Sivut kuvina
PDF
ePub

lui rendre sa splendeur primitive. Ils n'ont point été sourds aux instances, réitérées souvent par les missionnaires les plus zélés pour le rétablissement entier de l'observance parmi nous, qui réclamaient le retour à la pratique uniforme de la règle en ce point. Ils ont eu de graves raisons de ne pas précipiter une mesure qui présentait ses inconvénients aussi bien que ses avantages. On ne doit pas oublier que les supérieurs sont en position d'envisager les questions sous toutes leurs faces, tandis que les inférieurs ne peuvent les apercevoir que du point de vue borné où ils se trouvent placés. Moi-même, Messieurs et chers confrères, depuis huit années que la Providence m'a confié le gouvernement de la compagnie, je ne crois pas avoir mérité le reproche d'avoir négligé de rétablir la pratique de réciter le Bréviaire romain. La dernière assemblée générale a été appelée à apprécier les motifs qui avaient fait retarder le retour à celte observance. Elle n'a pas cru devoir les condamner; et malgré tout son désir de voir cet article de nos règles communes remis en vigueur, elle a laissé à ma sollicitude le soin d'apprécier les circonstances et de déterminer l'époque où son rétablissement pourrait s'opérer sans danger. Cette époque, je la crois heureusement arrivée, et je ne puis m'empècher de voir une disposition de la divine Providence dans les circonstances qui ont retardé jusqu'à présent l'accomplissement, en ce point, du vœu général de tous les missionnaires. Il convenait, en effet, que le retour au Bréviaire romain fût comme l'achèvement de la restauration de l'édifice élevé par les mains de saint Vincent, parce que cette règle seule lui imprime son véritable caractère et détermine les destinées qu'elle est appelée à remplir.

Il y a, en effet, Messieurs et chers confrères, une pensée profonde de notre saint fondateur dans l'obligation formelle qu'il nous impose de réciter le Bréviaire romain, précisément à l'époque où s'introduisaient en France les divers Bréviaires particuliers des diocèses. Elle est à elle seule tout un enseignement sur la fin de notre compagnie, sur la source d'où lui vient toute sa puissance en œuvre et en parole, sur la légitime possession de la place qu'elle occupe dans l'Eglise de Dieu, et sur le fondement sur lequel reposent et son existence, et la mission qui lui est confiée.

C'est par elle que notre petite congrégation se présente comme une branche de l'arbre majestueux de l'Eglise, dont Jésus-Christ est le trone, et que la main du Père céleste a planté dans la ville éternelle. C'est dans le sol de Rome que se trouve la sève divine qui le rend fécond en fruits de salut. La branche qui demeure unie à cet arbre mystérieux est assurée de porter beaucoup de fruit. Or, ce n'est pas seulement par la profession de la même foi que l'on demeure uni au Vicaire de Jésus-Christ, et que l'on peut participer aux bénédictions dont il possède l'inalienable héritage. C'est la prière qui pénètre les nues, qui met en rapport le ciel avec la terre; c'est la prière qui est le canal par lequel descendent les dons du Père des lumières. La prière de Rome est toute-puissante sur le cœur de Dieu; c'est à elle qu'il appartient d'attirer les grâces et les miséricordes du Seigneur, qui se répandent sur tout l'univers catholique, et les prières particulières n'ont d'efficacité que celle qui leur est communiquée par leur union à la prière du Vicaire de Jésus-Christ. Il ne suffit donc pas de croire avec lui, d'offrir avec lui un même sacrifice eucharistique, il faut encore prier avec lui, offrir avec lui un même sa

crifice de louanges et de supplications, pour entrer en participation des richesses spirituelles dont le trésor est déposé dans ses mains. Sa mission ne se borne pas à nous enseigner les dogmes que nous devons croire, la morale que nous devons pratiquer, pour arriver à la vie éternelle. C'est à lui qu'il appartient encore de nous apprendre comment nous devons rendre à Dieu le culte qu'il a droit d'attendre de nous; comment nous devons prier pour être agréables à ses yeux et obtenir qu'il exauce nos

vœux.

