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des injections et leur siége, on n'a jamais observé d'accidents que l'on puisse attribuer soit à la piqûre, soit à la substance médicamenteuse introduite en solution sous la peau.

Empoisonnement à la suite d'une injection hypodermique de sulfate neutre d'atropine. Au cas, que nous avons rapporté dernièrement, d'empoisonnement par l'atropine appliquée par la méthode endermique, nous ajouterons le suivant, qui est de nature à mettre en garde les praticiens contre l'activité énergique de ce puissant alcaloïde, et à leur faire voir avec quelle prudence il importe de le manier.

Une dame âgée de cinquantehuit ans, hystérique depuis son enfance, était atteinte depuis plusieurs années d'une névralgie à forme erratique, pour laquelle elle avait reçu successivement les soins de plusieurs médecins. Depuis quelques mois les douleurs s'étaient localisées au côté droit, se faisant sentir principalement au-dessous de l'omoplate, d'où elles s'irradiaient à l'épaule, au cou et à la partie antérieure de la poitrine jusqu'au niveau du mamelon. Tout l'arsenal des moyens que la thérapeutique fournit contre la névralgie ayant été mis en vain à contribution jusque-là, M. le docteur J. Delaye crut devoir recourir à l'injection hypodermique de sulfate neutre d'atropine, le seul agent peutêtre qui n'eût pas encore été essayé. Le 5 juin, injection de 4 milligrammes environ. qui d'abord est bien supportée. Mais un quart-d'heure après, la malade, ayant voulu se lever de son fauteuil, est prise immédiatement d'un tournement de tête, tombe, crie, appelle au secours, puis ne peut plus parler; elle ne voit plus, n'entend plus, est saisie d'un délire général et d'hallucinations A l'arrivée de notre confrère, rappelé aussitôt, la parole est revenue, mais le délire persiste, ainsi que les hallucinations; surexcitation considérable; mouvements cloniques des membres, yeux convulsés; dilatation énorme de la pupille; sécheresse et constriction de la gorge; respiration entrecoupée; pouls convulsif; peau séche et froide; visage hagard.

bizarres.

Cet état dure trois heures, pendant lesquelles il est impossible de faire prendre quoi que soit à la malade. Frictions sèches, sinapismes, moyens propres à rappeler la chaleur; puis

café à haute dose, et potion avec laudanum 15 gouttes, et iodure de potassium 4 grammes; lavement purgatif.

Sous l'influence de ce traitement les accidents allèrent s'atténuant peu à peu, la chaleur revint, des sueurs abondantes se manifestèrent, et des selles copieuses eurent lieu; mais l'excrétion urinaire resta suspendue pendant dix-huit heures. Le lendemain tout danger avait cessé; il restait seulement de la mydriase, de la respiration stertoreuse, de la fièvre, symptomes qui ne tardèrent pas à disparaître à leur tour. Au milieu de ces accidents si graves, la névralgie a disparu, et la malade qui ne se doute pas du danger qu'elle a couru, se félicite d'avoir obtenu sa guérison au prix de ce qu'elle croit n'avoir été que quelques instants de souffrance. (Journal de méd. de Toulouse, juillet 1865.)

de

Bons effets d'injections hypodermiques de morphine dans un cas d'angine poitrine. Le fait a été observé par le docteur G. de Gorriquer Griffith, chez la femme d'un officier, âgée de trente-cinq à quarante ans, mariée, mais

sans enfants, très-nerveuse, très-impressionnable et sujette à la dysmenorrhée. M. Griffith fut mandé auprès d'elle, un matin, en toute bâte; la malade, disait-on, paraissait mourante. A l'arrivée de notre confrère, elle était dans un état de collapsus complet, évidemment dû à l'excès de la douleur qu'elle éprouvait. Elle avait été prise soudainement, et pensant que les souffrances pouvaient être adoucies par des applications rubéfiantes, on y avait eu recours immédiatement; mais il n'en était résulté aucun bénéfice, non plus que de divers autres moyens qui avaient déjà été employés. M. Griffith pratiqua de suite une injection sous-cutanée de morphine, en enfonçant l'aiguille dans la partie qui paraissait être le point de départ de la douleur, et d'où elle s'irradiait dans l'épaule et le membre supérieur gauches, ainsi que dans l'épaule et le sein droits. En ce point, qui correspondait à l'insertion du muscle pectoral gauche, la douleur était considérablement plus violente que partout ailleurs. Le soulagement fut immédiat; la malade tomba dans un sommeil profond, qui dura plusieurs heures; et, à son réveil, elle ne ressentait que peu de douleur. Toutefois, les souffrances, probable

ment par suite d'une imprudence de la paliente, se reproduisirent peu après et redevinrent excessives; mais le même moyen amena des effets tout aussi avantageux et tout aussi prompts. (Medical Press, 30 août 1865.)

