Sivut kuvina
PDF
ePub

symptômes utérins, et on lui avait appliqué des sangsues sur le col. Elle paraissait n'avoir qu'une idée confuse de son état à cette époque, et n'avait évidemment suivi que d'une manière incomplète les conseils qui lui avaient été donnés. J'insistai sur la nécessité d'un examen local, et je trouvai une ulcération considérable du col, avec un polype muqueux du volume d'un grain de raisin. Chez cette malade, l'affection utérine datait de plusieurs années et remontait probablement à un accouchement où à une fausse couche; elle avait persisté sous une forme obscure, avait ruiné la santé générale par une réaction sympathique sur les fonctions nutritives, et bien évidemment s'opposait à ce que la malade obtînt du climat et du traitement général les avantages qu'elle en aurait retirés dans d'autres conditions.

:

Obs. 11. Une dame, âgée de trente-cinq ans, mère d'une nombreuse famille, réclama mes soins au mois de novembre. Elle était accouchée peu de mois auparavant ; une toux, qu'elle avait eue pendant quelque temps, s'aggrava, et à l'examen des poumons, on trouva un dépôt tuberculeux manifeste sous la clavicule droite, avec des signes de ramollissement. Le voyage pour venir à Menton avait été supporté avec beaucoup de peine, et quand je vis la malade, elle se trouvait dans un état général des plus mauvais. Les principaux symptômes accusaient surtout des troubles du côté de l'estomac et du foie la langue était chargée, il y avait une anorexie complète, des nausées et des vomissements après chaque repas. La persistance de ces symptômes me fit pousser plus loin mes investigations, et j'arrivai à me convaincre qu'il y avait là-dessous une affection utérine. A l'examen, je trouvai une ulcération étendue du col, un utérus trois fois plus volumineux et plus pesant qu'à l'état normal, et en rétroversion. Il a fallu un traitement long et fatigant, et ma malade a été bien souffrante; mais les lésions utérines ont fini par céder peu à peu, et les symptômes généraux se sont améliorés pari passu. Les vomissements ont complétement cessé, et comme les symptômes du côté de la poitrine, non-seulement sont stationnaires, mais même vont diminuant, j'ai bon espoir pour le résultat final. Quelles eussent été les chances de cette malade, si l'état de l'utérus n'avait pas été reconnu à temps?

Obs. III. Une dame allemande, âgée de trente-deux ans, ayant eu quatre enfants dans l'espace de cinq ans, avait été envoyée à Menton pour une phthisie reconnue l'été dernier. Je trouvai un dépôt tuberculeux ramolli non douteux, s'étendant de la clavicule gauche à la région précordiale, et, comme dans le cas précédent, un état de trouble général considérable. Les symptômes prédominants, ceux de l'affection pulmonaire mis à part, étaient une absence complète d'appétence pour les aliments, et des vomissements après leur ingestion. Ce symptôme avait beaucoup fixé l'attention en Allemagne, mais avait été envisagé comme dépendant de la toux, qui était extrêmement fréquente et très-pénible. Cette explication toutefois ne me parut pas complétement satisfaisante, et en me livrant à une enquête attentive, je trouvai des signes ra

tionnels d'une altération de l'utérus, et l'examen direct me fit reconnaître une déchirure du col utérin résultant d'un accouchement, une large ulcération et une augmentation considérable du volume de la matrice. Dans ce cas, comme dans le précédent, les symptômes utérins existaient depuis plusieurs années. Le traitement ici fut également long et difficile; mais il a été suivi de succès: les vomissements ont complétement cessé, les fonctions digestives se sont rétablies, et la malade est maintenant entrée dans une phase qui permet plus d'espoir.

Obs. IV. Une jeune dame française, mariée, se confia à mes soins, en novembre dernier, pour une affection tuberculeuse des poumons. Elle avait des tubercules ramollis aux deux sommets, mais n'y occupant qu'un siége peu étendu. La maladie avait été reconnue quatre mois auparavant, peu de temps après le premier accouchement. Avant de devenir enceinte, cette jeune dame avait eu une pleurésie, et, pendant toute sa grossesse, elle avait constamment toussé. Elle était très-pâle, amaigrie, avait la langue blanche et pas d'appétit. Au bout de quelque temps, des symptômes de dysménorrhée très-douloureuse vinrent donner l'éveil à mon attention; j'interrogeai avec soin la malade, et je constatai tout le cortège des symptômes utérins, remontant à une année avant le mariage. Elle avait toujours été d'une bonne santé pendant son enfance et sa première jeunesse, qu'elle avait passées à la campagne. Menstruée à l'âge de quinze ans, elle l'avait ensuite été très-régulièrement les trois années suivantes, ses règles, durant quatre jours, étant d'une quantité normale et tout à fait exemptes de douleur. Vers dix-huit ans, sans cause qu'elle ait pu apprécier, la menstruation commença à devenir douloureuse et irrégulière, et la santé s'altéra. Mariée dans le cours de sa dix-huitième année, elle eut une fausse couche au bout de quelques mois, laquelle fut suivie d'une métrorrhagie qu'aucun traitement ne modifia. Vinrent ensuite un état de grande faiblesse, la pleurésie, la bronchite, la grossesse et l'accouchement, la constatation des tubercules pulmonaires, et le séjour pendant l'hiver à Menton. Je vis immédiatement qu'il s'agissait, dans ce cas, d'une maladie utérine non reconnue, que cette affection devait avoir commencé avant le mariage, qu'elle avait été aggravée par celui-ci, et qu'elle était la cause de l'avortement, de la dysménorrhée, de la ménorrhagie, de la débilitation générale, et ainsi indirectement de la phthisie. A l'examen, je reconnus beaucoup d'inflammation utérine et vaginale, avec ulcération du col. Comme ceux qui précèdent, ce cas a été difficile à traiter, mais la situation est maintenant satisfaisante. La maladie utérine est complétement guérie, l'appétit revenu, et l'affection de poitrine enrayée.

