Sivut kuvina
PDF
ePub

DE

THÉRAPEUTIQUE

MÉDICALE ET CHIRURGICALE.

THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE.

Etudes physiologiques sur les médicaments cardiaques et vasculaires.

Applications à la thérapeutique de l'asthme (').

Par M. G. SEE, médecin de l'hôpital Beaujon.

Anesthésiques.

MÉDICATIONS De l'asthme classées d'après la MÉTHODE PHYSIOLOGIQUE. Chaque poison agissant sur un système ou sur un organe important dans la hiérarchie vitale, ses localisations sont spéciales comme son mode d'action, et l'élimination elle-même se fait par des voies électives. Ce sont ces données acquises à la science qui nous guideront dans l'appréciation des médications de l'asthme. 1re CLASSE. Il est des substances qui paralysent d'une manière primitive ou secondaire les nerfs de la sensibilité. Sous le nom d'anesthésiques, elles figurent dans la thérapeutique de l'asthme, et comprennent: 1° les gaz de combustion du papier nitré; 2o l'acide carbonique qui agit comme excitant avant d'exercer une sédation, et trouvera plus naturellement sa place dans gaz du sang; 3o le chloroforme.

les

2o CLASSE. · Médicaments cardiaques et vasculaires. — Un grand nombre de substances agissent sur le cœur ou sur ses nerfs; sans parler du sulfocyanure de potassium et de la digitale à haute dose, qui, affectant directement le tissu cardiaque, compromettent immédiatement la vie, nous comptons au nombre des moyens curatifs de l'asthme diverses séries de poisons, qui atteignent les systèmes nerveux du cœur, qu'il importe préalablement de connaître.

(1) Cet article est extrait du tome III du Nouveau dictionnaire de médecine pratique, art. ASTHME; ce volume vient de paraître.

L'innervation du cœur comprend trois éléments primordiaux : 1° le principe de son action qui réside dans les ganglions intracardiaques, et particulièrement dans le ganglion placé entre le sinus veineux et l'oreillette droite; 2o l'élément modérateur; l'activité des ganglions est contre-balancée ou réglée par le nerf vague, qui doit être considéré comme un nerf modérateur, car si on vient à l'exciter, au lieu d'augmenter le nombre des pulsations comme le ferait. un nerf moteur, il arrête le cœur en relâchant son tissu musculaire ; c'est au contraire la section du nerf qui précipite les pulsations d'une manière démesurée ; le nerf vague est donc une sorte de frein, dont la suppression donne libre cours à l'impulsion émanée des ganglions; 3o le centre cardio-spinal. Le bulbe et la moelle cervicale contiennent des centres accessoires dont l'excitation fait contracter les vaisseaux et augmenter les contractions du cœur (voir nos Leçons sur l'innervation du cœur, Paris, 1865). L'intermédiaire de ces centres et du cœur, est le nerf grand sympathique, qui n'est qu'un nerf de transmission.

A. Auxiliaires de l'innervation vasculaire et du centre cardiospinal. Parmi les poisons cardiaques, il en est qui excitent fortement les vaisseaux, et, par conséquent, le centre accessoire du cœur; si la contraction vasculaire atteint les artérioles du cordon encéphalo-rachidien, cet organe subit une sorte d'anémie locale, qui se traduit par une diminution de la sensibilité et une véritable sédation générale.

Le bromure de potassium, dont j'ai cherché à utiliser les propriétés calmantes dans le traitement de l'asthme, peut servir de type à cette classe de médicaments.

B. Modificateurs des nerfs vasculaires et pneumogastriques. --La nicotine et le principe actif de la lobélia, qui ressemble de tous points à la nicotine, modifient profondément et les centres vasculaires et le système modérateur du cœur.

La belladone et le datura participent à la fois des propriétés du bromure et de la nicotine.

Il est, en outre, des médicaments qui abaissent l'action du cœur sans le paralyser : le tartre stibié et l'ipéca, à dose nauséeuse, produisent cette dépression de la circulation, au milieu d'un collapsus général.