Selon la belle pensée de saint Chrysostôme, le Saint-Siége est un soleil resplendissant placé par la main de Dieu à l'horizon de ce monde, qui répand des flots de lumière et de chaleur sur tous les points de la terre, pour dissiper toutes les ténèbres de l'erreur et de l'infidélité, pour réchauffer toutes les âmes glacées et gisant au milieu des ombres de la mort. Notre union de prière avec Rome, nous montre notre petite compagnie comme un rayon de ce soleil divin, participant à son action bienfaisante, tenant de lui toute sa vertu apostolique, aussi bien que sa puissance d'évangéliser, de sanctifier et de sauver les peuples. C'est le Vicaire de Jésus-Christ qui a assigné à notre Congrégation la place qu'elle occupe dans l'Eglise; c'est lui qui a déterminé la partie du champ du Père de famille qu'elle doit cultiver. C'est en son nom et en vertu de la mission qu'il lui confère, qu'elle doit répandre sur les divers points de la terre confiés à son zèle, la semence de la divine parole. C'est sa béné diction qui féconde ses travaux, et qui produit la moisson de fruits de salut qu'il lui est donné de recueillir; car il est le représentant de celui qui a dit: Qui non colligit mecum, dispergit. C'est donc lui qui prêche par notre ministère, c'est lui qui répand par nous la doctrine céleste. Ne devons-nous pas en conclure aussi que c'est lui qui prie avec nous, par nous? Et notre prière, prière publique et solennelle, peut-elle être la sienne, peut-elle être avouee par lui, si ce n'est pas la prière de Rome? Ce n'est pas tout, Messieurs et chers confrères, n'est-ce pas sur le Saint-Siége que repose toute l'existence de notre compagnie? Qui a imprimé à l'OEuvre de Saint-Vincent le caractère qui la présente à l'Eglise comme une œuvre suscitée de Dieu pour travailler à sa gloire ? Qui lui a assuré la vie qui Ini est propre, qui la distingue de toutes les autres, par l'approbation et la consécration de ses règles et de ses constitutions? Qui lui a conféré les priviléges qu'elle possède, et en vertu desquels elle jouit de son indépendance, quant à son administration intérieure, et ne relève que du Chef suprême de l'Eglise? N'est-ce pas du Souverain-Pontife qu'elle tient tous ces avantages? Et dès lors n'est-il pas évident que si elle a pu traverser heureusement deux siècles d'existence, s'étendre et prospérer, elle le doit en particulier à la solidité de ce fondement sur lequel elle repose? N'est-il pas évident aussi que tout son avenir dépend de sa fidélité à demeurer sur cette base inébranlable, à se tenir étroitement unie au Siége apostolique? Or, après l'unité de la foi, quel lien plus solide que celui de la prière commune avec lui? Quelle profession plus caractéristique, plus solennelle, de notre reconnaissance et de notre dévouement?

Il serait superflu, Messieurs et chers confrères, de donner à ces considérations des développements qui ne pourraient rien ajouter à la sincérité de vos convictions. Vos sentiments à cet égard me sont parfaitement connus, et ils font ma consolation. C'est avec amour que tous vous re

viendrez à la pratique de la récitation du Bréviaire romain. Le désir en a été trop généralement exprimé dans la compagnie, pour permettre le moindre doute sur ce point. Une pensée vous préoccupe tous, c'est celle de vous associer aux sentiments que saint Vincent avait voués à la chaire de saint Pierre. Vous savez comme il était attaché au Chef de l'Eglise du fond de ses entrailles; vous savez aussi avec quelle fidélité ces sentiments se sont transmis d'âge en âge à toutes les générations de la compagnie, et vous êtes heureux de prouver au Vicaire de JésusChrist qu'ils existent dans vos cœurs, aussi vifs et aussi sincères qu'ils l'ont jamais été. C'est un hommage de reconnaissance, de vénération et de dévouement que vous voulez déposer à ses pieds, et un gage de votre disposition à tout faire pour réaliser jusqu'au moindre de ses désirs, et pour lui procurer les consolations qu'il a droit d'attendre de vous.

A l'époque où vivait notre saint fondateur, de rudes attaques s'organisaient contre le Saint-Siége; de violentes tempêtes se préparaient à éclater sur lui; la plus dangereuse et la plus astucieuse de toutes les hérésies travaillait à soulever contre lui tous les rangs de la société. Ils ont été grands et ils ont duré longtemps les maux qu'elle a causés à l'Eglise. Saint Vincent, en établissant par une règle expresse la récitation du Bréviaire romain dans la compagnie, a eu en vue de la préserver des funestes doctrines que cette hérésie répandait partout, et jusque dans les plus saintes communautés. C'était comme une sauvegarde contre les nouvelles erreurs; comme un bouclier qui devait repousser tous les traits empoisonnés que l'esprit de secte aurait voulu diriger contre elle; comme une lumière qui devait guider ses enfants à travers les illusions et les ténèbres qui couvraient alors l'Eglise de France. En s'unissant à la prière du Siége apostolique, ils devaient demeurer unis à ses doctrines, à ses enseignements, à sa foi.