Ascite traitée par l'injection iodée, guérison. Depuis que M. Dieulafoy, de Toulouse, a eu ce qui fut regardé comme une témérité, témérité heureuse en tout cas, d'injecter de la teinture d'iode dans la cavité péritonéale dans le but d'obtenir la guérison de l'ascite, son exemple a été suivi par plusieurs praticiens distingués, et des succès assez nombreux ont été publiés, pour la plupart ici même. Plusieurs auteurs ont étudié avec soin cette question, mais aucun, ce nous semble, d'une manière plus complète que notre collaborateur, le professeur Teissier, de Lyon, qui a donné de bons préceptes sur les conditions où l'opération peut être indiquée, à savoir quand l'ascite n'est pas symptomatique d'une affection organique, et sur la manière la plus inoffensive de la pratiquer (Voir Bull. de Ther., tome XLV). Voici aujourd'hui un nouveau cas suivi de succès, qui, comme le premier, nous vient aussi de Toulouse; il est dú à M. le docteur L. Desclaux.

Il s'agit d'une femme âgée de cinquante ans, d'une bonne constitution, ayant cessé d'être réglée depuis six années. Après avoir toujours joui d'une bonne santé, elle fut atteinte pour la première fois de rhumatisme articulaire aigu pendant l'hiver de 1860, puis vers la même époque des années suivantes. En août 1865, elle s'était aperçue d'un peu d'œdème des extrémités inférieures; le rhumatisme avait ensuite reparu en septembre, mais avec une durée moindre que précédemment; à la suite, l'œdème s'était accru et le ventre avait acquis un grand développement. L'hydropisie, combattue d'abord par les diurétiques, n'avait aucunement diminué.

Lorsque M. Desclaux fat appelé à voir la malade, le 25 décembre 1863, elle était amaigrie, anémiée; l'abdomen très-volumineux, mesurant 1m,34 de circonférence à l'ombilic, décelait à l'exploration physique tous les signes classiques de l'ascite. L'administration de purgatifs et de diurétiques énergiques étant restée sans succès et le développement du ventre augmentant au point de rendre la dyspnée extrême, une ponction fut pratiquée

le 9 janvier 1864. L'examen des organes abdominaux fait soigneusement après cette opération, celui du cœur aussi sans doute, ayant fait écarter toute idée d'affection organique, cause de l'hydropisie, M. Desclaux pensa que l'ascite était due à une localisation rhumatismale sur la séreuse péritonéale, et se crut autorisé, lorsque, quelque temps après, l'épanchement dans l'abdomen se reproduisit, à proposer l'injection de teinture d'iode comme moyen d'en prévenir le retour, proposition qui fut acceptée avec empressement par la malade.

En conséquence, le 30 janvier, assisté du docteur Bories, notre confrère, ayant préalablement évacué la sérosité ascitique, poussa dans l'abdomen un mélange de teinture d'iode, 16 grammes, iodure de potassium, 1 gramme, eau distillée, 100 grammes, tiédi au bain-marie; puis, après avoir malaxé le ventre pendant deux ou trois minutes, pour mettre tous les points du péritoine en contact avec le liquide injecté, il laissa le plus possible de celui-ci s'écouler par le trocart. Il y eut, au moment de l'injection et à la suite, une très-vive douleur dans le ventre, surtout vers la fosse iliaque gauche, mais qui ne tarda pas à s'atténuer. Légère compression de l'abdomen, extrait d'opium, 08,05, boissons fraîches, diete. Le lendemain, il restait de la douleur, bien diminuée d'ailleurs, mais augmentant par la pression; pas de vomissements, ni nausées; garde-robe; urines plus abondantes qu'avant l'opération; pouls tombé de 80 à 72. Boissons fraîches et tempérantes; potion avec iodure de potassium, 10 grammes pour 500 d'eau distillée, une cuillerée matin et soir; cataplasmes laudanisés; bouillon.

