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CHRONIQUE

ALLEMAGNE.

L'ouverture du parlement a eu lieu le 24 novembre. Le discours du Trôn ea été lu par M. de Boetticher.

En voici le début :

« Le Parlement allemand, a dit le ministre, reprend ses travaux dans des circonstances graves. La cruelle maladie dont le prince impérial est atteint remplit de chagrin et d'inquiétude non seulement l'Empereur, mais aussi les souverains ses alliés et toute la nation allemande.

Pour combattre le danger qui menace le prince, on ne négligera rien de ce que peuvent faire la science et l'art humain et des soins vigilants.

« Nous élevons, en outre, nos regards vers Dieu en adressant nos prières à Celui dont les décisions dirigent les destinées des peuples comme le sort de chaque homme.

« Une ferme confiance en Dieu et le fidèle accomplissement de tous les devoirs ont été de tout temps, et en particulier aux époques malheureuses, les sûrs appuis de notre peuple; c'est par là que nous pourrons aussi remplir aujourd'hui la tâche qui s'impose aux Assemblées législatives de l'empire. »>

Le message fait ensuite ressortir l'an élioration de la situation financière et fait prévoir, pour le prochain exercice, un excédent de près de 50 millions de marks.

Il annonce la présentation de projets de lois concernant la suppression des subventions versées par les officiers et les autres fonctionnaires de l'empire à la caisse des veuves et des orphelins, l'élévation des droits sur les céréales, l'augmentation de l'effectif de la landwehr et du landsturm, les assurances contre la vieillesse et les accidents, les modifications à apporter à la législation relative aux corporations, le commerce des vins, la prolongation provisoire du traité de commerce austro-allemand et les traités réglementant les relations commerciales entre l'Allemague et l'Amérique.

Le discours se termine par un passage relatif à la politique étrangère, dont voici la traduction littérale :

» Dans sa politique extérieure, l'empire allemand s'efforce avec succès de consolider la paix en entretenant des relations amicales avec toutes les puissances et en concluant des traités et des alliances qui ont pour but de prévenir tout danger de guerre et de mettre l'Allemagne et les puissances alliées à ce pays en état de repousser en commun les attaques injustes.

L'Allemagne n'a aucune tendance agressive; elle n'éprouve aucun besoin qu'elle soit obligée de satisfaire par des guerres victorieuses. Le penchant peu chrétien qui pousse un pays à attaquer ses voisins est étranger au caractère allemand.

«La Constitution et les institutions militaires de l'empire ne sont pas, du

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reste, établies de telle façon que nous puissions troubler la paix des nations voisines par des attaques arbitraires; mais nous sommes forts, lorsqu'il s'agit de repousser les altaques et de défendre notre indépendance, et nous voulons devenir assez forts pour pouvoir envisager tout danger avec calme. »

Le projet relatif aux modifications de la loi militaire a été soumis au Reichstag le 10 décembre. L'Exposé des motifs insiste sur la nécessité pour l'empire d'augmenter l'effectif de ses forces de défense, en présence du développement sans cesse croissant des armées des Etats voisins.

Vous n'avons, dit ce document officiel, que douze classes à opposer, sur le pied de guerre, aux quinze classes que peut appeler, par exemple, la Russie et aux vingt classes de la France. En outre, l'empire, par suite de sa situation géographique, peut être forcé de faire face de deux côtés à la fois Cette menace enlève à l'Allemagne la base wiême de son existence et de son développement; sa sécurité dépend de sa force, et cette force doit être rendue plus considérable qu'elle ne l'est actuellement. Le présent projet de loi a pour but de mettre fin à cet état de choses intenable: il suffit, pour réaliser les nouvelles dispositions, de faire appel au dévouement du peuple allemand, qui, la patrie étant maintenant unifiée, veut aussi qu'elle subsiste intacte. »

En conséquence, le ministre de la guerre demande au Parlement de décider que les six classes de soldats exercés, qui jusqu'ici quittaient la landwehr à leur trente-troisième année et faisaient partie du landsturm jusqu'à la trenteneuvième, restent incorporés à la première de ces divisions et en forment le second ban, qui pourra être appelé, en cas de besoin, par la voie ordinaire. Le landsturm comprendra à l'avenir tous les hommes valides qui ne figurent ni dans l'armée ni dans la flotte, depuis la dix-septième année jusqu'à la quarante-cinquième, et non plus, comme précédemment, jusqu'à la quarantedeuxième. Il sera partagé, comme la landwehr, en deux bans. Le premier, formé des hommes de dix-sept à trente-neuf ans, pourra être appelé sous les drapeaux, en cas de danger, par les commandants de corps d'armée et les gouverneurs de places fortes. Quant au second ban, dont feront partie les hommes de quarante à quarante-cinq ans, il ne sera levé que par ordre de l'empereur et quand l'intégrité même de la patrie paraîtra menacée.

Personne, dit l'exposé des motifs, ne trouvera ces sacrifices trop lourds quand il s'agira de défendre l'indépendance de l'empire.

