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été préparées avec de l'opium brut. Si on en laisse tomber quelques gouttes sur une plaque de verre, et si on abandonne le tout au contact de l'air, le résidu est transparent et ne se dessèche pas, les autres gouttes noires laissent un extrait presque noir, opaque et solide, etc.

Il ressort des faits que nous venons d'exposer, que personne ne connaît encore la composition des gouttes noires anglaises; que celles de M. Mayet ne peuvent en aucune manière leur être substituées, et que nous devons recommencer nos recherches, et étudier d'autres préparations venant de Londres, afin de savoir si elles ont de l'analogie avec celles de M. Roberts.

Nous ferons connaître, dans une autre note, le résultat des analyses de nos gouttes noires, qui sera, nous le pensons, assez inté

ressant.

Enfin, nous dirons, en terminant, que nous ne voyons pas l'utilité de placer au rang des agents thérapeutiques des préparations aussi concentrées. En effet, que veut-on ? calmer les malades le plus sûrement et le plus avautageusement possible. Eh bien ! est-ce qu'on n'y parviendrait pas aussi bien, si les gouttes noires n'étaient pas aussi concentrées; si, au lieu de représenter 50 centigrammes d'opium brut par gramme, elles n'en renfermaient que 10 centigrammes?

D'ailleurs, tout le monde sait combien les accidents sont nombreux avec le laudanum, et tous les praticiens doivent comprendre que si les gouttes noires étaient aussi souvent prescrites que ce médicament, les empoisonnements que nous aurions à enregistrer seraient d'autant plus dangereux, que ces gouttes auraient plus de concentration (1).

(1) Nous sommes incompétents pour juger la question au point de vue pharmaceutique. Mais il résulte des faits publiés par M. le professeur Monneret et de ceux que nous avons observés, que les gouttes noires (formule de M. Mayet) n'agissent pas de la même façon que le laudanum. Les gouttes noires trouvent leur indication dans les cas où il faut soumettre les malades à l'usage prolongé des opiacés à haute dose, et elles sont parfaitement tolérées, à condition qu'on les administre au moment du repas.

(Note de la Rédaction.)

CORRESPONDANCE MÉDICALE.

Note sur le traitement du rhumatisme et de la pleurésie.

Je réunis, non sans motifs, dans une même note, le traitement du rhumatisme et celui de la pleurésie. C'est dans ces deux maladies surtout que j'ai employé un médicament peu connu l'alcoolature de racine de bryone.

Le rhumatisme et la pleurésie ont parfois une durée vraiment désespérante. Le traitement que je mets en usage, sans être parfait, m'a cependant donné des résultats remarquables et a presque toujours notablement abrégé les souffrances des malades; voilà pourquoi je crois devoir le signaler. Je me bornerai à exposer brièvement ce que j'ai vu, me plaçant à un point de vue exclusivement pratique.

Rhumatisme articulaire aigu. — J'en suis arrivé à rejeter d'une manière absolue l'emploi des émissions sanguines, qui m'ont toujours paru, quoi qu'on en ait dit, préjudiciables aux malades et propres à favoriser les jetées rhumatismales sur le cœur. L'inflammation cardiaque étant ce qu'il y a de plus redoutable dans le rhumatisme, je ne crois pas devoir affaiblir par des émissions sanguines générales l'organe central de la circulation. Quant aux déplétions sanguines locales, elles sont sans utilité la plupart du temps. L'alcoolature d'aconit, au début, peut remplir toutes les indications tirées de la réaction violente de l'organisme. Je commence donc ordinairement par administrer l'alcoolature d'aconit : 1 ou 2 grammes dans 125 grammes d'eau sucrée par cuillerée. Je continue deux ou trois jours. Toutefois, s'il y avait embarras gastrique avec nausées, envies de vomir, etc., un vomitif au début serait parfaitement indiqué, surtout l'émétique en lavage.