Nous ne suivrons pas jour par jour la marche de la maladie et du traitement (frictions sur l'abdomen avec mélange de teinture de scille et digitale, purgatifs salins, alimentation légère). Nous nous bornerons à dire que, après avoir présenté quelques légers symptômes d'iodisme, qui se dissipèrent avec rapidité, la malade alla de mieux en mieux. Les douleurs du ventre diminuerent et disparurent en même temps que le volume se réduisit jusqu'à 1m, 10 de circonférence; de même de l'œdème des membres qui, d'abord resté à peu près stationnaire, se mit à son tour à decroître très-sen'siblement.

Le 2 mars, alors que l'état s'améliorait de plus en plus depuis quel

ques jours, se manifestèrent de vives douleurs dans l'abdomen, douleurs que M. Desclaux crut devoir rapporter à l'affection rhumatismale, et combattre comme un rhumatisme articulaire par l'emploi du sulfate de quinine. Ces douleurs allèrent diminuant et finirent par disparaître; quelques jours après, 1er avril, le genou droit devint douloureux à son tour, avec rougeur et gonflement, symptômes qui persistèrent environ une semaine. Entre temps, l'œdème avait diminué peu à peu, le volume du ventre s'etait réduit au point de n'avoir plus,le 9 avril,

que 86 centimètres de circonférence, mesure à peu près normale. A cette date, l'état général était très-satisfai sant, la malade se levait, pouvait aller et venir, vaquer aux soins de son ménage; mais il lui restait des douleurs, tantôt dans les extrémités inférieures, tantôt dans les supérieures; ces douleurs, toutefois, étant très-supportables, elle refusait de se soumettre à aucune médication, de crainte de voir rénouveler l'ascite par leur disparition. (Bull. de la Soc. imp. de méd., etc., de Toulouse, numéro 23, 1865.)

TRAVAUX ACADÉMIQUES.

Influence de la vie de famille dans le traitement des maladies mentales. M. Brierre de Boismont vient de faire à l'Aca démie des sciences une communication très-intéressante sur cette question. D'après ce qu'il a observé, c'est dans la mélancolie, et en général dans les formes tristes de la folie que cet élément thérapeutique se montre avantageux.

Il fallait, pour se rendre compte de sa valeur, tenter une expérience délicate; les résultats en ont été des plus satisfaisants, car sur les douze premiers malades qui furent choisis, huit partirent guéris. Malgré eux, ces monomanes, absorbés dans leur idée fixe, semblables à des statues, annonçant des intentions sinistres, parlant à peine, ou répétant sans cesse les mêmes choses, etaient contraints d'écouter ce qui se disait, de voir ce qui se faisait. La variété des personnages, des conversations, des actes, des objets, exerçait à la longue son influence sur leur esprit préoccupé ou distrait. Aussi les entendait-on souvent proférer tout à coup des mots significatifs, faire des réflexions rapides et justes, prouvant qu'ils avaient été ébranlés par ces impressions nouvelles.

C'est ce qui arriva à une dame de cinquante deux ans, atteinte de mélancolie, dont l'observation est succinctement rapportée dans le mémoire que nous analysons.

Admise dans notre intérieur, dit M. Brierre de Boismont, elle reste immobile sur sa chaise, ne dit pas un mot ou ne répond que par des monosyllabes aux paroles qu'on lui adresse.. On est obligé de l'alimenter par force. L'examen quotidien pendant un mois semble annoncer qu'elle est insen

sible à tout son œil est fixe, sa figure exprime le désespoir; mais l'observation nous apprend enfin que la vue des visiteurs, qui entrent à chaque instant dans l'appartement pour affaires, a secoué sa torpeur et que son attention est éveillée à son insu. En effet, un jour qu'un original a tenu les propos les plus bizarres, elle se met à sourire et dit lorsqu'il est parti: « Cet homme est bien bavard et bien singulier. » Ce peu de mots était le signal du retour des facultés normales. A dater de cet instant, la malade se mêla à la conversation, témoigna sa reconnaissance des soins qu'on lui prodiguait. Deux mois après son admission, elle était complétement rétablie.

En résumé, dit le savant aliéniste, la vie de famille n'est pas seulement favorable à la cure des maladies mentales, elle retarde encore pendant des années la marche de l'état chronique...

