Sivut kuvina
PDF
ePub

un médecin, nous sommes toujours tenté d'y applaudir: Silentio ac tenebris animus alitur. M. Davasse a sous la main tous les instruments nécessaires pour travailler encore au progrès de la science; qu'il y consacre ses laborieux loisirs, mais qu'il ne fasse pas de sa solitude un Pathmos aux visions ardentes et passionnées : il y a d'ailleurs, dans l'enseignement dont il vient de se faire l'écho peu opportun, plus d'éléments pour une apocoloquintose que pour une apocalypse.

BULLETIN DES HOPITAUX.

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR L'ANTAGONISME DE LA BELLADONE ET DE L'OPIUM. L'étude des alcaloïdes végétaux fournit à la thérapeutique de précieuses ressources. La morphine et l'atropine sont devenues d'un usage journalier. Des accidents sont résultés de leur fréquent emploi; beaucoup de médecins ont été appelés à en constater, et tous ont reconnu que l'atropine surtout, administrée aux doses usuelles, produit souvent des effets physiologiques incommodes pour le malade et sans utilité curative.

Frappés de l'antagonisme qui semble exister entre les propriétés physiologiques de ces deux substances, les praticiens ont été naturellement conduits à supposer que l'une pourrait être le contre-poison de l'autre, ou tout au moins en atténuer les fâcheux effets.

Un certain nombre d'observations ont été citées à l'appui de cette idée théorique, à laquelle la pratique semblait avoir donné raison. Cet antagonisme est-il réel; les cliniciens ne se sont-ils pas illusionnés ?

M. le docteur Camus (1), dans une série d'expériences faites au laboratoire du Val-de-Grâce, attaque une opinion qui tendait à devenir générale et qu'il serait en effet très-important de révoquer, si elle ne reposait pas sur des observations concluantes.

Tout en tenant compte à M. le docteur Camus de ses louables et intéressantes tentatives, on ne saurait faire abstraction des résultats cliniques. Sans doute, les expériences sur les animaux ont une grande importance, elles ont de nos jours puissamment éclairé la physiologie et la thérapeutique ; mais la démonstration sur l'homme est une sanction bien autrement capitale et sans réplique.

M. G. Lubelski, de Varsovie, vient d'ajouter à la liste des faits

(1) Gazette hebdomadaire, 11 août.

connus une observation remarquable publiée dans la Gazette hebdomadaire du 7 septembre, sous forme de réponse au travail précédemment cité.

Sur l'homme, on ne saurait tenter d'expérimentation physiologique, surtout lorsqu'il s'agit de substances dangereuses. Sans renoncer au flambeau de la méthode expérimentale, le médecin est impérieusement forcé de la concilier avec certaines exigences; il est obligé de subir les événements et d'harmoniser ses tentatives avec l'intérêt du malade. C'est pourquoi, dans la plupart des cas d'empoisonnement par l'opium combattus par l'atropine, le contre-poison n'a pas été employé d'une manière exclusive; il n'a rempli pour ainsi dire que le rôle d'adjuvant.

Néanmoins, il faut tenir compte de ces faits, car, s'ils ne donnent pas, chacun en particulier, une démonstration rigoureuse, ils peuvent, réunis et interprétés, conduire à une solution utile à la thérapeutique.

Celui que nous allons citer peut être rangé dans cette catégorie de faits incomplets, mais qui cependant portent avec eux un certain enseignement :

Mile X***, sous l'influence d'un violent chagrin, a voulu s'empoisonner avec du laudanum de Sydenham. Elle s'est procuré une dose d'environ 20 grammes, qu'elle avala tout entière. Au moment de cette tentative de suicide, elle était atteinte d'embarras gastrique depuis quatre jours.

La malade nous est amenée à la Maison municipale de santé le 29 juillet; elle est placée dans le service de M. Bourdon. L'ingestion du laudanum date de la veille, à une heure après midi; les secours n'ont pas été immédiats, car la jeune fille s'était enfermée et couchée dans sa chambre. D'après son récit, elle serait descendue quelques instants pour causer avec les personnes de la maison, alors qu'elle avait déjà pris le laudanum. Puis elle est remontée dans sa chambre, et elle affirme que les accidents graves ne l'ont saisie que trois heures après l'introduction du poison dans l'es

tomac.

Des vomissements assez abondants, nécessitant peu d'efforts, se manifestèrent avant qu'on s'aperçût de l'accident; ce n'est que vers six heures du soir qu'elle fut trouvée plongée sous l'influence du narcotique. Un médecin mandé aussitôt prescrivit du café et de l'eau-de-vie.