Obs. V. Une dame russe, âgée de quarante-cinq ans, mère de plusieurs enfants, vint à Menton au commencement de l'hiver et se confia à mes soins. Atteinte d'une tuberculisation étendue des deux poumons, elle alla déclinant de jour en jour, à mesure que la saison avançait, mais sans souffrir, grâce à la douceur du climat, qui lui permettait de respirer l'air extérieur et de s'exposer aux

rayons bienfaisants du soleil, ce qu'elle put faire d'abord dans des promenades en voiture, puis plus tard en se faisant transporter dans un fauteuil sur la terrasse de sa demeure; elle finit par s'éteindre doucement, au bout de trois mois. Cette dame était affectée, lors de son arrivée, d'une irritation utérine considérable, reste d'une grave maladie de matrice qu'elle avait eue à la suite d'une couche, et qui, restée longtemps inaperçue, avait enfin été l'objet d'un traitement prolongé sous la direction de quelques-uns des plus éminents spécialistes de notre époque. C'était son impression, et c'est aussi la mienne, que sa constitution avait été minée par la réaction de la maladie utérine, et que c'était là le point de départ de la ruine définitive de sa santé et de la phthisie qui devait la conduire au tombeau.

Obs. VI. Il y a quelques années, je fus consulté pour une jeune dame, âgée de vingt-quatre ans, qui avait une affection tuberculeuse des deux poumons, très-étendue au sommet gauche, légère encore au sommet droit. Elle avait beaucoup de peine à manger et à retenir ses aliments ou l'huile de foie de morue, ayant de fréquents vomissements; elle avait de la leucorrhée; les règles étaient trop abondantes, se prolongeaient pendant une trop longue durée et revenaient trop souvent. Je soupçonnai dès l'abord une maladie de l'utérus, mais je voulus avant tout essayer un traitement général, des bains de siége, des injections, etc. Après avoir suivi cette voie pendant plusieurs mois sans aucune espèce d'amélioration, ni du côté de la poitrine, ni du côté de la matrice, je crus qu'il était de mon devoir de n'en pas rester là et d'en arriver à un examen. Je trouvai, ainsi que je m'y attendais, beaucoup d'inflammation de la vulve, du vagin et du col, avec une ulcération de ce dernier, pénétrant dans sa cavité. Ce cas me donna beaucoup d'inquiétude et de peine. L'examen le plus léger, la plus légère tentative pour le traitement local amenaient des vomissements et de la fièvre, en sorte que j'avais à me diriger le mieux qu'il m'était possible outre ces difficultés. Laisser l'utérus à lui-même, c'était abandonner la malade à une mort certaine; car il était clair pour moi, d'après les antécédents, que la maladie utérine avait précédé le développement de la phthisie, l'avait même probablement provoqué, et entretenait indirectement l'affection pulmonaire; et pourtant, d'un autre côté, les moyens locaux, le toucher lui-même, avaient pour effet d'aggraver momentanément l'état de la malade. Je parvins tontefois, à la fin, à guérir l'affection utérine; et, à partir du moment où cette guérison a été obtenue, il y a de cela trois ans, lamaladie de poitrine est devenue stationnaire. Je revis cette jeune dame, à la fin de l'hiver, à Londres, en consultation avec le docteur Williams, et nous nous accordâmes tous deux à penser qu'il était difficile d'espérer qu'elle pût survivre au delà de deux années. Les deux années sont écoulées, et elle est maintenant beaucoup mieux, beaucoup plus forte qu'elle n'était à cette époque, et je ne suis pas sans espérer maintenant que peut-être elle pourra se rétablir tout à fait.

