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ALLEMAGNE

I. L'ALLEMAGNE CONTEMPORAINE (p. 127).

II. LES PARTIS POLITIQUES (p. 130).

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- Le Reichstag de 1903 (p. 131). Le centre et
les dépenses coloniales, août-septembre 1906 (p. 132). La camarilla (p.133).
La session d'automne 1906. Le débat sur les crédits supplémentaires et
l'administration des colonies, novembre-décembre (p. 133). La dissolution
(p. 137).

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III. LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES (janvier 1907) (p. 137). La campagne électorale:
Discours de M. Dernburg et du prince de Bülow à Berlin, 19 janvier (p.137).
Les ballottages (p. 142). Résultats définitifs; la nouvelle majorité (p. 143).
IV. LA PREMIÈRE SESSION DU NOUVEAU REICHSTAG (p. 144). — Remaniements minis-
tériels (p. 145). L'attitude des partis (p. 146). Les socialistes et le patrio-
tisme congrès de Stuttgard, et d'Essen (p. 146). Les travaux parlemen-
taires (p. 147). Le budget d'Empire (p. 147).

V. LES ETATS ALLEMANDS (p. 150). La Prusse (p. 150). Le budget; l'œuvre
législative (p. 150). La question polonaise (p. 151).

Modifications au régime électoral, et élections en Bavière, Wurtemberg, Saxe
(p. 154). Travaux législatifs (p. 155). Mort du grand-duc de Bade. 28 sep-
tembre 1907 (p. 155). Alsace-Lorraine (p. 156). La succession du duché de
Brunswick (p. 157)

VI. LES COLONIES (p. 158).

VII. LA POLITIQUE EXTÉRIEURE (p. 159). L'interpellation Basserman et la réponse
du chancelier, 14 novembre 1906 (p. 160). Discours du prince de Bülow au
Reichstag sur la situation générale, 30 avril 1907 p. 162). Améliora-
tion des rapports avec l'Angleterre (p. 163). La politique marocaine (p. 164).
Convention commerciale avec les Etats-Unis, mai 1907 (p. 166).

I

L'ALLEMAGNE CONTEMPORAINE

L'Empire allemand a subi, depuis sa création, des transforma-
tions profondes. La plus importante est son développement écono-
mique et l'industrialisation rapide dont elle a témoigné. En 1870,
le commerce extérieur de l'Allemagne atteignait à peine 6 milliards
de francs; en 1906, il a dépassé 18 milliards, dont 7 milliards.
864 millions à l'exportation. Le tonnage de sa marine marchande

passait dans le même temps de 650.000 à 3.500.000 tonneaux. L'extraction de la houille faisait plus que quintupler, s'élevant de 26 millions et demi de tonnes environ, à 136 millions de tonnes, tandis que la production du fer, de 9 millions de tonnes en 1870, dépassait 23 millions de tonnes en 1906. L'industrie a pris définitivement le pas, durant ces trente dernières années, sur l'agriculture, et l'Allemagne est venue se placer, comme puissance industrielle, au troisième rang, derrière les États-Unis et l'Angleterre, tandis qu'au point de vue commercial, elle occupe le second, immédiatement après l'Angleterre.

Cette évolution a eu d'importantes répercussions sur la politique allemande, aussi bien extérieure qu'intérieure. Elle a été pour le pays tout entier la source d'une très réelle et très grande prospérité, mais, en même temps, elle a donné naissance à de nouveaux et forts délicats problèmes.

Bismarck avait compris l'impossibilité pour l'Allemagne de rester isolée. De bonne heure, il s'était rapproché de l'Autriche, en encourageant ses ambitions orientales, tout en s'efforçant d'entretenir des relations étroites avec la Russie. Lorsqu'après le Congrès de Berlin la Russie mécontente s'éloigna de l'Allemagne, il profita du dépit causé à l'Italie par l'établissement du protectorat français en Tunisie pour former, en 1881, la « Triple alliance ».

