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La première solution que nous avons employée avait la composition suivante :

Eau distillée...

Sulfate de quinine bibasique..
Acide sulfurique...

10 grammes.

1 gramme. 3 à 5 gouttes.

Dans ses recherches, M. Pihan-Dufeillay, pour obtenir la dissolution, a employé l'eau de Rabel. Cette manière de procéder a des inconvénients qui ne sont nullement compensés, et qu'il est facile d'éviter.

La solution faite avec l'alcool sulfurique contient autant d'acide sulfurique que nos solutions les plus chargées d'acide; en outre, elle renferme une assez grande quantité d'alcool dont la présence est inutile et peut avoir des inconvénients, ainsi que M. PihanDufeillay lui-même le reconnaît en observateur très-consciencieux.

Notre solution est donc préférable, car si nous avions employé l'eau de Rabel, nons n'aurions certainement pas fait avec la même impunité des injections contenant chacune 40 centigrammes de substance active.

Le sulfate bibasique n'avait pas toujours la même composition, puisque quelquefois il a fallu cinq gouttes d'acide pour obtenir le degré de solubilité qui était produit le plus souvent par l'addition de trois gouttes.

Quoi qu'il en soit, l'action un peu trop énergique de l'acide sulfurique, la difficulté de le manier, le danger qui aurait pu résulter d'un dosage un peu moins rigoureux, nous ont engagé à tenter l'emploi d'un autre acide, et nous avons eu recours en second lieu à l'acide tartrique.

M. Claude Bernard nous a engagé à faire cette substitution, parce que, dans ses innombrables expériences, cet éminent physiologiste a toujours constaté que les acides végétaux sont mieux tolérés par l'organisme que les acides minéraux.

Voici la formule à laquelle nous donnons actuellement la préfé

rence:

Eau distillée.....

Sulfate de quinine bibasique.
Acide tartrique...

10 grammes.

1 gramme. 50 centigr.

L'instrument dont nous nous servons est bien connu; c'est tout simplement la petite seringue en verre graduée, s'adaptant à une aiguille perforée.

Nous avons varié sans inconvénient le siége des injections. Les

piqûres ont été le plus souvent pratiquées sur les parties latérales de la colonne vertébrale, quelquefois sur les cuisses et sur les bras. Pendant les premiers mois de cette année, de nombreux rhumatisants ont été traités dans les hôpitaux de Paris. Il résulte des rapports officiels sur les maladies régnantes que le rhumatisme a revêtu durant cette période une ténacité exceptionnelle (1).

Nous ne discuterons pas l'utilité du sulfate de quinine dans le rhumatisme; cela nous éloignerait trop de notre but, qui est tout simplement d'étudier l'emploi du médicament par un nouveau procédé.

Les effets salutaires du sulfate de quinine sont presque universellement admis depuis que les belles expériences de M. Briquet ont rénové ce moyen précieux tombé en désuétude.

Nous avons observé que dans les cas où le médicament a été administré sous la peau, la guérison a été au moins aussi prompte que dans ceux où il était donné parallèlement, par les moyens ordinaires. Et cependant il est à noter en faveur des injections que presque tous les malades soumis à leur emploi étaient dans les plus mauvaises conditions: tous ont présenté des troubles du tube digestif que l'administration du sulfate de quinine par la bouche aurait augmentés; plusieurs avaient des phénomènes d'intolérance et vomissaient le médicament; quelques-uns ont eu des complications rhumatismales de la plus haute gravité.

Nous allons exposer sommairement les principaux faits que nous avons recueillis. Il est inutile de rapporter ici l'histoire complète de chaque malade telle qu'elle a été prise avec ses moindres particularités. Le résumé de nos observations ne doit comprendre que ce qui a rapport à l'administration du sulfate de quinine.

Obs. I. Alexis H***, âgé de quarante-deux ans, gardien au musée du Louvre, entre le 22 mars à la Maison municipale de santé.

Ce malade est pâle, blond, assez maigre; il est souvent exposé aux courants d'air. Il n'a jamais eu d'accidents antérieurs.

Le rhumatisme a débuté il y a douze jours par une courbature accompagnée de fièvre.

Les douleurs ont commencé par les articulations tibio-tarsiennes ; puis elles ont progressivement envahi les genoux et les articulations coxo-fémorales; enfin les jointures des membres supérieurs sont aussi devenues douloureuses.

Le jour de l'entrée, toutes les articulations sont prises; celles du

(1) Société médicale des hôpitaux, rapport de M. Gallard, 10 mai 1865.

côté gauche sont le siége de souffrances plus vives, et plusieurs présentent un peu d'épanchement.

Le malade n'a aucune dyspnée ; il n'y a pas d'exagération de la matité précordiale. L'auscultation indique un léger souffle au premier temps. Pouls à 88.

Le 23 mars, 0o1,25 de sulfate de quinine en deux injections.
Le 24, même traitement; aucune variation.

La dose est progressivement augmentée. Le 27, elle est portée à 0,40 sans que nous obtenions d'amélioration notable.

Le 28 mars, 0,60 en trois injections, à la suite desquelles le malade a des bourdonnements d'oreilles. Les articulations des membres inférieurs et le poignet droit sont beaucoup moins douloureux. Le poignet gauche, au contraire, est le siége de vives souffrances. Pouls à 84.

Le 29 mars, même chiffre du pouls. 0,78 en trois injections. Les bourdonnements d'oreilles sont plus forts, surtout pendant la nuit.

Le 30 mars. Pouls à 84. Même état. 0,90 de sulfate de quinine en trois injections.

Le 31, pouls à 68: surdité; légère ivresse quinique. Amélioration des deux bras; le malade n'a plus que des roideurs articulaires, sans douleurs. Même dose du médicament.