-

L'action incessante de la vie de famille mine sourdement les conceptions délirantes, tandis que le raisonnement direct et l'émotion sentimentale échouent presque constamment au début de la maladie. L'époque où il faut commencer la vie de famille varie selon les symptômes; tantôt elle est applicable dès le commencement, tantôt il faut attendre que la période d'acuïté soit affaiblie... Pour diriger ce traitement, qui est un auxiliaire puissant du traitement moral, il ne faut pas de qualités supérieures; un esprit droit et charitable y réussira trèsbien.-La femme, par son dévouement, est éminemment propre à cette mission. Elle doit être secondée dans son œuvre par d'autres personnes de sa famille, ou, à leur défaut, par un personnel choisi. La famille naturelle ne saurait remplir ces indications,

parce qu'elle est souvent le point de départ de la folie, et qu'elle ne peut d'ailleurs exercer sur les malades l'influence de l'étranger qui à vécu avec les aliénés. - Enfin, cette vie commune

de tous les instants adoucit ce qu'a de pénible l'isolement dans les cas où il est nécessaire. (Acad. des sc., 21 août 1865.)

VARIÉTÉS.

Par décret en date du 14 août 1865, rendu sur la proposition du ministre de l'intérieur, ont été nommés dans l'ordre impérial de la Légion d'honneur : Au grade de chevalier: MM. Toussaint, chirurgien en chef de l'hôpital de Mézières (Ardennes), adjoint au maire de cette ville: 25 ans de services militaires et civils. Clary, maire de Maurs (Cantal), médecin de l'hospice de cette ville: 33 ans de services. Manfredi, médecin de l'hospice et des prisons de Bastia (Corse): services distingués. Dupuy, chirurgien en chef de l'hôpital de Saint-André, à Bordeaux services distingués. Arnal, médecin de l'hospice de Terrasson, ancien maire de cette ville: 22 ans de services. Robert, adjoint au maire de Nevers (Nièvre), médecin en chef de l'hospice de cette ville: 25 ans de services. Hélot, chirurgien en chef de l'hospice général de Rouen : 20 ans de services. Blavaux, médecin en chef des hospices de Castres (Tarn), ancien maire de cette ville: donne depuis 25 ans des soins gratuits aux indigents.

Par décret en date du 26 août, rendu sur la proposition du ministre de l'instruction publique, la Société de chirurgie de Paris a été autorisée à prendre le titre d'Impériale.

Le doyen de la Faculté de médecine de Madrid, Don Juan Castello y Tagell, vient d'être élevé à la dignité de grand-croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique.

EPIZOOTIE.

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Le ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics publie l'avis suivant :

« L'administration s'est préoccupée, dès le début, de l'épizootie qui, depuis quelque temps, atteint en Angleterre les animaux de l'espèce bovine, et particulièrement les vaches. Au commencement de ce mois, le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, a chargé MM. Bouley et Reynal, professeurs de l'Ecole impériale vétérinaire d'Alfort, de recueillir, le premier dans la Grande-Bretagne et le second en Allemagne, tous les renseignements utiles. Un certain nombre de notes et de rapports ont déjà été adressés au ministère par ces zélés investigateurs. Une Commission a été chargée d'étudier tout ce qui se rattache à cette épizootie et de proposer les mesures qui devraient être prises dans le cas où la maladie deviendrait menaçante pour le bétail français.

« Cette Commission est composée ainsi qu'il suit: MM. de Monny de Mornay, directeur de l'agriculture, président; le docteur Mêlier, inspecteur général du service sanitaire; le docteur Tardieu, doyen de la Faculté de médecine de Paris; Lecoq, inspecteur général des Ecoles impériales vétérinaires; Magne, directeur de l'Ecole impériale vétérinaire d'Alfort; Bouley et Reynal, professeurs à la même Ecole; Prévost, chef de bureau de l'enseignement agricole et vétérinaire, secrétaire, avec voix délibérative; Vanhuffel, rédacteur à la direction de l'agriculture, secrétaire adjoint. >>

Une Société protectrice de l'enfance vient de se créer à Paris sous la présidence du docteur Barrier.

Nous recevons de son secrétaire général, M. le docteur Alex Mayer, communication des statuts suivants :

Art. 1er. La Société a pour objet : 1o de préserver le premier âge des dangers qui résultent de l'abandon des enfants à des nourrices qui les emportent au loin, sans que les parents puissent exercer sur eux une surveillance suffisante; 2 de mettre en pratique les ressources dont dispose l'hygiène pour le développement physique des enfants avant d'entreprendre la culture de leur intelligence, afin de léguer à l'avenir des générations saines et vigoureuses.

La Société se propose d'atteindre son but par tous les moyens que l'expérience lui suggérera, notamment en encourageant l'industrie privée à fonder dans le voisinage de Paris et des grandes villes de France des Colonies mater

nelles, où des nourrices de choix seront entretenues pour élever des enfants; en instituant des prix en faveur des nourrices qui auront le mieux accompli leur tâche; en propageant les méthodes d'éducation les plus propres à former à la fois le corps et l'esprit; enfin, en publiant un bulletin qui traitera des matières afférentes à la mission que s'impose la Société.

