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Le 30 août 1906, l'escadre danoise vint avec une escadre suédoise faire une visite amicale dans les eaux de Kiehl. Le 19 novembre, le roi et la reine de Danemark furent reçus à Berlin. Le 12 janvier fut signé entre les deux pays un traité pour régulariser la situation des fils de ceux qui en 1864 avaient opté pour la nationalité danoise. Des interprétations de l'art. 9 du traité de Vienne faisaient qu'ils n'étaient pas considérés comme Prussiens par la Prusse, ni comme Danois par le Danemark. Il fut entendu que dorénavant la Prusse et le Danemark accepteraient les demandes de naturalisation des intéressés. Chose digne de remarque, l'exposé des motifs, ratifié sans discussion par le Danemark, se réfère à l'article du traité austro-allemand de 1878 par lequel l'Autriche renonce à demander le plébiscite prévu par le traité de Prague pour les habitants du nord du Slesvig. Il y a là de la part du Danemark l'abandon au moins tacite d'une revendi cation qu'il n'avait cessé de formuler depuis 1866.

L'Allemagne signa le 2 mai 1907 un traité de commerce avec les États-Unis. Celui de 1900 avait été dénoncé par l'Allemagne en 1906 et depuis il n'y avait entre les deux pays qu'un modus vivendi qui expirait le 30 juin 1907. La nouvelle convention applique à l'Allemagne les droits minima du tarif Dingley sur les moûts, les eauxde-vie, les objets d'art, les vins, le vermouth, et une réduction de 20 p. 100 sur les vins mousseux. En outre, l'Allemagne obtint le traitement de la nation la plus favorisée et les États-Unis lui promirent des réformes administratives des douanes et des ordonnances consulaires. En revanche, l'Allemagne concéda aux ÉtatsUnis le bénéfice de son tarif conventionnel pour un grand nombre de denrées, notamment les fruits, les céréales et les graines, le pétrole, les viandes, sauf le lard.

AUTRICHE-HONGRIE

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I. AFFAIRES HONGROISES. Arrivée du parti de l'Indépendance au pouvoir (p. 168). Le cabinet Wekerle (p. 171). Les élections d'avril-mai 1906 (p. 171). Activité parlementaire (p. 171). Les cendres de Rakoczy (p. 172). Affaires Polonyi et Lengyel (p. 172). Les « garanties constitutionnelles » (p. 173). Les nationalités à la Chambre (p. 174). Règlement de service des employés de chemins de fer (p. 175). Conflit croato-magyar (p. 176). Troubles à Agram (p. 176).

II. RELATIONS COMMUNES AUSTRO-HONGROISES. Le régime dualiste (p. 177). La répartition des dépenses communes, source de difficultés (p. 178). Irritation en Autriche (p. 179). Les revendications du parti de l'Indépendance touchant l'armée (p. 179). Attitude de l'Empereur-Roi (p. 180). La Hongrie refuse l'augmentation du contingent p. 180). Le ministre de la Guerre commun démissionne (p. 180). Les négociations relatives au renouvellement du compromis économique (p. 181). Projet de traité commercial et douanier soumis aux Parlements autrichien et hongrois (p. 182).

III. AFFAIRES AUTRICHIENNES. La réforme électorale (p. 183). La dernière session du Parlement curial (p. 188). Séjour de l'Empereur à Prague (p. 189). Les élections au suffrage universel (p. 190). Le nouveau Parlement groupement des partis: la question linguistique (p. 190). Activité parlementaire (p. 192). Réforme électorale pour les Diètes (p. 194). Troubles universitaires à Lemberg (p. 195).

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IV. POLITIQUE EXTÉRIEURE. Démission du comte de Goluchowski (p. 196). Le baron d'Aerenthal, ministre des Affaires étrangères (p 196). Les Délégations (p. 197. Rapports de la monarchie austro-hongroise avec les puissances étrangères (p. 197). Conflit économique avec la Serbie (p. 197). Entrevues de Desio, d'Ischl, du Semmering et de Vienne (p. 198). Politique du baron d'Aerenthal (p. 200). Rôle de l'Autriche-Hongrie en Europe (p. 200).

