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SAINT-SIEGE

Pie X et les Congrégations (p. 315).

Pie X et les catholiques italiens (p. 316). Condamnation des démocrates chrétiens (p. 317). Le Saint-Siège et le non expedit (p. 318). Le «bloc catholique» (août 1907) (p. 320).

Pie X et le « modernisme » (p. 320). Le décret Lamentabili (17 juillet 1907) (p. 321). L'encyclique Pascendi (16 septembre) (p. 322). Les catholiques allemands: l'incident Schell; le Congrès catholique à Würzbourg (27-29 août); le Volksverein (p. 325).

Projets de réforme dans l'organisation vaticane (p. 327).

Rapports entre le Vatican et le Quirinal (p. 327).

Le caractère dominant du pontificat de Pie X semble consister dans une tendance à établir dans l'Église une discipline rigide, soit qu'il s'agisse du régime du clergé, soit qu'il s'agisse de l'utilisation des forces catholiques pour le plus grand bien de la religion, soit qu'il s'agisse des dogmes eux-mêmes, soit qu'il s'agisse enfin de l'organisation des secrétaireries vaticanes.

C'est à ces divers points de vue que nous examinerons les événements survenus dans le monde catholique en 1906 et 1907. On retrouvera partout la tendance du pontife vers un strict rétablissement de l'autorité hiérarchique.

Pie X et les congregations. Au mois d'août 1906, Pie X, afin d'arrêter la floraison débordante de congrégations religieuses nouvelles, a décidé qu'aucun évêque ne pourra autoriser la formation d'une congrégation ou d'un Institut religieux, sans en référer préalablement au Saint-Siège et en avoir obtenu faculté : mesure excellente, puisque désormais il ne suffira plus de trouver un évêque complaisant pour approuver la fondation et ses règles

et reconnaître comme œuvre diocésaine une congrégation plus ou moins inopportune.

Pie X et les catholiques italiens.

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La question de l'organisation du parti catholique agite depuis plusieurs années l'Italie : il faut reconnaître qu'elle n'est encore si débattue que parce que l'attitude du Saint-Siège est loin d'avoir eu toujours la netteté désirable.

Un point apparaît certain: c'est que le Pape entend imposer aux organisations catholiques une soumission absolue aux directions diocésaines. C'est ce qu'exprimait une sorte de « lettre oukase » du cardinal Merry del Val aux membres du Congrès catholique de Florence (22-26 février 1906) où MM. Messolago, Toniolo et Pericoli s'efforçaient de faire accepter à l'Union Populaire Catholique et à l'Union électorale des statuts spéciaux sur le modèle de ceux des Volksvereine allemands. Le caractère d'indépendance de la Ligue démocratique nationale de l'abbé Murri paraît avoir été la cause dominante de sa condamnation par l'Encyclique du 28 juillet 1906.

Dans ce document important Pie X a condamné l'action populaire chrétienne, « non pas que cette action ait rien de blåmable en soi ou porte de sa nature au mépris de l'autorité, mais parce que nombre de ses adeptes, méconnaissant sa nature, se sont volontairement écartés des règles que notre prédécesseur d'immortelle mémoire avait prescrites en vue de la diriger sainement... Tout langage pouvant inspirer au peuple l'aversion des classes supérieures est et doit être tenu pour absolument contraire au véritable esprit de charité chrétienne... Tout particulièrement nous défendons à tous les prêtres et membres du clergé, sous peine d'inhabileté aux ordres sacrés et pour les prêtres de suspension ipso facto a divinis de faire acte d'adhésion à la Ligue démocratique nationale dont le programme fut donné à Rome-Torrette le 20 octobre 1905. »

Cette condamnation qui frappe l'abbé Murri et sa ligue est très intéressante comme signe de l'orientation sociale du Saint-Siège. La Ligue Démocratique s'opposait très nettement à l'Union Populaire et à l'œuvre des Congrès, d'un caractère éminemment conservateur.

La Ligue Démocratique avait exposé déjà son programme d'action dans les élections prochaines. Elle devait refuser tout accord avec les partis modérés et inviter ses membres à voter dans toute circonscription pour le candidat dont le programme social aurait offert le plus de points de contact avec les principes professés par la Ligue. Don Romolo Murri comptait décider ainsi du sort des élections dans 50 collèges.

Malgré cette condamnation les démocrates chrétiens se sont réunis en Congrès pour la première fois à Milan du 15 au 18 septembre 1906: les membres du clergé, seuls visés par l'Encyclique, ont déclaré qu'il ne suivraient plus que de loin le mouvement, mais les membres laïques du Congrès ont manifesté la ferme résolution de poursuivre leur action sociale sur la base des principes démocratiques proclamés.

Condamnation des démocrates chrétiens.

Au printemps 1907 une série de très graves mesures a été prise contre l'abbé Murri et les démocrates chrétiens.

