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tions s'étant réunies à Budapest le 25 novembre, il eut tout de suite l'occasion de faire un tableau de la situation extérieure. En voici le résumé.

Avec l'Allemagne, la monarchie entretient des rapports d'étroite amitié, dont la communauté d'intérêts forme la base. Avec l'Italie les relations sont cordiales et sincères. Il n'y a entre les deux États aucune opposition d'intérêts et leurs bons rapports permettront de régler avec calme tous les petits incidents qui se produisent quelquefois. Depuis dix ans, l'Autriche-Hongrie est liée à la Russie par une sincère amitié; ses rapports avec l'Angleterre et avec la France sont excellents; on s'efforcera de maintenir ces heureuses relations et, si possible, de les améliorer encore.

En ce qui concerne la Turquie et en se plaçant vis-à-vis d'elle sur le terrain du traité de Berlin, on n'a pas pu laisser passer sans agir les incidents dont quelques vilayets d'Europe ont été le théâtre. L'Autriche-Hongrie et la Russie ont proposé des réformes dont le programme avait été arrêté à Vienne et à Muerzsteg, il y a quatre ans. L'établissement d'un budget macédonien peut être considéré comme un grand progrès. Il s'agit maintenant de réaliser un autre point du programme de Muerzsteg réorganiser la magistrature. Il ne faut pas accuser les gouvernements intéressés d'inaction. On doit tenir compte des atermoiements de la Porte, des divergences de vues des puissances, enfin des rivalités qui se font jour entre les nationalités chrétiennes des Balkans.

Les relations avec la Roumanie sont des plus amicales ; pour la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro et la Serbie, fidèle à son programme balkanique, la monarchie n'a que des sympathies et de la bienveillance.

Les rapports politiques avec la Serbie sont normaux. Il n'en est pas de même, malheureusement, des relations économiques. Le gouvernement de Belgrade ne fait que des promesses vagues en ce qui concerne la question des fournitures à commander en Autriche-Hongrie. La monarchie lui demandera de préciser et lui donnera ainsi l'occasion de reprendre avec elle des relations normales.

Le ministre faisait allusion, dans ce dernier passage, aux difficultés qui avaient surgi entre la Serbie et l'Autriche-Hongrie, à l'occasion du renouvellement du traité de commerce. L'Autriche

Hongrie prétendait imposer à la Serbie l'obligation de faire une commande de fournitures matériel de guerre notamment s'élevant à la somme de 26 millions de francs. Les Serbes n'avaient pas voulu se plier à ces exigences et les pourparlers durent être rompus. A l'heure actuelle le conflit n'est pas encore résolu, mais l'attitude conciliante du baron d'Aerenthal permet d'en prévoir la fin prochaine.

Les Délégations se montrèrent satisfaites des déclarations ministérielles. Elles le prouvèrent en votant, sans modifications, le budget des Affaires étrangères.

Le 1er mai 1907, le baron d'Aerenthal se rendit à Berlin pour se présenter à l'empereur Guillaume II. Dans le courant du mois. de juin, le traité d'alliance, conclu en 1902 par l'Italie avec l'Allemagne d'une part et l'Autriche-Hongrie de l'autre, n'ayant pas été dénoncé, fut renouvelé par tacite reconduction pour six ans, à partir de 1908. Les rapports avec l'Italie n'allaient pas tarder à prendre un caractère plus amical.

Le 15 juillet, en effet, M. d'Aerenthal se rencontra à Desio avec M. Tittoni. Une note officieuse de l'agence Stefani fit savoir que l'on avait à cette occasion « exprimé et confirmé les sentiments de cordiale amitié qui unissent les deux pays alliés et leurs gouvernements » et que « l'examen de la situation générale en Europe, celui de toutes les questions ayant un intérêt particulier pour l'Autriche-Hongrie et l'Italie avait démontré, à la complète satisfaction des deux ministres, un accord complet sur la base du statu quo. »

Le lendemain, MM. d'Aerenthal et Tittoni furent reçus à Racconigi par le roi Victor-Emmanuel et, rentrés à Turin, ils envoyèrent un télégramme à M. de Bülow pour l'informer qu'ils l'avaient, en pensée, associé à leur entrevue.

Le 5 aout 1907, le prince Ferdinand de Bulgarie vint rendre visite à Ischl, à l'empereur François-Joseph. Il y fut reçu avec une affabilité particulière et l'Empereur le nomma colonel-propriétaire du 11 régiment de hussards. Le prince y ayant jadis servi comme officier c'était une prévenance de plus. On peut conclure de cet

accueil que le prince Ferdinand avait donné des garanties. sérieuses quant à l'attitude de la Bulgarie dans la question macédonienne.

Quelques jours plus tard, le 15 août, le roi Edouard VII, venant de Wilhelmshöhe où il s'était rencontré avec Guillaume II, arrivait également à Ischl. Le Roi d'Angleterre était accompagné de Sir E. Hardinge. Le sous-secrétaire d'État britannique eut une longue conférence avec le baron d'Aerenthal. Ils passèrent en revue la situation politique et constatèrent l'excellence des relations de leurs gouvernements. On affirme qu'ils se mirent entièrement d'accord sur la nécessité de réorganiser la magistrature en Macédoine et sur la nature des propositions à faire à la Porte à cet égard1.

La presse a accordé une très grande importance à cette entrevue au point de vue des résultats qu'elle donnerait en Macédoine. Etant donné l'attitude de l'Allemagne à Constantinople, il y avait peutêtre là un optimisme exagéré2.

