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dites qu'il n'y a rien à espérer du Roi Léopold, et de fait j'en étais à peu près certain. J'ai avoué n'avoir pas eu pour le Roi des Pelges les égards que ma parenté me commandait, et je comprends, d'autant mieux que je suis en Bulga rie en possession du pouvoir, qu'il ne peut, dans sa situation, agir efficacement pour moi de l'un ou de l'autre côté. Je ne crois pas que le Roi Charles pourrait quelque chose à Saint-Pétersbourg, mais au moins le Czar entendra affirmer mes sentiments réels en dehors de toute politique par un souverain qui a le droit d'être écouté en Russie. J'aperçois de plus en plus clairement les immenses difficultés de la tâche que j'ai entreprise en présence surtout des duplicités que ce petit pays amène dans les arrangements de la politique européenne. J'ai transmis à Votre Altesse une note émanant de l'Allemagne pour moi, et je puis Vous dire que, malgré la guerre politique ouverte que l'Allemague dirige actuellement contre moi, il ne se passe pas des intervalles de quatre à cinq jours sans qu'un des agents allemands établis ici ne nous fasse entendre et dire qu'il faut attendre, que pour des raisons majeures la politique internationale de l'Allemagne est telle, mais qu'elle peut se modifier dans le sens le plus favorable et à l'improviste, que de graves intérêts s'agitent en ce moment entre l'Allemagne et la Russie et que de la solution qui y sera donnée dépendra beaucoup l'attitude définitive de l'Allemagne.

J'avoue que la politique entendue de cette manière étonne et décourage mon ardeur de jeune souverain. Votre Altesse me plaindra, j'en suis certain, mais quand je vois autour de moi les dévouements qui se sont manifestés pour ma personne, je dois me dire que je ne puis abandonner de telles gens.

Je serais bien curieux de savoir, ce qui serait si important pour moi, si on répondra à Votre communication à Berlin et si le sens de la réponse confirmera ce que j'entends ici de ce même côté. Je prie Votre Allesse de me conserver les sentiments d'extrême bonté et de me croire, etc.

La quatrième pièce est une note rédigée en français et résumant une troisième lettre que le prince Ferdinand aurait adressée à la comtesse de Flandre. Cette note n'est pas signée :

21 octobre 1887.

Le prince Ferdinand a annoncé à la comtesse de Flandre, de laquelle il continue à se servir pour rentrer en grâce auprès du Roi des Belges, que ses affaires prenaient meilleure tournure. La communication est arrivée ici mardi dernier, m'a-t-on assuré. Le prince y annonce qu'il a reçu, à la suite des entrevues Kalnoky et Crispi, de nouvelles assurances du prince de Bismarck; sculement, dit-il, les dernières démarches sont beaucoup plus formelles.

La communication allemande, au lieu de venir, comme la précédente, de Vienne, par le canal de l'ambassadeur allemand dans cette ville, est arrivée directement de Berlin. Il y est dit nettement que dans les entrevues Kalnoky et Crispi«<le sort de la Bulgarie a été complètement examiné et qu'il est certain que sa consolidation dans ces conditions est considérée plus favorablement par les puissances du centre de l'Europe » (Ce sont les termes exprès contenus dans la lettre).

Ces mêmes puissances ont exprimé dans des occasions récentes et confidentielles l'espoir que la Bulgarie ne donnera, par la manière dont elle comprendra son rôle politique, aucun sujet de « modifier cette attitude qu'on voudrait voir définitive. »>

Les points principaux que la Bulgarie doit considérer provisoirement et observer, c'est d'abord d'établir l'ordre à l'intérieur et de faire parler d'elle le moins possible; fuis d'observer vis-à-vis de son suzerain, la Turquie, la conduite qui donne le moins de prise à la critique. et de ne pas conserver extérieurement les apparences, vis-à-vis de la Turquie, d'un Etat qui en brave un autre dont il est légalement dépendant; d'entretenir de bons rapports avec la Roumanie et de se tenir en état de faire éventuellement à ce pays des propositions qui seront indiquées plus tard.

Le prince Ferdinand prie la comtesse de Flandre de communiquer le contenu

de cette dépêche au Roi Léopold et au baron Lambermont dont il a fait la connaissance à Berlin et qu'il sait être le confident intime du comte de Flandre et très au courant de toutes les péripéties de la question d'Orient. Il demande son avis. Il n'indique pas la manière exacte, et la forme dont la communication de Berlin lui est parvenue.

