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La dette qui pèse sur le réseau fédéral est de 1.152 millions de francs et le service des intérêts, avec les emprunts nécessités pour les travaux nouveaux, va s'accroissant d'année en année. Les services sans doute ont été améliorés, ainsi que la situation du personnel. Il n'en est pas moins vrai que la progression des dépenses dépasse celle des recettes l'année 1907 laissera un déficit, peu important sans doute, mais qui risque de s'accroître. pour peu que les recettes de 1908 fléchissent ou restent simplement stationnaires.

Le 15 octobre 1906 ont été commencés les travaux de percement de la ligne du Loetschsberg.

Un événement important dans le domaine intérieur a été l'ouverture dans la deuxième quinzaine de juin des guichets de la Banque nationale, fondée en exécution de la loi du 16 janvier 1906. Deux fois le peuple avait rejeté au référendum les projets instituant une Banque d'État. Aussi la Banque actuelle est-elle fondée avec la participation des capitaux privés. C'est une banque purement commerciale, qui a reçu le privilège de pratiquer l'émission des billets de banque et l'escompte de tous les effets de change, y compris les effets de change d'agriculteurs reposant sur une opération commerciale.

Le capital (25 millions) a été fourni pour 2/5 par des souscriptions privées, pour 1/5 par les anciennes banques d'émission cantonales au prorata du nombre des habitants des cantons. L'État s'est réservé la prépondérance dans les conseils de la Banque; sur 40 membres du conseil d'administration, 25, et notamment le président et le vice-président, sont nommés par le Conseil fédéral, qui nomme aussi 3 membres de la direction et tous les directeurs et sous directeurs des succursales. Les actionnaires touchent 40 p. 100 des bénéfices; le reste est partagé dans la proportion d'un tiers à la Confédération et de 2/3 aux cantons.

La situation économique de la Suisse est excellente. Elle est à l'heure actuelle, en proportion de sa population le pays le plus industriel de l'Europe. Beaucoup d'argent français est placé en Suisse, 800 millions de francs, au moins, peut-être 1 milliard.

La séparation de l'Église et de l'État, et l'interdiction de l'absinthe dans le canton de Genève. Dans le canton de Genève, deux faits politiques et sociaux importants se sont produits en 1907. D'abord, la suppression du budget des cultes. Cette suppression était depuis longtemps proposée par les radicaux et cette proposition, bien qu'elle ait été déjà discutée sans résultats en 1880 et en 1898 ne pouvait froisser ou les protestants ou les catholiques. L'Église nationale protestante est elle-même divisée, et l'Église catholique nationale n'était plus qu'une Église schismatique san's clergé, sans fidèles et qui détenait inutilement les plus importants édifices religieuxdu canton'.

Les raisons politiques pour lesquelles Antoine Carteret avait favorisé en 1873 une Église schismatique aux dépens des catholiques romains n'existant plus ou plutôt ayant changé, les radicaux genèvois ont proposé la suppression du budget des cultes dont les subventions profitaient aux seuls catholiques schismatiques.

La mesure était préconisée principalement par les libres penseurs et les socialistes. Les protestants étaient divisés et les catholiques, eux-mêmes, n'avaient pas les mêmes raisons qu'autrefois d'accepter la séparation, parce que le dépérissement de l'Église catholique officielle pouvait leur permettre d'espérer de recueillir, à un moment donné, son héritage, y compris les subventions gouvernementales. Aussi le camp catholique était-il partagé en deux groupes à peu près égaux sur la question : les séparatistes qui voyaient le moyen de reprendre rapidement possession des églises remises aux schismatiques, les antiséparatistes qui voyaient surtout dans la séparation un signe d'affaiblissement des idées religieuses.

Le peuple de Genève, à une faible majorité, consacra le principe de la séparation. Il reste à savoir si cet exemple, le premier, gagnera les autres cantons.

Le gouvernement fédéral, en Suisse. ne reconnait aucun culte national et n'en subventionne aucun. Chacun des cantons règle comme il l'entend ses rapports avec les églises : la plupart subventionnent les cultes. Les idées de séparation des Eglises et de l'Etat n'ont pénétré jusqu'ici que dans les cantons de Genève, Bâle-Ville, Soleure, Schaffhouse, Neuchâtel et Vaud.

En avril, eut lieu une autre consultation populaire sur la suppression de la vente en détail de l'absinthe dans le canton de Genève établie dans la loi du 2 février 1907 qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 1908.

Par 7.895 voix contre 7.173, à majorité faible, par conséquent (mais il faut tenir compte de l'effort énorme déployé contre la loi par tous les industriels et commerçants intéressés à la vente du produit), le peuple de Genève approuva la loi. Cet acte de sagesse est de bon augure pour le succès de la loi due à l'initiative fédérale pour la prohibition de la fabrication, de l'importation et de la vente de l'absinthe dans toute la Confédération. Le 3 janvier 1907 une pétition en ce sens, portant 168.341 signatures, a été remise aux autorités fédérales. Le vote du peuple et des cantons suisses concernant cette loi doit avoir lieu au commencement de 1908.