Cette combinaison demeure encore le pivot de la politique allemande, mais son caractère s'est profondément modifié avec les années. Les alliés de l'Allemagne témoignent, l'Italie en particulier, d'un véritable sentiment d'indépendance. Le gouvernement italien s'est rapproché de l'Angleterre, puis de la France, et, en Autriche, malgré la fidélité de la diplomatie officielle, une grande partie de la population manifeste une hostilité croissante contre. des liens trop étroits avec la voisine du Nord-Ouest. En même temps, les rivalités économiques des industriels anglais et allemands, le développement rapide et continu, sous l'impulsion directe de l'empereur, de la flotte allemande, créent une dangereuse opposition d'intérêts entre l'Allemagne et l'Angleterre.

La politique d'ententes poursuivie par celle-ci, sous l'habile direction de son souverain, avec l'Italie, la France, l'Espagne, la Russie même, irrita l'empereur allemand, qui parut craindre un moment de voir son pays demeurer isolé au milieu d'une Europe

hostile. La question du Maroc lui fournit l'occasion de faire comprendre à la France le danger qu'il pourrait y avoir pour elle à lier trop étroitement partie avec l'Angleterre. La conférence d'Algésiras, exigée par Guillaume II, n'a pas répondu complètement à ses désirs. Depuis, l'Allemagne a pris une altitude moins agressive, mais elle n'a pas oublié ses desseins d'expansion économique, en particulier du côté de l'Asie Mineure.

A l'intérieur, le développement des manufactures a eu pour conséquence la naissance d'un prolétariat industriel qui a fourni des adhérents en nombre croissant aux doctrines socialistes. Aux élections de 1871, le parti socialiste n'avait obtenu que 113.000 voix; à celles de 1907, ses représentants ont recueilli 3.210.000 suffrages : le tiers des électeurs inscrits. Un certain nombre de ces suffrages, sans doute, viennent de mécontents plutôt que de socialistes convaincus; même en en tenant compte, les progrès du parti restent considérables et inquiétants. Cependant, sur l'inspiration de l'Empereur, l'Allemagne a été dotée d'une législation sociale des plus complètes en faveur des classes ouvrières : assurances contre la maladie, les accidents du travail, la vieillesse; lois nombreuses et strictes réglementant l'hygiène dans les ateliers, la durée du travail, etc.

Les dépenses nécessitées par cette législation sociale sont venues s'ajouter aux dépenses militaires et navales et augmenter rapidement les charges de l'Empire. Le budget allemand, qui était de 672 millions de marks en 1874, a dépassé 1 milliard de marks en 1890, et, pour 1907, il est de plus de 2 milliards et demi. Cette augmentation continue des dépenses a créé une situation difficile pour les finances de l'Empire. Pour y faire face, on a commencé par élever les droits de douane, puis ceux sur l'alcool et le timbre. La part remboursée aux États sur les recettes de l'Empire, et qui vient en déduction des contributions matriculaires versées par eux, fut réduite. Tandis que; dans les premières années de l'Empire, et jusqu'en 1892, les États recevaient du budget impérial plus qu'ils ne lui versaient, la proportion se retourna, et de 1893 à 1907, ils restèrent en déficit de 230 millions de marks. Les contributions matriculaires à découvert pesant lourdement sur les budgets des petits États, il fallut se résoudre en 1906 à créer pour 175 millions d'impôts impériaux nouveaux, et, malgré cette augmenta

VIE POLIT. 1906-07.

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tion des recettes, les contributions matriculaires à découvert ont atteint l'année dernière près de 60 millions, en dépit d'un emprunt de 264 millions de marks. Depuis plusieurs années, d'ailleurs, le budget allemand ne s'équilibre que grâce à l'emprunt, et la dette de l'Empire, dont l'origine remonte à 1877, dépasse aujourd'hui 3 milliards et demi de marks.

