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à Oporto. Au mois de mars, de bruyantes manifestations à deux cours de la Faculté de droit de l'Université de Coïmbre furent suivies d'une grève générale des étudiants.

On voulut faire de cet événement une question politique. Le délai légal des sessions du Parlement étant expiré, le gouvernement prononça la clôture, sans attendre le vote du budget (11 avril).

M. Franco essaya de consolider son ministère, en offrant trois portefeuilles aux progressistes (à M. Penha Garcia les Finances, à M. Moreira les Affaires étrangères et à M. Cabral la Justice). Ce remaniement du cabinet n'aboutit pas et, devant le refus des progressistes, M. Franco se résolut, après quelques remaniements dans son cabinet, et décida avec l'assentiment du Roi, à dissoudre les Cortès.

Le décret de dissolution du 10 mai 1907 invoquait la vanité des efforts du gouvernement pendant six mois en face de l'obstruction des Chambres, et il ajoutait : « En subordonnant la politique à l'œuvre administrative, nous agissons en conformité des aspirations de la nation 1. »

Ce décret était inconstitutionnel pour plusieurs raisons le Conseil d'État n'avait pas été préalablement consulté ; de plus, aucune date n'était fixée pour de nouvelles élections. Enfin, le budget n'était pas voté. Le Conseil d'État, les délégués des Cortès dissoutes, 115 conseils municipaux du royaume (sur 262) protestèrent contre la «dictature ». Des troubles sanglants se produisirent à Porto (17 juin), puis le lendemain, au retour de M. Franco à Lisbonne. Le 20, un décret autorisa les gouverneurs civils à suspendre la publication des journaux et revues « de nature à porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics ». La censure s'excerça avec

1. On pourra consulter sur ces divers événements les lettres adressées au Times des 10, 13 et 17 août, ainsi que la série d'interviews publiés dans le Heraldo de Madrid (18, 19, 20. 22, 23, 24, 25, 27 juillet, 2. 8, 11 et 12 août sous la plume de M. Luis Morote, publiciste et deputé républicain espagnol; enfin, les remarquables articles de M. Joseph Galtier dans le Temps (12 novembre et suivants). Voir aussi notre article La situation actuelle du Portugal, dans les Questions diplomatiques et coloniales du 1er janvier 1908.

plus de rigueur sur les dépêches à destination de l'étranger. Ces mesures n'ont pas désarmé l'opposition. La mort de M. Hintze Ribeiro ne semble pas non plus l'avoir affaiblie. M. Julio de Vilhena, gouverneur de la Banque de Portugal, placé à la tête du parti régénérateur, a continué les négociations déjà entamées par son prédécesseur avec M. de Castro, en vue de la réunion d'un congrès national, appelé à protester contre la dictature «franquiste». Sans vouloir présager de ce que sera l'avenir, certains hommes politiques augurent de la formation de cette coalition que l'ère des deux grands partis, régénérateur et progressiste, alternant au pouvoir -ce que l'on a appelé « le système rotatif » pourrait bien être close définitivement, et que désormais les majorités parlementaires seront constituées par des blocs occasionnels formés par les différents groupes.

Les retentissantes déclarations du Roi à un rédacteur du Temps, le 20 novembre, témoignèrent de la faveur dont jouit M. Franco auprès du souverain et surexcitèrent les esprits.

La dictature. Le programme de M. Franco. - M. Franco, sans les Chambres, tenta de réaliser quelques-unes des réformes de son vaste programme. Les plus urgentes avaient pour but de remédier à la situation financière. Une loi avait déjà réformé la comptabilité des deniers publics 1.

On espère que cette réforme réduira considérablement le recours aux crédits supplémentaires, dont on abusait pour combler les déficits des budgets portugais et qui sont une source de démoralisation pour le Trésor.

4. Cette loi a visé à établir l'unité budgétaire, en supprimant certains budgets spéciaux, qui ne figuraient pas au budget général, et qui y ont été incorporés; elle a simplifié la comptabilité budgétaire, en établissant désormais les comptes de l'État par gestion et en réduisant les délais bureaucratiques; elle a élargi et perfectionné le système de contrôle préventif et répressif des dépenses publiques. Un directeur général de la comptabilité est chargé du visa préventif. Pour le contrôle de l'exécution budgétaire, tout en laissant subsister la Cour des Comptes, on a créé une Commission parlementaire spéciale, composée des représentants des deux Chambres, avec les pouvoirs les plus étendus d'investigation et de contrôle.

En outre, la publicité périodique des éléments les plus importants de la gestion financière a été considérablement élargie.

La suppression d'emplois et de gratifications dans le personnel des ministères a permis aussi de réaliser une économie de près d'un million de francs. Le décret-loi, qui doit tenir lieu de loi budgétaire exigée par la Constitution pour l'exercice 1907-08, prévoit. sinon l'équilibre encore irréalisable du moins un déficit très réduit, si on le compare aux chiffres des années précédentes1.

