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Nos mouvements militaires, ai-je fait observer à l'Ambassadeur Britannique, ne sont qu'une conséquence logique et inévitable des empiètements commis par les Afghans. Ceux-ci, d'ailleurs, ont déjà occupé des localités qui n'ont jamais fait partie de l'Afghanistan, tandis que nos troupes n'ont point dépassé les limites de la steppe turcomane.

La seconde notice anglaise se réfère à des bruits sur nos prétendus projets d'agression, qui seraient parvenus an Général Lumsden. Ces bruits, qui sont en contradiction avec des assurances que le Commissaire anglais affirme avoir reçues directement du Colonel Alikhanow, n'en sont pas moins invoqués dans la notice pour justifier un nouvel envoi de troupes afghanes destinées à renforcer la garnison du Pendjdé.

Le Gouverneur Général du Turkestan m'annonce que des officiers faisant partie de la Commission anglaise de délimitation out visité la province de Teharvilajet ou le Turkestan Afghan, où ils auraient passé en revue les garnisons afghanes et auraient instamment recommandé aux autorités locales de fortifier quelques points sur la rive gauche de l'Amou-Daria. L'un des officiers en question aurait même traversé avec une escorte armée le fleuve et serait passé sur le territoirs boukharien près de Kélif.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de regretter ces actes qui ne contribuent qu'à jeter le trouble dans l'esprit des populations de l'Asie Centrale. Rien ne semble les justifier, et ils forment en outre un contraste frappant avec l'attitude amicale que nous n'avous cessé d'observer vis-àvis de l'Angleterre, et les recommandations conciliantes que nous continuons à adresser à l'Emir de Boukhara.

Votre Excellence jugera peut-être utile d'y rendre attentif Lord Granville.

Veuillez, etc.

No 57.

GIERS.

Notice remise au Ministère Impérial des Affaires
Etrangères par l'Ambassadeur d'Angleterre.

(Reçu le 6 mars 1885)

Vendredi soir, M. Gladstone a fait savoir à la Chambre des Communes qu'il avait été convenu entre la Russie et l'Angleterre qu'aucun nouveau mouvement en avant ne serait fait ni par les forces russes, ni par les forces afghanes sur des points se trouvant sur territoire contestable ou contesté.

Sir Edward Thornton a reçu pour instruction de Lord Granville, de demander à Monsieur de Giers, si Son Excellence considère que les assurances données de part et d'autre constituent un traité comforme au dire de M. Gladstone.

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Le Conseiller Privé de Staal au Secrétaire d'Etat
de Giers.
(Reçu le 6 mars 1835)

Londres, le 3 (15) mars 1885.

Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en informer par la voie télégraphique, Lord Granville m'a fait parvenir dans la journée d'hier sa réponse à la communication de Votre Excellence en date du 16 janvier.

Cette réponse comporte deux pièces : une note à mon adresse, et un memorandum explicatif et détaillé.

Je me fais un devoir de placer ci-près une copie de la première et un exemplaire imprimé du second sous les yeux de Votre Excellence.

Le memorandum anglais indique la ligne que le Cabinet Britannique, d'après les informations en sa possession, considère comme constituant la frontière exacte de l'Afghanistan.

Cette ligne dévie très-considérablement de celle que nous avons proposée à l'acceptation de l'Angleterre. Toutefois, Lor! Granville n'insiste pas à ce que nous en fassions la base exclusive de la discussion ultérieure. Revenant à l'idée de la zone d'investigation, dont la reprise n'est pas exclue par la notice jointe à la dépêche de Votre Excellence du 16 janvier, le Gouvernement Auglais propose de considérer notre ligue comme la limite sud de cette zone, tandis que le tracé actuellement indiqué par l'Angleterre en formerait la frontière du côté du nord.

On rentrerait ainsi daus les termes de l'arrangement du mois de mai dernier en déférant à la Commission de délimitation l'examen détaillé de la question en litige.

Les Commissaires conserveraient de part et d'autre une liberté entière d'appréciation.

Lord Granville ajoute dans sa note que, si cette base était acceptée, il ne manquerait pas d'instruire le Commissaire Britannique dans l'esprit le plus conciliant, afin d'arriver à une solution également acceptable pour les deux Puissances.

Cette réponse n'est certainement pas aussi satisfaisante que nous eussions pu la désirer. Elle reflète les préventions qui pèsent sur la question de l'Asie Centrale. Telle qu'elle est, elle dénote néanmoins le désir du Gouvernement de la Reine de rentrer dans les voies d'une discussion calme et pacifique, rendue si difficile aujourd'hui par l'explosion des passions nationales.