«La prospérité future et la sécurité de l'Allemagne dépendent de sa force au point de vue militaire; il faut que l'armée allemande soit plus forte qu'elle ne l'a été jusqu'à présent et que l'on mette un terme à l'état de choses intolérable qui existe actuellement.

«Les dépenses courantes occasionnées par l'augmentation du personnel de recrutement et des frais de bureau ne dépasseront probablement pas 150,000 marks, y compris les dépenses de la Bavière. La somme dont il faudra disposer une fois pour toutes, pour acquérir, compléter ou modifier les différents papiers militaires, est évaluée à 250,000 marks, y compris les dépenses de la Bavière et celles de la marine.

« Le gouvernement se réserve de proposer ultérieurement des mesures concernant les frais d'habillement, d'équipement et d'armement. »

Les faux documents remis au czar.

Le Reichsanzeiger (moniteur officiel de l'empire allemand) a publié, le 1er janvier, quatre documents falsifiés dont la Gazette de Cologne avait signalé l'existence le 23 novembre et dont il a été beaucoup question dans la presse européenne depuis ce moment. Le journal officiel les fait précéder d'une introduction où il déclare que, si les documents avaient été authentiques, le czar aurait à bon droit accusé de duplicité la politique allemande, puisque l'Allemage a toujours affirmé officiellement l'illégalité de l'entreprise du prince

de Cobourg, et n'aurait pu, sans jouer un double jeu, donner à cette entreprise des encouragements secrets. Il ajoute que non seulement la note attribuée à l'ambassadeur d'Allemagne à Vienne, le prince de Reuss, est inventée d'un bout à l'autre, mais qu'il n'y a jamais eu de correspondance quelconque entre le prince de Cobourg et la comtesse de Flandre.

On ne connaît pas encore l'auteur de cette falsification. Ces pièces ont été remises par ordre de l'empereur de Russie au chancelier de l'empire allemand, pour qu'il en puisse vérifier le contenu et l'origine.

La première pièce est une lettre qui aurait été adressée par le prince Ferdinand de Bulgarie à Son Altesse Royale la comtesse de Flandre, le 27 août 1887. La lettre, écrite en allemand, a été traduite en français pour être remise au Czar. Elle est ainsi conçue:

« Votre Altesse connait les événements imprévus qui viennent de traverser à l'improviste mon existence jusqu'ici si studieusement paisible. Un peuple brave et généreux, poursuivi dans ses libertés, me prie, me charge et m'ordonne par l'unanimité de ses représentants de venir le diriger et le guider. C'est une tâche au-dessus de mes forces et surtout de mes goûts; Votre Allesse pourra s'en convaincre en se rappelant les conversations et les relations que j'ai eues avec Vous dans le temps, à Ischl entre autres, et où l'affection, en quelque sorle maternelle, que Votre Altesse m'a manifestée, a forcé mon caractère à se montrer à découvert entièrement. Mais je ne puis laisser les Bulgares douter de ma bonne volonté ; j'y suis engagé d'honneur, me semble-t-il, et pour m'y soustraire, quelque difficile et ardue que se présente ma situation, j'aurais dù refuser le pouvoir dès qu'il m'a été offert. Je suis seul contre l'Europe, peut-on dire. Les assurances que j'ai reçues de Constantinople sont déplorables au point de vue bulgare et des affaires de la principauté. S. M. le Sultan ne vaut pas mieux pour moi que S. M. le Czar: ce sont jusqu'à présent deux ennemis déclarés. De Vienne, les sentiments ne sont guère plus encourageants, et je sais, de source certaine, ce que vous devez savoir aussi bien que moi et même mieux, que l'on y a fait prier S. M. le roi des Belges d'intervenir auprès de moi pour me déterminer à ne pas accepter le pouvoir bulgare! S. M. le roi Léopold n'a pas cru devoir me faire part de cette démarche délicate de la cour de Vienne, et je n'avais pas donné, je l'avoue, à Sa Majesté dans le temps d'assez grands sujets de contentement pour qu'elle prit à cœur ma situation dans la Bulgarie et mes intérêts en général. Mais je puis le dire confidentiellement à Votre Altesse, je n'aurais pas accepté définitivement et surtout je ne me serais pas rendu avec cette vivacité à Sofia, si je n'avais reçu de Berlin des communicatious très satisfaisantes au sujet de ma situation. Je ne me fais pas illusion sur la valeur de ces assurances; je sais que je ne suis qu'un pion (ein Stück) dans le jeu d'échecs du prince de Bismarck; mais les personnages que j'ai consultés et à qui je n'ai rien caché de ma situation, y compris l'horizon de Berlin, m'ont assuré, comme je le crois moi-même, que l'importance de ce pion est assez grande pour pouvoir, dans certaines circonstances données, en tirer une stabilité et une force définitives pour la principauté et pour ma personne. Pour vous prouver qu'en ceci je ne me suis pas aventuré à la légère, el sans esprit de suite, je fais tenir ci-joint à Votre Allesse copie d'une note, non signée, il est vrai, mais authentique et écrite entièrement de la main de l'ambassadeur allemand à Vienne, au sujet des sentiments secrets de la chancellerie allemande concernant ma candidature, mon avenir et l'initiative qui m'est laissée. Je livre ce document et les réflexions que je me suis permis de faire dans cette lettre, toute filialement affectueuse, aux sages méditations de Votre Altesse Royale. Si elle se trouve persuadée de la justice et de l'avenir de ma cause, qu'elle daigne réaliser une promesse faite il y a déjà longtemps, de me venir en aide quand il sera possible. Votre auguste frère, S. M. le roi Charles de Roumanie, a une influence considérable et bien justifiée à la cour de Saint-Pétersbourg; il pourrait en user, à Votre haute intervention, pour tâcher de persuader S. M. le Czar, sinon de l'avantage pour la Russie de me