N'est-ce pas un même dessein de Providence, Messieurs et chers confrères, qui réveille aujourd'hui parmi nous cette pieuse et salutaire pratique? Notre siècle est-il moins agité par de funestes doctrines que celui de saint Vincent? Au milieu de cette anarchie des intelligences qui dévore la société, au milieu de cette mer du monde agitée par l'audace des opinions les plus hardies, par une soif dévorante de progrès insensés, de nouveautés effrayantes, que de périls de tout genre menacent l'Eglise de Jésus-Christ! Que d'épreuves aussi nouvelles que dangereuses ne doit pas traverser de nos jours le dépôt sacré de la foi et la sainte immutabilité des doctrines évangéliques! Ces guerres à outrance livrées à toute autorité humaine ne donneront-elles pas lieu à des combats qui attaqueront l'autorité divine? Et le clergé, aussi bien que les peuples, ne se laissera-t-il pas entraîner par ce torrent des erreurs et des mauvaises passions qui envahit toute l'Europe et qui menace de l'engloutir dans un abîme de malheurs? La prière de Rome n'est-elle pas destinée à servir à la compagnie d'antidote contre les funestes influences qui nous enveloppent de toutes parts? Ne sera-t-elle pas un préservatif contre l'air corrompu d'une liberté orgueilleuse, de l'impatience de tout joug, dont notre atmosphère est empoisonnée? Par le Bréviaire romain, notre esprit et notre coeur seront toujours unis à Rome; sur le Siége apostolique, nous verrons toujours la boussole qui doit nous guider à travers les orages et les tempêtes pour échapper au naufrage; nous nous trouverons dans la barque de Pierre, qui peut être battue par les flots,

mais qui ne peut sombrer; nous serons établis sur cette pierre inébranlable, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront jamais; la prière de Rome, enfin, nous inspirera ses pensées, nous attachera inviolablement à ses enseignements et nous fera remplir heureusement les destinées confiées à notre compagnie.

Je nourris avec bonheur cette espérance, Messieurs et chers confrères; elle console et soutient mon âme au milieu des sollicitudes et des appréhensions qui l'assiégent. Aussi j'ai cru devoir profiter de l'occasion du rétablissement de la règle qui nous oblige à la récitation du Bréviaire romain pour rendre cette observance aussi parfaite et aussi salutaire qu'il est possible dans la compagnie. A cet effet, j'ai cru devoir, de l'avis de mon conseil, adopter les dispositions suivantes :

1° A l'exemple des communautés les plus respectables, j'ai pensé que nous devions avoir un bréviaire uniforme dans toute la compagnie et sur tous les points du monde. Jouissant du privilége de l'exemption et formant un corps qui appartient au Saint-Siége, non aux diocèses dans lesquels nous sommes établis, nous ne sommes aucunement tenus à réciter les offices, à dire les messes qui sont prescrites dans ces diocèses, et par conséquent il nous paraît plus convenable que dans toutes nos maisons on récite les mêmes offices, on dise les mêmes messes uniformément, sans aucun égard à ce qui se pratique dans les pays que nous habitons. J'ai donc résolu que, a dater du 1er janvier 1852, pour les maisons où l'on pourra avoir le Bréviaire et le Missel de la Congrégation à cette époque, et pour les autres, quinze jours après leur réception, ce Bréviaire et ce Missel seuls seront adoptés et obligatoires dans toute la compagnie.

2o En témoignage de notre reconnaissance et de notre amour pour le Ssint-Siége, et pour rendre notre union avec lui aussi étroite que possible, j'ai adopté pour toute la Congrégation le Bréviaire et le Missel de la ville de Rome. Le Souverain-Pontife a daigné approuver cette résolution par un décret du 26 avril 1850.

