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chez le vivant, si un corps qui embaume les cadavres ne pourrait pas embaumer avec avantage les produits morbides chez le vivant. Mais ce n'est pas cette idée qui a conduit les médecins à employer les sulfites, c'est par une toute autre voie qu'on y est arrivé. C'est une théorie chimique qui en a été le principe.

Dans ces derniers temps, l'étude des fermentations a donné lieu en France à de célèbres travaux de la part de M. Pasteur et de ses élèves. Parmi tous les faits qui sont ressortis de ces études, j'en signalerai seulement trois, parce qu'ils regardent particulièrement notre sujet : ce sont premièrement la nécessité de la présence de l'oxygène, et secondement le développement de certaines mucédinées pour qu'une fermentation puisse avoir avoir; troisièmement, qu'il résulterait, pour un certain nombre de ces chimistes, que la putréfaction pourrait bien n'être qu'une fermentation. Or, voici l'hypothèse de Polli : les maladies infectieuses et contagieuses ne sont probablement que des fermentations dans lesquelles le ferment est, comme dans les fermentations ordinaires, une petite quantité de matière organique, et comme les sulfites ont la propriété, en tant qu'agents réducteurs, d'arrêter les fermentations, les sulfites devront guérir les maladies infectieuses et contagieuses. Que cette hypothèse soit vraie ou fausse, ceci sera discuté à la fin de ce travail. Je me borne en ce moment au rôle d'historien, et je constate seulement par quelles séries d'idées les sulfites sont entrés dans la thérapeutique. Voilà donc le professeur Polli à l'œuvre, prenant des chiens et leur injectant dans les veines aux uns du pus, à d'autres du sang putréfié, à d'autres du virus morveux et produisant l'infection purulente, l'infection putride et la morve, qu'il regarde comme des fermentations purulentes, putrides, morveuses, etc. En même temps, il fait à chaque expérience une contre-épreuve sur un autre chien saturé de sulfite ou mis en traitement immédiatement après. Qu'est-il résulté de ces expériences? Les animaux traités par les sulfites ont certainement mieux résisté que les autres à ces maladies artificielles, et cela dans une proportion digne de fixer notre attention.

Jusqu'ici les chiens seuls ont été traités par les sulfites, mais bientôt un certain nombre de médecins, enthousiastes des théories chimiques, séduits par cette explication nouvelle d'un certain nombre de maladies, se mettent à l'œuvre et emploient les sulfites dans les maladies infectieuses et contagieuses d'abord, l'infection purulente, l'infection putride, la fièvre puerpérale, la fièvre typhoïde, les fièvres éruptives, puis dans les maladies organiques, et enfin un peu partout. D'autres adversaires décidés de la chimiâtrie ne veu

lent même pas voir les résultats obtenus par leurs confrères et refusent d'essayer les sulfites ou ne les emploient que comme des médicaments dont on est décidé à prouver le peu de valeur, et s'en prennent même à ceux qui en font usage. C'est à peu près l'histoire de toute nouveauté, bonne ou mauvaise, lutte de parti pris, pour ou contre, destinée à nuire aux meilleures choses. D'autres enfin, et je suis de ce nombre, persuadés que c'est l'expérience seule qui doit décider, mettant complétement de côté pour le moment la théorie ou l'hypothèse qui a engendré ces recherches, prennent connaissance des expériences tentées et de leurs résultats. Alors il leur est impossible de n'être pas frappés de l'intelligence et du soin qui ont présidé aux expériences du docteur Polli, et ils désirent être éclairés sur ce débat. Quel est le résultat de cette enquête ? Les sulfites peuvent-ils rendre des services, oui ou non? Pour ma part, je crois qu'on en peut retirer certains avantages qui ne sont pas à dédaigner, et, comme toute conclusion suppose des prémisses, je soumettrai d'abord à mes confrères les éléments du débat, les laissant libres de conclure comme ils le voudront, comme moi ou autrement. Mon seul désir est de les éclairer et de les mettre en mesure de tirer euxmêmes leurs conclusions.

MATIÈRE MÉDICALE. - Les sulfites sont des sels provenant de l'action directe de l'acide sulfureux sur les bases et dans lesquels le rapport de l'oxygène de l'acide est à celui de l'oxyde: 21.

