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On ne saurait plus en conserver aujourd'hui, après la description si nette de l'auteur. Il existe bien chez les vierges des ulcérations du col de l'utérus qui ne disparaissent pas spontanément; elles se reconnaissent à un ensemble de signes caractéristiques suivant l'auteur douleurs dans le ventre, les lombes, les cuisses, pesanteur dans le bassin, quelquefois abaissement de la matrice; écoulement glaireux et purulent par le vagin, règles difficiles et extrêmement douloureuses, extrême faiblesse de la malade, troubles digestifs, insomnie, phénomènes hystériques et même paralytiques. En présence de ces troubles fonctionnels, il faut constater l'état physique du col. Pour y arriver, une dilatation lente et graduelle de l'hymen suffit le plus souvent; si cette membrane était dure et résistante, M. Bennet conseille de l'inciser, et le doigt reconnaît alors que le col est tuméfié, que son orifice, plus ou moins ouvert, donne la sensation du velours; il introduit ensuite avec beaucoup de ménagements un petit spéculum construit ad hoc; et constate de visu ce ce qu'il n'avait fait que soupçonner. Le traitement ne diffère pas de celui qu'on applique aux ulcérations des femmes mariées. Nous croyons devoir citer ce passage de l'ouvrage :

«En jetant un regard rétrospectif sur ce chapitre écrit depuis tant d'années déjà, c'est pour moi un sujet de vive satisfaction de voir que je n'ai rien à y changer, et qu'il me faut y ajouter peu de chose. Cependant l'inflammation chez les vierges, bien qu'elle soit une forme exceptionnelle de la maladie, a été l'objet constant de mon observation et de mon étude; d'ailleurs, l'énorme responsabilité qui pèse en pareil cas sur les médecins en a conduit un grand nombre à faire appel à mon expérience. Or, le surcroît de renseignements que j'ai ainsi obtenus a pleinement justifié tous les faits que j'avais autrefois avancés. Les années écoulées m'ont démontré que peu de conquêtes scientifiques ont plus fait pour le bien-être des femmes que ce travail sur la métrite du col chez les vierges, bien qu'il m'ait valu plus d'un sanglant reproche de la part de mes confrères. >>

L'ulcération du col pendant la grossesse est encore un point trèsintéressant que met bien en lumière l'ouvrage de M. Bennet. Elle donne souvent lieu à des hémorrhagies qui ont pu en imposer, suivant l'auteur, pour les règles survenant malgré l'état de grossesse. Cette opinion nous paraît trop exclusive, car des hommes expérimentés, tels que MM. P. Dubois, Tarnier, disent avoir observé pendant la grossesse un écoulement de sang périodique, qui venait bien de la cavité utérine. Un des symptômes les plus communs et les

plus redoutables de ces ulcérations sont les vomissements incoercibles qui signalent habituellement les premiers temps de la grossesse. Ces ulcérations qui, lorsqu'elles existent, s'opposent ordinairement à la conception, sont pour les femmes enceintes une cause fréquente d'avortement. Lorsque la grossesse suit sa marche habituelle, les malades sont plus exposées à la métro-peritonite et aux accidents qui suivent parfois l'accouchement, Il est donc nécessaire d'appliqner promptement à cette maladie un traitemeut approprié, l'usage du spéculum n'étant nullement à craindre pendant la grossesse, suivant l'auteur.

Ces deux chapitres très-intéressants sont accompagnés d'observations détaillées et fort concluantes, pour étayer les opinions.

Un chapitre est consacré aux phlegmons du ligament large. Et sous ce nom M. Bennet décrit l'inflammation du tissu cellulaire situé entre les deux feuillets du ligament. Il ne s'occupe pas des travaux nombreux qui ont été faits en France dans ces dernières années sur ce sujet important; mais c'est une lacune qu'a comblée le traducteur. Dans une note succincte et néanmoins complète, M. Peter rappelle les opinions de MM. Nonat, Bernutz et Goupil, et Aran.

M. Nonat a appelé l'attention non-seulement sur la phlegmasie du tissu cellulaire des ligaments larges, mais encore sur celle du tissu cellulaire qui environne de toutes parts l'utérus, et il l'a désignée sous le nom de plegmon péri-utérin. Suivant le point enflammé, il a décrit : le plegmon latéral (droit ou gauche); le phlegmon des ligaments larges; les phlegmons rétro-utérin, anté-utérin et péri-rectal. Ces phlegmasies, le plus souvent chroniques, seraient surtout caractérisées par la présence d'une tumeur de forme, de volume, de rapports variables suivant le point affecté. A la surface de ces tumeurs rampent des vaisseaux artériels volumineux.

