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quand les sulfites avaient pour excipient une trop faible quantité de liquide. Pendant tout le temps de l'administration des sulfites la langue reste fraîche, les urines sont claires et se conservent longtemps à l'air, sans donner d'odeur ammoniacale.

Quant à l'action des sulfites sur les cadavres des animaux ou sur les produits retirés de ces animaux, elle s'est montrée telle qu'on l'attendait. Les cadavres des animaux traités par l'hyposulfite résistent à la putréfaction beaucoup plus longtemps que les autres, ce qui est tout à fait semblable à ce que nous voyons dans nos amphithéâtres de Paris. Du sang tiré à des animaux imprégnés de sulfite s'est conservé d'une manière remarquable. Du sang pris au commencement de novembre 1860 par le docteur Polli sur un chien qui, depuis cinq jours, prenait du sulfite de soude, ne donnait aucune odeur putride au bout de neuf jours de conservation à l'air libre, et du sang pris chez trois autres chiens traités également par les sulfites était réduit au bout d'un mois à un résidu squammeux noir, sec et parfaitement inodore.

Il était important de savoir ce que devenait le sulfite dans le corps de l'animal, par quelle voie il s'élimine et sous quel état. Le professeur Polli a fait à cet égard des expériences nombreuses dont voici le résultat. Les sulfites restent dans le corps à l'état de sulfite, et, plusieurs heures après l'ingestion, on les retrouve dans l'urine à l'état de sulfites, mais le lendemain les urines ne contiennent plus de sulfites et contiennent au contraire des sulfates. Les hyposulfites restent à l'état d'hyposulfites et sont éliminés de cette façon sans passer à l'état de sulfates.

Pour reconnaître les sulfites dans les urines, on se sert du réactif de Fordos et Gelis, c'est-à-dire qu'on met à profit cette propriété qu'ont les hyposulfites de décolorer instantanément la dissolution alcoolique d'iode; on prend donc un papier azuré par l'iodure d'amidon très-délayé, il suffit de l'exposer à l'orifice d'un tube contenant de l'urine à examiner après avoir préalablement acidulé la liqueur par de l'acide sulfurique. Si l'urine contient de l'hyposulfite, le papier se décolore,

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pus

B. Action des sulfites sur des maladies provoquées expérimentalement. Persuadé que du introduit dans le sang ne détermine l'infection purulente qu'en faisant subir au sang une sorte de fermentation, le docteur Polli a introduit en même temps des hyposulfites pour arrêter cette fermentation.

Cette théorie sera discutée plus loin. Mais ce qui importe ici, c'est de savoir qu'elle est au juste le trouble apporté dans l'écono

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mie d'un chien par l'introduction du pus dans son système circulatoire et quelle modification peut y apporter l'emploi des sulfites. 2o SÉRIE. EXPÉRIENCES avec le pus FRAIS. - Selon le docteur Polli, l'injection de pus humain frais, à la dose de 2 à 4 grammes, dans les veines d'un chien de moyenne grandeur, c'est-à-dire du poids de 6 à 7 kilogrammes, détermine presque toujours au bout de peu de temps le vomissement et les selles. Le chien reste stupide, abattu, se couche sur le flanc, devient chagrin et refuse de boire et de manger. Il reste ainsi pendant deux ou trois jours. Si l'on n'a donné que 2 grammes, au bout de trois à quatre jours le chien. commence à reprendre haleine, mange un peu, se remue avec moins de nonchalance, se réveille davantage, et, vers le huitième ou neuvième jour, il se montre déjà revenu assez pour qu'on puisse le dire convalescent. Alors la blessure faite pour pratiquer l'injection, qui d'abord s'élargissait et suppurait, se restreint, se dessèche et tend à la cicatrisation. Si l'on a donné 4 grammes de pus, le chien va chaque jour plus mal, présentant les symptômes d'une fièvre à forme typhoïde, il reste couché dans un état de somnolence et ne prend aucune nourriture, il a une diarrhée sanguinolente, la plaie de l'opération s'élargit, prend mauvais aspect, devient souvent gangréneuse et finit avec la mort, qui survient, en général, du cinquième au septième jour après l'opération. La dissection du cadavre montre dans le tube digestif un état de phlogose générale; la muqueuse est tuméfiée, rouge, recouverte çà et là d'exsudation puriforme, d'autres fois elle est couverte d'ulcères rongeants, surtout au voisinage du pylore et du cœcum. Les poumons sont pleins de petits foyers ecchymotiques, le sang contenu dans les cavités droites du cœur est liquide et noir.