Dès que, par un vomitif et l'aconit, j'ai obvié à l'embarras gastrique et détruit l'état de phlogose exagérée qui signale souvent le début de la fièvre, l'affection rhumatismale étant dans toute son acuïté, j'arrive promptement à l'alcoolature de racine de bryone. La préparation de cette alcoolature est des plus simples: racine de bryonia alba fraîche et cueillie avant la floraison, 1,000 grammes; alcool à 90 degrés (36 degrés Cartier), 1,000 grammes. Réduire la racine en pulpe, la faire macérer quinze jours dans l'alcool, exprimer à la presse et filtrer.

L'alcoolature de bryone est une préparation que j'emploie depuis

sept à huit ans, et qui m'a rendu les meilleurs services. Elle m'a paru indiquée d'une manière générale dans toutes les inflammations aiguës de provenance rhumatismale ou catarrhale, que ces inflammations affectent les séreuses, les muqueuses ou les tissus blancs. Dans le rhumatisme, surtout articulaire, elle a une action presque constante et une efficacité positive. Je la donne ordinairement à la dose de 4 grammes dans 125 grammes d'eau sucrée, à prendre par cuillerée dans les vingt-quatre heures.

A cette dose, qu'on pourrait élever sans inconvénient, l'alcoolature de hryone ne procure aucune espèce d'évacuation; elle amène seulement la sédation des douleurs, une détente générale et la diminution de la fièvre. Je la continue ordinairement quatre ou cinq jours et même plus, tant que j'en obtiens un effet favorable.

Mais il arrive bientôt un moment où la maladie reste station naire; elle est moins aiguë, les douleurs ont perdu de leur intensité, la tuméfaction articulaire existe à un moindre degré, et, surtout, la fièvre n'est pas aussi continue. Elle présente de légères rémissions le matin, et il y a même quelquefois un peu de sueur. C'est le moment d'arriver au quinquina.

Je dis au quinquina, parce que je l'ai substitué à l'emploi du sulfate de quinine. Sans vouloir discuter si ce qu'on a décrit sous le nom de rhumatisme cérébral est un empoisonnement quinique, ou si le sulfate de quinine, par l'excitation cérébrale, qui est un de ses effets constants, ne fait que favoriser la métastase rhumatismale sur les membranes du cerveau; j'ai vu si souvent, pendant l'administration du sulfate de quinine à haute dose, survenir des accidents cérébraux mortels, que je le remplace par le quinquina en poudre. Le quinquina est exempt de tout danger, et je le trouve même bien plus efficace que le sulfate de quinine.

J'ai été conduit à le mettre en usage par les observations de John Haygarth (Voir Annales de Kluyskens, 1807). Le docteur Haygarth préconisait le quinquina dans le rhumatisme fébrile, toutefois après l'emploi de la saignée et la période de grande acuïté terminée. Il s'appuyait sur un tableau de 168 malades observés en quarante ans. Il tenait cette pratique du docteur Fothergill, qui rhumatisant lui-même, avait été saigné à outrance sans grand sucrès, ce qui lui avait laissé une grande méfiance touchant l'emploi

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Alors sir Edward Hulse, fameux praticien de ppris à manier le quinquina, et il s'en trouvait ait de le préconiser. Cette pratique avait déjà , à la fin du dix-septième siècle.

Quant au mode d'administration, le docteur Haygarth donnait le quinquina en poudre, à la dose de 0,50 à 18,50, répétée douze fois en vingt-quatre heures; mais, le plus souvent, trois à six fois seulement. Il donnait la poudre délayée dans de la décoction de quinquina,

Mais ce qui avait le plus attiré mon attention sur le quinquina, c'est un mémoire intitulé: Observations sur l'efficacité de l'usage du quinquina dans le traitement de la goutte, par Francisco de Tavares, premier médecin de la reine de Portugal (Voir Annales de Kluyskens, 1806).