Pour M. Nonat, en définitive, la plupart des lésions chroniques que l'on rencontre dans l'utérus et ses annexes auraient pour point de départ l'inflammation du tissu cellulaire.

Cette doctrine a été rejetée complétement par MM. Bernutz et Goupil, qui ont expliqué tous ces mêmes cas par une péritonite du bassin, et la tumeur caractéristique par les adhérences des viscères pelviens réunis entre eux.

Enfin, Aran émit une opinion mixte, et conclut de ses recherches que les petites tumeurs péri-utérines résidaient dans le tissu cellulaire sous-péritonéal, tandis que les tumeurs volumineuses étaient le résultat d'une pelvi-péritonite.

Quoi qu'il en soit, ainsi que le fait fort bien remarquer M. Peter, les auteurs sont d'accord sur ce point : l'existence d'un travail inflammatoire; c'est donc ce travail qu'il faut combattre.

Un chapitre des plus intéressants est consacré à l'étude des déviations utérines. L'auteur professe à cet endroit une opinion trèstranchée. La plupart des déviations ne sont que des épiphénomènes secondaires, et les troubles locaux et généraux qu'éprouvent alors les malades, sont le résultat de l'inflammation et non des déviations. Il en résulte une conséquence capitale pour le traitement, c'est que Bennet rejette à peu près complétement tous les moyens mécaniques proposés par Simpson et autres pour corriger ces déviations. Il conclut en ces termes :

Les déplacements de l'utérus ne réclament, dans l'immense majorité des cas, aucun traitement mécanique spécial, pourvu que les conditions morbides qui les ont produits soient reconnues et traitées; 2° que dans les cas extrêmes d'antéversion et de rétroversion, dans lesquels il serait véritablement à désirer de redresser l'utérus par des agents mécaniques, le pessaire intra-utérin, quand il est supporté, rend peu de services si tant est qu'il en rende, car le déplacement reparaît aussitôt que l'instrument est retiré; 3° que dans le prolapsus complet, les bandages vulvaires constituent les moyens de contention les plus facilement tolérés et les plus efficaces, combinés parfois à un bandage abdominal, destiné à faire disparaître la pression exercée par les intestins.

J'aurais encore à signaler bon nombre de chapitres dans l'ouvrage de M. Bennet; mais ce qui précède suffit pour en faire comprendre toute l'importance.

Ce qui préoccupe évidemment l'auteur, c'est l'inflammation de l'utérus, qui, pour lui, joue un rôle capital dans la production des accidents qu'occasionnent toutes les autres lésions de l'appareil utérin. Par exemple, un polype fibreux s'accompagne-t-il de phénomènes morbides, c'est l'inflammation qu'il en rend responsable. Le livre de M. Bennet est surtout remarquable par le côté pratique. C'est évidemment un homme qui a beaucoup vu, bien vu, et qui a appliqué à l'étude des maladies utérines une sagacité et un bon sens rares. Le meilleur éloge que nous puissions faire de la traduction, c'est que la lecture de l'ouvrage est très-facile, on est pris souvent à oublier que ce n'est qu'une traduction, tant M. Peter a su rendre le texte avec clarté et intelligence.

BULLETIN DES HOPITAUX.

CAS DE PLAIES PÉNÉTRANTES DES ARTICULATIONS.

REMARQUES

SUR LE TRAITement de ces PLAIES, ET SPÉCIALEMENT SUR LES AVANTAGES DES APPLICATIONS DE GLACE. La discussion provoquée récemment dans le sein de la Société de chirurgie, par M. le docteur Verneuil, sur une des questions les plus sérieuses et les moins bien. connues peut-être de la chirurgie, à savoir le pronostic et les indications thérapeutiques des plaies pénétrantes des articulations, ou plutôt de l'articulation du genou, donne un caractère d'actualité aux faits suivants, intéressants à la fois par la nature des lésions (dans deux cas principalement), le traitement mis en œuvre et les résultats obtenus. Observés dans les salles de M. Spence, à l'infirmerie royale d'Edimbourg, ils ont été publiés par le docteur William Rutherford, chirurgien interne de cet hôpital, avec des remarques cliniques qui font connaître les opinions du professeur, la thérapeutique par lui adoptée et les résultats de son expérience (1).