1er avril, pouls à 64. L'amélioration ne se dément pas. Trois injections de chacune 08, 25.

Chaque jour la dose est diminuée. Une dernière injection de 0,30 est pratiquée le 7 avril.

Il est très-important de ne jamais cesser brusquement l'emploi du sulfate de quinine. M. Bourdon a toujours obtenu de très-bons résultats en diminuant graduellement les doses.

Notre malade a été si bien maintenu sous l'influence du médicament, que les douleurs n'ont point reparu.

Le pouls ne s'est jamais relevé; au contraire, il a continué à baisser (7 avril, 52 pulsations).

Aussitôt après la suspension du sulfate de quinine, le malade est mis à l'usage du vin de quinquina. Comme les voies digestives sont intactes, l'appétit est bon, et la convalescence marche avec rapidité.

Obs. 11. Mlle Rosalie L***, âgée de cinquante-six ans, entre le 9 février 1856 à la Maison de santé, pour un rhumatisme subaigu. La malade n'a pas eu d'attaque antérieure; l'hérédité ne paraît pas en cause.

Les accidents ont débuté sous l'influence du froid humide, cinq jours avant l'entrée.

Les douleurs ont commencé par le petit doigt de la main droite; puis elles ont envahi les articulations du pied droit, les muscles des jambes, les genoux, la main gauche et le poignet droit.

C'est la main droite qui est surtout le siége de vives douleurs. Le traitement est commencé par un purgatif, pour préparer les voies digestives à l'absorption. Le médicament est administré par la bouche pendant plus de trois semaines; puis il est supprimé, parce que la malade est prise de gastralgie et d'envies de vomir fréquentes. Ensuite la morphine est essayée sans résultat avantageux. M. Bourdon a de nouveau recours au sulfate de quinine en lavements, que la malade ne conserve pas, malgré le soin apporté au fractionnement des doses. Les lavements sont supprimés au bout de trois jours.

Les injections sont commencées le 27 mars; la malade souffrait encore dans les articulations des poignets et dans la scapulo-humérale droite.

La fièvre n'a jamais été très-marquée.

Le premier jour, nous pratiquons une injection de 0,30, et pendant les quatre jours suivants deux injections quotidiennes, en augmentant chaque jour de 0,10.

La malade reçoit donc, le 31 mars, 0,70 de sulfate de quinine. Les phénomènes physiologiques sont bien caractérisés, et les articulations ne sont plus douloureuses, mais seulement engourdies. Il faut imprimer des mouvements communiqués très-étendus pour réveiller un peu de sensibilité.

La dose est diminuée, et, le 3 avril, la dernière injection est faite avec 0,30. La guérison persiste, sans aucun nouvel accident.

Obs. 111. Mlle G***, âgée de vingt-trois ans, entre, le 4 avril, à la maison de santé. Cette jeune fille, habituellement bien portante, ne présente aucun attribut constitutionnel indiquant la prédisposition au rhumatisme. Il n'y a pas non plus de cause héréditaire apparente.

Il est à noter que notre malade a dernièrement habité un climat chaud, ce qui a probablement exalté sa sensibilité aux variations de température.

Les accidents ont commencé, il y a dix jours, par les genoux; puis les douleurs ont progressivement atteint les articulations tibiotarsiennes, coxo-fémorales, et enfin celles des membres supérieurs,

La malade éprouve un peu de dyspnée. Le seul signe morbide

fourni par l'auscultation est un bruit de souffle assez doux au premier temps du cœur. Ce souffle existe aussi dans les vaisseaux. Mlle G*** est chloro-anémique; elle a souvent de la gastralgie.

Le pouls donne 96 pulsations par minute; la langue est blanche, l'appétit nul.

Les symptômes d'embarras gastrique sont très-accentués. Il est certain que, dans ces conditions, le sulfate de quinine serait incomplétement absorbé et mal supporté par les voies digestives.

La dyspnée, plus que le souffle cardiaque, fait supposer une légère endocardite.

Le 5 avril. Huile de ricin, 30 grammes; application d'un vésicatoire volant sur la région précordiale. Le soir, 08,40 de sulfate de quinine en deux injections à trois heures d'intervalle.

Le 6. Pouls à 76. L'oppression est moindre. Les douleurs articulaires persistent.

Le 7. Aucun changement du côté des articulations; le pouls atteint de nouveau 96 pulsations par minute; 0,60 de sulfate de quinine en deux injections, à la suite desquelles le pouls descend à 84.

Le lendemain, le pouls ne s'est pas relevé ; la dose est augmentée de 08,10. Dans la journée, la main gauche devient tout à fait libre.

Le 9 avril. Mêmes symptômes. Première injection de 0,35 à neuf heures du matin. Sifflement dans les oreilles après midi. Les articulations des poignets sont à peine sensibles dans les mouvements étendus; celles des membres inférieurs sont moins douloureuses. Le soir, à cinq heures, puis à dix heures, injections de 0,30 chacune. Bourdonnement d'oreilles intenses vers deux heures du matin.

Le 10 et le 11 avril. La dose est augmentée chaque jour de 0gr,05.

Le 12. Pouls à 84; le coude et l'épaule gauches restent douloureux. La malade a encore dans les autres articulations quelques douleurs vagues; trois injections de chacune 08,40.

Le 13 avril. Les douleurs du bras gauche ont diminué; les douleurs générales ont complétement perdu leur acuïté. Même dose. Le 14. Pouls à 80; les douleurs ont disparu. La malade est encore soumise à l'influence de 18,20 de sulfate de quinine en trois doses.

Le 15. Le pouls est tombé à 72; deux injections de 0,40 chacune.

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