

[blocks in formation]

Je Conseil fédéral de la Confédération suisse et sa majesté le roi des Beiges, animés du désir de resserrer les liens d'amitié et de multiplier les bons rapports qui unissent les deux pays, ont décidé de régler, d'un commun accord et par un traité spécial, les conditions auxquelles sera soumis létablissement des Belges en Suisse et des Suisses en Belgique, et ont nommé pour leurs plénipotentiaires à cet effet, savoir:

Le conseil fédéral de la Confédération suisse: Monsieur le conseiller fed ral Louis Ruchornet, chef du département fédéral de justice et police, et sa majesté le roi des Belges : Monsieur Maurice Delfosse, son envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès de la Confédération suisse, lesquels, après s'être communiqué leurs pleins pouvoirs, trouvés en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants :

Article premier. Les Belges seront reçus et traités dans chaque canton de la Confédération, relativement à leurs personnes et à leurs propriétés, sur le même pied et de la même manière que le sent ou pourront être à l'avenir les ressortissents des autres cartons. Ils pourront, en conséquence, aller, venir et séjourner temporairement en Suisse, en se conformant aux lois et règlements de police.

Tout genre d'industrie et de commerce permis aux ressortissants des

1. L'échange des ratifications a eu lieu à Berne, le 7 mai 1888.

ARCH. DIPL. 1888. 2 SERIE, T. XXVII (89)

9

divers cantons le sera également aux Belges et sans que l'on puisse en exiger aucune condition pécuniaire ou autre plus onéreuse.

Art. 2. Les Suisses jouiront en Belgique des mêmes droits et avantages que l'article premier ci-dessus assure aux Belges en Suisse. Art. 3. Les ressortissants de l'un des deux Etats établis dans l'autre ne seront pas atteints par les lois militaires du pays qu'ils habiteront, mais resteront soumis à celles de leur Patrie.

Ils seront également exempts de tout service, soit dans la garde civique, soit dans les milices municipales.

[ocr errors]

Art. 4. Les ressortissants de l'un des deux Etats établis dans l'autre et qui seraient dans le cas d'être renvoyés par sentence légale ou d'après les lois ou règlements sur la police des mœurs et sur la mendicité, seront reçus en tout temps, eux et leurs familles, dans le pays dont ils sont originaires et où ils auront conservé leurs droits.

Art. 5. - Tout avantage que l'une des parties contractantes aurait concédé ou pourrait encore concéder à l'avenir d'une manière quelconque à une autre puissance, en ce qui concerne l'établissement des citoyens et l'exercice des professions industrielles, sera applicable de la même manière et à la même époque à l'autre partie, sans qu'il soit nécessaire de faire une convention spéciale à cet effet.

Art. 6. Le présent traité est conclu pour dix ans et entrera en vigueur un mois après l'échange des ratifications.

Dans le cas où aucune des deux hautes parties contractantes n'aurait notifié, douze mois avant la fin de ladite période, son intention d'en faire cesser les effets, il demeurera obligatoire jusqu'à l'expiration d'une année à partir du jour où l'une des hautes parties contractantes l'aura dénoncé.

Le présent traité sera ratifié et les ratifications en seront échangées le plus tôt possible à Berne.

En foi de quoi, les plénipotentiaires respectifs ont signé le présent traité et y ont apposé leurs cachets.

Fait en double expédition, à Berne, le 4 juin 1887.

(L.-S.) Signé L. RUCHONNET.

(L.-S.)

[ocr errors][merged small]

Voici le Message du conseil fédéral à l'assemblée fédérale au sujet du traité d'établissement qui précède :

Monsieur le président et messieurs,

En raison de la revision du tarif des péages, nous avons dû dénoncer en 1878 notre traité de commerce avec la Belgique, du 11 décembre 1862. Comme les questions d'établissement se trouvaient réglées par ce même traité, les dispositions y relatives cessèrent également d'être en vigueur; par contre, en novembre 1879 et janvier 1880, nous avons lié avec le gouvernement belge, par voie de correspondance, un arrangement d'après lequel les deux états devaient se traiter réciproquement sur le pied de la nation la plus favorisée, pour toutes les matières réglées par le traité expiré, et cela jusqu'à la conclusion d'un nouveau traité, ou jusqu'à ce que l'une des deux parties eût dénoncé cet arrangement (Rec. off., nouv. série, IV. 312 et 383).

Or dans ces derniers temps, les autorités militaires belges ont voulu soumettre aux lois militaires belges les jeunes Suisses nés en Belgique. Nous avons dû réclamer contre cette prétention, parce que, à teneur de l'arrangement précité stipulant le traitement de la nation la plus favorisée, les Belges domiciliés en

« EdellinenJatka »