Suivent des dispositions particulières. La circulaire se termine ainsi : Je bénis le Seigneur, Messieurs et chers confrères, en rétablissant la liturgie romaine, d'avoir pu mettre la dernière main à la restauration de la régularité dans toute la compagnie. Comme je l'ai dit plus haut, il n'y avait plus que cet article de nos saintes règles qui ne fût point observé dans quelques provinces. En faisant disparaître cette dernière irrégularité, nous achevons de réparer toutes les altérations que les malheurs des temps avaient fait subir à l'édifice élevé par saint Vincent; et désormais il nous apparaîtra tel qu'il est sorti de ses mains. J'aime à nourrir la confiance que la Providence, qui a rendu au corps sa forme première, lui rendra également l'esprit qu'elle lui avait donné par le ministère de notre saint fondateur, et que cette petite compagnie, suscitée par elle, et ensuite restaurée par elle, redeviendra capable de remplir les destinées qu'elle lui a confiées. ·

Quoique nous regrettions tous que les circonstances aient retardé si longtemps le retour à la pratique de cette règle, je bénis le Seigneur aussi de m'avoir réservé l'honneur de renouer et de resserrer ce lien si précieux qui unit la compagnie au Saint-Siége. C'est une douce consolation pour mon cœur d'avoir une si belle occasion de donner ce témoignage solennel de mes sentiments d'amour et de dévouement pour le Vicaire

de Jésus-Christ, et cette preuve authentique que je tiens par-dessus tout à conserver et à transmettre à mes successeurs cette portion si chère de l'héritage que nous a laissé saint Vincent.

Je suis en l'amour de Notre-Seigneur et en l'union de vos prières, Messieurs et chers confrères, votre très-humble et dévoué serviteur. ÉTIENNE. I. P. D. L. C. D. L. M. Sup. GEN.

Lettre circulaire de Mgr l'Evêque de Viviers,
AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE,

Relative aux Etudes ecclésiastiques et à l'Examen annuel des jeunes prétres.

-

(Suite. Voir le n° 5314.)

XI.
Mathématiques.

Les mathématiques sont une grande et magnifique science, mais elles ne peuvent étre étudiées à fond que par un petit nombre d'intelligences d'élite douées d'une aptitude particulière. Les élèves dont la vocation pour le sacerdoce est bien prononcée, ne doivent en général apprendre de cette science que ce qui est exigé par les besoins de la vie et par les convenances de notre état. Si les mathématiques, cultivées dans une certaine mesure, contribuent à affermir le jugement, nous croyons que cette étude, quand elle est assidue et approfondie, donne à l'esprit une direction qui le rend peu propre au grand ministère du prêtre, qui est le gouvernement des âmes. Le mathématicien, accoutumé à employer des calculs toujours exacts, à appliquer des formules toujours absolues, est enclin à porter cette même rigueur et cette même précision dans l'appréciation des choses morales. Cependant, rien n'est plus éloigné que l'ordre mathématique ou physique de l'ordre moral. Dans le premier, les lois sont rigoureuses, absolues, parce qu'elles s'appliquent aux êtres animés, et les phénomènes sont nécessaires. C'est bien différent dans le second, où le libre arbitre de l'homme est l'élément principal: dans cette sphère, si les principes sont immuables, les applications varient à l'infini, selon la diversité des circonstances. On se tromperait ici presque infailliblement si, dans les jugements qu'on prononce, on procédait par A plus B. De là vient que les hommes qui ont fait de l'étude des mathématiques la principale occupation de leur vie, sont en général peu habiles dans le maniement des affaires. Nous ne savons si nous sommes dans l'erreur ; mais il nous semble que l'importance presque exclusive que l'on attache dans notre siècle à l'étude de cette science, doit être rangée parmi les causes qui ont le plus contribué à la décadence de notre littérature et à l'altération de l'esprit français; il y a peut-être plus d'affinité qu'on ne pense entre ce mouvement qui porte les esprits vers les mathématiques, et ce qu'on appelle le socialisme, qui, considéré théoriquement, ne nous paraît être que la substitution, dans l'ordre social, des lois mathématiques aux lois morales qui l'ont régi jusqu'à présent. Quoi qu'il en soit, comme on ne peut tout apprendre aux élèves, il convient que cette étude n'occupe qu'un rang secondaire dans l'éducation des aspirants au sacerdoce.

XII.

Etude des langues.

Dans cette éducation, l'un des points les plus essentiels, sur lequel nous ap

« EdellinenJatka »