voir occuper le trône de Bulgarie, au moins de la sincérité de ma cause et de mes sentiments. Je ne puis, aux yeux de mes sujets, faire preuve de mes sentiments de grand respect pour l'empereur Alexandre avec l'énergie que je voudrais; mais qu'il vienne de Saint-Pétersbourg l'expression d'un simple sentiment de bienveillance pour le nouveau prince bulgare, et toute la situation sera subitement illuminée. Votre Altesse et son auguste frère ont à un si haut degré le sentiment des nuances délicates à employer à Saint-Pétersbourg, que je croirais leur manquer de respect en insistant davantage. Si Sa Majesté le roi des Belges, ce souverain respecté entre tous, qui a dans les grandes affaires européennes une influence décisive, voulait oublier les justes sujets de ressentiment que lui a donnés le prince de Cobourg et apprécier les énormes difficultés du prince de Bulgarie si semblables à celles que traversa son éminent père, en prenant possession du trône, je suis sûr que Sa Majesté interviendrait avec succès à Vienne en ma faveur et me concilierait des sympathies bien ébranlées. Je confic ces détails de ma position à Votre Altesse et je suis persuadé des excellents effets de son intervention pour moi. Je l'en remercie à genoux et je la prie, quoi qu'il arrive, de croire à mon inaltérable et filial dévouement. Je prie Votre Allesse de considérer ma communication de Berlin comme absoJument confidentielle vis-à-vis de S. M. le roi Charles de Roumanie et je crois inutile d'en exposer les motifs. Je laisse, au contraire, Votre Altesse juger entièrement de l'opportunité d'une communication de cette pièce à S. M. le roi Léopold. Je suis humblement et avec respect de Votre Allesse, etc., etc.

Cette lettre était accompagnée du document suivant, pièce non signée qui aurait été remise au prince Ferdinand de Saxe-Cobourg par le prince de Reuss, ambassadeur d'Allemagne à Vienne :

Je ne puis, en rendant compte à Votre Altesse des sentiments et des idées que l'on m'a chargé de lui exposer, que lui dire que le gouvernement n'a pas de conseils ou d'instructions à lui donner au sujet de la prise de possession du trône de Bulgarie. Le gouvernement allemand est lié par des traités qu'il respecte. La prise de possession du trône de Bulgarie, dans les circonstances actuelles, est avant tout une question de sensation et d'initiative personnelle qui doit être entreprise aux risques et périls de celui qui l'entreprend, et pour laquelle le gouvernement allemand ne peut prêter ni paraître prêter en ce moment aucune aide ni aucun encouragement officiels. Il ne s'ensuit pas cependant que le gouvernement allemand ne puisse, pour les besoins de sa politique générale, encourager officieusement et soutenir par les moyens légitimes d'action qu'il possède en Bulgarie, l'entreprise d'occuper le trône de Bulgarie conformé ment aux intérêts de la paix européenne et de la politique allemande. Il est évident que, si Votre Altesse se rend en Bulgarie avec cette idée sérieusement mûrie et décidée, le moment viendra où, quelque défavorables ou même hostiles que puissent paraître en ce temps les actes de la politique allemande visà-vis de l'entreprise de Votre Altesse, les sentiments que le gouvernement de Berlin nourrit en secret pour le succès de son action monarchique en Bulgarie, pourront éclater au grand jour et avoir, ainsi, toute l'efficacité attachée à l'action ouverte et décidée d'un puissant empire. Votre Altesse peut communiquer en toute sécurité avec moi, tant qu'elle se trouvera sur le territoire austrohongrois; si elle se décide à passer en Bulgarie, je remettrai un chiffre à sa disposition qui lui permettra de continuer des relations qui pourront, un jour, j'espère, devenir ouvertes et excellentes.

Suit une deuxième lettre à la cemtesse de Flandre. Celle lettre était également écrite en allemand, et c'est une traduction française qui en ful adressée au Czar:

16 septembre 1887.

Je remercie Votre Altesse de la bonne lettre qu'elle m'a fait parvenir par l'intermédiaire de M. Hooricks et je la remercie doublement pour la démarche qu'elle a tentée près du Roi de Roumanie et pour l'essai de Berlin. Vous me

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