Art. 2. La Société se compose de membres des deux sexes.

Art. 3. Sont membres titulaires ceux qui, résidant dans le département de la Seine, payent une cotisation annuelle de 10 francs, et ont été agréés par le conseil d'administration. Le titre de membre correspondant est dévolu aux souscripteurs qui, demeurant hors du département de la Seine, payent annuellement une cotisation de 6 francs.

Art. 7. Les dames sont éligibles à toutes les fonctions.

Une réunion générale des membres de la Société sera convoquée prochainement. On souscrit chez M. Noirot, libraire, rue des Saints-Pères, 13. Les souscripteurs de la province peuvent envoyer leur cotisation en bons de poste. (Affranchir.)

Les pauvres viennent de s'enrichir d'un nouveau bienfait.

L'administration de l'Assistance publique, en exécution des volontés de M. et Mme Chardon-Lagache, et avec les ressources fournies par ces généreux fondateurs, vient d'édifier une nouvelle maison de retraite, à Auteuil, sur les terrains restés libres après l'installation de l'institution de Sainte-Périne.

Cette maison reçoit des époux en ménage, des veufs ou veuves et des célibataires, les uns en chambres particulières, les autres en dortoirs. Le prix de pension est payé, moitié par les personnes et l'autre moitié sur les fonds de la fondation. Déjà cent pensionnaires sont installés : quarante en dortoirs, les autres en chambres. Les nouveaux aménagements projetés permettront de porter ce nombre à deux cents.

Récemment a eu lieu l'inauguration de ce nouvel hospice, sous la présidence de M. Husson, et avec le concours de M. et Mme Chardon-Lagache.

Pour l'acte généreux des donataires, dont la munificence ne s'élève pas à beaucoup moins de 2 millions, nous ne saurions pas avoir trop d'admiration, et nous rappellerons ici les propres paroles que M. le directeur général de l'Assistance publique a prononcées devant les notabilités qui assistaient à l'inauguration de la maison Chardon-Lagache.

<< Un travail opiniâtre, une sagesse soutenue pendant de longues années, une probité à toute épreuve, ont apporté à l'habile négociant la richesse avec la considération. Mais il n'a point voulu être heureux tout seul; après s'être fait le bienfaiteur de ceux qui l'entourent, après avoir rempli dans toute leur étendue les devoirs sacrés du père de famille, il s'est rappelé son origine; la mémoire de son père et de sa mère, dont il garde le culte dans son cœur, s'est présentée encore plus vivace à son esprit, et, d'accord avec Mme Chardon-Lagache, dont la pensée se confond toujours avec la sienne, il a voulu, en créant cette maison, continuer sous une autre forme l'œuvre du médecin des pauvres et, comme il lé dit modestement lui-même, rendre à la Providence, dans la personne de ceux qui ont besoin d'aide ou qui souffrent, une partie de ce qu'elle lui a donné.

« Cette libéralité faite par M. Chardon de son vivant, et qui vient se placer à côté des libéralités posthumes des Montyon et des Brézin, cette libéralité est grande, messieurs, non-seulement par les sacrifices que le donateur s'est imposés bénévolement, mais plus encore par la pensée généreuse qui l'a inspirée. Je ne veux pas la louer autrement ici. Je croirais cependant manquer à mon devoir de mandataire, d'exécuteur des volontés de M. Chardon, si je ne révélais avec quel noble empressement il a couru au-devant de tous les besoins, de toutes les nécessités; avec quel détachement, avec quel éloignement des préoccupations personnelles il a mené à fin son noble projet, et ce ne sera pas à vos yeux son moindre mérite... >>

M. Husson avait rappelé que M. Chardon Lagache était le fils d'un médecin d'Auteuil, dont la bonté et le dévouement avaient mérité au modeste praticien le titre de médecin des pauvres, et avait montré comment une pensée pieuse se mêlait à l'acte de bienfaisance du donataire.

Un décret impérial a conféré à M. Chardon-Lagache la croix de la Légion d'honneur, et c'est M. le directeur de l'Assistance publique qui a été chargé de la lui transmettre. Cette distinction ne pouvait être mieux placée, la bienfaisance est sœur de la gloire et du mérite.

Pour les articles non signés, F. BRICHETEAU.

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