Les symptômes inquiétants disparurent; mais les vomissements persistèrent. Le lendemain, ils n'avaient pas encore cessé, et c'est

ce qui détermina la malade à se présenter à l'hôpital, plus de vingtquatre heures après l'ingestion du poison.

A quatre heures de l'après-midi, M1le X*** nous offre les phénomènes suivants : physionomie calme et triste, conservation des facultés intellectuelles, tendance au sommeil, contraction des pupilles; 52 à 56 pulsations artérielles par minute, respiration normale, vomissements fréquents; aucune éruption, pas de démangeaisons; la malade assure que ce dernier symptôme a manqué; mais il est cependant probable qu'il s'est manifesté à son insu, car elle présente des éraillures de l'épiderme produites par des coups d'ongle; ces petites traînées linéaires provoquées par le prurit s'observent surtout à l'épigastre.

Une injection sous-cutanée de 10 gouttes d'une solution au 100me de sulfate d'atropine, est aussitôt pratiquée. Dès lors, les vomissements que nous avions encore constatés en interrogeant la malade ne reparaissent pas ; ils sont arrêtés brusquement.

Le pouls se relève; au bout d'un quart d'heure, il donne 68 pulsations; la somnolence et le malaise sont anéantis.

Nous sommes persuadé que le danger n'existait plus lorsque l'injection d'atropine a été faite; les vomissements spontanés et les stimulants employés le jour même ont atténué les effets du poison; mais il n'en est pas moins vrai que la malade était encore sous l'influence du narcotique, et que l'introduction de l'atropine a supprimé avec une instantanéité remarquable les derniers symptômes de l'intoxication.

Quelques auteurs ont soupçonné et signalé autrefois l'antagonisme de la belladone et de l'opium; mais c'est à notre époque seulement qu'il faut chercher les faits d'une importance réelle relativement à cette question. Des observations ont été publiées à l'étranger; en France des cas analogues ont été signalés par plusieurs praticiens, à la tête desquels se place avec autorité M. le professeur Béhier.

M. H. Bourdon a observé un certain nombre de faits confirmatifs; souvent, dans le service de cet habile praticien, nous avons eu l'occasion d'associer les deux médicaments et d'injecter dans le tissu cellulaire sous-cutané une solution de chlorhydrate de morphine au trentième et une solution de sulfate d'atropine au centième; 30 gouttes de la première pour 10 à 12 gouttes de la seconde.

Récemment encore, deux malades atteints de névroses graves ont éprouvé sous nos yeux le bénéfice de cette association, alors que

l'atropine, d'abord employée isolément, avait donné lieu à des troubles physiologiques fort incommodes.

Les faits que nous avons observés sont insuffisants pour juger la question de l'antagonisme entre la belladone et l'opium; ils ne peuvent guère servir que de pierres d'attente pour continuer à édifier l'œuvre. Dès aujourd'hui, cependant, nous devons essayer d'en tirer quelques déductions.

L'opium atténue et contre-balance avantageusement, dans lą pratique, les effets physiologiques incommodes produits par la belladone; la réciproque paraît également vraie.

Si l'empoisonnement par l'opium ne peut être enrayé par la belladone, et vice versa, il est du moins certain que l'un de ces médicaments est un adjuvant très-utile pour combattre certains symptômes toxiques produits par l'autre.

Ainsi que M. Béhier l'a observé, il faut une dose d'atropine inférieure à celle de morphine pour obtenir la neutralisation. La pratique de M. Bourdon est d'accord avec cette opinion. Dans les faits que nous avons recueillis, la proportion de morphine, employée concurremment à l'atropine, était toujours au moins quatre fois plus forte.

Nous croyons que, dans un cas d'empoisonnement, il faut éviter de donner le médicament regardé comme antagoniste à la dose où il serait lui-même toxique. Malgré l'obscurité qui couvre encore l'action intime des médicaments, on peut supposer, d'après leurs effets bien connus, que l'opium et la belladone agissent sur des éléments de l'organisme doués de propriétés opposées. Lorsque la belladone ou l'opium tue, c'est peut-être parce qu'au lieu d'agir comme modificateur passager, il a exercé une action profonde et produit une lésion sur l'élément nerveux, pour lequel il possède une action élective. Il n'est pas irrationnel d'admettre que l'organisme, blessé simultanément en deux sens divers, succombe plus vite lorsque chacun des deux agents a été administré à une dose suffisante pour produire de véritables désordres.

