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du ministère de l'Instruction publique dissimule une politique nettement contraire aux intérêts intellectuels de la France. Quelques exemples le prouveront. Aux examens du certificat d'aptitude qui mène au baccalauréat égyptien, 15 élèves seulement sur de la section française furent admis tandis que presque tous les élèves de la section anglaise étaient reçus. Un incident éclatant au mois de juillet 1907 vint préciser les méthodes de l'administration britannique. M. Lambert, directeur de l'École khédiviale de droit du Caire, donna sa démission, pour protester contre les vexations dont il était l'objet de la part de M. Dunlop et contre la persécution systématique dont est également l'objet l'enseignement du droit français dans une école dont il est la seule raison d'être, puisque les codes égyptiens ne sont qu'une réduction des nôtres. M. Lambert, dans une lettre qui fit beaucoup de bruit, publiée par le Temps du 8 octobre, donna les raisons de son départ et indiqua en même temps le seul remède pour l'influence française à cette situation : le développement de l'école libre de droit. Un décret khédivial a, en effet, supprimé la première année d'enseignement principal du français dont la dernière des écoles secondaires du Caire où il subsistait encore, l'école Tewfikieh. Dans quatre ans, la disparition du français comme langue d'enseignement dans les établissements du gouvernement sera consommée.

M. Lambert fut remplacé à la tête de l'école khédiviale de droit par un professeur anglais, M. Hill, dont les titres ne paraissent nullement suffisants pour exercer cette fonction. Cette nomination a donc revêtu un caractère purement politique.

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Les finances. La prospérité de l'Egypte continue sa marche ascendante. En 1906, le commerce extérieur du pays a donné 24.010.795 livres égyptiennes aux importations et 24.877.000 livres égyptiennes aux exportations.

Les prévisions de recettes et de dépenses se sont ainsi établies pour l'année 1907 recettes, 14.740.000 livres égyptiennes et dépenses, 14.240.000 livres egyptiennes.

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4. La livre égyptienne vaut 25 fr. 65.

L'Egypte fait toujours de grandes dépenses pour des travaux rémunérateurs, tels que l'irrigation, les chemins de fer et les ports. C'est le fonds de réserve qui les acquitte : il s'élevait à 11.055.000 livres égyptiennes au 1 janvier 1907, sur lesquels 2.353.000 livres égyptiennes garantissaient des dépenses futures des travaux publics. Au crédit de la Caisse de la Dette se trouve également une somme de 3.050.000 livres égyptiennes. Dans les vingt dernières années on a dépensé 15.693.000 livres égyptiennes en chemins de fer, canaux et bâtiments publics.

La culture du coton a pris une importance très grande et est destinée à en prendre davantage, accroissant ainsi considérablement la richesse de l'Égypte. Le prix de la terre a considérablement augmenté et le prix des terrains subi une élévation énorme dans les villes. Au centre du Caire, il n'est pas rare de payer 50 livres égyptiennes le mètre carré de terrain.

La crise financière, Une crise financière assez grave sans être très inquiétante a sévi en Egypte au cours de l'année 1907: le paroxysme de cette crise a été atteint à la fin de juin.

Cette crise a été due à un abus du crédit. La prospérité croissante de l'Egypte depuis une quinzaine d'années a facilité et provoqué la formation d'une foule de Sociétés destinées à exploiter des terrains de culture, à construire des chemins de fer et des tramways. Les banquiers agricoles augmentaient leur capital dans des proportions considérables. D'autres Sociétés similaires furent fondées. Il y eut sur les titres de ces Sociétés un agio formidable qui fut porté à son comble dans les premiers mois de 1907: en six mois 44 Sociétés nouvelles, en majorité anglaises, dont le capital ne représentait pas moins de 234 millions de francs, se fondèrent. La conséquence de cet agiotage, avec les répercussions du krach américain en mars, fut, vers le mois de juin, le resserrement subit du crédit qui entraîna tous les imprudents, à la suite de la suspension des paiements des deux banques importantes.

La crise, cependant, n'aura pas de lendemain : les plus-values budgétaires sont l'indice d'une situation brillante des finances gouvernementales. Les recettes du coton s'annoncent bonnes, tout

permet de supposer que la crise n'entraînera aucun arrêt dans le développement économique et dans la prospérité de l'Egypte 1.

II

SOUDAN ÉGYPTIEN

La situation politique du Soudan est très particulière. Cet immense territoire qui avait été perdu par l'Égypte en 1882, après la révolte du Mahdi, a été reconquis au cours d'une expédition militaire de 1896 à 1898. Mais l'Égypte étant rentrée en possession du Soudan, avec l'aide et sous la direction de l'armée anglaise a dû accepter pour la province reconquise un régime spécial.