Les questions financières et sociales ne sont pas les seules qui se posent dans la politique intérieure allemande. Le Sud continue. à témoigner des tendances particularistes, et, de temps à autre, les États manifestent leur répugnance contre une hégémonie trop pesante de la Prusse. L'Alsace-Lorraine réclame une autonomie qui lui permette de conserver sa personnalité dans l'Empire; tandis que la politique de prussification brutale dans les provinces polonaises semble devoir désaffecter une population jusqu'à présent loyale.

II

LES PARTIS POLITIQUES

L'Empire allemand jouit du suffrage universel; mais non du régime parlementaire. Cependant, le gouvernement a toujours cherché dans le Reichstag une majorité stable, et il a dû tenir compte de l'évolution politique du pays.

Dans les premières années qui suivirent la fondation de l'Empire, les nationaux libéraux constituaient la grosse majorité du Reichstag. Appuyés sur eux, Bismarck entreprit le Kulturkampf pour nationaliser en quelque sorte le catholicisme allemand dont les chefs religieux ou laïques étaient accusés de particularisme. Les électeurs catholiques se séparèrent alors des nationaux libéraux et grossirent le parti du centre dirigé par Windhorst.

D'autre part, les nationaux libéraux oubliant de plus en plus leur programme libéral pour apparaître surtout comme les représentants du haut commerce et du patronat, les petits commerçants, les artisans protestants se séparèrent d'eux pour former le parti radical (freisinnige) qui compta à un moment jusqu'à 150 membres, et n'en a plus actuellement qu'une cinquantaine, divisés en trois groupes (Freisinnige Vereinigung, Freisinnige Volkspartei, Sud

deutsche Volkspartei). Les radicaux à leur tour furent diminués à leur gauche par les succès des social-demokraten.

A la mort de Guillaume Ier (1888), la preuve était faite de l'insuccès de la politique de Bismarck; une partie des lois du Kulturkampf étaient déjà abrogées. Dès son avènement, Guillaume II, tout en continuant à développer la puissance militaire et navale de l'Empire, inaugura une politique sociale et accentua les tendances protectionnistes. Le gouvernement s'appuya pour cela sur une majorité dont les conservateurs et le centre constituaient le pivot. Le centre sut très habilement concilier les intérêts divergents de ses électeurs, gros propriétaires fonciers, petits bourgeois, ouvriers. et paysans. Pour voter des crédits militaires, il se fit accorder l'abrogation des dernières lois du Kulturkampf et sa clientèle ouvrière lui pardonna les lois agrariennes à cause de la législation sociale dont il avait assuré le vote.

Après avoir en 1889 organisé l'assurance contre l'invalidité et la vieillesse, voté en 1891 une législation protectrice du travail,cette majorité élabora en 1896 le Code civil allemand, et en 1902 le nouveau tarif douanier. Appuyée par le gouvernement, elle triompha aux élections de 1903, malgré les progrès du socialisme.

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Le Reichstag de 1903. Le Reichstag élu les 16-25 juin 1903 comprenait 55 conservateurs, 19 conservateurs libres, 51 nationaux libéraux, 36 radicaux, 100 membres du centre, 81 socialistes, 16 Polonais, 7 Alsaciens, sans compter les petits partis (antisémites, indépendants, guelfes, etc). C'était à peu de chose près les chiffres obtenus par les mêmes partis en 1898. Les différences les plus notables provenaient du gain de 23 sièges par les partis socialistes, au détriment surtout des radicaux, qui en perdaient 14.

Cette victoire socialiste était la conséquence du mécontentement. causé par le vote des tarifs douaniers, et, sans doute, beaucoup de voix non socialistes avaient grossi ce parti pour manifester leur mécontentement de la politique agrarienne et antidémocratique. Mais les socialistes ayant au congrès de Dresde de 1904 condamné le mouvement réformiste, les élections partielles marquèrent un

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