C. Excitants des ganglions cardiaques.— La caféine, la théine, l'alcool, déterminent au contraire une excitation des nerfs et ganglions automoteurs, et, par conséquent, augmentent le nombre et l'énergie des pulsations.

[blocks in formation]

5 CLASSE.

Poisons soporifères et tétaniques: opium.

Poisons des nerfs moteurs et des muscles: ammo

Modificateurs de la nutrition des tissus: arsenic à

petite dose, iode et iodure de potassium.

6o CLASSE. Gaz du sang: oxygène, air comprimé, air raréfié, azote, acide carbonique.

7° CLASSE.

Modificateurs des épithéliums et des sécrétions:

alcalins, soufre, antimoine, térébenthine.

8 CLASSE. Modificateurs complexes: eaux minérales et bains d'eaux thermales, aspiration de liquides pulvérisés, cures de petitlait, hydrothérapie, irritations de la peau.

Intervalles entre l'absorption et l'action des médicaments. — Une confusion regrettable règne en médecine entre l'absorption et la localisation des remèdes. Quelle que soit leur voie d'introduction, ils pénètrent dans le sang, mais leur présence dans ce milieu intérieur, ainsi que l'appelle Bernard, ne suffit pas pour faire naître l'action physiologique. La condition essentielle, c'est leur localisation; or, avant qu'ils n'atteignent, qu'ils n'imprègnent les tissus ou les organes électifs, et ne produisent les bienfaits annoncés par le médecin, il se passe souvent un temps assez long, qui varie depuis deux heures jusqu'à vingt-quatre et même trente-six heures ; il se peut même que le poison se montre déjà dans les liquides excrétés, quand il n'existe encore aucun signe de manifestation thérapeutique. Bernard injecte dans une anse d'intestin une solution de cyanoferrure de potassium, mélangée au curare; au bout de quelques minutes le sel est retrouvé dans l'urine, tandis que longtemps après il n'était encore survenu aucun symptôme d'empoisonnement.

En général, les poisons du cœur et des vaisseaux, le bromure de potassium, la belladone, après une impression première qui se traduit parfois par de l'excitation, ne réussissent à calmer qu'au bout de six à dix heures. Il en est de même de l'opium; aussi faut-il avoir le soin de le prescrire en temps opportun, pour que le sommeil ou la sédation puissent coïncider avec l'heure habituelle des accès de douleurs, ou d'excitation qu'on cherche à calmer. De même, si on veut faire cesser une toux nocturne ou une dyspnée asthmatique, il faut que la prescription soit exécutée entre deux et huit heures du soir; sinon, au lieu du calme de la nuit, il se manifeste un engourdissement dans la matinée du lendemain. La digitale est plus lente encore dans son action.

1re CLASSE: Anesthésiques.

Sous ce nom on confond toutes

les substances qui ont la propriété de diminuer ou d'éteindre la sensibilité. Mais cette faculté est tantôt primitive, le poison portant son action sur les nerfs de la sensibilité, tantôt consécutive à l'action de l'encéphale ou de la moelle, tantôt, enfin, au trouble ou même à l'arrêt de la respiration et de la circulation.

Parmi les médicaments anesthésiques employés dans l'asthme, je ne trouve que : 1o les gaz de la combustion du papier nitré; 2o l'acide carbonique; 3° le chloroforme type des anesthésiques.

Ozanam a posé en principe que les anesthésiques agissent surtout sous forme de produits volatils, en raison directe de la quantité de carbone combinée, soit avec l'oxygène, soit avec l'hydrogène, etc. L'acide carbonique serait le type de ce genre. Or, c'est précisément celui qui est le plus contesté. Lallemand, Perrin et Duroy ont démontré que les substances qui n'atteignent pas directement le système nerveux sont des pseudo-anesthésiques. Comme l'acide carbonique porte son action primitive sur le sang et sur le cœur, il doit être déclassé. Le chloroforme présente lui-même des actions variables, et on est loin d'être d'accord sur sa localisation initiale.

