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anglais a choisi pour lui succéder M. James Bryce, l'auteur de The American commnwealth, ouvrage devenu classique. Cette nomination a été des plus favorablement accueillies en Amérique. Ce choix était à peine connu, que, le 19 janvier, un incident se produisait à la Jamaïque, entre le gouverneur anglais, sir Alexandre Swettenham, et l'amiral américain, Davis. Le 14, la ville de Kingston était à moitié détruite par un tremblement de terre, et devenait ensuite la proie de l'incendie. L'amiral Davis envoyé devant cette ville pour porter de prompts secours débarqua, aussitôt arrivé, des marins pour aider au maintien de l'ordre et à secourir les victimes. Il le fit sans demander au préalable l'autorisation du gouverneur. Celui-ci adressa à l'amiral une lettre de remerciements ironique, et lui demanda de faire rembarquer ses hommes. L'amiral repartit aussitôt avec son escadre. L'incident n'eut pas de suite entre les deux gouvernements: le secrétaire pour la Guerre et le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne adressèrent aussitôt des dépêches de remerciement aux autorités américaines pour « l'aide prompte et puissante donnée par la marine des États-Unis aux habitants de Kingston dans leur douleur ». Le gouvernement américain félicita l'amiral, et, peu après, le gouverneur anglais donnait sa démission.

La réglementation de la pêche du hareng sur la côte de TerreNeuve a été depuis plusieurs années la cause de vifs différends entre le gouvernement de l'ile et les États-Unis. Les autorités de Terre-Neuve se plaignent que les pêcheurs américains de la Nouvelle-Angleterre abusent, par suite d'une interprétation trop libérale, des privilèges accordés par le traité de 1818 aux pêcheurs américains. Le parlement de la colonie vota en 1906 une loi réglementant les opérations dans ses eaux des bateaux de pêche étrangers. Les Américains protestèrent contre cette loi auprès du gouvernement anglais, et, le 5 octobre 1906, un modus vivendi, qui ignorait cette loi, était conclu entre les États-Unis et l'Angleterre pour réglementer la pêche du hareng sur la côte de Terre-Neuve, pour la saison du 15 octobre au 16 janvier. En août 1907, un accord était conclu entre les États-Unis et l'Angleterre décidant de soumettre au tribunal de La Haye le différend relatif à la question des pêcheries de Terre-Neuve.

En janvier 1907, une visite du secrétaire d'État, M. Root, à

Lord Grey, gouverneur général du Canada, à Ottawa, appela l'attention. En avril, on annonçait qu'un accord avait été conclu entre les États-Unis et l'Angleterre pour la nomination d'une commission mixte, qui serait chargée de régler les questions des pêcheries maritimes, fluviales et lacustres pendantes entre les États-Unis et le Canada, ainsi que la question de la navigation des rivières communes, l'usage des eaux du Niagara, etc.

Le Sénat a ratifié le 12 décembre la convention d'Algésiras. En même temps, il votait une résolution déclarant que, par cette action, les États-Unis « n'avaient aucun dessein de se départir de leur politique traditionnelle, qui leur interdit toute participation dans le règlement des questions politiques qui ont un caractère exclusivement européen ».

Profitant des demandes de la Turquie, qui voulait faire ratifier par les puissances l'élévation de son tarif des douanes, les ÉtatsUnis ont exigé et obtenu du Sultan (mars 1907) le règlement des réclamations qu'ils élevaient depuis 1902 au sujet de leurs écoles dans l'Empire. Ces écoles sont au nombre de 300 environ. Se basant sur l'iradé du 6 novembre 1901, résultat de la démonstration navale française devant Mitylène, qui accordait à la France, entre autres choses, l'autorisation légale pour ses écoles et ses hôpitaux, les États-Unis réclamèrent la même situation pour les leurs. En août 1904, lorsque l'on apprit à Constantinople que la flotte américaine de la Méditerranée, alors à Villefranche, avait reçu l'ordre de se rendre à Smyrne, la Porte assura l'ambassadeur des ÉtatsUnis de résoudre cette question suivant ses désirs. Mais ces promesses n'avaient pas été suivies d'effet.

En mai 1907, les États-Unis ont conclu un nouveau modus vivendi douanier avec l'Allemagne. Après la mise en vigueur du tarif Dingley, en 1897, les États-Unis conclurent avec un certain nombre de pays, en vertu de la section 3 du tarif, des accords com

merciaux leur concédant certaines réductions de droits1. Un accord de ce genre fut conclu avec la France en mai 1898. Invoquant l'art. V du traité de commerce et de navigation du 1er mai 1828, qui contient la clause de la nation la plus favorisée, l'Allemagne demanda le bénéfice des droits réduits consentis à la France. Les États-Unis s'y refusèrent, arguant de l'interprétation étroite qu'ils ont toujours donnée à cette clause. L'Allemagne s'inclina, et un accord fut conclu en juillet 1900, par lequel elle continuait à donner aux États-Unis le bénéfice de son tarif minimum, moyennant de très minimes avantages.