Le 22 août, M. Tittoni rendit à M. d'Aerenthal sa visite de Desio. Après une rencontre au Semmering, près Vienne, les deux ministres des Affaire étrangères sé rendirent à Ischl auprès de l'Empereur. François-Joseph reçut M. Tittoni avec une faveur marquée. Il lui aurait dit en le congédiant : « J'ai toujours eu une cordiale sympathie pour le roi Humbert et j'entends la reporter sur son fils. >>

D'après un communiqué officieux, le gouvernement italien aurait, à la suite de cette nouvelle entrevue, adopté, lui aussi, le programme de réforme judiciaire en Macédoine. Ce serait une nouvelle preuve de la complète identité de vues des cabinets de Rome et de Vienne dans la question balkanique.

Le 3 septembre, le ministre des Affaires étrangères de Russie, M, Isvolski, arrivait à Carlsbad pour y faire une cure. De Carlsbad il se rendit à Vienne, le 26, et y eut des entrevues avec M. d'Aeren

4. D'après le Berliner Tageblatt, l'Angleterre aurait renoncé à l'idée de soumettre les affaires macédoniennes à une conférence internationale. Elle se serait rangée à l'avis du baron d'Aerenthal et admis que l'œuvre des réformes fût accomplie, sur la base de l'accord de Muerzsteg, par l'Autriche-Hongrie et la Russie.

2. En effet, la Porte confiante dans l'appui secret du cabinet de Berlin, a opposé un refus formel, le 9 septembre 1907, au contrôle de la justice dans les trois vilayets de Macédoine officiellement réclamé par l'Autriche-Hongrie et la Russie.

thal et avec le roi Charles de Roumanie, de passage dans la capitale autrichienne. Cette rencontre avec le roi de Roumanie aurait la plus haute importance1. La question de Macédoine aurait de nouveau fait les frais de l'entretien qui aboutit, dit-on, à une identité de vues absolue.

En somme, le baron d'Aerenthal a continué la politique du comte de Goluchowski. Il y a, cependant, apporté une certaine modification. Il s'est efforcé de mettre plus d'intimité amicale dans les rapports avec la France, avec l'Angleterre et avec la Russie. Il a introduit beaucoup plus de cordialité dans les relations avec l'Italie. Les entrevues de l'esio et du Semmering ont eu une influence calmante, adoucissante, touchant les questions orientale et irrédentiste. En améliorant ainsi les rapports avec l'Italie, M. d'Aerenthal a amélioré la situation internationale de l'Autriche-Hongrie, car c'était le seul moyen d'éviter le danger d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'Allemagne. Cette attitude répond à la haute conception que l'empereur François-Joseph s'est faite de la mission politique de l'Autriche-Hongrie dans le monde. Cette mission, l'auguste souverain la définissait lui-même, dans le discours du trône du 19 juin 1907, quand il disait : « Nos relations avec les puissances étrangères sont, en général, des plus amicales. Une invariable cordialité caractérise nos rapports avec nos alliés. Notre bonne entente avec toutes les puissances, basée sur une confiance mutuelle absolue, nous permet d'agir à chaque instant pour allénuer les rivalités qui peuvent se produire entre elles. »>

1. Il est permis de supposer qu'il existe enre l'Autriche-Hongrie et la Roumanie une convention militaire et peut-être même un traité d'alliance formel.

2. Il n'est pas sans intérêt de rapprocher les paroles impériales de ce que disait le 15 mars 1907, dans un excellent discours prononcé à l'Ecole des Sciences politiques. M. Francis Charmes : l'Autriche-Hongrie « est un élément pondérateur dans les systèmes politiques dont elle fait partic». C'est une opinion à laquelle nous nous permettons de nous associer pleinement.

SUISSE

Le travail législatif (p. 201). Proposition de création du droit d'initiative législative populaire (p. 201). La loi militaire d'avril 1907 (p. 202). Le nouveau Code civil (p. 204). Les finances de la Confédération (p. 204). La « Banque nationale » (p. 205). La séparation de l'Eglise et de l'Etat et l'interdiction de l'absinthe dans le canton de Genève (p. 206). Les grèves du canton de Vaud (p. 207).

La vie politique de la Suisse évolue avec calme et sans à-coup. On constate seulement depuis quelques années un courant de plus en plus fort vers la centralisation et le développement d'organes fédéraux dont les manifestations les plus intéressantes ont été le rachat des chemins de fer de l'État et l'institution d'une Banque nationale.

Les élections du 29 octobre 1905 ont été marquées par une défaite éclatante des socialistes qui perdaient plusieurs sièges, principalement dans les cantons de langue allemande. Les radicaux et les libéraux avaient fait front contre l'ennemi commun, et le succès couronna cette tactique facilitée par les imprudences des socialistes au Congrès de Lausanne du mois d'août 1906 leur antimilitarisme outrancier leur valut le désaveu de la démocratie hetvétique, et ce désaveu a continué de se manifester en toute. occasion depuis deux ans.

:

Le travail législatif. Des faits importants se sont produits et des lois considérables ont été votées dans la Confédération ou dans les cantons au cours de l'année 1906-1907.

Le Conseil national n'a pas encore statué sur la proposition de Zurich et de Soleure qui, usant de leurs prérogatives constitutionnelles, demandaient à l'Assemblée fédérale d'introduire dans la Constitution, à côté de l'initiative populaire constitutionnelle, une initiative populaire législative, c'est-à-dire le droit octroyé à

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