Il annonce dans la même lettre, qu'avant la réception de cette dernière communication, dans le but d'apprendre à Berlin ce qui s'était fait et dit avec le comte Kalnoky au sujet de la Bulgarie, il avait proposé, par l'intermédiaire de l'ambassadeur allemand à Vienne, de se rendre à Berlin. Mais la communication reçue de Berlin, outre les faits exposés plus haut, contient, au sujet de cette visite essentielle, l'avis qu'actuellement elle est un acte beaucoup trop tranchant (sic) qui n'ajouterait rien à la situation et la compromettrait; que le Prince recevra, quand il sera nécessaire, des communications établissant les idées qu'il peut fui être utile de connaitre pour le bien de sa politique et les vues de l'Allemagne et des puissances du centre.

Le prince Ferdinand a l'air d'être enchanté de ces changements et du nouveau tour de ses affaires. La comtesse de Flandre a dit au baron Lambermont qu'il y avait transformation complète de son hum ur» Il est un point qui, dans la lettre du prince Ferdinand, parait l'intriguer vivement et le rendre inquiet ce sont les propositions à faire à la Roumanie et la politique à suivre vis-à-vis de cet Etat ». Il parait, du reste, absolument décidé à se laisser faire et à suivre le courant allemand.

AUTRICHE-HONGRIE

Le 8 décembre, a été signé à Vienne l'accord austro-allemand sur la prolongation, jusqu'au 30 juin 1888, du traité de commerce actuellement existant entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Si d'ici au 15 février prochain aucune des parties contractantes n'a dénoncé l'accord, à partir de cette date il continuera de subsister et ne cessera d'être en vigueur qu'un an après la dénonciation.

CHINE

Le Times du 26 décembre annonce que le gouvernement chinois vient de promulguer un décret impérial ayant pour but le maintien des anciennes relations de suzerain et vassal entre la Chine et la Corée, aujourd'hui que cette dernière est ouverte au commerce étranger.

Suivant ce décret, un représentant de Li-lung-Chang résidera dorénavant dans chaque port coréen ouvert au commerce, afin d'y surveiller et sauvegarder les intérêts de la Chine. D'autre part, des employés coréens pourront résider dans les ports chinois, afin de surveiller leurs compatriotes, et un fonctionnaire coréen de haut rang devra s'installer à Tien-Tsin pour juger et résoudre les questions de certaine importance.

Tous les sujets chinois résidant en Corée seront soumis à la juridiction de fonctionnaires chinois répartis dans diverses localités, mais les Coréens en Chine seront soumis à la juridiction chinoise.

Le nouveau décret impérial dit enfin que tout ce qu'il concède aux Coréens doit être considéré comme une faveur accordée par la Chine à un Etat vassal et ne saurait être assimilé aux avantages et privilèges que le gouvernement chinois concède aux Etats étrangers indépendants.

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ESPAGNE

1

La session des Cortès a été ouverte le décembre. Voici quelques passages importants avec l'analyse du discours royal :

«Grande est ma joie de me voir au milieu de vous, car j'espère trouver tonjours votre sollicitude et votre appui. J'ai de grands devoirs à remplir, que la Providence m'impose, comme mère de l'orphelin qui porte la couronne et comme dépositaire des prérogatives royales. Je suis heureuse des marques spontanées d'affection que le peuple espagnol m'a montrées pendant mon récent voyage dans les provinces du Nord. »

Le discours ajoute que la paix intérieure est assurée et que les relations avec les autres pays du monde sont très cordiales.

«Il n'est possible d'arriver à ce résultat que par l'harmonie des intérêts réciProques que notre pays recherche toujours par le moyen d'une politique extérieure franche et honnête.

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gramme

Je dois spécialement porter à votre connaissance que le Sultan du Maroc, certain de l'amitié loyale que je lui porte, s'est adressé à moi pour demander la réunion d'une nouvelle Conference, afin que les puissances signataires de la Convention de 1880 l'examinent de nouveau, en tenant compte de ce que l'Espagne Loujours voulu la prospérité de cet empire et le prestige du Sultan, » L'ordre public est établi sur une base solide. La politique extérieure est dégagée, et le Gouvernement peut se vouer à l'accomplissement de son propour garantir les droits individuels, étendre le suffrage universel, mettre dernière main aux projets de lois civils et militaires soumis à l'appro balion des Chambres, résoudre tous les problèmes d'ordre administratif, économique et social, améliorer les conditions de l'agriculture et de l'industrie. » Le discours du Trône, faisant ensuite allusion à la crise que traverse l'industrie, non seulement en Espagne, mais dans l'Europe entière, dit que le Gouvernement présentera des projets de lois ayant pour but de remédier à cette crise. Le discours consacre des paroles affectueuses au Pape, disant que chaque jour le Souverain Pontife envoie de nouvelles marques d'estime, qui contribuent à maintenir de bonnes relations entre l'Etat et l'Eglise, et cela daus l'intérêt de l'un et de l'autre.