Dans la séance du Parlement d'avant-hier, M. Gladstone, répondant à une interpellation de M. Richard, a déclaré qu'un arrangement était intervenu entre les deux Gouvernements en vertu duquel aucun mouvement en avant ne serait fait sur le terrain constesté par les troupes russes et afghanes.

Veuillez etc.

STAAL.

ANNEXE A

Le comte Granville au Conseiller Privé de Staal.

(Confidentielle)

Foreign Office, 13 mars 1885. Le Gouvernement de Sa Majesté a étudié avec soin la dépêche de M. de Giers au sujet de la question des frontières afghanes, que vous m'avez fait l'honneur de me communiquer le 3 courant.

Le délai apporté à la réponse de cette communication, a été occasionné par Ja nécessité de soumettre les propositions de M. de Giers au Commissaire anglais qui attendait, sur les lieux, l'arrivée de son collègue russe. Etant maintenant en possession de ses observations, j'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence un memorandum traitant des points soulevés dans l'annexe de la dépêche de M. de Giers, et fixant la ligne qui, dans l'opinion du Gouvernement de Sa Majesté conformément aux informations qu'il possède, constitue

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la limite des territoires sous la souveraineté de l'Emir et de ses prédécesseurs sur le trône de l'Afghanistan.

Le Gouvernement de Sa Majesté a été, et continue à être très-désireux de régler cette question avec le Gouvernement russe, d'une façon amicale, mais il lui serait impossible de convenir que des territoires réclamés en Afghanistan, au sujet desquels on a informé l'Emir qu'une enquête sur les lieux serait dirigée par des Commissaires nommés par les Gouvernements de la Grande-Bretagne et de la Russie, soient sans aucune enquête, déclarés dépendant de la domina. tion de la Russie. Cette assurance fut donnée à l'Emir sur la foi de l'engagement conclu des deux gouvernements de faire faire cette enquête. Le Gouvernement de Sa Majesté est prêt pour sa part à se conformer à cet arrangement, et il espère que le Gouvernement russe ne tardera pas à envoyer son commissaire rejoindre le Commissaire britannique,

Afin de satisfaire autant que possible aux désirs du Gouvernement russe, il consentirait volontiers à ce que la ligne fixée dans le memorandum ci-inclus comme formant d'après son opinion la frontière du territoire afghan et la ligne proposée dans la dépêche de M. de Giers du 16 janvier, soient prises comme limites Nord et Sud d'une zone à laquelle seraient restreintes les recherches des Commissaires.

Le Gouvernement de Sa Majesté sera prêt à donner des instructions à son Commisaire pour que, prenant cette zone comme base, il discute la question dans l'esprit le plus conciliant, et qu'il fasse son possible pour arriver à un accommodement qui soit satisfaisant pour les deux Gouvernements, et que le Gouvernement de Sa Majesté, après délibération avec l'Emir, puisse avec justice accepter.

J'ai l'honneur etc.

GRANVILLE.

ANNEXE B

Memorandum en réponse au Memorandum annexé à la dépêche de M. de Giers, en date du 16 janvier 1885.

Le Gouvernement de Sa Majesté a soigneusement examiné le Memorandum annexé à la dépêche de M. de Giers en date du 16 janvier, proposant une ligne de démarcation de la frontière afghane, au cas où les deux gouvernements ne puissent s'entendre sur les limites d'une zone d'opérations.

Avant d'exprimer ses vues sur cette proposition, le Gouvernement de Sa Majesté pense qu'il serait désirable de se reporter rapidement à la correspondance échangée entre les deux gouvernements au sujet de la frontière, afin qu'il ne puisse y avoir aucun malentendu quant à la ligne de conduite qu'ils ont jusqu'à présent suivie à cet égard.

Les observations adressées au Cabinet Impérial par le Gouvernement de Sa Majesté au printemps de l'année dernière, occasionnées par l'extension de la Souveraineté de la Russie sur Merv, ont eu pour résultat le renouvellement, par le Gouvernement Impérial, d'une proposition faite en 1882 au Comte Granville par le Prince Lobanoff pour « l'établissement d'une frontière de l'Afghanistan à partir du point où elle n'est pas définie jusqu'à Sarakhs. »

Faisant allusion à cette proposition, laquelle, pour employer les propres mots de M. de Giers, « avait pour objet la continuation, depuis Khoja-Saleh dans la direction ouest, de la ligne reconnue en 1872-73 comme frontière de l'Afghanistan,» le Cabinet Impérial déclara que si le Gouvernement Britannique désirait renouveler les négociations, celui de la Russie consentirait volontiers,

Le Gouvernement de Sa Majesté accepta celte proposition, suggérant en même temps l'idée que les points principaux d'une ligne de frontière fussent déterminés sur le terrain même, et qu'une commission mixte qui comprendrait un représentant afghan fût nommée à cette fin, en temps utile pour que les opérations puissent commencer à l'automne suivant.

