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ÉTATS SCANDINAVES

I. DANEMARK (p. 232).

Mort du roi Christian IX. Son œuvre (p. 232). Les élections générales, mai 1906 (p. 234). Le discours du trône (p. 235). La session parlementaire. Lois votées lois sur la pêche, le système métrique, l'assurance contre le chômage, etc. (p. 235). Projets discutés : le tarif douanier, la réforme électorale municipale (p.236). Lois entrées en vigueur loi sur la prostitution (p. 237). Politique coloniale (p. 239). La politique étrangère (p.239). Traité dano-allemand du 14 janvier 1907 (p. 240).

II. SUÈDE (p. 241). Influence de la séparation suédo-norvégienne sur la politique suédoise (p. 241). Avènement du ministère libéral Staaf; causes de sa chute (p. 241). Le ministère Lindmann (p. 242). La réforme électorale (p. 242). Autres lois votées par le Riksdag (p. 241). La polilique étrangère (p. 245).

III. NORVÈGE (p. 246).

IV.

Couronnement du Roi (p. 246). Situation des partis au début de 1906 (p. 246). Programme de concentration nationale du cabinet Michelsen (p. 247). Elections générales (p. 248). Composition et ouverture du Storthing (p. 249). Lois votées par le Storthing pendant la session 1908-07 (p. 250). Projets en discussion: retraites ouvrières (p. 252). Situation précaire du ministère, modifications dans le cabinet (p. 252). Politique étrangère (p. 252). Neutralité norvégienne (p. 253). Question du Spitsberg (p. 253).

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LES RELATIONS INTERSCANDINAVES (p. 253). Tendances générales. Avances du Danemark à la Suède (p. 253). Kapprochement économique des deux pays (p. 254). Attitude réservée de la Suède à l'égard de ses voisins scandinaves (p. 254). Avances de la Norvège (p.254). Congrès interscandinaves la conférence interparlementaire scandinave du 23 septembre 1907 (p. 255); le VII Congrès socialiste scandinave du 6 septembre 1907 (p. 255).

I

DANEMARK

L'œuvre de Christian IX.

Christian IX s'est éteint à Copenhague le 29 janvier 1906, à l'âge 'de quatre-vingt-sept ans, sans que rien eût fait prévoir l'imminence de sa fin. Il avait remplacé Frédéric VII sur le trône danois le 15 novembre 1863. Le début de son règne fut marqué par le démembrement du Danemark, qui

dut céder à la Prusse ses provinces du Schlesvig-Holstein (Traité de Vienne du 30 octobre 1864). Depuis lors, le Danemark vécut en paix avec toutes les puissances. A l'extérieur, le roi Christian s'efforça de remédier à la faiblesse de son pays par une politique de famille qui servit à la fois les intérêts de sa couronne et de la monarchie. Il y réussit avec éclat. Si, par le mariage de sa fille aînée, la princesse Alexandra avec l'héritier d'Angleterre (10 mars 1863), il ne put empêcher le démembrement de sa patrie, il assura néanmoins un utile rapprochement entre son royaume et la cour de Londres, tandis que par le mariage de sa fille cadette, la princesse Dagmar (9 novembre 1866), avec le grand-duc Alexandre Alexandrovitch, plus tard empereur de Russie sous le nom d'Alexandre III, il se rapprochait également de la cour de SaintPétersbourg. Ces alliances, qui le garantissaient dans une large mesure contre de nouvelles entreprises de la Prusse furent complétées par le mariage de sa troisième fille, la princesse Thyra, avec le duc de Cumberland (21 décembre 1878), héritier de la couronne de Hanovre, prince royal de Grande-Bretagne. Avec ses fils, il ne fut pas moins heureux. Le second, le prince Guillaume, est roi de Grèce depuis le 6 juin 1863. Le troisième, prince Waldemar, a épousé une Française, la princesse Marie d'Orléans, fille du duc de Chartres (20 octobre 1885), dont on sait l'ingénieuse activité. L'avènement de l'un de ses petits-fils au trône de Norvège (18 novembre 1905), sous le nom de Haakon VII, est venu jeter un dernier éclat sur la fin du règne. Depuis quelques années, enfin, des relations d'apparence très cordiales s'étaient établies entre les cours de Copenhague et de Berlin. La présence de l'empereur Guillaume, à Roskilde, aux funérailles du roi défunt, a été comme l'attestation matérielle de ces meilleurs rapports.