Quant à la manière d'introduire le contre-poison, il est aujourd'hui hors de doute qu'aucun procédé ne donnera des résultats aussi sûrs et aussi rapides que la méthode hypodermique. Par ce moyen, on sera certain d'agir, tandis que par l'ingestion stomacale, le médicament pourrait être rejeté, comme il l'est souvent dans l'intoxication par l'opium. T. DODEUIL.

RÉPERTOIRE MÉDICAL.

REVUE DES JOURNAUX.

Sur l'emploi de la ouate comme agent hémostatique. Dans l'exercice de l'art de guérir, rien de plus essentiel au praticien que d'être toujours à même de porter un secours prompt et efficace dans les diverses circonstances où l'on fait appel à son expérience. Voilà pourquoi il importe qu'il soit familiarisé avec les moyens les plus simples et qui se trouvent le plus facilement à sa portée; voilà pourquoi aussi nous saisissons l'occasion de rappeler un de ces moyens qui, préconisé déjà par Reveillé-Parise dans ce journal en 1852, réunissait toutes les conditions pour entrer d'emblée, sur la recommandation de ce recommandable médecin, dans la pratique courante. Nous voulons parler de la ouate, dont nous voyons avec plaisir les avantages rappelés par M. le docteur Journez.

Espèce de duvet composé de fils excessivement ténus, enlacés, la ouate, dit notre confrère belge, s'attache aux parties qui sont le siége de l'hémorrhagie, et elle s'y attache plus aisément que ne le fait la charpie, l'éponge. l'amadou. Elle se prête à toutes les dispositions des parties lésées, gêne moins les mouvements, et une fois qu'elle est adhérente, ré clame moins, pour se maintenir en place, un appareil protecteur ou de soutien. Introduite dans les sillons les plus profonds et les plus étroits, comme dans les cavités et les anfractuosités les plus variées, son élasticité permet de compter sur une action compressive auxiliaire, toujours favo rable et toujours subordonnée à la quantité employée. Une fois appliquée sur le siége d'une hémorrhagie externe, il suffit de la tenir en place pendant quelques minutes à l'aide des doigts, puis de retirer doucement ceux-ci les uns après les autres, dès que l'écoulement sanguin a complétement cessé. Quand l'hémorrhagie a sa source dans une cavité, il faut tamponner celle-ci de façon à permettre à la ouate d'exercer une compression modérée qui est toujours un auxiliaire avantageux. La compression doit être modérée car, ainsi que l'a fait remarquer Reveillé-Parise, « si les bourdonnets étaient trop pressés, le sang ne pourrait pénétrer dans les inter

stices de cette substance, et s'ils étaient trop mous, il les traverserait avec trop de facilité, et l'hémorrhagie pourrait continuer. >>

M. Journez a eu recours à la ouate avec succès, comme il le fait voir par des exemples tirés de sa pratique, pour combattre des hémorrhagies dans des cas de plaies par arrachement, de plaies par instrument tranchant, de plaies des petites artères, d'épistaxis, et surtout de piqûres de sangsues, hémorrhagies souvent si redoutables chez les enfants et chez certains sujets débiles. (Journ. de méd., de chir. et de pharm. de Bruxelles, avril 1865.)

Luxation incomplète de l'axis, suivie de guérison. N***, journalier, âgé de vingt et un ans, entré à l'hôpital de Guy, dans le service de M. Hilton, le 26 mai 1865. Cet homme, quoique se sentant indisposé et ayant perdu l'appétit et les forces depuis environ trois mois, continuait cependant de se livrer à ses travaux habituels. Le 14 mai, en se baissant pour cirer ses bottes, qu'il avait aux pieds, il éprouva tout à coup la sensation de quelque chose qui se rompt à la partie supérieure et postérieure du cou, « comme si quelqu'un l'eût frappé en ce point. » Un quart d'heure après, il tomba dans un état d'insensibilité qui dura environ une demi-heure. Il sentit ensuite de la roideur et de l'engourdissement en arrière et sur les côtés de la tête et du cou, avec un sentiment de plénitude dans le pharynx et difficulté d'avaler. D'abord, il n'y eut pas perte de la motilité des membres, seulement un peu de douleur daus le bras droit; il survint, toutefois, une diminution de la force motrice dans ce même membre quelques jours après l'entrée à l'hôpital, mais qui disparut spontanément au bout de peu de temps.

Au moment de l'admission, le malade porte la tête fixe, et ressent de la douleur à la moindre tentative pour imprimer à cette partie un mouvement de rotation, la fléchir ou l'étendre; la mâchoire, à peu près immobile, ne peut être suffisamment écartée pour que le doigt puisse être introduit dans la bouche jusqu'à la paroi postérieure

« EdellinenJatka »