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vernement danois saisit les Chambres d'un projet d'allocation de 3.000 couronnes au groupe interparlementaire pour servir aux buts généraux du groupe, et « surtout à ses efforts pour établir des rapports plus étroits entre les trois groupes interparlementaires des trois États scandinaves, afin de faciliter la conclusion de traités d'arbitrage entre ces pays et la coopération la plus grande possible aux conférences interparlementaires et aux questions d'ordre international, en général1». Préparée avec une extrême prudence, la réunion de cette conférence s'est ouverte à Copenhague le 23 septembre 1907. Des délégués de chacun des trois Parlements y représentaient leur pays. Le président du Storthing, Carl Berner, fut élu président pour la Norvège; le baron Carl Carlson Bonde, président pour la Suède; le député Neergaant, président pour le Danemark. Ce dernier salua les délégations « en rappelant qu'il n'était pas question de créer une nouvelle espèce de « scandinavisme», mais qu'on n'oubliait pourtant pas les forts liens d'intérêt qui unissent les peuples scandinaves2 ». L'assemblée vota en terminant ses travaux une résolution par laquelle elle déclarait désirable que des traités d'arbitrage identiques fussent conclus entre les trois royaumes septentrionaux et confia aux groupes du Nord de l'Union interparlementaire le soin d'étudier cette question. Il convient de noter, d'autre part, la réunion à Christiania du septième Congrès socialiste scandinave. On sait qu'au cours de la crise de 1905, les socialistes des trois pays maintinrent entre eux de bonnes relations qui se sont continuées depuis lors. A ce Congrès, qui se tint le 6 septembre 1907, participaient 385 représentants envoyés par la Suède, la Norvège, le Danemark et la Finlande.

1. Le président du Conseil danois, M. Christensen Stadil, ayant à propos de cette réunion exprimé ses espérances en un nouveau scandinavisme, il fut taxé d'exagération dans les trois pays.

2. Le Temps, 1er octobre 1907.

ESPAGNE

I. L'Espagne à la majorité d'Alphonse XIII et le rôle personnel du Roi (p. 256). La question religieuse et la faillite des ministères libéraux : Montero Rios. Moret, Lopez Dominguez, projet de loi sur les associations et congrégations de M. Davila, ministères Moret et de la Vega de Armijo (p. 259).

II. Le ministère Maura (24 janvier 1907) (p. 265). Elections générales (21 avril5 mai) (p. 265). La session parlementaire (mai-juillet) (p. 267). Le budget de la marine (p. 269).

III. La politique financière: projet de budget de 1908 (p. 270). L'amélioration de la situation financière et économique (p. 272). Conventions commerciales (p. 272). La politique sociale (p. 273).

IV. La politique étrangère : le discours du trône (juin 1907) (p. 274). L'entrevue d'Alphonse XIII et Edouard VII à Carthagène (10 avril 1907) (p. 275). Les accords du 16 mai avec la France et la Grande-Bretagne (p. 275). La question marocaine (p 276).

I

L'Espagne à la majorité d'Alphonse XIII. Le 17 mai 1902, Alphonse XIII parvenait à sa majorité il trouvait l'Espagne amoindrie et humiliée, amputée par la défaite des derniers débris de son empire colonial, occupée à panser ses blessures et à réparer ses forces. Les désastres de Cavite et de Santiago et le néfaste traité de Paris (1898) eurent, du moins, cette heureuse conséquence, d'appeler l'attention des habitants de la Péninsule sur ses richesses naturelles trop longtemps négligées. C'est ainsi que, depuis 1900 surtout, s'est manifestée de façon éclatante une véritable « renaissance » économique. Grâce à l'appui des capitaux de l'étranger, avec l'aide aussi des fortunes rapatriées du Nouveau Monde, les Espagnols se sont décidés à mettre en valeur le sous-sol de leur territoire. A côté des exploitations minières ou à proximité des chutes d'eau, des industries se sont fondées.

On s'est occupé davantage aussi de l'agriculture; dès son avènement, le jeune monarque, tout en assurant les industriels de sa protection, s'intitula fièrement « le premier agriculteur » de son royaume. En même temps, sous l'impulsion d'un habile ministre dont les successeurs continuèrent la saine politique, M. Villaverde, l'ordre était restauré dans les finances publiques, et l'Espagne affermissait son crédit à l'étranger.

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Alphonse XIII a eu particulièrement à cœur de rehausser le prestige de son pays à l'extérieur. Ses voyages dans les capitales étrangères d'abord, puis la conférence d'Algésiras — où l'Espagne fit sa rentrée dans le concert des puissances - servirent merveilleusement les vues du souverain. Son mariage avec une princesse anglaise (31 mai 1906) — qui fut un mariage « de raison » autant que d'inclination lui permit d'affirmer clairement, à la face du monde et de son pays, ses préférences politiques personnelles. Ce mariage fut à Madrid un véritable coup d'État; il fallut toute l'énergie du jeune roi, pour le faire accepter par la camarilla autrichienne et « vaticaniste » et pour triompher des influences contraires du parti germanophile, un moment en faveur à la cour. On put croire aussi que cet événement considérable aurait sa répercussion sur la politique intérieure espagnole. Alphonse XIII n'a pas caché, à diverses reprises, sa prédilection pour les idées libérales, et le retour des conservateurs au pouvoir ne doit point faire illusion à ce sujet. Sans sortir de son rôle de souverain constitutionnel, et tout en demeurant fidèle aux traditions nationales et très respectueux des croyances de la majorité de son peuple, il saura sans doute håter en Espagne l'œuvre des réformes et y développer, sous l'influence anglaise, la pratique du régime parlementaire.