A l'intérieur, le règne de Christian IX fut surtout marqué par le conflit prolongé qui se produisit entre la gauche et le ministère Estrup soutenu par la Couronne au sujet de la question de la défense nationale et spécialement de la question des fortifications de Copenhague1. C'est seulement depuis 1901 que le vieux roi s'était résigné à un changement de système et avait fait appel au concours de la gauche, prépondérante dans le Folkething depuis 1876. Le

1. Voir dans les Annales des Sciences Politiques du 15 septembre 1907 notre article sur la Scandinavie actuelle et son avenir, p. 564 et s.

règne de Christian IX a été également caractérisé par un merveilleux essor économique du Danemark dont l'organisation agricole est citée en exemple1.

Le développement de l'esprit d'entreprise qu'attestent en particulier le rôle joué par certains danois à l'étranger, l'extension du commerce extérieur, la création du port franc de Copenhague et de plusieurs lignes de navigation, sont dignes aussi d'être citées en exemples. Au point de vue de la législation sociale, enfin, le Danemark est devenu depuis trente ans un des pays les plus avancés de l'Europe.

Elections générales de mai 1906.

L'avènement de Frédé

ric VIII n'a rien changé à la politique danoise. Le ministère de gauche Christensen Stadel qui occupe le pouvoir depuis le 14 janvier 1905 a été maintenu en fonctions. Et l'attention publique s'est reportée sur les élections générales qui ont eu lieu le 29 mai. Le cabinet était, en effet, très menacé depuis la défection de M. Deuntzer. Le prédécesseur de M. Christensen Stadil, lui reprochant ses avances à l'opposition, s'était séparé de lui avec 16 membres de son parti et avait formé le groupe de la gauche radicale, réduisant ainsi à 58 le nombre des ministériels proprement dits. Le gouvernement ne disposait donc plus dans le Folkething que d'une voix de majorité absolue. Les élections l'ont maintenu au pouvoir sans renforcer beaucoup sa situation. Sur

1. Voir notamment le rapport de M. Jean Périer, attaché commercial à l'ambassade de France à Londres sur la situation économique du Royaume-Uni et commerce franco-britannique en 1903. Supplément au Moniteur officiel du Commerce du 2 juin 1904. No 354, p. 98 et ss. et la Revue Politique et Parlementaire, t. LIV : Nos débouchés agricoles, par M. André Colliez.

2. Le cabinet Christensen est le second depuis le « changement de système » du 24 juillet 1901. Jusqu'alors, on le sait, le gouvernement avait tou jours appartenu à la droite. Sa composition était la suivante à l'avènement de Frédéric VIII: Président du Conseil et ministre de la défense nationale (Guerre et Marine): J.-C. Christensen. Affaires étrangères: F.-G.-O. comte Raben-Levetzau. Justice: P.-A. Alberti. Agriculture: 0. Hansen. Cultes et Instruction publique : E. Sörensen. Travaux publics: S. Hægsbro. Intérieur : S. Berg. Finances: V. Lassen. Islande: H. Hafstein.

3. Le nombre des candidats qui se présentèrent fut de 303, le plus considérable qu'on eût connu en Danemark; le nombre des votes exprimés atteignit 70 p. 100 des électeurs inscrits,