Le Gouvernement Impérial exprima qu'il était tout prêt à nommer un

commissaire « qui visiterait avec son collègue britannique, les contrées en question, et de concert avec lui chercherait les éléments d'une ligne de frontière qui donnerait satisfaction aux intérêts respectifs des deux Puissances. » Il s'opposait à la présence d'un représentant Afghan à moins que ce ne fût comme expert pour donner des renseignements nécessaires à la Commission.

Le Gouvernement de Sa Majesté proposa au Gouvernement russe que les commissaires se réunissent au mois d'octobre suivant, à Sarakhs; en même temps le Vice-roi de l'Inde informa l'Emir des arrangements ci-dessus mentionnés, priant Sa Hautesse de députer un fonctionnaire afghan, possédant toute sa confiance, à la frontière pour assister le Commissaire britannique.

Après une correspondance ultérieure à laquelle il est inutile de se reporter, le Gouvernement de Sa Majesté nomma le Major-Général Sir Peter Lumsden représentant de Sa Majesté dans la Commission, et cet officier, après avoir reçu des instructions dont la teneur fut communiquée au Cabinet Impérial, quitta Londres pour Sarakhs au commencement de septembre.

Trois jours après le départ de Sir P. Lumsden, on fut informé par M. de Giers que le Cabinet Impérial persistait dans son désir de ne pas laisser passer l'occasion présente de faire disparaître, à tout jamais, tout sujet de malentendu ou de rivalité entre les deux Puissances en Asie Centrale, et de compléter l'œuvre de conciliation heureusement inaugurée en 1872-73; qu'en conséquence des mesures avaient été prises pour que le Commissaire russe Général Zélénoï « rejoignit Sir P. Lumsden vers le fer (13) octobre à Sarakhs, où il aurait à s'entendre avec son collègue au sujet de la direction des travaux de délimitation, qu'on le prierait de chercher, de concert avec Sir P. Lumden, les éléments d'un arrangement qui serait de nature à faire disparaître, autant que possible, les motifs de malentendus et de complications. »>

Ainsi le Gouvernement de Sa Majesté avait toute raison de croire qu'il serait procédé sans délai aux travaux de la Commission, et que les différences d'opinions seraient réglées sur les lieux par les Commissaires, ou qu'on en réfèrerait, si nécessaire, à leurs Gouvernements respectifs.

A son grand désappointement cependant, le Gouvernement de Sa Majesté apprit, quelques semaines après le départ de Sir P. Lumsden de l'Angleterre, que le départ du Général Zélénoï était retardé, et qu'il ne serait pas prêt à se trouver avec Sir P. Lumsden avant le 15 janvier; et en même temps le Gouvernement russe signifia son opinion que les opérations de la Commission fussent restreintes à tracer une zone, dans laquelle la ligne de démarcation serait déterminée par les deux Gouvernements. La proposition qu'une zone fût déterminée par les deux Gouvernements avant la rencontre des Commissaires fut d'abord mentionnée à une entrevue qui eut lieu le 13 octobre entre Sir E. Thornton, le général Zélénoï et M. Zinovieff, et officiellement proposée dans le mémorandum de M. de Giers du 21 octobre.

Afin de satisfaire autant que possible aux désirs du Cabinet russe, le Gouvernement de Sa Majesté, quoique d'avis qu'il vaudrait mieux que les Commissaires eux-mêmes décidassent sur les lieux quelle devrait être la région de leurs recherches, adhéra au principe de cette proposition nouvelle. Le Gouvernement de Sa Majesté accepta la limite nord de la zone suggérée par le Gouvernement russe, mais exprima l'avis qu'il serait a peu désirable d'entreprendre une définition préliminaire de la limite sud de la zone. »>

Le Cabinet Impérial exprime maintenant ses craintes, qu'à défaut d'accommodement préalable au sujet de l'étendue de la zone d'opérations, l'envoi des Commissaires sur les lieux n'ait pour résultat des malenteudus et même un échec. Au sujet de cette intimation, il réserve son droit d'insister pour que les possessions de l'Emir Shère Ali, en 1872-73, soient adoptées comme base de la démarcation prochaine; que la nouvelle frontière soit tracée conformément aux conditions géographiques et ethnographiques du territoire à délimiter, et que toute la tribu des Turcomans Sarik, dont une portion a déjà fait sa soumission aux autorités russes, soit comprise dans la sphère d'action russe.

