Te pénétroit de fes chaleurs; Les graces et la véhémence Se marioient dans tes couleurs; Et par une heureuse inconftance De ton efprit en abondance Sortoient des foudres et des fleurs. Mais cette chaleur eclairée Qui fe répandoit fur tes vers, Par tes grands travaux moderée Semble enfin l'être evaporée Comme un nuage dans les airs.
Tandis que ma Muse volage, Par un aimable egarement, S'arrête où le plaifir l'engage, Et donne tout au fentiment. L'ombre defcend, le jour l'efface: Le char du foleil qui f'enfuit, Se joue en vain fur la furface De l'onde qui le reproduit. L'heure impatiente le fuit, Vole, le preffe, et dans fa place Fait fuccéder l'obfcure nuit. Que dans ma retraite éclairée Par la préfence et le concours De Dieux enfans de Cythérée Les plaifirs exilés de cours, Du vin de cette urne facrée S'enivrent avec les Amours. Que mon toit foit impénétrable Aux craintes, aux remords vengeurs; Et qu'un repos inalterable
Endorme les foucis rongeurs.
Sur ces demeures folitaires Veillez, ô mes Dieux tutelaires, Déja Morphée au teint vermeil, Abbaille fes aîles legeres, D'où la molleffe et le fommeil Vont defcendre fur mes paupieres.
Puiffe je, après deux nuits entieres, N être encor qu'au premier réveil, Et voir dans tout fon appareil L'Aurore entr'ouvrant les barrieres Du temple brillant du Soleil!
Vous, dont la main m'eft toujours chere Vous, mes amis dès le berceau, Si l'enfant qui porte un flambeau Venoit m'annoncer que Glycere Favorife un Amant nouveau, Mes Dieux, déchirez fon bandeau, Et répouflez le téméraire. Mais, fi plus fenfible à mes voeux, Il vous apprend que cette Belle, Moins aimable encor que fidelle, Brûle pour moi des mêmes feux; Alors d'une offrande éternelle Flattez cet enfant dangereux; Et qu'une fleur toujours nouvelle Orne à l'instant ses beaux cheveux.
Eben das heitre, anmuthvolle Kolorit, wodurch sich die mahlerische Poesie dieses Kardinals in seinen Jahrs- und Tageszeiten auszeichnet, belebt auch seine poetischen Eris fteln, unter welchen folgende an die Grazien eine der res zendsten ist.
vous, qui parez tous les âges, Tous les talens, tous les efprits, Vous, dont le temple eft à Paris, Et quelquefois dans les villages; Vous, que les plaifirs et les ris Suivent en fecret chez les Sages, Graces, c'est à vous que j'écris. Fugitives ou folitaires,
La foule des efprits vulgaires Vous cherche fans ceffe et vous fuit. Auffi fimples que les Bergeres
Le gout vous fixe et vous conduit. Indifférentes et légères,
Vous échappez à qui vous fuit. Venez dans mon humble reduit, Vous n'y ferez point étrangeres; Rien ne peut y bleffer vos yeux: Votre frere eft le feul des Dieux Dont vous verrez chez moi l'image. Dans fon carquois brille un feul trait,
Et dans fa main eft le portrait
De celle qui fut votre ouvrage.
Venez donc, foeurs du tendre Amour, Eclairer ma retraite obfcure; Venez enfemble, ou tour à tour, Et du pinceau de la nature
Achevez l'heureuse peinture Que je vous confacre en ce jour. Vos bienfaits, charmantes Déeffes, Sont prodigués dès le berceau, Et jusques au fond du tombeau, Vous nous confervez vos richesses. Vous élevez fur vos génoux Ces enfans fi vifs et fi doux, Dont le front innocent déploie La candeur qu'ils tiennent de vous, Et tous les rayons de la joie. Vous aimez à vivre avec eux, Vous vous jouez dans leurs cheveux, Pour en parer la négligence. Compagnes de l'aimable enfance, Vous préfidez à tous les jeux; Et de cet âge trop heureux Vous faites aimer l'ignorance. L'amour, les plaifirs, la beauté, Ces trois enfans de la jeuneffe, N'ont qu'un empire limité, Si vous ne les fuivez fans cefte. L'Amour à travers fon bandeau Voit tous les défauts qu'il nous cache; Rien à fes yeux eft toujours beau; Et quand de vos bras il l'arrache Pour chercher un objet nouveau, Vos mains rallument fon flambeati Et ferrent le noeud qui l'attache. Bien plus facile à dégoûter, Moins delicat, et plus volage, Le plaifir fe laiffe emporter Sur l'aile agile du bel âge: Il dévore fur fon paffage Tous les inftans fans les compter. Vous feules lui faites goûter Le befoin qu'il a d'être fage. Par-tout où brille votre image, Le goût le force à f'arrêter, Et la conftance eft votre ouvrage.
Bernis. Sans vous que feroit la beauté? C'est par les graces qu'elle attire; C'est vous qui la faites fourire; Vous tempérez l'austérité
Et la rigueur de son empire. Sans votre charme si vanté,
Quon fent, et qu'on ne peut décrire Sa froide régularité
Nuiroit à la vivacité
Des défirs ardens qu'elle infpire. Le Dieu d'amour n'eft qu'un enfant; Il craint la fierté de ces Belles Qui foulent d'un pied triomphant Les fleurs qui naissent autour d'elles. Par vous, l'Amant ofe espérer De faifir l'inftant favorable. C'est vous qui rendez adørable L'objet qu'on craignoit d'adorer. Qu'il eft doux de trouver aimable Ce qu'on eft contraint d'admirer! Les Belles qui fuivent vos traces, Nous ramènent à leurs genoux. Junon, après mille disgraces, Après mille transports jaloux, Enchaine fon volage époux Avec la ceinture des Graces. L'air, la démarche, tous les traits, L'éfprit, le coeur, le caractère, Ont emprunté de vos attraits Le talent varié de plaire.
La Nymphe qui craint un regard, Et qui pourtant en eft émue; La Nayade, qui, par hazard,
Nous laiffe entrevoir qu'elle eft nue; La Vendangeufe qui fourit
Au jeune Sylvain qu'elle enivre, Et lui fait fentir que, pour vivre, L'enjouement vaut mieux que l'ésprit; De l'amour, victime rebelle, La boudeufe qui, dans un coin,
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