Parlant des colonies, le discours dit que le drapeau espagnol se maintiendra toujours chez elles, sans que les attaques passionnées puissent le faire tomber. Il celebre les victoires que l'armée a remportées dans les Philippines et sur les rebelles de Mindanao et des iles Soulou. Il annonce qu'une expédition se prépare en vue de faire respecter le pavillon à Ponape et dans les Carolines. Le discours conclut en ces termes :

«Je puis vous annoncer la soumission des indigènes qui se sont inclinés devant la manifestation de notre force. Notre armée saura ineltre hors de conteste la légitimité de notre souveraineté.

"Les rigueurs que réclame le triomphe de la justice n'empêcheront pas les sentiments d'humanité, de civilisation et de progrès qui ont été constamment les traits distinctifs de notre législation coloniale. >>

Le Gouvernement espagnol a élevé au rang d'ambassades ses légations à Londres, à Berlin, à Vienne et à Rome (Quirinal).

Le Gouvernement espagnol a publié un Livre Rouge renfermant des documents relatifs à la question marocaine. Deux points principaux y sont traités : l'envoi de troupes espagnoles dans les places d'Afrique, et la réunion d'une Conférence à Madrid. Ce recueil contient vingt dépêches.

Le 5 octobre, M. Moret adressait aux représentants du royaume à Paris, à

ARCH. DIPL. 1888.

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20 SERIE, T. XXV (87)

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Londres, à Rome et à Vienne, une circulaire annonçant l'envoi de renforts aux garnisons espagnoles d'Afrique. Le but de l'Espagne était de parer aux éventualités d'une guerre civile, dans le cas où le Sultan serait venu à mourir. Le Gouvernement espagnol protestait contre toute idée de conquête.

Dans une autre dépêche, le représentant de l'Espagne à Londres annonce l'envoi de deux vaisseaux anglais à Tanger: il ajoute que les nationaux allemands de cette ville seront placés sous la protection de l'Angleterre. Le Gouver nement britannique invite l'Espagne, l'Italic et la France à envoyer également des navires de guerre à Tanger.

Le 12 du même mois, le Ministre d'Espagne à Berlin fait savoir que le prince de Bismarck approuve la conduite de l'Espagne.

En ce qui concerne le projet de Conférence à Madrid, une note du 2 octobre fait l'historique des négociations engagées à cet effet; elle rappelle que, en 1885, une ambassade marocaine vint à Madrid demander que les puissances voulussent bien supprimer le régime de protection accordée à des sujets du Sultan. M. Moret indique que le Sultan accordera, en retour, de grands avantages au commerce européen Les puissances accueillent favorablement la proposition de Conférence. L'Italie et l'Autriche acceptent en termes formels.

Le représentant de l'Espagne à Pétersbourg rapporte, de son côté, que M. de Giers lui a déclaré que la Russie, bien que n'ayant pas de grands intérêts au Maroc, ne voyait pas d'inconvénients à se faire représenter à la Conférence. Le Gouvernement des Etats-Unis s'exprime dans le même sens.

ÉTATS-UNIS

Le Congrès a été ouvert le 6 décembre. Le message du Président est entièrement consacré aux questions financières En voici l'analyse :

Au seuil de vos devoirs législatifs, dit le Président, se dresse une question ou plutôt une situation financière qui réclame impérieusement votre sollicitude. Les sommes d'argent que les lois actuelles prélèvent sur l'industrie et le contribuable, en général, dépassent de beaucoup la somme nécessaire des besoins de l'Etat. Elles équivalent donc à une extorsion et à une trahison des sentiments de justice et d'équité. Il en résulte des maux très graves. Le Trésor public, qui ne devrait être qu'uu canal destiné à la circulation des deniers publics appliqués aux dépenses légitimes, devient un coffre où s'entassent des fonds inutilement enlevés au commerce et au public, si bien qu'il paralyse notre activité nationale, interrompt le développement du pays, empêche l'application des richesses à des entreprises fructueuses, et menace des plus grands troubles la situation financière.

