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manquent pour exposer les raisons qui pourraient légitimer de sérieux doutes à cet égard.

M. Marchal, avant d'exposer ses propres idées sur la nature du diabète, s'élève avec force contre la doctrine du Collège de France, celle qui part, comme d'un principe démontré, de la fonction glycogénique du foie. Pour nous, nous l'avouerons sans ambage, malgré l'éclat de la réfutation de l'auteur, nous nous sentons peu ébranlé dans la conviction où nous sommes que c'est de ce côté qu'est la vérité. Dans cette réfutation, comme dans beaucoup d'autres pages de son livre, M. Marchal s'élève avec force contre ce qu'il appelle, avec quelques ultravitalistes bien connus, la subordination de la médecine aux sciences physiques; 'il veut que la médecine soit autonome, s'édifie par ses propres forces. Écoutons un instant l'auteur sur ce point: nous sommes sûr que s'il ne les convertit, ce fier langage, en chatouillant adroitement l'amourpropre des médecins, leur plaira. « Cette disposition d'esprit parmi les médecins, dit-il, ce défaut de confiance dans leurs propres faits, cet affaiblissement de la foi médicale, ont une influence déplorable; car, pour ne pas sortir de notre sujet, si les médecins n'attendaient pas le mot d'ordre d'ailleurs, s'ils s'en rapportaient à eux-mêmes, c'est-à-dire à l'observation médicale, il y a longtemps que le résultat considérable dont on verra ici la démonstration, savoir la subordination du diabète commun à la diathèse urique, et son assimilation à la goutte et à la gravelle, auraient été découvertes. Ce n'est ni la physiologie ni la chimie qui fourniront jamais de telles données; la médecine ne peut les trouver qu'en elle-même. » Cette idée qui, présentée sous mille formes, scintille dans nombre de pages de ce savant ouvrage, et pourra éblouir quelques lecteurs non suffisamment défendus contre les figures de rhétorique, s'éclipse et disparaît devant les enseignements de toutes sortes que la médecine a empruntés et emprunte tous les jours aux sciences collatérales. Qu'importe d'où vienne la vérité, pourvu qu'elle vienne, pourvu qu'elle illumine le champ sans limites de la science! <«< De la lumière, encore de la lumière, toujours plus de lumières. >>

Ces paroles de Kant, quelques instants avant de mourir, tous nous devrions toujours nous les rappeler à propos, surtout quand nous avons quelque tendance à céder aux entraînements de cette forme insolite de l'amour du clocher que nous avons été étonné de rencontrer dans un esprit aussi largement ouvert au progrès que celui de M. Marchal (de Calvi). La science est une harpe éolienne, ne la

fermez à aucun souffle de la vérité, si vous voulez qu'elle résonne à l'unisson.

Nous ne voudrions pas laisser le lecteur sous l'impression de cette critique; aussi, pour la lui faire oublier et l'engager à méditer un livre qui au mérite de la forme joint l'originalité de la conception, nous lui demanderons la permission de terminer cette notice en reproduisant textuellement les propositions par lesquelles M. Marchal (de Calvi) résume les enseignements pratiques de son intéressant ouvrage : « Le diabète est très-commun, aussi commun qu'insidieux; le plus souvent il a été et il est encore méconnu, parce que, généralement, ceux qu'il atteint sont très-vigoureusement constitués et conservent longtemps leur belle apparence et leur activité. Tout homme gras et robuste, qui mange et boit bien, qui est sujet aux furoncles, qui, surtout, a eu des anthrax, dont le caractère change, qui a les gencives ramollies, qui a souffert de la gravelle, du lumbago, de la sciatique, est suspect d'avoir le diabète, et l'on ne peut trop se hâter de s'en assurer; à plus forte raison, s'il maigrit et s'affaiblit. Dans toute maladie à symptômes obscurs, il faut - Dans aucune maladie, penser au diabète. l'apparence n'est plus trompeuse que dans le diabète ; dans aucune, la mort n'est plus habile à dissimuler ses coups. » Il y a là un cavete consules, dont l'opportunité, dans l'état de la pratique commune, ne nous paraît pas un instant douteuse.