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M. Franco a résolu également par décret dictatorial (6 septembre) la question délicate de la liquidation des avances faites par le Trésor à la maison royale, s'élevant à près de 4 millions de francs, qui avaient provoqué de violentes attaques dans les dernières sessions du Parlement, et il a augmenté la liste civile de 160.000 milreis.

Le « dictateur » a supprimé un grand nombre de sinécures créées sous les ministères précédents; il a interdit par décret pour les nominations nouvelles le cumul des traitements; il a relevé, en revanche, les salaires dans l'administration civile, l'armée et la marine.

En ce qui concerne l'enseignement, un décret du 24 août a réorganisé le Conseil supérieur de l'instruction publique, où entreront désormais seize professeurs, dont dix représentant l'enseignement primaire et six l'enseignement secondaire. Il n'est pas douteux qu'avec les finances, ce pourrait être le domaine où s'exercerait le plus utilement l'activité du réformateur, étant donné que, d'après la dernière statistique (1900), le Portugal compte encore 78,6 p. 100 d'illettrés.

Au point de vue social, il convient de signaler des réformes réalisées également par décrets: le repos hebdomadaire, l'élaboration du règlement de la caisse des retraites pour l'invalidité des ouvriers, des mesures prises pour remédier à la crise viticole et à la mévente des vins, un décret sur les Compagnies d'assurance nationales et étrangères.

Au programme de M. Franco figuraient également des projets concernant la réforme électorale, la réforme du système d'impôts, la réforme de la justice, la réforme du code administratif, la mise

1. De 1891-92 à 1905-06, le total de ces crédits supplémentaires a atteint un chiffre de 19.190.000 livres sterling (479.750.000 francs), ce qui donne une moyenne annuelle de 1.279.000 livres sterling (31.965.000 francs).

à exécution de grands travaux publics et l'extension du système protecteur (inauguré en 1892) pour venir en aide à l'agriculture, au commerce et à l'industrie.

Relations extérieures. Il y a peu de chose à dire au sujet des relations extérieures du Portugal. A peine convient-il de rapporter certains bruits sans doute tendancieux, qui ont couru en juin dans plusieurs journaux étrangers et dans les milieux parlementaires madrilènes et relatifs à des pourparlers entre les gouvernements de Londres, de Madrid et de Lisbonne, en vue d'une intervention éventuelle hispano-anglaise au Portugal. Le président du Conseil espagnol, sur la demande du cabinet de Lisbonne, a démenti aussitôt ces bruits.

Colonies. Dans les colonies, il convient de mentionner les victoires remportées sur les Cuamatas rebelles de la colonie d'Angora, qui auront pour conséquence de raffermir la domination du Portugal dans cette possession; la visite du prince héritier, dom LouisPhilippe, à l'île de São-Thomé, aux principaux ports des colonies. portugaises du continent africain, et aux iles du Cap- Vert (juilletseptembre); les expéditions dans les Dembos et en Guinée, destinées à consolider l'occupation de ces régions; le développement des travaux des chemins de fer du Lobito et de Mossamades et des aménagements du port de Lourenço-Marquès.

ITALIE

I. POLITIQUE INTÉRIEURE (p. 284).

Le ministère Giolitti (p. 284); programme ministériel pour 1906-1907 (p. 286). Les travaux parlementaires (p. 287). Débats sur les crédits pour l'armée et la marine (p. 290).

Les grands courants de l'opinion et la politique (p. 292). Le mouvement anticlérical p. 292); débats sur l'enseignement primaire (p. 292). Elections municipales de Rome, 29 juin (p. 294).

L'antagonisme du Nord et du Sud (p. 295). La Camorra (p. 295). L'affaire Nasi (p. 296).

Le mouvement socialiste (p. 297). Congrès de Rome (p.298). Grèves de Ferrare et des Pouilles (p. 301).

II. L'ITALIE ÉCONOMIQUE (p. 302).

Les finances publiques (p. 302). L'industrie (p. 303). Les conventions commerciales (p. 304). Les chemins de fer (p. 305). L'émigration (p. 306).

III. POLITIQUE EXTÉRIEURE (p. 307).

L'Italie dans la Triple Alliance

rapports austro-italiens (p. 307). Rapports

avec la Grèce (p. 310); avec l'Angleterre (p. 310). Discours de M. Tittoni, ministre des Affaires étrangères à la Chambre, 16 mai (p. 311). Expansion coloniale: Tripolitaine et Bénadir (p. 312). L'Italie et le Levant (p. 313).

I

POLITIQUE INTÉRIEURE

Le ministère Giolitti. Le ministère Giolitti dirige la politique italienne depuis le 27 mai 1906. Il prouve par son exemple que, malgré l'émiettement des partis politiques à Montecitorio, un ministère italien n'est pas condamné nécessairement à l'instabilité : on pouvait craindre le contraire après la chute des deux combinaisons Fortis et de l'éphémère cabinet Sonnino qui leur succéda.

Cette vitalité du ministère Giolitti tient à différentes causes : à

1. 18 décembre 1905 et 30 janvier 1906.

2. Du 8 février au 17 mai 1906.

« EdellinenJatka »