Les années 1906 et 1907 feront époque dans l'histoire intérieure de la monarchie austro-hongroise. Elles ont vu se produire, sur les divers domaines de la vie politique, des événements de la plus haute importance.

En Hongrie, après une lutte acharnée de près d'un an, la paix s'est enfin rétablie entre la Couronne et la Nation. Le parti de l'Indépendance s'est décidé à prendre le pouvoir et à gouverner sur un programme positif d'où ses revendications les plus radi

cales ont été écartées.

En Autriche, les nationalités ont su modérer leurs revendications traditionnelles pour permettre au gouvernement d'introduire le suffrage universel réclamé par les masses populaires et nécessité par l'improductivité du parlement «< curial». La réforme électorale s'est accomplie sans troubles et l'Autriche a donné au monde un bel exemple de sagesse et de maturité politiques.

Enfin, Autriche et Hongrie, lasses d'une trop longue querelle ont fini par conclure un compromis qui, garantissant leurs mutuels intérêts, leur assure dix années fécondes d'entente économique.

Il y a, sans doute, des ombres à ce tableau. La paix générale que nous constatons n'est, à proprement parler, qu'une trève. En Autriche, Slaves et Allemands n'ont pas encore liquidé leur grand procès. En Hongrie, les Indépendants n'ont pas renoncé à la réalisation future de leur idéal politique. Mais, partout, un désir sincère de s'accorder s'est fait sentir et cette bonne volonté, couronnée de succès, est un symptôme très rassurant pour l'avenir. D'ailleurs, nous ne connaissons guère de problème, sur l'une ou l'autre rive de la Leitha, qui ne puisse y trouver, avec le temps, sa solution équitable et logique. N'en déplaise aux prophètes de malheur qui vaticinent toujours les pires catastrophes, l'Autriche-Hongrie jouit d'une organisation politique assez souple pour permettre toutes les adaptations et toutes les transformations.

Il est extrêmement difficile de faire tenir dans le cadre restreint d'un seul chapitre un exposé détaillé de la vie politique austrohongroise un volume y suffirait à peine. Les besoins généraux de la Monarchie-Double et les aspirations particulières des Etats qui la composent; le centralisme gouvernemental et les tendances autonomistes des divers pays et royaumes; la coexistence de deux grands parlements et de dix-sept diètes dont quelques-unes sont des chambres législatives au petit pied; les revendications contradictoires de peuples nombreux, ethnographiquement et intellectuellement différents; l'entre-choquement des intérêts moraux, économiques, nationaux... tout cela donne naissance à une invraisemblable multiplicité de problèmes qui s'entre-croisent et s'enchevêtrent, se compliquent les uns les autres.

Nous ne pourrons nous arrêter qu'aux plus importants. Encore, pour les débrouiller, serons-nous obligés de les traiter séparé

ment affaires hongroises, relations communes austro-hongroises, affaires autrichiennes, politique extérieure. L'ordre que nous avons adopté pourra, au premier abord, paraître arbitraire. On ne tardera pas à se convaincre qu'il était commandé par l'enchaînement des faits et la crainte des répétitions.

I

AFFAIRES HONGROISES

Les élections du mois de janvier 1905 eurent un résultat désastreux pour les Libéraux jusque-là maîtres de la situation : ils furent complètement battus par les Indépendants. On donne ce nom au parti qui, reprenant pacifiquement la politique de 1848, tend à substituer, par les voies légales, une union personnelle à l'union réelle qui rattache encore aujourd'hui la Hongrie à l'Autriche. Les chefs principaux de ce parti sont le comtes Albert Apponyi, Jules Andrassy et M. François Kossuth.