Si, à côté de cette description de l'introduction expérimentale du pus dans les veines, nous plaçons le résumé des expériences du professeur Polli, nous trouvons en effet que ces expériences concordent assez bien avec les résultats qu'il annonce, et, de plus, que l'emploi des sulfites semble retarder notablement l'époque de la mort ou diminuer les symptômes de l'infection purulente. Nous y joignons. deux autres expériences du docteur Burgraeve qui concordent tout à fait avec les précédentes.

Exp. XI et XII. On prend d'abord un chien, du poids de 8 kilogrammes, qui n'a subi aucun traitement, on lui injecte dans les veines 1 gramme de pus frais, et deux jours après on recommence la même injection de 1 gramme de pus. Au bout de dix jours d'une fièvre à forme typhoïde, le chien meurt avec un sphacèle gangré

neux dans la partie opérée et une gastro-entérite avec ulcération des intestins.

En même temps on prend un autre chien, du poids de 4 kilogrammes, et auquel depuis cinq jours on a donné 20 grammes de sulfite de soude. On fait à ce chien deux injections avec le même pus, à la même dose et de la même manière. On continue l'administration du sulfite de soude pendant et après les injections, de même dans les cinq jours qui suivent, le chien prend 10 autres grammes. Ce chien supporte bien l'injection et ne donne aucun signe de maladie.

Exp. XIII et XIV. A un chien de 5 kilogrammes, qui n'a pris aucun remède, on injecte dans les veines 3 grammes de pus. Le chien meurt cinq heures après l'opération. On trouve à l'autopsie de la pneumonie et de l'entérite.

On prend un autre chien, du poids de 9 kilogrammes, auquel on a donné depuis trois jours 18 grammes de sulfite de soude. On lui injecte le même jour 4 grammes du pus de l'expérience précédente. Puis, dans les deux jours qui suivent, on donne encore 10 grammes de sulfite de soude et l'on abandonne le chien à luimême. Le chien reste pendant dix jours en pleine santé, puis il commence à ne plus boire, devient somnolent, et deux jours plus tard il se fait par la plaie une hémorrhagie abondante qui emporte l'animal. A l'autopsie on trouve de l'entérite et du mélæna dans le

rectum.

Exp. XV et XVI (1). Le 2 juin 1862, mise en expérience de deux chiens. A l'un, jusqu'au 10 juin, on donne chaque jour 3 grammes de sulfite de magnésie dans 100 grammes d'eau. A l'autre, on ne donne rien que le régime ordinaire. Après cinq jours, la présence du sulfite dans l'urine du premier chien est manifeste. Le 10 juin, on dénude la veine crurale et l'on injecte du pus chez les deux chiens (la quantité du pus n'est pas indiquée). Celui des deux chiens qui n'a pas été sulfité succombe immédiatement après l'injection, au milieu de convulsions tétaniques. Autopsie immédiate nombreuses ecchymoses dans les poumons, bronches remplies d'une écume à petites bulles; nombreux globules purulents dans le sang du ventricule droit.

Le chien sulfité a la respiration très-haletante et saccadée, 93 respirations par minute; l'animal est très-abattu et frissonnant. Au bout de quelque temps la réaction a lieu et la respiration diminue en vitesse. Les 11, 12, 13, 14 juin, l'animal reste couché et refuse toute nourriture, il a les yeux larmoyants et semble d'une maigreur extrême, le pouls est petit et accéléré, la respiration est gênée, il y a des frissons irréguliers. Le 15 juin, l'animal succombe. Autopsie vaste clapier au pli de l'aine du côté gauche, mais limité à la paroi abdominale. Péritoine intact, veines saines, foie bleuâtre,

(1) Les Exp. XI à XIV appartiennent au docteur Polli, loc. cit.

Les Exp. XV et XVI au docteur Burgraeve (Bulletin acad. méd. de Bruxelles, 1862, p. 337).

rate engouée, portion vertébrale des poumons fortement ecchymosée, hépatisation rouge, liquide exprimé des plaques ecchymotiques laissant voir au microscope de nombreux globules purulents, nombreux globules de pus dans le sang du ventricule droit.

Dans cette seconde série d'épreuves qui comprend six expériences groupées en trois couples, on a eu soin de faire chaque fois l'épreuve et la contre-épreuve. Un des deux chiens ne prenait rien, l'autre subissait un traitement par les sulfites, et l'on voit par le tableau qui suit que les sulfites on retardé la mort ou même ont fait disparaître toute trace de maladie.