Le message constate que l'excédent de revenu pour l'année financière, qui a pris fin en juin 1885, a été de 18 millions de dollars (90 millions de francs); pour l'année 1886, de 49 1/2 millious de dollars (247 1/2 millions de francs), et pour l'année 1887 de 55 1/4 millions dollars (276 1/4 millions de francs). Pour l'année 1887-88, il s'élèvera à la somme énorme de 133 millions de dollars (663 millions de francs), et il y aura alors dans les caisses de l'Etat une somme non employée de 700 millions de francs.

Récemment le Trésor a pris des mesures provisoires pour conjurer la crise monétaire qui menaçait de résulter de cette situation: en d'autres termes, il a racheté par anticipation quantité d'obligations de l'Etat qui ne devaient régulièrement être amorties que beaucoup plus tard.

Mais on n'a écarté ainsi le danger que momentanément. Il convient de prendre des mesures plus énergiques et plus permanentes pour rendre l'or à la circulation. Actuellement, les catégories d'obligations que le trésor peut légalement rembourser par anticipation, sont épuisées; du reste, le fonds d'amortissement a été complètement employé. On pourrait armer le trésor de pouvoirs nécessaires pour racheter de nouvelles séries d'obligations avant les délais

légaux. Mais encore faut-il assigner certaines limites à ces pouvoirs; autrement les porteurs d'obligations de l'Etat pourraient élever leurs prétentions et refuser le remboursement, sauf à des conditions exagérément onéreuses pour le trésor. lla été question de recourir à un dépôt de fonds de l'Etat dans les banques, pour les remettre dans la circulation. Mais cette solution présente trop d'inconvénients.

De toutes façons, cependant, il faut trouver une solution et conjurer une catastrophe économique dont la responsabilité retomberait tout entière sur le Congrès. Ce qu'il faut, d'après M. Cleveland, c'est couper le mal à sa racine, et supprimer les causes des excédents exorbitants du trésor. En d'autres termes, il importe de restreindre le revenu de l'Etat. Comme impôts intérieurs, il n'existe que l'impôt sur les tabacs et les alcools, impôt nécessaire, bienfaisant, très supportable et qu'il ne peut être question de supprimer. La vraie solution serait une revision du tarif douanier qui est établi sur des bases défectueuses, inéquitables et illogiques.

FRANCE

Le Journal officiel du 4 décembre a publié, sous la date du 3, la note sui

vante :

"M. Jules Grévy a adressé hier à MM. les présidents du Sénat et de la Chambre des députés sa démission de président de la République française.

Les Chambres ont donné acte de la démission et se sont réunies aujourd'hui, à deux heures à Versailles, en Assemblée nationale, à l'effet de nommer un nouveau Président de la République.

«M. Sadi Carnot, député, a été élu président de la République, par 616 voix sur 827 votants.

Dès le 3 décembre, le ministère des affaires étrangères a envoyé la circulaire notifiant officiellement aux divers gouvernements l'élection de M. Carnot à la présidence de la République.

Tous les gouvernements ont chargé les représentants français accrédités auprès d'eux de transmettre leurs félicitations à M. le ministre des affaires étrangères.

Un nouveau ministère a été constitué à la date du 12 décembre; il est présidé par M. Tirard, sénateur; M. Flourens reste ministre des affaires étrangères.

Le 13 décembre, il a été donné lecture, à la Chambre des députés par M. Tirard, président du conseil, ministre des finances, et au Sénat, par M. Fallières, garde des sceaux, ministre de la justice, du message suivant que le Président de la République a adressé aux Chambres :

«Messieurs les sénateurs,

« Messieur les députés,

«En élevant à la Présidence de la République un des plus modestes servitours

tout le prix.

« Elle m'a en même temps imposé de grands devoirs.

«Tout ce que j'ai de force et de dévouement appartient à mon pays, et je m'attacherai sans relâche à justifier la confiance de l'Assemblée nationale. « J'ose espérer que le Sénat et la Chambre des députés voudront accorder à dans la journée du 3 décembre, le but

mes efforts leur concours patriotique.

vers lequel doit tendre le Gouvernement de la République.

a En même temps qu'il donnait l'imposant spectacle d'une grande Assemblée

« EdellinenJatka »