a. GAZ DE COMBUSTION DU PAPIER NITRÉ. Les fumigations de papier nitré constituent un des moyens les plus simples et des plus actifs de soulagement. Depuis longtemps, l'empirisme combattait la dyspnée par la combustion de l'amadou nitré ; la médecine américaine s'empara de cette donnée, et, en 1843, le docteur Nicolas Frisi, qui avait eu connaissance de ce remède par la lecture des journaux, en fit l'application la plus heureuse. Lefèvre, et surtout Viaud-Grandmarais, que j'ai été à même de conseiller dans ses remarquables études, en firent l'objet de recherches suivies qui furent complétées et pleinement vérifiées par Letenneur, Chaillery, Trousseau, Favrot, Théry en France, par Salter en Angleterre, par Fiber, Waldburg, etc., en Allemagne.

Préparation. La feuille nitrée est préparée avec du papier à filtre, qui a l'avantage de conserver toute sa porosité; il doit être assez épais pour ne pas brûler trop vite, et imprégné d'une solution concentrée de nitrate de potasse; toutefois, si la quantité de nitre dépasse 30 grammes pour une carte de 270 pouces carrés, le sel empêche la combustion du papier, c'est-à-dire de la cellulose, qui est aussi indispensable que le nitre lui-même.

Ces cartes, découpées en feuillets, laissent dégager par la combustion une fumée épaisse, blanchâtre, que le malade respire librement à une petite distance. Favrot se sert d'amadou nitré.

Résultats thérapeutiques.

Les résultats de cette combustion sont ordinairement un prompt soulagement qui, en général, n'est cependant pas de longue durée. D'après Salter, au contraire, l'accès peut être enrayé immédiatement et complétement; et à l'appui de cette donnée, il cite trois cas tout à fait péremptoires. Lorsqu'en effet la fumigation est pratiquée lors de l'imminence ou du début de la dyspnée, l'accès est arrêté, ou il diminue singulièrement d'intensité (Waldburg). Lorsqu'au contraire, on l'emploie au plus fort du paroxysme, l'inhalation ne produit ordinairement qu'une amélioration temporaire; enfin, dans les intervalles, il est sans action pour prévenir le retour des accès. En général, il suffit comme moyen préventif immédiat, ou comme moyen palliatif; c'est à ce titre qu'un grand nombre d'asthmatiques s'en louent, au point d'en être constamment munis.

Analyse physiologique. Ces résultats empiriques étant acquis, il s'agit de déterminer les éléments actifs du produit de combustion. C'est à l'expérimentation à décider entre les divers gaz, à savoir, l'oxygène, le protoxyde d'azote (Waldburg), un composé ammoniacal (Viaud), l'acide carbonique, ou bien enfin, les particules de charbon et de nitre (Martius).

La fumée dite nitrée n'a aucune des propriétés des mélanges riches en oxygène, elle n'active pas la combustion, et le phosphore ne produit pas dans ce résidu gazeux une sensible diminution de volume; l'oxygène se combine avec le carbone pour former l'acide carbonique.

La présence du protoxyde d'azote semble plus probable; son action se traduit ainsi : ivresse anesthésique, quelquefois accompagnée de sensations agréables (Humphry Davy, Gmelin); plus souvent, faiblesse progressivement croissante jusqu'à la syncope, avec ou sans anxiété (Thénard, Vauquelin, Proust); constamment des troubles de la vue, de l'ouïe. Ce gaz agit donc comme anesthésique, et c'est comme tel que, déjà en 1844, Horace Wels, de Boston, l'employa avant la découverte de l'éther; en même temps il agit comme moyen dépressif, et la syncope ainsi que le collapsus qui en résultent présentent en définitive avec les effets du chloroforme la plus grande analogie, qui détermine dans le traitement des accès les mêmes avantages immédiats, temporaires.

Le produit qu'il faut prendre en considération, d'après Viaud, ce n'est pas le protoxyde d'azote, mais un composé ammoniacal résultant de la combustion de la cellulose (C12H10O3), au contact du nitrate de potasse (KOAZO3). L'hydrogène et l'azote naissant forment de

« EdellinenJatka »