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d'un rouge violacé, fongueuse, saignante, qui pénètre jusque dans l'intérieur de la cavité du col. Outre le sang qui s'écoule au moindre attouchement, on voit sourdre de la cavité du col un liquide mucoso-purulent très-visqueux.

Traitement: cautérisation avec le crayon de nitrate d'argent; injections avec décoction de feuilles de noyer; vin de quinquina, deux portions.

Le 4. L'utérus se présente absolument dans le même état qu'à l'examen précédent. (La surface ulcérée est touchée avec un pinceau imbibé de teinture d'iode; grand bain; le reste ut suprà.)

Le 11. Il y a une amélioration sensible dans l'état local, le col est moins entr'ouvert. L'ulcération est moins étendue, elle a surtout un aspect moins fongueux, elle ne présente pas une coloration aussi foncée et ne saigne pas aussi facilement qu'aux examens précédents. Le col est moins volumineux. (Nouvelle application topique de teinture d'iode; bain.)

Les règles surviennent le 13 octobre et coulent jusqu'au 20, sans caillots, comme cela avait lieu aux époques précédentes, et avec beaucoup moins de douleur. Il est vrai que depuis le 12 octobre la malade a repris une ceinture hypogastrique qui lui avait été prescrite antérieurement et qui paraît la soulager.

Le 25. Cinq jours après la cessation des règles, je trouve au toucher l'utérus moins lourd et moins volumineux qu'aux explorations précédentes. Le spéculum me montre le col toujours fongueux et ulcéré, laissant suinter un liquide mucoso-purulent et saignant encore assez facilement; ses dimensions sont de 42 millimètres dans le sens antéro-postérieur et de 35 millimètres dans le sens transversal. La malade a remarqué que son écoulement est moins abondant. Elle souffre moins, se sent plus forte, et peut rester assez longtemps debout, sans éprouver de pesanteur. (Application de teinture d'iode.)

Le 2 novembre. Le col, toujours ulcéré, a 42 millimètres dans le diamètre antéro-postérieur, 33 dans le diamètre transversal. (Application de teinture d'iode.)

Le 8. Le diamètre antéro-postérieur est de 40 millimètres; le diamètre transversal est de 32, mais l'ulcération n'a pas diminué; elle est encore fongueuse et saignante au moindre attouchement. (Cautérisation avec le nitrate acide de mercure. Cette cautérisation est renouvelée le 15 novembre.j

Le 29. Les deux cautérisations avec le nitrate acide de mercure n'ont amené aucun résultat favorable, le col est toujours aussi vo

lumineux, 43 millimètres sur 32;

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il est toujours recouvert d'une ulcération aussi étendue et dont l'aspect n'a pas été modifié. (Application de teinture d'iode.)

6 décembre. L'ulcération a toujours le même aspect, mais le col a diminué de volume; ses dimensions sont de 35 millimètres sur 31. (Application de teinture d'iode.) Il s'écoule un peu de sang dans la journée et les règles surviennent le lendemain. Elles sont abondantes et faciles, il n'y a pas de caillots; il n'y a pas de coliques ni de douleurs lombaires.

Le 21. Le col a les mêmes dimensions qu'à l'examen précédent, mais l'ulcération a considérablement diminué, surtout sur la lèvre antérieure. Elle a perdu son caractère fongueux, ne saigne plus quand on la touche et a une coloration rosée. La malade constate du reste une amélioration tellement considérable et dans ses douleurs et dans la quantité de son écoulement, qu'elle demande sa sortie. Cette sortie ne lui est accordée que le 28, après deux nouvelles applications de teinture d'iode, faites le 21 et le 28, et après que j'ai constaté une nouvelle diminution dans l'étendue de l'ulcération, qui est presque complétement cicatrisée. Au toucher on sent que l'utérus est devenu beaucoup plus léger, quoique restant toujours incliné en avant.