Les partis politiques. En réalité, depuis la mort d'Alphonse XII, la paix intérieure du royaume n'a jamais été sérieu sement troublée. Les partis antidynastiques sont désunis et découragés. Les carlistes ne comptent plus sur l'appui du Pape, qui a reconnu la monarchie alphonsine, et ils n'ont plus qu'une confiance limitée dans leur chef. Ils ont perdu leurs vétérans les plus enthousiastes et le bien-être économique a atténué le fanatisme «<légitimiste » dans les régions où don Carlos comptait jadis

VIE POLIT. 1906-07.

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le plus de partisans. Les républicains, plus nombreux, sont en revanche plus faiblement organisés : leurs dissensions intestines les empêchent d'être pour le gouvernement une cause d'inquiétude. Le point noir semble être plutôt dans les tendances autonomistes de certaines régions, particulièrement de la Catalogne.

Les partis légaux », le parti libéral et le parti conservateur, ont perdu il est vrai leur belle unité d'autrefois. La raison, dans les débuts, de cette politique de bascule paraît avoir été la nécessité de mettre un terme aux factions nombreuses qui divisaient le pays à l'époque de la Restauration et de permettre le développement normal des institutions et de la vie publique, à l'abri de la monarchie constitutionnelle. Ceci explique le calme relatif du règne d'Alphonse XII et des seize années de la Régence. Mais la disparition de leurs chefs respectifs, en qui ils s'incarnaient, Canovas del Castillo et Sagasta, a amené l'émiettement des deux grands partis en une foule de petites coteries politiques, obéissant à divers prohombres ou caudillos, hommes de talent pour la plupart, mais sans grande autorité. Il semble que, par une loi naturelle qu'il est possible d'observer dans la plupart des pays parlementaires, l'ancienne combinaison d'une « droite » et d'une « gauche >> aux Cortès ait aujourd'hui fait son temps. Ce morcellement politique a été facilité en Espagne par le « subjectivisme », qui est une des caractéristiques du tempérament de ses habitants. A mesure que la cohésion, le sens et le respect de la discipline se sont affaiblis au sein de chaque parti, l'ancienne ligne de démarcation entre libéraux et conservateurs s'est peu à peu effacée. De l'aveu du chef actuel du parti libéral, M. Moret, la question religieuse est seule capable aujourd'hui de les différencier. Et ceci explique toute l'agitation faite ces derniers temps en Espagne autour de projets qui tendaient à affirmer la suprématie de l'Etat laïque à l'encontre de l'Eglise : le défaut d'entente des libéraux sur cette importante question, les rivalités personnelles entre leurs chefs ont été la cause de leur échec. Les cinq ministères libéraux qui ont rempli l'histoire politique de ces deux dernières années sont tombés, non point sous les coups de leurs adversaires, mais sous ceux de leurs amis.

Le ministère Montero Rios, 23 juin-1er décembre 1905. Le parti libéral avait lui-même profité des profondes divisions des conservateurs qui s'étaient usés au pouvoir pendant trois ministères successifs : Maura, Azcarraga et Villaverde. Le premier cabinet libéral qui arriva aux affaires fut présidé par M. Montero Rios (23 juin 1905). Deux ordres de questions permirent au gouvernement de laisser au second plan la partie de son programme concernant le régime des associations et les relations avec le SaintSiège ce fut, d'abord, l'étude des modifications à apporter aux tarifs douaniers en vigueur et le renouvellement des traités de commerce à négocier sur ces nouvelles bases; puis, des événements graves qui se produisirent à Barcelone, où des officiers. envahirent les bureaux d'un journal catalaniste accusé d'avoir insulté l'armée (25 novembre), appelèrent l'attention du cabinet sur la question des droits respectifs du pouvoir civil et du pouvoir militaire. Les officiers constituent, on le sait, avec le clergé, le corps le plus puissant en Espagne.

Le ministère Moret, 1er décembre 1905-5 juillet 1906. M. Montero Rios ne se sentit disposé ni à leur céder ni à leur tenir tête. En présence du refus de MM. Moret et Canalejas à lui prêter leur concours, en désaccord avec le général Weyler, il préféra abandonner la place au premier d'entre ces hommes d'Etat (1er décembre). Le nouveau ministère parvint, non sans peine, à mettre sur pied une loi des juridictions, qui enlevait aux juges civils, pour la transférer aux tribunaux militaires, la connaissance des délits de presse contre l'armée et l'intégrité de la patrie. Cette loi, si elle apaisa le courroux des officiers, eut le don, en revanche, d'exaspérer les esprits à Barcelone et de provoquer dans cette ville une entente des divers groupes antidynastiques: républicains, catalanistes et carlistes.

Le nouveau tarif de douanes, qui fut publié dans la Gaceta de Madrid du 28 juin 1906, entra en vigueur le 1er juillet: il marquait un pas nouveau et plus accentué dans la voie du protectionnisme où s'est engagée l'Espagne en 1892, en même temps qu'il

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