Le 20 avril 1907 l'abbé Murri suspendu de ses pouvoirs ecclésiastiques, s'est vu interdire l'administration des sacrements et la célébration de la messe. Don Romolo Murri était censuré pour l'ensemble de ses écrits et surtout à propos d'un récent article du Rinnovamento, revue milanaise des catholiques réformistes, dans lequel Romolo Murri se déclarait anticlérical en politique. Pour l'abbé Murri le cléricalisme c'est l'influence prédominante sur le peuple du haut clergé conservateur, d'accord avec les éléments réactionnaires des partis politiques, qui désirent maintenir le pouvoir dans la caste actuellement dirigeante, empêcher les réformes et retarder l'avènement de la démocratie. Les cléricaux peuvent être non seulement catholiques, mais athées ces catégories de cléricaux s'accordent parfaitement sur le terrain électoral, administratif et politique. Il faut combattre le cléricalisme entendu en ce sens : il faut être anticlérical, c'est-à-dire « lutter contre l'envahissant cléricalisme politique et l'immoralité des accords tacites entre le Vatican et le Quirinal ».

La conclusion de l'abbé Murri, c'est qu'une conscience honnête peut être parfaitement catholique et en même temps anticléricale : tels furent Dante et Savonarole.

Mais le Saint-Siège n'admit pas la thèse de l'abbé Murri: tout anticlérical est un ennemi de l'Église et de la religion : il est impossible d'épiloguer sur des notions aussi claires. Romolo Murri devait donc être frappé.

En même temps que lui, était frappé l'organe des catholiques réformistes, Il Rinnovamento. Le préfet de la congrégation de l'Index écrivait le 29 avril à l'archevêque de Milan que la revue avait été « fondée dans le but de cultiver un esprit d'indépendance des plus dangereux, qu'il convenait donc de faire appeler le directeur de la susdite revue pour lui enjoindre de se désister d'une entreprise aussi néfaste et indigne d'un vrai catholique ».

La revue, qui n'avait alors que quatre mois d'existence, ne s'inclina pas devant cette condamnation. Dans la livraison de mai les trois directeurs, MM. Alfieri, Casati et Scotti déclaraient « renouveler l'assurance de leur entière soumission de catholiques à l'autorité ecclésiastique... Mais, ajoutaient-ils, nous ne croyons pas devoir cesser notre publication, car ce serait reconnaître le droit de la congrégation de l'Index à imposer aux laïques l'interruption d'études... qui doivent être indépendantes... >>

Le non expedit. Ces mesures dirigées contre l'abbé Murri et les démocrates chrétiens n'impliquent pas que le Saint-Siège interdise aux catholiques de se mêler aux luttes politiques. Elles leur interdisent d'adopter une ligne de conduite pouvant sembler favoriser les partis dits « subversifs ». C'est contre les subversifs que les forces catholiques devront être employées. Ce qui ne veut pas dire non plus que le Saint-Siège ait abrogé le non expedit et encouragé la création en Italie d'un parti catholique parlementaire analogue au centre allemand.

La nuance est assez délicate à saisir; voici quelle serait en matière électorale la ligne de conduite adoptée par le Vatican, telle que la définit une « personnalité des plus compétentes », dont les déclarations ont été enregistrées par le journal le Temps du 30 mai 1907:

« On a observé qu'en ces derniers temps, dans beaucoup de circonscriptions, le fameux non expedit, en empêchant les catholiques italiens d'aller aux urnes, favorisait, par le fait, les éléments subversifs et révolutionnaires. Or, le Vatican peut-il et doit-il

aider la révolution contre l'ordre social? Évidemment non. Si le Vatican agissait ainsi, on l'accuserait de préparer des troubles en Italie et d'en profiter pour ses propres fins. Le Vatican a donc voulu non seulement se laver d'un pareil soupçon, mais encore et surtout faire œuvre bonne en collaborant au maintien de l'ordre. Et alors, par mesure exceptionnelle, il a été convenu que les catholiques pourraient voter en certaines circonscriptions chaque fois qu'un candidat subversif et révolutionnaire aurait chance d'être élu par suite de l'abstention des catholiques. En ce cas-là, les catholiques devront voter pour le candidat libéral et modéré, défenseur de l'ordre social.

Vous le voyez, le non expedit est loin d'être supprimé. Mais simplement, cas par cas, après examen de la situation, on tolère. qu'il ne soit pas appliqué, et cela dans un but de préservation sociale.

Mais il arriva une chose bien humaine et qu'on avait d'ailleurs prévue, et c'est pourquoi on s'était bien gardé de supprimer complètement le non expedit. Dès que le Vatican, dans le but que vous savez, eut entr'ouvert une toute petite porte aux électeurs catholiques, quelques-uns s'y sont rués avec une ardeur d'autant plus forte qu'elle était depuis longtemps contenue. Des jeunes gens bien intentionnés, mais surtout impatients d'agir, des orateurs de cercles excités par l'espoir de conquérir enfin la médaille parlementaire, ont pensé qu'il était désormais inutile de soutenir les candidats libéraux, et que les catholiques étaient parfaitement indiqués pour jouer à Montecitorio un rôle de premier plan. Alors, l'idée de fonder un parti politique sous l'égide du Saint-Siège est née dans le cerveau de quelques agitateurs catholiques, et ils ont été suivis par une foule de braves gens.

Mais le Saint-Siège, à aucun prix, n'entend faire office d'agent électoral; il ne veut pas qu'il se forme, ni à Montecitorio, ni dans le pays, un parti spécial soi-disant protégé par lui; il refuse de se laisser compromettre par de dangereux amis dans les discussions d'une assemblée; et chaque fois qu'un candidat dit catholique s'est porté contre un candidat libéral non subversif, le Vatican l'a fait nettement renier, comme cela est advenu en quelques collèges, notamment à Schio. >>

L'élection de Bergame des 19-26 mai 1907 a confirmé cette tac

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