Après la démission du comte Tisza (3 février 1905) qui n'avait pas su prévoir le triomphe de l'opposition, le parti de l'Indépendance aurait dû, logiquement, prendre le pouvoir. Mais il émit de telles prétentions notamment sur la magyarisation de la partie de l'armée commune recrutée en Hongrie que François-Joseph ne crut pas pouvoir faire appel à sa collaboration et recourut à un ministère de transition, dont la formation fut confiée au général baron de Fejervary (18 juin 1905)'.

Le décret qui donnait, provisoirement, la direction des affaires au baron de Fejervary était accompagné d'un rescrit royal dans lequel François-Joseph déclarait qu'il attendait les propositions de la majorité pour toutes les questions administratives ou économiques; pour les questions militaires, il entendait ne pas aller au delà des réformes demandées en 1903 par le parti libéral.

1. Pour plus de détails sur tous ces événements voir notre article la Vie politique en Hongrie (1904-1906) dans les Annales des Sciences politiques. 1906, p. 814 et ss.

2. Modification des emblèmes militaires dans l'esprit du dualisme: emploi du hongrois dans la procédure criminelle militaire; droit pour le ministre des honveds de décider des exemptions de service en première instance;

Les Indépendants répondirent à cette déclaration royale qu'ils lutteraient contre tout gouvernement ayant la prétention d'exercer le pouvoir sans introduire le hongrois comme langue de commandement dans l'armée. M. de Fejervary se heurta à une telle opposition qu'il dut proroger les Chambres (21 juin 1905).

Les chefs du parti de l'Indépendance entreprirent une véritable croisade contre le gouvernement, parcourant le pays et excitant partout la population. Sur 63 préfets, 42 donnèrent immédiatement leur démission. Les municipalités refusèrent la perception des impôts, refusèrent la loi militaire n'ayant pas été votée d'accepter les enrôlements volontaires sur lesquels comptait l'administration de la guerre.

Le gouvernement annonça qu'il retiendrait sous les drapeaux les hommes libérables le 1er octobre. Le ministre des honveds', feld-maréchal Bihar, convoqua les réservistes de complément malgré les entraves apportées à cette convocation par les municipalités. Ces mesures ne firent qu'augmenter l'effervescence du pays et M. de Fejervary, après avoir de nouveau prorogé les Chambres, démissionna le 12 septembre 1905.

François-Joseph chercha de nouveau à se rapprocher des Indépendants et convoqua leurs chefs à Vienne. Dans une audience d'une brièveté singulière, qui eut lieu le 23 septembre 1905, il les invita à lui faire des propositions pour la formation d'un cabinet parlementaire, sur la base d'un programme dont il avait arrêté les conditions et qu'il leur remit3. Ils devaient en délibérer entre

transfert des officiers hongrois dans des régiments magyars; modification de l'enseignement dans les écoles militaires de manière à obtenir un plus grand nombre d'officiers parlant le hongrois.

1. Les honveds sont la landwehr, armée territoriale hongroise. Mais les honveds ne comprennent pas que des réservistes. En effet, après le tirage au sort le contingent de chaque année est divisé en trois portions. Les numéros les plus bas sont versés dans l'armée active commune où ils restent trois ans et d'où ils passent pour sept ans dans la réserve, pour deux ans dans la landwehr (honved) et enfin pour dix ans dans le landsturm. Les numéros immédiatement supérieurs sont versés pour deux ans dans la landwehr (honved). Les honveds, comme la landwehr autrichienne, comprennent donc une portion active. Enfin, les numéros les plus élevés sont versés dans la réserve de complément. Celle-ci est dispensée du service en temps de paix et n'est convoquée que pour une période d'exercices de deux mois.

2. Elle dura à peine six minutes.

3. Ce programme portait les conditions suivantes: 1° les questions militaires, en ce qui concerne la langue de service et de commandement, ne

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