Les grèves du canton de Vaud. Des troubles assez sérieux se sont produits à Vevey, Montreux, et Lausanne à l'occasion d'une grève d'ouvriers chocolatiers dans les derniers jours du mois de mars 1907. Les ouvriers des fabriques Kohler, Nestle et Ormond, ayant réclamé une augmentation de salaires, entendirent obliger les patrons à négocier par l'entremise de leur syndicat. Le refus de ceux-ci de reconnaître ce syndicat entraîna la grève. La grève proclamée, les excitations des meneurs eurent leur effet habituel : cortèges, discours enflammés et bagarres. Bientôt le mouvement s'étendit, l'Union ouvrière proclama la grève générale à Lausanne (26 mars).

L'autorité cantonale agit avec beaucoup de vigueur et de sangfroid. Vevey fut immédiatement occupé par un bataillon d'infanterie et un escadron de dragons mobilisés pour la circonstance : ils dispersèrent les grévistes. En même temps les patrons, persistant dans leur refus, réclamèrent l'arbitrage du gouvernement. Lausanne fut occupée militairement; l'imprimerie de l'Union ouvrière, qui avait publié un manifeste violent fut fermée, l'anarchiste français, Sébastien Faure, expulsé.

Devant ce déploiement de vigueur, les syndicats exaspérés ten

tèrent un suprême effort. Les syndicats ouvriers de Genève, par solidarité, proclamèrent la grève générale. A Lausanne, les troubles augmentaient, les réfugiés révolutionnaires russes s'en. mêlaient. Il y eut une tentative d'incendie des chantiers d'une Compagnie de navigation (28 mars).

Mais le syndicalisme suisse est loin d'avoir sur les populations la même emprise qu'en d'autres pays. La grève générale fit long feu. On chôma le 29 mars à Genève. Mais ce fut le chômage habituel du Vendredi Saint, et le travail reprit le lendemain après quelques courtes bagarres. L'opinion publique était très montée contre les grévistes, les commerçants mécontents de l'arrêt des affaires, les agriculteurs furieux d'être arrachés à leurs travaux par ce brusque appel aux armes que les troubles nécessitaient.

En même temps, les négociations, qui avaient échoué, étaient reprises à Vevey et à Lausanne entre les patrons chocolatiers et les ouvriers. Cette fois elles aboutirent. On convint de reprendre le travail le 2 avril. Dès le 30 mars, les autres métiers qui n'avaient pas de raisons de continuer la grève reprenaient le travail. Le calme revenait et les troupes étaient licenciées.

Les grèves étaient donc promptement terminées. Mais l'alarme avait été chaude dans la paisible population de Vaud. L'opinion publique exaspérée contre les meneurs s'est montrée favorable à tout ce qui pouvait empêcher le retour des troubles analogues. Une garde civique a éte organisée à Vevey, de concert avec la police, par un comité d'initiative. Elle se recrute par enrôlements volontaires; les enrôlés s'engagent à répondre immédiatement à toute convocation du commandant ou de son remplaçant et à obéir aux ordres des chefs avec la plus étroite discipline. L'état-major de la garde peut refuser l'inscription d'un citoyen, bonne précaution contre l'intention qu'avaient manifestée certains éléments anarchistes de s'inscrire. Il y a là une initiative intéressante et qui est d'un enseignement utile.

BELGIQUE ET ÉTAT LIBRE DU CONGO

I. BELGIQUE. Les élections de 1906 et la chute du ministère de Smet de Naeyer (p. 210). Le ministère de Trooz (p. 211). Le travail parlementaire (p. 212). Les élections communales (p. 214). Le lock-out de Verviers et le lock-out du port d'Anvers (p. 215).

II. ETAT LIBRE du CONGO.

Question de l'annexion à la Belgique (p. 218). Le bilan de l'État libre (p. 220). Le traité de cession, 28 novembre 1906 (p. 221).

I

BELGIQUE

La caractéristique de la vie politique belge, depuis bientôt un quart de siècle, a été la permanence du parti catholique au pouvoir. Cette permanence n'a pas été sans influencer profondément la vie économique et sociale du pays. Les catholiques ont apporté dans l'étude des problèmes sociaux un sens très vif des réalités et une grande indépendance à l'égard des principes de l'école libérale. Aussi disputent-ils avec des chances de succès sérieuses la clientèle populaire au parti socialiste, principalement dans les Flandres où ils prédominent. Cependant leur prépondérance n'est plus aussi marquée que dans les premières années qui suivirent. leur retour au pouvoir en 1884. La réforme constitutionnelle, (le suffrage universel et la représentation proportionnelle) a rendu des forces à leurs adversaires, principalement aux libéraux, qui ne comptaient plus à la Chambre des représentants. Les libéraux, unis aux socialistes, constituent une opposition considérable, mais très morcelée. Leurs divisions sont pour eux une grande cause d'impuissance. Toutefois, il faut noter que la présence de cette opposition oblige le gouvernement catholique à une certaine pru

VIE POLIT. 1906-07.

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