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berger, qui gardait ses moutons et ne cessait de

⚫ crier Au loup! au loup! si bien que quand le vé

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ritable loup vint, personne ne bougea, personne

⚫ n'alla au secours du berger menteur et poltron. (Hilarité prolongée et approbation.)

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Messieurs, je me suis souvent demandé comment je m'y prendrais pour détruire la Constitution si jamais pareille idée pouvait me venir. Je suis obligé d'avouer qu'après avoir mûrement réfléchi, j'aurais fait précisément ce qu'ont fait ses défenseurs pour la rendre à la fois ridicule et odieuse. « Comme ils le font, j'en ferais une sorte de vestale pour rire, dont la pudeur dérisoire serait la fable des carrefours et des nations. (Vive approbation.) J'en ferais une chose odieuse, voici comment :

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J'interviendrais, la Constitution en main, 'dans << toutes les questions qui intéressent l'honneur et la prospérité de la France, et je dirais Vous ne pouvez pas faire cela.

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Ainsi j'aurais dit: Vous ne pouvez pas aller à Rome rétablir l'influence de la France, la Constitution s'y oppose; vous ne pouvez pas réglementer « le droit de réunion, la Constitution s'y oppose; vous « ne pouvez pas mettre un terme aux scandales de la presse, la Constitution s'y oppose; vous ne pouvez pas, enfin, modifier la loi électorale.

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Entre le pays et l'honneur, entre le pays et le bien, je placerais la Constitution. Voilà comment je m'y prendrais. (Applaudissements.) Je placerais

toujours la Constitution entre le pays et sa dignité

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comme une barrière ou comme un abîme (mouvement). Voilà comment je m'y prendrais si j'avais à cœur de détruire la Constitution.

Mais il y a quelque chose que je n'aurais pas imaginé : c'est de faire de la Constitution le prétexte pour organiser le droit d'insurrection dans le pays. Comment! depuis un mois on discute l'insurrection, la guerre civile, comme l'on ferait d'un « programme de fête! Voilà le régime auquel on a « soumis la société. Eh bien! je ne connais aucun << exemple dans l'histoire d'une situation pareille. « Je dis que cela est incompatible avec la nature sociale, que cela nous reporte au temps de la bar« barie.

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II y a des hommes qui nient le progrès du socialisine. Je me bornerai à leur présenter un seul fait. Je les supplie de se rappeler le jour où l'organe le

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plus sérieux, le plus franc du socialisme, M. Prou<< dhon, est venu apporter à cette tribune le programme du socialisme. Comment a-t-il été accueilli par l'As« semblée, même par les membres de la Montagne? « Il a été accueilli par une indignation générale ; << tous s'indignaient; M. Ledru-Rollin lui-même s'indignait. On proposa un ordre du jour de censure contre l'auteur de ce programme, qu'on jugeait «< calomnieux pour la République. Je ne me suis pas • associé au vote de cet ordre du jour de censure. « J'avoue que je n'étais pas parfaitement convaincu

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qu'il fût calomnieux pour la République.» (Hilarité et vive approbation.)

« Je ne pris donc pas part au vote. Il n'y eut qu'un « seul membre, mon honorable collègue, M. Greppo, qui acquit ce jour-là une autorité incontestable.

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(Nouvelle hilarité). Il n'y eut que l'honorable « M. Greppo, envers qui je n'ai nullement l'intention • d'être désobligeant, qui vota contre cet ordre du jour; il eut alors le courage de son opinion. Depuis il a trouvé quantité d'émules, et aujour«d'hui M. Greppo se confond dans une foule d'adhé<< rents. Ce programme a reçu l'adhésion de tout ce qui s'appelait, je crois, les républicains pur sang. Je ne sais pas si ces républicains ont adopté les doc<< trines socialistes, mais ils ont adopté quelque chose de plus dangereux : ils ont adopté ses candidats. (Vive approbation.) Ils se sont donc fondus dans le « socialisme: voilà d'où résulte le danger. Eh bien! je « demande si, en présence de ce fait, vous voulez «rester impuissants et silencieux sans apporter de re

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mède à cette situation? Quant à moi, je soutiens que « vous ne devez pas, que vous ne pouvez pas vous dispenser de remédier à cette situation.