Dans ce mémoire, le docteur de Tavares raconte que le profes seur Lemos, de l'Université de Coïmbre, fut une fois appelé près d'un religieux de l'ordre de Citeaux, qui souffrait tellement d'un accès de goutte, qu'il demandait à grands cris qu'on le soulageât ou qu'on lui coupât la jambe, Le professeur Lemos conseilla un régime expectant. Le lendemain, il fut tout surpris de trouver son malade sur pied et marchant avec une béquille. Un chirurgien de village avait promis au patient de le soulager. Pour cela, après une forte purgation, il lui avait administré 4 grammes de quinquina en poudre toutes les heures, de sorte qu'il en avait absorbé 60 grammes dans les vingt-quatre heures. Le même traitement, essayé par le professeur Lemos, lui réussit à plusieurs reprises, et il fit part de ce succès au professeur de Tavares, qui était horriblement tourmenté par de fréquents accès de goutte. Au premier accès qui survint, le docteur de Tavares, après un purgatif, absorba 72 grammes de quinquina, et fut soulagé. Une autre fois, prenant le quinquina dès le début de son accès, 12 grammes lui suffirent pour l'arrêter. Depuis il employa ce moyen, avec un succès constant, sur lui et sur d'autres malades, et il recommandait beaucoup cette pratique.

L'analogie du rhumatisme et de la goutte aiguë, et les observations de John Haygarth m'ont donc amené à employer le quinquina en poudre à haute dose dans le rhumatisme, et le succès a confirmé ce que j'en attendais. Son indication gît expressément dans l'état de rémission plus ou moins marquée de la fièvre. S'il y a un peu de sueur le matin, c'est encore mieux. Il faut que la langue ne soit pas sèche, mais large et humide; un peu de diarrhée ne le contre-indique pas. Il faut faire précéder le quinquina par l'alcoolature d'aconit, et surtout par l'alcoolature de bryone. Cependant je l'ai administré dans des états très-aigus et toujours sans inconvénient. Je donne ordinairement 4 grammes de quinquina en poudre toutes les

trois heures. On délaye cette dose dans une infusion quelconque ou de l'eau sucrée, et on avale le tout. Habituellement je me borne à 12, 16 ou 20 grammes dans les vingt-quatre heures, et cette dose suffit presque toujours. Le plus souvent, au bout de deux ou trois jours, on a obtenu un effet hyposthénisant des plus marqués : la fièvre est presque éteinte, le pouls a perdu 15 ou 20 pulsations et même plus, la chaleur fébrile a diminué, les douleurs sont bien apaisées; en un mot, il y a une sédation considérable et une amélioration positive.

Malheureusement il est presque impossible d'obtenir d'un malade qu'il continue le quinquina plus de trois à quatre jours, et l'on est obligé de le cesser avant la guérison complète.

On peut alors, si l'état est tout à fait subaigu, qu'il y ait peu d'irritation générale, essayer l'arnica. (Fleurs d'arnica, 4 grammes; faites bouillir dans eau, 125 grammes; passez et ajoutez sirop d'écorces d'oranges amères, 30 grammes, à prendre par cuillerée dans les vingt-quatre heures.) Si la fièvre se rallume, ce qui arrive souvent, il faudrait revenir à l'alcoolature d'aconit, à l'alcoolature de bryone, au quinquina, ou bien donner le calomel, le colchique...

Tout cela dépend, en grande partie, de la constitution médicale. Tel médicament guérit une année et ne réussit plus l'année suivante. Il faut nécessairement procéder par tâtonnements, jusqu'à ce qu'on soit bien au courant de la constitution régnante. L'important est qu'on ait à sa disposition un certain nombre de moyens positifs à opposer à la fièvre rhumatismale, et je ne saurais trop conseiller l'essai de l'alcoolature de racine de bryone et du quinquina en poudre à haute dose. Ce que j'ai dit s'applique seulement au rhumatisme aigu. L'état chronique réclame une autre série de moyens, parmi lesquels, cependant, l'arnica n'est pas à dédai

gner.

Pleurésie.

La pleurésie est encore une de ces maladies, à durée interminable, contre laquelle on ne saurait disposer de trop de ressources. Voici le traitement qui me paraît le plus actif :

Je crois la saignée générale inutile. Il ne faut pas soustraire une grande quantité de sang, ce qui pourrait favoriser la production de l'épanchement. Les sangsues loco dolenti, quelquefois utiles, sont cependant bien moins efficaces que les ventouses scarifiées, qui, avec avec une déperdition de sang modérée, ont l'avantage de produire une révulsion des plus favorables. J'ai vu des pleurésies arrêtées complétement et guéries dès leur début par des ventouses sca

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