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les substances qui ont la propriété de diminuer ou d'éteindre la sensibilité. Mais cette faculté est tantôt primitive, le poison portant son action sur les nerfs de la sensibilité, tantôt consécutive à l'action de l'encéphale ou de la moelle, tantôt, enfin, au trouble ou même à l'arrêt de la respiration et de la circulation.

Parmi les médicaments anesthésiques employés dans l'asthme, je ne trouve que 1° les gaz de la combustion du papier nitré; 2o l'acide carbonique; 3° le chloroforme type des anesthésiques.

Ozanam a posé en principe que les anesthésiques agissent surtout sous forme de produits volatils, en raison directe de la quantité de carbone combinée, soit avec l'oxygène, soit avec l'hydrogène, etc. L'acide carbonique serait le type de ce genre. Or, c'est précisément celui qui est le plus contesté. Lallemand, Perrin et Duroy ont démontré que les substances qui n'atteignent pas directement le système nerveux sont des pseudo-anesthésiques. Comme l'acide carbonique porte son action primitive sur le sang et sur le cœur, il doit être déclassé. Le chloroforme présente lui-même des actions variables, et on est loin d'être d'accord sur sa localisation initiale.

a. GAZ DE COMBUSTION DU PAPIER NITRÉ. Les fumigations de papier nitré constituent un des moyens les plus simples et des plus actifs de soulagement. Depuis longtemps, l'empirisme combattait la dyspnée par la combustion de l'amadou nitré; la médecine américaine s'empara de cette donnée, et, en 1843, le docteur Nicolas Frisi, qui avait eu connaissance de ce remède par la lecture des journaux, en fit l'application la plus heureuse. Lefèvre, et surtout Viaud-Grandmarais, que j'ai été à même de conseiller dans ses remarquables études, en firent l'objet de recherches suivies qui furent complétées et pleinement vérifiées par Letenneur, Chaillery, Trousseau, Favrot, Théry en France, par Salter en Angleterre, par Fiber, Waldburg, etc., en Allemagne.

Préparation. La feuille nitrée est préparée avec du papier à filtre, qui a l'avantage de conserver toute sa porosité; il doit être assez épais pour ne pas brûler trop vite, et imprégné d'une solution concentrée de nitrate de potasse; toutefois, si la quantité de nitre dépasse 30 grammes pour une carte de 270 pouces carrés, le sel empêche la combustion du papier, c'est-à-dire de la cellulose, qui est aussi indispensable que le nitre lui-même.

Ces cartes, découpées en feuillets, laissent dégager par la combustion une fumée épaisse, blanchâtre, que le malade respire librement à une petite distance. Favrot se sert d'amadou nitré.

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l'ammoniaque; l'azote se trouve, en outre, en rapport avec les hydrocarbures en voie de formation, et donne ainsi lieu à des ammoniaques composées, qui se rapprocheraient de l'aniline (Viaud). Mais l'aniline est un poison musculaire des plus énergiques (Ollivier et Bergeron).

Enfin, d'après Martius, aucun de ces gaz n'existe dans la fumée nitrée; le protoxyde d'azote n'y trouve pas ses conditions de développement; l'ammoniaque se transforme à l'air en acide nitreux, la réaction alcaline provenant uniquement de la potasse du nitre. L'analyse donne, sur 100 volumes de gaz : 0,5 d'oxygène, 52,7 d'aeide carbonique, 3,9 d'oxyde de carbone, 1,2 d'hydrogène, et 41,1 d'azote. C'est à l'acide carbonique, mêlé avec des particules. de potasse, que Martius rapporte les propriétés thérapeutiques du papier nitré. On connaît l'action anesthésique de l'acide carbonique; quant à la potasse, elle agit comme le carbonate de soude, dont nous parlerons plus tard; elle modifie les épithéliums et ramollit l'exsudat muqueux, de manière à en faciliter l'expectoration.

Au résumé, qu'on attribue l'action physiologique au protoxydé d'azote ou à l'acide carbonique, ce qui domine, c'est la propriété anesthésique; mais il faut tenir compte aussi des particules suspendues dans l'atmosphère, c'est-à-dire de la potasse et de la poussière de charbon, car il est à noter que quelques asthmatiques respirent mieux dans un air enfumé.

CHLOROFORME. Indications thérapeutiques. Le chloroforme a été préconisé en France par Laloy et en Angleterre par Salter, qui lui attribue des résultats merveilleux, dans le traitement de l'asthme simple et même de l'asthme catarrhal. Son action est d'autant plus sûre et prompte qu'on l'administre plus près du début de l'accès. Mais d'autres médecins furent moins heureux que Salter. L'accès n'est jamais supprimé par ce moyen, au dire de Walshe; le plus ordinairement, la dyspnée reparaît dès que le malade sort du narcotisme chloroformique; et souvent elle ne rétrograde alors que très-lentement.

Dans les paroxysmes intenses avec cyanose et menace de suffocation, le chloroforme peut même présenter de véritables dangers (Todd). Le mieux est donc de se borner, s'il y a des signes précurseurs de l'accès, à l'employer dès l'apparition de ces phénomènes. En aucun cas l'inhalation ne doit être confiée au malade, car le sommeil artificiel peut arriver au point que l'asthmatique ne puisse plus s'aider, et l'action du remède se continuant, la mort en serait le résultat, ainsi que Todd en a vu un exemple.