Une Convention du 19 janvier 1899, signée au Caire, a attribué l'administration du Soudan à un gouverneur général anglais nommé par le khédive, avec l'assentiment, c'est-à-dire sur la désignation de la Grande-Bretagne. Le territoire est partagé en 13 provinces, dont les gouverneurs sont des officiers britanniques de l'armée égyptienne. Les provinces sont divisées en districts, qui ont à leur tête des officiers égyptiens. Les Codes civils et criminels en vigueur sont empruntés aux Codes de l'Inde. Six juges anglais administrent la justice supérieure. Les lois sont faites par proclamations du gouverneur général.

Le rapport de Lord Cromer d'avril 1907.

La mise en valeur

du Soudan anglo-égyptien continue méthodiquement 2. Le dernier rapport de Lord Cromer évaluait la population de ces immenses territoires à environ 2 millions d'habitants dont 3.704 Européens, 9.815 Abyssins, Egyptiens et Indiens. La superficie totale du Soudan est évaluée à 950.000 milles carrés sur lesquels 1.576 milles carrés seulement sont cultivés. Il y a aujourd'hui 1.685 kilomètres de chemins de fer construits en Soudan; mais l'immense superficie

1. Voir l'article de M. Arminjon dans la Revue des Deux Mondes du 1er septembre 1907: La crise financière en Egypte.

2. Voir le rapport de Lord Cromer pour 1906 (avril 1907).

du Soudan fait que le développement des moyens de communication autres que le Nil sera surtout une question de temps el d'argent. La création de la ligne de Keremia à Habou-Hamada à mis la province de Dongola en communication directe avec la mer; elle donne quelques résultats. Quant à la ligne de PortSoudan à la vallée du Nil, ouverte à la fin de janvier 1906, et dont la construction avait alarmé les intérêts égyptiens qui craignaient de voir le commerce soudanais détourné vers la mer Rouge, il ne semble pas qu'il ait donné jusqu'à ce jour les résultats attendus.

Il y a actuellement quelques écoles au Soudan dont le nombre des élèves est de 340 auxquels il faut ajouter les 125 élèves du collège Gordon.

Le budget du Soudan est en déficit : les recettes pour 1907 avaient été évaluées à 825.000 livres égyptiennes et les dépenses à 1.078.000 livres égyptiennes, ce qui a rendu nécessaire la subvention de 253.000 livres égyptiennes du gouvernement khédivial.

Les projets prochains du gouvernement soudanais portent sur l'ouverture à l'exploitation du territoire appelé Ghezireh, c'est-àdire de la contrée située entre le Nil Blanc et le Nil Bleu. Dans cette intention, une avance de 250.000 livres égyptiennes a été consentie au gouvernement soudanais pour la construction d'un pont audessus du Nil d'Halfaya à Khartoum. Quand le pont aura été établi, une ligne de chemin de fer sera construite dans le milieu du Ghezireh avec deux branches, l'une vers le Nil Blanc et l'autre vers le Nil Bleu.

ABYSSINIE

L'Éthiopie et les puissances européennes. L'accord franco-anglo-italien, 13 décembre 1906 (p. 429). Le chemin de fer de Djibouti à Harrar (p. 431). Commerce (p. 432).

L'empire d'Éthiopie, que certaines puissances européennes se flattaient peut-être de dominer et de réduire peu à peu au rang de protectorat, a réussi à se maintenir indépendant, aussi bien grâce à ses défenses montagneuses qu'en opposant les unes aux autres les politiques des États européens dont les possessions sont voisines. Aujourd'hui la France, l'Angleterre et l'Italie se sont garanties mutuellement l'intégrité de l'empire d'Éthiopie et l'indépendance de son souverain l'empereur Ménélik II1 a acquiescé à cet accord. Depuis quelque temps, l'Allemagne essaie de prendre pied à son tour en Abyssinie, et des sujets allemands ont obtenu quelques concessions. Ces concessions sont d'ailleurs. loin d'être un titre de tout repos aux mains de ceux qui les détiennent, et, récemment, sont parvenus d'Éthiopie des plaintes contre les caprices changeants de la Cour.

L'accord franco-anglo-italien. Le 13 décembre 1906, la France, l'Angleterre et l'Italie ont signé définitivement, après acceptation de l'empereur Ménélick, un accord en 11 articles, formulé au mois de juillet précédent, concernant l'Abyssinie. Cet accord consacre le statu quo en Éthiopie et déclare qu'il ne saurait y avoir restriction des droits souverains de l'empereur Éthiopien. Les

1. Menelik II, né en 1842, a succédé en 1889 à Johannes II. Il n'a pas d'héritier direct.

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