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Ce premier essai donnait gain de cause aux sulfites. Mais le professeur Polli, soupçonnant que l'état de putréfaction du pus pourrait modifier les résultats, fit une troisième série d'épreuves dans laquelle on fit d'abord la comparaison des effets de l'introduction du pus frais et du pus putréfié. Il fut facile de voir dès l'abord que les phénomènes produits chez l'animal étaient d'autant plus graves que le pus avait été retiré depuis plus de temps.

3a SÉRIE, EXPÉRIENCES AVEC DU PUS PUTRÉFIÉ, Exp. XVII et XVIII. A un chien du poids de 4 kilogrammes on injecte dans la fémorale 4 grammes de pus qu'on vient de retirer au même moment d'un abcès iliaque d'un malade. Après quelques jours de malaise, le chien reprend sa santé, en sorte que dix jours après l'injection il est parfaitement guéri.

Au même chien de l'expérience précédente, et en pleine santé, on injecte 4 grammes d'un vieux pus putride. Le chien meurt au bout de trois jours. A l'autopsie, on trouve de la pneumonie granuleuse et un sphacèle dans la partie qui a été opérée.

Exp. XIX et XX. A un chien de 4 kilogrammes on injecte 3 grammes de pus frais. Le chien, au bout de quelques jours, se rétablit dans sa santé première. Douze jours après, on reprend le même chien, qui est en pleine santé, et on lui injecte 3 grammes

de pus pourri; trente heures après l'injection il meurt. Poumons congestionnés et pleins de granulations blanches; la muqueuse du rectum est injectée par points, la plaie est gangréneuse.

Il était donc déjà établi que le pus frais donnait lieu à des symptômes graves, mais que les sulfites pouvaient avoir sur la marche de cette inflection une influence favorable. Mais la gravité des phénomènes augmentant singulièrement avec l'état de putréfaction du pus, il devenait nécessaire de faire de nouvelles expériences pour voir si les sulfites auraient encore de l'action.

Une première tentative faite sur deux chiens, dont l'un prend 10 grammes de sulfite en cinq jours, montre un bel exemple de l'efficacité des sulfites, puis, pour prouver que ce chien n'a réellement résisté que par l'emploi des sulfites, on le soumet lui-même à une injection de pus sans traitement préservatif, et il meurt. Je le rapporte en entier.

pus.

Exp. XXI, XXII et XXIII. A un chien du poids de 4 kilogrammes, je fais prendre, dans l'espace de cinq jours, 10 grammes de sulfite de soude, et le 17 novembre 1860, à trois heures aprèsmidi, je lui injecte dans la veine fémorale gauche 1 gramme de Ce pus dense et putride avait été rendu par un abcès du dos d'un vieillard. Je l'allonge chaque fois avec un volume d'eau égal au sien pour le rendre plus coulant et éviter ainsi la formation d'embolies. Le chien aussitôt après se montre lourd, se couche et refuse des aliments pendant tout le reste de la journée et de la nuit. Le lendemain il reprend sa bonne humeur et mange. On lui administre 2 grammes de sulfite de soude en deux doses. Le 19 on fait une nouvelle injection de pus dans la jugulaire droite, les même symptômes d'étourdissement se répètent les premiers jours qui suivent l'injection, mais ensuite le chien est mieux et se soumet régulièrement au régime de 2 grammes de sulfite de soude jusqu'au 23. Le chien se remet rapidement, reprend de la vivacité et de l'appétit. Les plaies de l'opération ont bel aspect, se ferment et marchent à la cicatrisation, de sorte que cinq jours après la nouvelle injection le chien est pleinement rétabli. Pendant cet intervalle, l'état général est bon et ne donne que peu de signes de maladie.

Les 17 et 19 on a injecté des doses égales du même pus dans les veines fémorales d'un autre chien plus robuste que le précédent, et du poids de 8 kilogrammes, mais auquel on n'avait donné aucun médicament ni avant ni après l'injection. Les opérations ont été très-heureuses, car le chien n'a pas souffert. Après la première injection, le chien reste lourd et mal entrain, mais le jour suivant il prend un peu de vivacité et mange. Après la deuxième, il paraît très-abattu et il a bientôt de la diarrhée. Le lendemain il reste couché et somnolent et refuse toute nourriture. Les pulsations du cœur sont faibles et rapides, 140, la respiration est accélérée, 24 par minute. Les autres jours son état va en s'empirant.

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