Obs. I. P. C***, âgé de 21 ans, jeune homme doué d'une santé robuste, est apporté à l'infirmerie, d'une localité voisine de la ville, dans la soirée du 28 mai. Le matin de ce jour, il avait été violemment lancé hors d'un waggon à transporter le charbon de terre contre des pieux de bois, et la pointe aiguë d'un de ces pieux avait pénétré vers le bord interne de la rotule, dans l'articulation du genou gauche, produisant une plaie avec déchirures légères, qui permettait facilement l'introduction de l'index à l'intérieur de la jointure. Le genou était le siége d'une douleur aiguë, même à l'état de repos, et sa température s'était considérablement élevée. Il ne s'était écoulé de la blessure qu'une faible quantité de sang. Il y avait également une plaie contuse du cuir chevelu, d'environ deux pouces d'étendue, mais qui ne s'accompagnait pas de céphalalgie, non plus que d'aucun autre symptôme nerveux. Le blessé accusait en outre une douleur intense au niveau de l'épine dorsale, dans la région interscapulaire; toutefois, l'examen le plus attentif ne fit pas reconnaître de fracture de vertèbres ou de côtes. Il avait une soif vive, mais la peau était froide dans toute son étendue, et le pouls ne battait que 68.

Le thorax fut entouré d'un bandage de corps en flanelle; les plaies de la tête et du genou furent nettoyées avec soin et leurs bords affrontés au moyen de fils d'argent, puis le membre fut placé sur un plan incliné. Dans des cas semblables, M. Spence avait jusqu'alors eu recours à l'irrigation pour appliquer le froid à l'article blessé; mais il n'avait pas eu à se louer de ce moyen, tant

(1) Edinburgh med. Journ., août 1865.

à cause des difficultés qu'on éprouve à en faire une application convenable qu'en raison des résultats peu satisfaisants qui, entre ses mains, en avaient presque constamment suivi l'emploi. Ce fut ce qui le décida, dans ce cas, à essayer la glace. Une grande vessie de gutta-percha contenant de la glace fut placée sur le genou, la plaie ayant été au préalable couverte d'un petit plumasseau de charpie sèche, recouvert à son tour d'une large feuille de gutta-percha, de manière à empêcher sûrement la plaie d'être mouillée, si, par hasard, il venait à s'échapper de l'eau de la vessie. On administra une dose de chlorhydrate de morphine pour calmer la souffrance et procurer le repos. La nuit se passa dans un sommeil profond, et le matin, au réveil, il n'y avait pas de mal de tête et le genou était sans douleur.

Le 31 mai. Les sutures sont enlevées au genou et à la tête; la plaie du genou est réunie par première intention; celle du cuir chevelu a suppuré. Pouls à 90.

Le 1er juin. Pouls à 100; céphalalgie intense; aucune préparation opiacée depuis la nuit qui a suivi l'entrée à l'hôpital; raser les cheveux; application du froid sur la tête; une dose moyenne d'huile de ricin.

Le 2. Il y a eu un léger frisson; langue saburrale; pouls à 102. Céphalalgie plutôt diminuée; genou légèrement tuméfié, mais sans chaleur. La glace est discontinuée pendant quelques heures et remplacée par l'eau froide ; mais le genou n'ayant pas tardé à redevenir douloureux, et la température s'en étant accrue rapidement, on a de nouveau recours à la glace, qui amène la disparition de ces symptômes fâcheux. Le soir, il paraît de l'érythème autour de la plaie de tête.

Le 3. L'érythème s'étend. Pouls à 104, faible. Quatre onces d'eau-de-vie dans la journée, 15 gouttes de teinture de perchlorure de fer toutes les trois heures. Boissons salines. Malgré la présence de l'érythème, les applications d'eau froide sur la tête sont continuées, à cause du soulagement prononcé qu'elles apportent à la céphalalgie.

Le 4. Délire. L'érythème ne s'est pas étendu. Pouls à 110. Six onces d'eau-de-vie au lieu de quatre.

Le 5. Bon sommeil toute la nuit. Disparition du délire. Pouls à 96. Erythème en voie de résolution.

Le 8. Pouls à 82, bien meilleur sous le rapport de la force. Erythème disparu. Trois onces d'eau-de-vie seulement. Cessation de l'application de la glace sur le genou, elle est remplacée par une simple compresse imbibée d'eau froide jugée suffisante pour réprimer la tendance à l'accroissement de la chaleur, Cessation du froid sur la tête.

Le 15. La plaie du cuir chevelu cicatrisée; disparition de la douleur de la région dorsale. Le membre est débarrassé des attelles qui le maintenaient immobile. Bière au lieu d'eau-de-vie. La convalescence marche ensuite rapidement, et le 28 juin, le malade est envoyé à la maison de convalescence, en état de marcher avec l'aide d'une béquille. Le 28 juillet, il est venu se présenter à la clinique : sa

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