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L'ouvrage dont M. Guibert publie une seconde édition a été couronné par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. Il comprend l'histoire de plus de cent cinquante médicaments qui ont été introduits dans la thérapeutique pendant ces trente dernières années, et parmi lesquels on retrouve les substances les plus utiles et les plus employées.

C'est, en effet, pendant cette période que les perfectionnements apportés aux procédés d'analyse chimique ont permis d'obtenir à l'état de pureté les acides organiqnes et inorganiques; ces composés si intéressants pour la thérapeutique, soit à cause de leur emploi médical, soit aussi à cause des sels, auxquels ils donnent naissance par leurs combinaisons avec les bases.

C'est à cette époque que remonte la découverte des alcaloïdes végétaux, découverte qui a produit une si grande révolution en médecine, et qui a mis à notre disposition le principe véritablement actif d'un grand nombre de plantes qui constituaient jusqu'alors des médicaments infidèles.

La matière médicale s'est successivement enrichie des bases organiques de l'opium, du quinquina, de la noix vomique, de la belladone, etc.

Si le manganèse a été le seul métal dont l'introduction en thérapeutique se rapporte à cette période, d'autres métaux, usités depuis longtemps en médecine, ont procuré plusieurs médicaments, nous citerons des composés de fer, d'argent, de mercure, de bismuth, de zinc, de plomb et de cuivre.

Parmi les métalloïdes, l'iode, le chlore et le brome ont conquis un rôle qui gagne chaque jour en importance et en application. Enfin, la découverte de l'anesthésie et des agents capables de la produire appartient à la même période.

Tels sont les plus importants des médicaments dont on trouvera dans cet ouvrage une histoire plus ou moins approfondie, selon leur valeur. A ceux qui, comme le chlorate de potasse, le bromure de potassium, ont été le sujet d'études spéciales, l'auteur a consacré de longs chapitres qui forment de véritables monographies; pour toutes les substances dont il est question, il a étudié l'origine, l'historique, la préparation, les propriétés physiques et chimiques, les propriétés médicales, les formes, les doses et les formules les plus usitées.

C'est assez dire que cet ouvrage ne se recommande pas seulement à l'historien des progrès de la thérapeutique, mais aussi au praticien, qui y trouvera des renseignements utiles sur les médicaments les plus employés.

Nous regrettons seulement que l'auteur n'ait pas cru devoir comprendre dans son cadre l'histoire de la morphine, dont l'introduction en thérapeutique remonte, il est vrai, à une époque antérieure, mais dont les applications se multiplient depuis l'importation de la méthode hypodermique, et qu'il n'ait pas fait mention de la narcéine, qui a été, dans ces dernières années, l'objet de travaux importants qui sont bien connus des lecteurs du Bulletin de Thérapeutique.

BULLETIN DES HOPITAUX.

DEUX CAS DE LUXATION TRAUMATIQUE DU FÉmur chez des enfants. Il est permis à beaucoup de praticiens d'ignorer si la luxation traumatique du fémur se produit chez les enfants; cette lésion est assez rare à cet âge pour que ceux qui ont eu occasion de

l'observer puissent se dire favorisés. Ce n'est pas cependant que personne n'en ait parlé; la plupart des livres classiques sont, il est vrai, muets sur ce sujet, mais Hippocrate s'en est occupé avec beaucoup plus de soin qu'aucun de ses successeurs. Il distingue chez les enfants trois sortes de luxations du fémur: celles qui sont congénitales, celles qui sont produites par accident, celles qui résultent d'une maladie; et il donne, à propos de ces dernières, une description sommaire à laquelle on reconnaît aisément la coxalgie. (Trad. de Littré, t. IV, p. 243.)