Il faut donc faire la guerre au socialisme par tous « les moyens que les lois nous permettent.

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• Je dis qu'il faut entreprendre contre le socialisme qui nous dévore l'expédition de Rome à l'intérieur. (Mouvement prolongé. Applaudissements. Violentes « réclamations à gauche.) De même qu'on a entrepris l'expédition de Rome contre une république dont on « voulait rendre la nôtre solidaire, de même il faut

entreprendre une expédition à l'intérieur contre le

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socialisme, pour prouver qu'il n'est pas solidaire de ⚫ la République.

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Croyez bien qu'il n'y a pas de temps à perdre. Il faut savoir enfin où nous allons; nous serions inexcusables de l'ignorer; on nous le dit tout les matins << assez clairement. S'il y a dans cette majorité des hommes qui veuillent laisser monter le flot et qui se résignent au triomphe de nos adversaires en 1852, « au triomphe de la cause socialiste, eh bien! il vaut « mieux en finir tout de suite.

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« Vous savez ce qu'on faisait au moyen âge. Quand ⚫on était dans une citadelle et qu'on voulait s'y défendre jusqu'à la mort, on mettait les clés au bout ⚫ d'une pique et on les jetait dans le camp des assail<lants.

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Cela vaut mieux qu'une mort lente, qu'une mort paisible, et qui n'aurait pas la consolation d'être une mort sans phrases. Ce serait une mort avec phrases, avec accompagnement de sophismes et des ⚫ antithèses que nous avons entendues hier. Si vous ne ⚫ voulez ni vous rendre, ni mourir, il ne faut plus ⚫rester sur la défensive, il faut énergiquement prendre

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l'offensive. Il faut enlever à l'ennemi les positions qu'il a conquises; il faut empêcher que les lois du pays ne deviennent l'arsenal et le repaire du monstre « du socialisme, qui de là fondra sur la société pour la dévorer. Nous avons pour nous le droit et la « force, le nombre et le courage; mais avons-nous le ⚫ temps? Non. Le temps est contre nous. Déjà nous • avons vécu une année; dans six mois nous serons

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« dans notre période de décroissance, et pour une as« semblée qui n'a pas fait tout ce qu'elle devait faire, « la décroissance c'est l'agonie morale. On escomp« tera notre mort. Eh bien! avant de finir légale«ment, nous serons comme la Constituante: nous pé

rirons aplatis entre le passé qui veut la ruine de la ⚫ société et le parti qui nous reprochera de n'avoir pas «assez énergiquement rempli notre mandat.

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« Un dernier mot, un mot sur les hommes qu'on appelle les Dix-Sept! On nous a dit, dans un journal démocratique qui n'a pas été désavoué, que nos têtes, à nous Dix-Sept, étaient dévoués aux Dieux infernaux de la Révolution.

Qu'est-ce que cela prouve? interrompit une

voix de la gauche.

L'histoire des hauts faits de vos ancêtres, reprit M. de Montalembert, prouve assez ce que « cela veut dire. Nous connaissons les échafauds de la Révolution, nous connaissons le poignard démo

cratique qui a tué Rossi. Eh bien! ce sort, je l'accepte. Je le préfère au mépris, qui, dans la postérité, « écrasera ceux que la France a chargés de la sauver. « ceux qui, par pusillanimité, auront laissé la France éperdue, dans la honte, la servitude, la barbarie « que le socialisme nous prépare!» (Tonnerre d'applaudissements) 1.

Voilà certes un magnifique discours, digne de l'approbation de tous les honnêtes gens; mais était-il sage,

1 Moniteur du 23 mai 1850.

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