Sortie de l'hôpital Saint-Antoine dans les derniers jours de décembre, cette femme est venue, sur mes instantes recommandations, me voir à la Pitié. Elle se trouvait si bien, qu'elle a attendu jusqu'à la fin du mois de janvier pour venir à ma consultation. Elle désirait quitter Paris pour aller habiter une petite localité assez éloignée, et voulait savoir si elle était assez parfaitement guérie pour entreprendre ce voyage. L'amélioration que j'avais reconnue à mon dernier examen, s'était bien maintenue, le col n'était ni plus gros, ni plus rouge, ni plus fongueux qu'à la fin de décembre, mais il y avait toujours une petite ulcération qui siégeait principalement sur la lèvre postérieure et s'étendait jusque dans l'orifice cervical. Je ne voulus pas laisser partir cette malade sans que cette petite ulcération fut complétement cicatrisée; mais comme elle ne se sentait plus assez souffrante pour rester à l'hôpital, je me bornai à lui faire, à huit jours d'intervalle, cinq ou six applications de teinture d'iode suivies de deux cautérisations avec le nitrate d'argent, et, vers la fin de mars, son ulcération étant complétement cicatrisée, elle put quitter Paris.

On m'a vu, dans le fait qui précède, intercaler deux cautérisa

tions avec le nitrate acide de mercure au milieu du traitement par la teinture d'iode, et terminer par deux cautérisations avec le nitrate d'argent; cela prouve qu'il n'y a rien d'exclusif dans ma manière de procéder. Un moment d'hésitation et de doute dans l'efficacité de la teinture d'iode m'a fait recourir au nitrate acide de mercure qui, en raison de son énergie plus grande, me paraissait indiqué dans ce cas un instant rebelle, mais dès que j'ai vu qu'il ne réussissait pas mieux que la teinture d'iode; je me suis hâté de revenir à cette dernière, et bien m'en a pris, car je n'hésite pas à lui attribuer tout le mérite de la curation. Si j'ai terminé par deux cautérisations avec le nitrate d'argent, comme du reste je l'ai fait aussi dans l'observation I, c'est que la teinture d'iode n'agit d'une façon véritablement efficace que sur les ulcérations fongueuses et sur les cols engorgés; quand, par suite de son emploi, l'ulcération est devenue simple, le col a repris ses dimensions normales, les indications qui commandaient de recourir à elle ont disparu, on n'a plus affaire qu'à une ulcération simple qu'il faut traiter comme telle, et c'est alors surtout que le nitrate d'argent est le meilleur de tous les topiques.

Après avoir montré les heureux effets de la teinture d'iode, je dois terminer par la relation d'un cas dans lequel son action a été beaucoup moins efficace, et où la guérison peut être attribuée aussi bien et peut-être même plus sûrement aux autres agents thérapeutiques qui ont été employés concurremment ; c'est que, dans ce cas, l'ulcération était à peine fongueuse, et pouvait être considérée plutôt comme la conséquence que comme la source de la leucorrhée concomitante,

Obs. IV. P*** (Marie), fille de vingt-huit ans, couturière. Entrée le 16 février 1865 à l'hôpital de la Pitié, salle Sainte-Marthe, no 26. Cette malade a été réglée à dix-huit ans seulement. Jusqu'à cet âge sa santé avait été bonne; cependant, quelque temps avant la première apparition menstruelle, elle était sujette à des maux de tête très-fréquents, des battements de cœur, des phénomènes gastralgiques et autres accidents de chlorose. Une fois établies, ses règles ont été régulières, normales, abondantes, d'une durée de cinq ou six jours, jusqu'à l'âge de vingt-trois ans, époque où elle quitta Toulouse, son lieu de naissance, pour venir à Paris. Depuis ce moment, sa menstruation est devenue irrégulière: ses règles furent d'abord très-abondantes, à tel point qu'elles constituaient souvent de véritables pertes, durant vingt à vingt-cinq jours consécutifs. Ces pertes étaient quelquefois suivies d'une période de deux ou trois

mois, durant lesquels les règles ne paraissaient pas une seule fois et étaient remplacées par une leucorrhée abondante.