Les sulfites alcalins sont solubles dans l'eau, les sulfites alcalinoterreux ne le sont pas, mais ils le deviennent si la liqueur est légèrement acide. Ils s'altèrent au contact de l'air, s'oxydent et se changent en sulfates, mais cette action est très-lente pour les sulfites insolubles. Lorsque les sulfites en dissolution sont mis au contact d'un acide concentré, ils se décomposent, l'acide sulfureux se dégage, mais la liqueur ne se trouble pas, et il ne se forme pas de précipité. Quand les sulfites sont bien secs, les métalloïdes ne les altèrent pas à la température ordinaire, mais s'ils sont humides ou en dissolution, le chlore, le brôme et l'iode, décomposent l'eau et les transforment en sulfates.

Les sulfites les mieux connus chimiquement sont les sulfites neutres, dont la formule est MO,SO, et les bisulfites, dont la formule est MO,280o.

Ces sels sont fabriqués en grand, industriellement, depuis quelques années, à cause de leur emploi dans le blanchiment et dans la fabrication du sucre.

Les hyposulfites sont tous solubles et cristallisables, leur com

position est telle, que le rapport de l'oxygène de l'acide à celui de la base est:1:1.

Les hyposulfites s'altèrent moins que les sulfites, soit à l'air, soit en présence de la chaleur, les acides les décomposent facilement et laissent toujours du soufre à l'état de dépôt. Leur formule est MO,S202.

Sulfite de soude. NaO,SO110HO. - Ce sel est blanc, cristallise en prismes obliques, à quatre ou six pans, terminés par des sommets dièdres, il contient dix équivalents d'eau. Si on le chauffe, il dépose du sulfate de soude et du sulfure de sodium, il a une réaction faiblement alcaline et une saveur légèrement sulfureuse.

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BISULFITE de soude. Ce sel ne s'obtient qu'en cristaux irréguliers et opaques, il diffère du précédent par une réaction acide. C'est ce sel qu'on emploie de préférence pour arrêter les fermentations. SULFITE DE MAGNÉSIE. Ce sel a une saveur douceâtre et sulfureuse, il s'effleurit à l'air et s'y transforme lentement en sulfate. A 15 degrés, l'eau en dissout un vingtième de son poids; à une température plus élevée, l'eau en dissout davantage, mais en se refroidissant, elle fait cristalliser ce surplus.

SULFITE DE CHAUX. CaO,SO2+2 HO.- Ce sel est blanc ou légèrement jaunâtre, il est très-peu soluble, car il exige huit cents parties d'eau pour se dissoudre; sa saveur est nulle, mais elle devient ensuite un peu sulfureuse. Il s'oxyde lentement à l'air et passe à l'état de sulfate.

HYPOSULFITE DE SOUDE. NaO,S202+5 HO. L'hyposulfite de soude, découvert par Vauquelin en 1802, dans les résidus de la fabrication de la soude artificielle, est blanc, transparent, inodore, inaltérable à l'air, très-soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool. Il cristallise en grands prismes rhomboïdaux terminés à chacune de leurs extrémités par une face oblique, les arêtes aiguës de ces cristaux sont remplacées par des faces. La saveur de ce sel est un peu amère.

HYPOSULFITE DE MAGNÉSIE.-L'hyposulfite de magnésie est trèssoluble dans l'eau, il cristallise facilement et ne s'altère pas à l'air.

HYPOSULFITE DE CHAUX. CaO,S202+6 HO. Ce sel est blanc, très-soluble dans l'eau, qui en dissout à peu près son poids, il est inaltérable à l'air et décomposable par la chaleur. Il cristallise en prismes hexaèdres, qui renferment six équivalents d'eau.

PREMIÈRE PARTIE.

ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L'ACTION DES SULFITES.

A. Action physiologique. Lorsqu'on veut déterminer la valeur thérapeutique d'un médicament, il faut d'abord se rendre compte de l'action de ce médicament sur l'organisme sain, et déterminer jusqu'à quelle dose on peut l'administrer sans dommage pour le malade; primo non nocere. Il faut, d'autre part, connaître autant que possible la marche naturelle de la maladie, pour pouvoir déclarer que cette maladie a été modifiée dans un sens favorable ou non. Pour satisfaire à la première de ces conditions, le docteur Polli a institué une première série d'expériences, qui démontrent la parfaite innocuité des sulfites et des hyposulfites administrés jusqu'à la dose de 15 grammes par jour, et cela pendant plusieurs jours consécutifs. On verra du reste par les tentatives faites dans différentes maladies que cette même dose a été parfaitement tolérée par les malades.