Lorsque l'Allemagne appliqua, en 1906, un nouveau tarif douanier, qui relevait un grand nombre de droits, notamment sur les produits agricoles, elle résolut de profiter de cette circonstance pour obtenir des concessions nouvelles des États-Unis. En novembre 1905, elle dénonça l'accord de juillet 1900. Des négociations furent aussitôt engagées entre les deux pays; comme elles se prolongeaient, un accord provisoire fut conclu, qui étendait jusqu'au 30 juin 1907 celui de 1900. Le modus vivendi de mai 1907 est également conclu pour un an, avec clause de tacite reconduction, et faculté d'être dénoncé avec six mois de préavis. L'Allemagne accorde aux États-Unis le bénéfice d'une partie des droits de son tarif conventionnel. Ces concessions sont applicables aux fruits, céréales et grains, au pétrole, et aux viandes, à l'exception du lard. Les États-Unis lui concèdent les droits réduits prévus par la section 3 du tarif Dingley et ils consentent également, à sa demande, à certaines. modifications de leurs formalités administratives douanières très gênantes. Ces modifications ont été, d'ailleurs, étendues à tous les pays importateurs.

L'accord de mai 1907 donnait à l'Allemagne le bénéfice de droits réduits sur ses champagnes, que l'accord de mai 1898 ne concède pas à la France. Celle-ci a entamé des négociations avec les États-Unis pour voir étendre les avantages dont elle jouit actuel

lement.

1. Voir nos articles le tarif Dingley. - et les États-Unis et la réciprocité commerciale, dans le Journal des Economistes des 15 janvier 1898 et 15 janvier 1902; et les Etats-Unis et l'Allemagne, relations politiques et commerciales, Revue Bleue, 31 mars et 7 avril 1906.

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AMÉRIQUE LATINE

I. LA CONFÉRENCE PAN-AMÉRICAINE DE RIO DE JANEIRO, 23 JUILLET-26 AOUT 1906 (p. 524). Conventions et résolutions adoptées (p. 526).

II. Etats-Unis du Mexique (p. 529). → Amérique Centrale (p. 530) Guatemala (p. 531). Salvador (p. 531). Honduras (p. 531). Nicaragua (p. 531). Costa-Rica (p. 532). Guerre du Centre-Amérique (p. 532).

III. Colombie (p. 534). Venezuala (p. 535). Equateur (p. 536). Pérou (p. 536). Bolivie (p. 537). Chili (p. 538). Argentine (p. 539). Paraguay (p. 540). Uruguay (p. 541). Brésil (p. 541).

Les différents États de l'Amérique latine paraissent avoir pris dans ces dernières années plus de conscience du rôle que leur réservent leurs immenses territoires, si riches et en partie encore inexploités; il semble que les dissensions intérieures touchent à leur fin et que l'avenir économique entre en première ligne dans les considérations des divers gouvernements. Il faut néanmoins les départager, car il s'en faut qu'ils puissent être tous rangés sur le même pied.

Dans l'Amérique du Nord, le Mexique est en voie de progrès très sensible, grâce aux nombreux capitaux (pour une grande part des États-Unis) engagés dans le pays, principalement dans les grands travaux publics. En raison même de cette tutelle financière, le Mexique est quelque peu à la remorque de son puissant voisin, mais il essaye de s'en affranchir. Cette situation lui permet cependant d'intervenir avec les États-Unis dans la politique des républiques de l'Amérique Centrale, où la combustion est à l'état permanent, et où il ne se passe pas d'année sans que quelque conflit souvent sanglant ne surgisse et n'arrête toute vie économique. Les États de l'Amérique du Sud se répartissent en deux zones de caractère politique assez différent. Dans le Nord, le Venezuela, la Colombie et l'Equateur, par leur tempérament politique, la nature

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de leurs conflits civils, se rapprochent beaucoup des États de l'Amérique Centrale les intérêts économiques passent, aux yeux des gouvernants, au second plan; les États étrangers en prennent prétexte pour intervenir et s'implanter plus ou moins chez eux. Dans le reste de ce continent le Brésil, l'Argentine, le Pérou, le Chili, le Paraguay, la Bolivie et l'Uruguay, semblent avoir un sens plus exact de leurs intérêts: ces États s'orientent délibérément vers l'exploitation économique, et gardent, en général, une certaine réserve à l'égard des États-Unis. Ils sont malheureusement victimes d'un passé fâcheux, les finances n'y sont pas encore bien équilibrées, et les conflits politiques, quoique de moins en moins fréquents, y sont généralement violents. Leurs immenses territoires dépourvus de bras leur font désirer le développement de l'immigration européenne, déjà fort importante dans certains d'entre eux; quelques-uns même paraissent incliner à faire appel à l'immigration asiatique.

L'année politique 1906-1907 marquera, autant que des prévisions puissent être faites en ces matières, une date dans les annales de l'Amérique latine. Cette année a débuté sous l'impression diversement appréciée par chacune des Républiques du Nouveau Monde, laissée par les résultats de la Conférence pan-amécaine (juillet-août 1906): elle s'est close sur le sentiment d'amourpropre très justifié, causé par la participation de ces Républiques au Congrès de la Haye (mai-octobre 1907), auquel elles étaient appelées pour la première fois, sauf le Mexique, à participer.

I

Conférence pan-américaine. Afin de mieux comprendre le caractère de ces Congrès, qui depuis près de vingt ans déjà ont réuni par trois fois les délégués des différentes nations du Nouveau Monde, il ne faut pas oublier qu'ils ont eu lieu sous l'impulsion première et permanente des États-Unis. C'est sous la prési dence de James A. Garfield, que son secrétaire d'État, Blaine, en eut l'idée en 1884, autant pour assurer à son pays des débouchés plus vastes, que pour lui permettre d'exercer dans le NouveauMonde une hégémonie commerciale, sinon politique au moins à

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