Hippocrate paraît avoir observé chez les enfants les quatre variétés de siége qu'il décrit pour les luxations du fémur, et comme de son temps les moyens de réduction étaient encore peu connus, il compare pour ces quatre variétés les suites de la luxation non réduite chez les enfants et chez les adultes, et reconnaît que, en général, elles sont plus graves chez les premiers que chez les seconds. On trouve dans son ouvrage la cause de cette différence du pronostic: c'est que l'os de la cuisse ne suit pas les progrès de la croissance, et reste plus court que celui du côté sain (p. 235); non-seulement le fémur luxé n'arrive pas à sa longueur, mais le membre inférieur est lésé dans sa totalité, s'atrophiant et se décharnant bien plus que dans les autres luxations, à cause du défaut absolu d'exercice (p. 253). C'est à ce sujet que le divin vieillard fait cette réflexion admirable: « Pour le dire sommairement, toutes les parties du corps qui sont faites pour qu'on s'en serve, employées convenablement et exercées au travail auquel chacune a été habituée, sont saines, développées et tardives à vieillir; inexercées et tenues dans le repos, elles sont maladives, mal développées et vieilles avant le temps. » Après avoir ainsi posé le fondement rationnel de la gymnastique, il ne pouvait manquer de l'utiliser; aussi proclamet-il à plusieurs reprises les bons effets qu'en retirent en particulier les enfants atteints de luxations non réduites de la cuisse.

Après Hippocrate, nul auteur ne paraît avoir traité le sujet qui nous occupe: on trouve à peine çà et là quelques faits épars, et pour avoir de nouveaux détails, il faut se transporter de l'ouvrage le plus ancien à l'ouvrage le plus moderne, de celui qui a fondé la science à celui qui l'a le mieux résumée.

Grâce au progrès de la pratique, M. Malgaigne n'a guère pu étudier les suites de la luxation non réduite; Hippocrate, d'ailleurs, ne lui laissait sous ce rapport rien à découvrir, mais l'érudition du savant professeur devait lui avoir fait connaitre quelques cas, et l'emploi qu'il a su faire de la statistique devait lui avoir révélé la

TOME LXIX. 2o LIVR.

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fréquence relative de la lésion chez les adultes et chez les enfants. La lecture du Traité des luxations confirme ces prévisions. On y trouve mentionné un fait de réduction de luxation traumatique du fémur par Lisfranc, chez une petite fille de dix-huit mois; on y trouve cité le petit malade de Saint-André, chez lequel une simple chute produisit une luxation ischiatique : il avait douze ans; l'histoire d'un autre enfant de douze ans observé par Paletta, y est rappelée aussi pour une luxation du fémur avec rotation du membre en dehors, mais le siége de la tête luxée n'a pas été recherché; il y est dit enfin qu'un garçon de quatorze ans a été atteint de luxation sus-cotyloïdienne incomplète, et qu'un autre, de seize ans, a présenté une luxation sous-cotyloïdienne.

Néanmoins, il résulte des travaux statistiques de M. Malgaigne que la luxation traumatique du fémur est extrêmement rare chez les enfants, puisque sur un relevé de cinquante et un cas fait par ce professeur, on ne trouve qu'un seul sujet qui ait moins de quinze ans.

Dans notre pratique, nous n'avions observé qu'un seul exemple de cette lésion, lorsque, par une de ces coïncidences dont la pathologie n'est pas avare, deux enfants qui en étaient atteints sont entrés dans notre service, à une semaine d'intervalle. A cause de leur caractère exceptionnel, au point de vue de l'âge des sujets, ces deux faits méritent d'être rapportés; il peut être intéressant aussi de les comparer entre eux et de les rapprocher des descriptions qui ont été données de la même affection chez l'adulte :

Obs. 1. D*** (Alphonse), âgé de treize ans, est entré le 14 novembre 1860 à l'hôpital des Enfants, salle Saint-Côme, no 20, pour une lésion traumatique de la cuisse gauche. Il raconte que la nuit, au sortir du théâtre, s'étant couché sur un banc, il a été ramassé par la police et conduit en prison. Il y était assis, lorsqu'il s'aperçut que les lits, qui dans ce local sont superposés comme les planches d'une bibliothèque, allaient lui tomber dessus : il mit aussitôt le genou gauche en terre et courba le dos pour se préserver la tête; c'est sur le dos qu'il reçut le choc; comme le fémur gauche soutenait le poids du corps, la luxation fut apparemment produite par un mouvement forcé de flexion du tronc sur la cuisse.

Examiné le 15 à la visite du matin, D*** est dans le décubitus dorsal, la cuisse gauche est légèrement fléchie sur le bassin, et la jambe demi-fléchie sur la cuisse; le membre entier est dans l'adduction et la rotation en dedans; la cuisse et la jambe reposent sur leur face interne, le pied sur le bord correspondant. La hanche est

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