Le docteur Polli a donc soumis des chiens à l'usage de ce sel et a pu constater qu'un chien de moyenne taille peut ingérer en un jour 15 grammes de sulfite de soude de potasse ou de magnésie et manger comme à l'ordinaire, sans qu'il se produise de vomissement ou de dérangement d'entrailles, sans même qu'on puisse constater le moindre trouble dans sa santé. On peut même continuer l'usage de ces sels sans plus d'inconvénient, pendant dix à quinze jours, à la dose de 4, 6 à 10 grammes. De ces différents sels, celui qui semble être le mieux toléré, c'est le sulfite de chaux, dont on a pu donner en une seule fois 15 grammes dans des morceaux de chair crue, sans que le chien donnât le signe d'aucune souffrance. Pour s'assurer de la parfaite tolérance de ces préparations et l'intégrité des organes, le professeur Polli a ouvert les animaux à plusieurs époques du traitement, et toujours il a constaté que la muqueuse intestinale restait parfaitement normale. Tout au plus a-t-on trouvé que la muqueuse était un peu injectée aux endroits où l'on trouvait des morceaux de chair contenant des sulfites qui n'avaient core été digérés.

Voici le résumé de cette première série d'expériences.

pas en

Sulfite de soude. Exp. I. Un chien, du poids de 8 kilogrammes prend, pendant quatre jours, 6 grammes de sulfite de soude chaque jour; pendant tout ce temps, il mange et se porte bien.

Exp. II. Un chien, du poids de 8 kilogrammes prend, pendant sept jours, 8 grammes de sulfite de soude par jour, divisés en

quatre doses. Le chien continue à rester en pleine santé pendant et après l'usage du sulfite de soude.

Exp. III. Un chien, du poids de 12 kilogrammes prend, pendant treize jours, 10 grammes de sulfite de soude par jour, en cinq doses. Il continue pendant ce temps à se porter très-bien, il n'a pas de diminution d'appétit ni de dérangement d'entrailles.

SULFITE DE POTASSE. Exp. IV. Un chien, du poids de 8 kilogrammes, prend 12 grammes de sulfite de potasse en trois jours, puis, pendant les deux jours qui suivent, il prend 15 grammes par jour en une seule dose. Malgré ce traitement, le chien continue à se bien porter. A ce moment, on l'ouvre et l'on ne trouve qu'une légère rougeur dans certains points de l'intestin grêle.

SULFITE DE MAGNÉSIE. Exp. V. Un chien, du poids de 10 kilogrammes prend, pendant six jours, 6 grammes de sulfite de magnésie chaque jour et ne s'en porte pas moins bien. On l'ouvre ét l'on ne lui trouve aucune trace d'irritation dans l'intestin.

Exp. VI. Un chien, du poids de 10 kilogrammes, prend 8 grammes de sulfite de magnésie par jour, en quatre doses. Ce chien reste bien portant, on analyse ses urines et l'on Ꭹ trouve du sulfate et du sulfite de magnésie. On sacrifie l'animal, et l'on ne trouve dans ses intestins aucune trace d'irritation.

Exp. VII. Un chien, du poids de 12 kilogrammes, prend chaque jour 10 grammes de sulfite de magnésie, en cinq doses, pendant quinze jours. Ce chien continue à se bien porter, on cesse le médicament, on l'observe pendant un mois encore et l'on constate qu'il conserve une parfaite santé.

SULFITE DE CHAUX. Exp. VIII. Un chien de 10 kilogrammes prend, le premier jour, 6 grammes de sulfite de chaux, le second jour, 8 grammes, et le troisième jour, 15 grammes en une seule fois. Il continue à se bien porter. On l'ouvre et l'on trouve une injection superficielle de la muqueuse de l'intestin grêle. Dans le rectum il Ꭹ des scybales contenant du sulfite de chaux.

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HYPOSULFIte de soude. Exp. IX. Un chien de 7 kilogrammes prend, pendant cinq jours, 8 grammes d'hyposulfite de soude par jour, en quatre doses, et se porte bien. On suspend le remède pendant vingt-quatre heures et on le tue. A l'autopsie, on trouve les viscères dans leur état normal. L'urine contient du sulfate de soude.

Exp. X. Un chien de 6 kilogrammes prend, chaque jour, 10 grammes d'hyposulfite de soude, en cinq doses, et cela pendant dix jours. L'urine contient toujours beaucoup d'hyposulfite de soude, du sulfite et du sulfate. Le chien se porte parfaitement, soit pendant, soit après l'administration du sel.

Des expériences analogues ont été tentées sur l'homme et ont donné des résultats aussi satisfaisants. De même dans les différents cas où les sulfites ont été administrés comme moyens thérapeutiques, on n'a pas constaté, comme on pouvait s'y attendre, qu'il se fit des éructations de gaz sulfureux, ou que les malades rendissent par le bas des gaz de même nature; ce fait ne s'est présenté que

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