En principe le Gouvernement de Sa Majesté ne s'oppose pas à la détermina

tion d'une zone, quoiqu'il ne puisse accepter une limite d'exploration s'étendant au sud jusqu'à la ligne détaillée dans le mémorandum du Général Zélénoï du 26 novembre.

Au sujet de la prétention du Gouvernement russe, que les possessions de Shère Ali-Khan en 1872-73, formassent la base de l'arrangement actuel, le Gouvernement de Sa Majesté doit remarquer qu'à son avis ce principe fut abandonné, en ce qui concerne la partie nord-ouest de la frontière dans une dépêche adressée par le Prince Gortschakoff au Comte de Brunnow, le 7 (19) décembre 1872, dans laquelle il dit :

«Nous n'insisterons pas sur le principe d'où nous sommes partis savoir, qu'on ne reconnaitrait comme faisant partie de l'Afghanistan aucun district qui n'aurait pas été sous la domination de Dost Mahomed Khan, et qui n'est pas actuellement soumis à Shère Ali. Par égard pour le désir du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, le Cabinet Impérial serait disposé, en ce qui concerne cette partie de la frontière, à accepter la ligne indiquée par la dépêche de Lord Granville du 17 octobre 1872. »

Cette ligne qui de la sorte devint la seule base pour des discussions futures, est ainsi décrite dans cette dépêche.

«3. Les districts intérieurs d'Akcha, Sir-i-Pool, Maimena, Shibbergan et Andkhoi, dont le dernier serait l'extrême frontière des pos: essions Afghanes au nord-ouest, le désert au delà appartenant aux tribus indépendants des Tur

comans. >>

4. La frontière afghane ouest entre les dépendances d'Hérat et celles de la Province Perse de Khorassan est bien connue, il n'est donc pas besoin de la définir.

Volontiers donc, comme il l'a déjà fait savoir au Cabinet Impérial, le Gouvernement de Sa Majesté laisse aux Commissaires toute liberté d'action pour compléter les arrangements de 1872-73, en déterminant la frontière Afghane entre le Héri-Rud et l'Oxus, mais il ne peut admettre que cette limite soit tracée conformément aux conditions géographiques à l'exclusion de la question de droit territorial ou d'autres considérations.

Au sujet des remarques du colonel Mac-Gregor, auxquelles on se réfère comme étant importantes dans le memorandum auquel il est fait réponse, le Gouvernement de Sa Majesté fait observer qu'on ne peut considérer ces remarques comme ayant aucune autorité ou valeur officielle. Elles sont simplement les observations accidentelles d'un officier voyageant en qualité d'homme privé, sur ce qu'il a vu en passant sur une étendue de pays limitée, observations racontées sous une fausse conception des vraies circonstances, les tours qu'il mentionne étant en réalité une ligne de défense intérieure, et non pas comme il le présume des points de repère territoriaux.

Quant aux questions soulevées au sujet des Turcomans Sarik, le Gouvernement de Sa Majesté fait observer que d'après les informations qu'il possède, Badgheis, qui comprend Pendjeh, a fait partie de l'Afghanistan, depuis que l'Afghanistan est devenu royaume; que ces districts étaient, comme dépendances d'Hérat, sous le gouvernement de Shère Ali Khan, que les tribus qui se sont fixées à Pendjeh pendant le dernier quart de siècle ont pleinement reconnu qu'elles se trouvent sur territoire Afghan; qu'elles ont sous une forme ou une autre payé tribut aux autorités d'Hérat, et qu'un Naib, ou un délégué du gouverneur d'Hérat, a, en règle générale, résidé parmi eux avant et depuis 1873. Lorsque l'Emir donc, à cause de l'approche de la Russie, commença, bien avant l'occupation de Merv par les Russes, à établir plus fortement son autorité sur le Pendjeh, il exerçait simplement des droits qu'il considérait comme lui appartenant.

De l'avis du Gouvernement de Sa Majesté, le titre qu'a l'Emir à la souveraineté du territoire en question, ne peut être diminué par la présence dans ses frontières d'une tribu, dont l'autre partie est sur le territoire réclamé maintenant par la Russie. Il arrive fréquemment sur d'autres frontières asiatiques que des tribus soient divisées par des limites territoriales, et le Gouvernement de Sa

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