114 députés, le nouveau Parlement comprend 55 membres dévoués au cabinet, 24 socialistes, 12 membres de la droite, 9 de la gauche modérée, 11 radicaux et 2 indépendants. La caractéristique de ces élections est la victoire des partis extrêmes, socialistes et conservateurs. Les socialistes gagnent 8 sièges et les conservateurs 2, tandis que les gouvernementaux et la gauche modérée perdent chacun 3 sièges, et les radicaux 4. Les élections ont donné au ministère une majorité de 78 voix contre 38 sur les questions militaires; il est vrai que sur les projets de réforme judiciaire, jugés trop réactionnaires, la coalition de la droite et de la gauche qui visait spécialement le ministre de la Justice, M. Alberti, donnait à l'opposition 57 voix contre 55 au gouvernement. Les élections au Folkething ont été suivies en septembre par le renouvellement du Landsthing. On sait que la Chambre haute est élue par le suffrage indirect, ce qui a toujours permis à la droite de jouir dans cette assemblée d'une situation favorisée. Avant le dernier renouvellement, le Landsthing, qui compte 66 membres dont 12 nommés à vie par le Roi et 44 élus, était composé surtout de conservateurs. Mais le parti de la réforme, c'est-à-dire les ministériels, avait eu la majorité grâce à l'appui d'une fraction de droite1. Aujourd'hui, la répartition n'est plus la même. La droite garde ses 29 voix, la gauche ministérielle tombe de 23 à 18. Les conservateurs libres en ont 10, les socialistes 4, la gauche modérée 4. Il y a en outre 1 indépendant. Du fait de la répartition des sièges, la situation du gouvernement était au Landsthing comme au Folkething, assez précaire une coalition de la gauche modérée et des conservateurs lui donnerait la majorité; une coalition de conservateur libres et de la droite le mettrait en minorité; d'autre part, la première risquerait de le compromettre aux yeux de ses parti

sans.

La session parlementaire.

La situation du cabinet Christensen n'était pas simple quand il ouvrit la session du Rigsdag, le 1er octobre et devait l'obliger à de continuelles négociations pour se maintenir au pouvoir.

Contrairement à l'usage, la lecture du discours du trône fut faite par le Roi en personne. L'adresse fut votée après un débat 1. Le Temps, 28 septembre 1906.

très animé de trois jours. Le gouvernement annonçait le dépôt de nombreux projets de loi dont les principaux concernaient la réfection des tarifs douaniers, la réforme de la législation électorale municipale et le remaniement des circonscriptions. Les autres étaient relatifs à la revision de l'impôt direct, la réforme de la procédure judiciaire, l'établissement de la responsabilité ministérielle, l'organisation d'une caisse de secours contre le chômage, l'assurance contre les accidents, l'établissement d'un réseau de voies ferrées.

De tendance libre échangiste, le projet de tarif déposé le 2 octobre 1906 au Folkething par M. Wilhelm Lassen, ministre des Finances, était destiné à remplacer le tarif du 4 juillet 1863 qui repose lui-même sur une loi douanière du 1er février 1797 et ne répondait plus depuis longtemps aux exigences de l'activité économique danoise. Le projet Lassen admet l'exemption de droits des principaux articles de consommation, pétrole, charbon, sel gemme; la diminution des droits sur le café, le riz, etc.; la réduction oula suppression des taxes sur les matières premières, l'abaissement des droits sur les produits manufacturés, l'exemption des bateaux et canots. Pour compenser les huit millions et demi de couronnes de déficit que devait entraîner son vote, le gouvernement proposait un relèvement de l'impôt sur les successions, très léger en Danemark, et une majorisation des droits sur les alcools de luxe. Voté en troisième lecture à la Chambre basse qui l'accepte dans son ensemble et se borne à demander la suppression des droits sur les fruits, etc., absolument impopulaires, et l'abaissement des droits sur les produits manufacturés, spécialement des produits nécessaires aux populations agricoles, le nouveau tarif a été soumis à un comité commun aux deux Chambres et transmis au Landsthing qui n'en a pas encore achevé la discussion. Les protectionnistes bornent leurs revendications à la défense des industries existantes, surtout des papeteries.

Le tarif douanier n'a pas été voté parce que les conservateurs libres de qui dépend la majorité au Landsthing subordonnèrent son acceptation à des concessions gouvernementales sur le projet des réformes électorales. Ce projet tend à introduire le suffrage universel dans les élections communales où jusqu'ici les citoyens les plus imposés jouissaient d'un double suffrage. Il est

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