C'est après le premier rapprochement sexuel, qui eut lieu à vingt-trois ans et qui fut très-douloureux, que la menstruation devint irrégulière. Il y a un an environ, en avril 1864, atteinte de syphilis, elle se rendit à la consultation de l'hospice des Incurables (hommes), où je lui ordonnai d'abord des pilules de proto-iodure de mercure, puis, un peu plus tard, de l'iodure de potassium. Sous l'influence de cette médication, les accidents disparurent assez rapidement, mais il resta de la dysmenorrhée et de la leucorrhée, qui furent certainement entretenues par des habitudes quelque peu déréglées. Plusieurs fois je prescrivis des toniques et du fer, je conseillai des injections astringentes, j'appliquai moi-même des nouets de coton garnis de tannin dans le vagin; mais rien n'y faisait, car, à quelques jours de traitement succédaient des semaines d'abandon. Enfin la malade se décida à entrer à l'hôpital, où nous la trouvons dans l'état suivant :

Le 18 février. La malade accuse un malaise général; elle éprouve continuellement un sentiment de tension et de pesanteur dans le bas-ventre et la région lombaire. Elle présente de plus tous les symptômes caractéristiques de la chlorose: digestions difficiles, dépravation de goût, perte d'appétit, constipation, céphalalgie, etc.

Au spéculum: on aperçoit une ulcération un peu grisâtre, étendue à tout le pourtour du col qui est entr'ouvert et laisse suinter un peu de mucus mélangé à du pus. Le col est gros, violacé, dirigé en arrière et assez difficile à atteindre avec le spéculum. Ses dimensions sont diamètre antéro-postérieur, 28 millimètres ; diamètre transversal, 25 millimètres. (Traitement application de teinture d'iode, injections avec décoction de feuilles de noyer, pilules de Vallette, vin de quinquina; deux portions.)

Le 25. Examen au spéculum: l'ulcération est toujours étendue, un peu fongueuse, mais elle n'a plus l'aspect grisâtre qu'elle présentait à l'examen précédent. (Traitement : pansement avec un nouet garni de tannin.)

Le 11 mars. Examen au spéculum : l'ulcération est moins étendue et moins profonde. (Traitement : pansement avec un nouet de tannin.)

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Le 17. - Examen au spéculum: on trouve sur le colquelques granulations; l'ulcération est moins grande; il y a toujours du pus dans le vagin. (Traitement application de teinture d'iode.)

Le 26. L'état des parties est le même que précédemment; le col est toujours rouge et il y a quelques follicules enflammés. (Traitement cautérisation avec le nitrate d'argent.)

Le 1er avril. Examen au spéculum : les parties malades sont en bien meilleur état; on ne voit plus qu'un petit piqueté formé par des follicules enflammés, mais dont quelques-uns seulement sont nlcérés. (Traitement : cautérisation avec le nitrate d'argent.)

Le 7. La cicatrisation se continue; l'ulcération diminue d'étendue. Le mucus est plus clair et se rapproche du blanc d'œuf par son aspect et sa consistance. (Traitement application de teinture d'iode.)

Le 11. Examen au spéculum: la malade va bien; la cicatrisation est presque complétement achevée. (Traitement: application de teinture d'iode.)

Le 15. La malade, à peu près complétement guérie, demande à sortir pour aller (en convalescence) au Vésinet, ce qui lui est accordé.

Ces observations, que j'aurais pu multiplier, montrent chacune un exemple frappant des conditions dans lesquelles les applications de teinture d'iode peuvent être utiles, et mettent à même d'apprécier dans quelles limites il est permis de compter sur l'efficacité de ce médicament. J'ajouterai que, dans un de ces faits (Obs. III), il existait un certain degré d'induration péri-utérine qui a été trèsheureusement influencée par l'action de la teinture d'iode. De semblables indurations peuvent se rencontrer en l'absence de toute ulcération du col, car elles sont la conséquence, ou, si l'on veut, la terminaison de ces affections si bizarres que nous avons décrites autrefois sous le nom de phlegmons péri-utérins, que MM. Bernutz et Goupil ont appelées pelvi-péritonites, et que, sous forme de concession, je consentirai à dénommer, si l'on veut, phlegmasies périutérines (car je persiste à croire à la présence du tissu cellulaire péri-utérin, et, par suite, à son aptitude à s'enflammer).

Tous les auteurs qui se sont occupés de ces phlegmasies ont insisté, et avec juste raison, sur la ténacité des produits qu'elles laissent à leur suite, et sur la difficulté que l'on éprouve à les faire disparaître. Lorsque la période des révulsifs cutanés est passée, il faut recourir aux fondants. On a employé et l'iode et le mercure sous diverses formes; M. Gosselin avait eu l'ingénieuse idée d'appliquer topiquement l'iodure de potassium au milieu d'un nouet de coton cardé introduit dans le vagin. La pommade à l'iodure de

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