Effets physiologiques. La physiologie, malgré les nombreux travaux dont le chloroforme a été l'objet, n'a pas encore décidé la question de savoir s'il agit sur le sang directement (Faure) ou sur les centres nerveux (Flourens), ou sur les nerfs périphériques, ou sur le cœur. Un débat contradictoire serait déplacé en présence des essais incomplets de la thérapeutique.

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A.

2o CLASSE : Médicaments cardiaques et vasculaires. AUXILIAIRES DE L'INNERVATION VASCULAIRE ET DU CENTRE CARDIOSPINAL. Bromure. Effets physiologiques; anesthésie locale. --Le brome jouit de propriétés anesthésiques qui ont été utilisées par Ricord, Puche, Rames et Huette, Thielman et Debout pour obtenir l'insensibilité de l'urètre et l'anaphrodisie; par Gosselin pour éviter l'excitation du voile palatin; mais cette anesthésie n'est ni limitée ni primitive.

Diminution de l'irritabilité de la moelle. Déjà, en 1853, Brown-Séquard avait remarqué les effets du bromure de potassium sur les nerfs vaso-moteurs. Les vaisseaux artériels, soit de la périphérie, soit des centres nerveux, subissent une contraction manifeste; de là il résulte une oligaimie topique de l'encéphale et de la moelle et consécutivement une diminution de l'irritabilité de cet organe. Cette action sédative appliquée au traitement de l'épilepsie par Locok, Brown-Séquard, Radcliffe, Robert Mac-Donnell, donna des résultats extrêmement favorables que j'ai pu vérifier dans dix cas de ce genre, depuis sept ans que j'emploie ce remède. Généralisant cette donnée, Brown-Séquard traita de la même façon les convulsions causées par la myélite, la méningite ou la congestion, mais ici les lésions sont plus complexes, plus persistantes, et les effets manifestement amoindris.

Diminution de la sensibilité générale et des spasmes. La diminution d'activité des centres nerveux était un fait acquis à la science; Gubler en déduisit de nouvelles applications. L'anesthésie, dit avec raison notre distingué collègue, ne se borne pas (aux muqueuses du gosier et aux organes génitaux, la sensibilité générale subit une diminution incontestable, en même temps on constate l'apaisement de divers phénomènes spasmodiques ayant pour siége les organes de la déglutition et l'appareil respiratoire; de là les résultats les plus avantageux dans la curation de la dysphagie douloureuse, des angines, de l'œsophagisme, des toux quinteuses et spasmodiques, essentielles ou symptomatiques.

Action hypnotique. — L'encéphale partícipe lui-même à la sédation générale; le bromure produit un sommeil calme, et cette pro

priété, déja soupçonnée par Brown-Séquard, a été parfaitement démontrée par Debout et Behrend; l'oligaimie cérébrale due à la contraction des vaisseaux peut facilement en rendre compte.

Action du bromure sur les dyspnées. Ces effets sédatifs sur les centres nerveux encéphalique, bulbaire et cardio-spinal m'ont conduit à tenter l'emploi du bromure dans le traitement de la dyspnée asthmatique.

Obs. I. Une femme âgée de trente-quatre ans était traitée dans mon service pour un asthme nerveux dont les accès se répétaient toutes les nuits avec une intensité croissante; pendant le jour, l'oppression diminuait sans disparaître, le poumon présentait une sonorité atympanique et des râles sibilants. On employa successivement les fumigations de papier nitré, l'arsenic, la belladone, le datura stramonium; le papier nitré produisait d'abord un peu de soulagement, les autres remèdes étaient restés sans effet. Au bout de quatre mois de traitement inutile, je prescrivis le bromure de potassium à la dose de 1 gramme 1/2 à 2 grammes par jour; après quarante-huit heures la respiration redevint plus libre, les paroxysmes nocturnes disparurent complétement, et la malade resta encore un mois à l'hôpital sans présenter aucune trace de dyspnée, ni aucun phénomène nerveux.

Obs. II. Un ancien officier âgé de cinquante-huit ans était affecté depuis deux ans d'une dyspnée asthmatique; les accès se manifestaient principalement la nuit, mais souvent aussi pendant le jour, avec une intensité telle, que tout mouvement devenait impossible. Je le vis au milieu d'un paroxysme d'orthopnée; le murmure respiratoire s'entendait à peine, la sibilance occupait tout le poumon, qui était le siége d'un emphysème très-prononcé. Au bout de quatre jours de traitement à l'aide du bromure de potassium et des cigarettes nitrées, le malade put se livrer à la marche et entreprendre un petit voyage. Depuis deux mois qu'il fait usage des mêmes inoyens, la respiration continue à se faire librement, bien qu'il reste encore quelques râles à la base du thorax.

Obs. III. Un pharmacien des plus distingués, asthmatique depuis quatre ou cinq ans, me consulta il y a quatre mois : les accès d'oppression se manifestaient par séries pendant lesquelles la respiration ne se dégageait pas entièrement; la dyspnée était intense, et accompagnée de catarrhe bronchique; les attaques duraient depuis quatre jours et se répétaient toutes les trois à quatre semaines. Sous l'influence du bromure, l'oppression perdit son caractère excitatif et ne reparut plus qu'à l'occasion du catarrhe, l'asthme devint catarrhal.

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