Je dois remarquer, en terminant, que dans tous les cas de ce genre, le traitement de l'inflammation utérine chronique est excessivement fastidieux et pénible. Les malades, en raison de l'état cachectique dans lequel elles sont tombées sous l'influence de leur double maladie, ne répondent pas comme le font les autres au traitement qu'on leur fait subir. De plus, les moyens chirurgicaux topiques, qui doivent être mis en usage si l'on veut guérir l'utérus, quelque soin qu'on apporte à les choisir, quelque douceur qu'on mette à les appliquer, sont propres à accroître d'abord l'état de souffrance. Il faut donc beaucoup de courage et beaucoup de confiance, tant de la part du médecin que de celle de la patiente, pour continuer, peutêtre pendant des mois, un traitement qui souvent semble rendre la situation moins bonne. Et cependant, je le répète de nouveau, il est absolument nécessaire que l'affection utérine soit soignée et guérie, si l'on veut que le climat et le traitement aient chance d'avoir prise sur la maladie du poumon. Quelle espérance de rétablissement peut-il y avoir pour une pauvre malade sous le coup de la cachexie tuberculeuse quand les fonctions digestives sont sans cesse en désordre, et quand médicaments et aliments sont constamment rejetés, comme c'est le cas pour presque toutes les phthisiques que je rencontre affectées en même temps d'inflammation utérine?

THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

Des applications topiques de teinture d'iode sur le col
de l'utérus.

Par M. le docteur T. GALLARD, médecin de la Pitié, etc.

De nombreux agents thérapeutiques ont été appliqués directement sur le col de l'utérus pour le traitement des diverses affections, et en particulier des ulcérations dont cet organe peut être le siége. Il est bien peu de substances médicamenteuses qui n'aient été ainsi employées. Cependant si les narcotiques ou les émollients, et parfois même les corps les plus inertes ont été appliqués de diverses manières sur le museau de tanche, nous devons reconnaître que ce sont surtout les astringents et les caustiques auxquels on a le plus généralement recours pour cet usage. Presque tous les médicaments qui composent ces deux groupes ont été tour à tour expérimentés avec succès, et il en est bien peu parmi eux qui n'aient eu leur jour de vogue et d'engouement. Il pourrait donc sembler indifférent de

s'adresser à l'un ou à l'autre de ces agents thérapeutiques. Mais combien en est-il qui aient vu se perpétuer la vogue des premiers jours? Il est rare que l'enthousiasme qui les a tous accueillis à leur apparition ait été de longue durée, et les déceptions remplaçant bien vite les succès brillants, il n'est pas un seul de ces topiques les plus vantés sauf peut-être le nitrate d'argent — qui n'ait été abandonné bien vite, et souvent même par ceux qui l'avaient le plus prôné tout d'abord.

[ocr errors]

Il n'est pas aussi difficile qu'on serait tenté de le croire de trouver la cause de ces entraînements si passionnés, suivis bientôt d'abandons également irréfléchis. Bien peu des médicaments dont nous nous occupons peuvent satisfaire à la fois à toutes les exigences thérapeutiques, et on conçoit qu'après avoir réussi dans certains cas bien déterminés, chacun d'eux doive échouer dans d'autres tout différents des premiers. Or, et nous pouvons faire cette remarque d'une façon générale, on ne s'est pas assez occupé de préciser les indications diverses qui doivent diriger le praticien dans la préférence à donner à tel topique plutôt qu'à tel autre. Ce n'est pas que ces indications soient restées inconnues; chaque expérimentateur en particulier sait très-bien reconnaître à quels cas spéciaux doit être appliqué le médicament qui réussit entre ses mains et dont il cherche à vulgariser l'emploi. Mais, soit inattention, soit négligence, soit difficulté de donner une description suffisamment saisissante de ces nuances, que l'expérience permet à chacun de saisir et que le langage se refuse parfois à exprimer, la vérité est que ces nuances échappent le plus souvent à ceux qui veulent répéter les expériences. De là résulte que les nouveaux essais sont faits souvent sans règle ni mesure, et que tel médicament qui peut offrir une ressource précieuse dans certains cas parfaitement déterminés, est abandonné parce qu'on a eu la malheureuse idée de l'appliquer à tout propos et dans des circonstances où il ne pouvait en aucune façon réussir. Cette expérimentation à bâtons rompus a été non pas exclusivement, mais surtout pratiquée sur une grande échelle, à propos du traitement des maladies de l'utérus, et c'est ce qui fait que le praticien se trouve souvent impuissant à combattre, non pas faute d'armes, mais parce que toutes celles qui jonchent son arsenal ont été émoussées par des mains inhabiles à les manier.

Il n'est pas douteux pour moi que chacun des médicaments ou, pour mieux parler, des agents thérapeutiques qui ont été vantés et qui tous ont réussi dans un plus ou moins grand nombre de cas,

« EdellinenJatka »