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et au pont de Dasch-Keupri, que les troupes russes, une fois arrivées jusqu'au Kouschk, ne quitteraient plus la rive gauche de ce cours d'eau, qu'elles occupaient en vertu du même arrangement mentionné dans le télégramme de lord Granville, dout copie lui avait été transmise, mais que l'action offensive des troupes afghanes était contraire aux stipulations dont traitait le télégramme.

Les Anglais demandèrent de leur désigner le point jusqu'auquel les Russes prétendaient occuper la rive gauche du Kouschk. Le lieutenantcolonel Zakrjevski répondit qu'il n'avait pas les pouvoirs voulus pour répondre à une question de ce genre, que le général Komarow exigeait seulement le retrait des postes afghans là où ils se trouvaient en face des postes russes, c'est-à-dire à Dasch-Keupri, et cela dans le but seul d'éviter des collisions en mettant entre les parties une barrière naturelle, et sans avoir aucunement en vue de préjuger par sa demande la décision des commissaires chargés de la délimitation.

Après avoir entendu le rapport du lieutenant-colonel Zakrjevsky sur le résultat des négociations et voyant que ni les pourparlers, ni les sommations catégoriques n'aboutissaient à rien, je résolus de mettre sans délai à exécution ce que j'avais demandé aux Afghans.

Le même jour, 17 mars, à huit heures du soir, je réunis chez moi les officiers commandant le détachement du Mourghab. Je leur exposai notre situation et leur donnai les instructions nécessaires, exposées dans l'ordre

du jour.

La réponse du Naïb-Salar à ma sommation n'arriva qu'à dix heures du soir. Il m'informait qu'ayant reçu du Naib-oul-houkoumé de Hérat l'ordre de consulter le capitaine Yate sur toutes les questions de frontière, il n'avait les ordres de son Emir. Voulaut faire une nouvelle tentative pacifique, je pas manqué de le faire, et que, du reste, il devait avant tout, exécuter répondis au Naïb-Salar par une lettre amicale et semi-officielle, lui disant que je ne pouvais pas retirer mes sommations, et que la responsabilité d'une collision résultant de fâcheux conseils retomberait sur lui, vu que j'avais fait moi-même tout ce qui était possible pour rester en bonnes relations avec lui.

Le lendemain, 18 mars, les troupes, exécutant mes ordres de la veille, quittèrent le bivouac, ne laissant au camp que des sentinelles et quelques hommes du train, en tout 50 hommes.

2o et

La colonne de droite, formée par le 3 bataillon des tirailleurs du Turkestan, ainsi qu'une demi batterie de montagne de la 21° brigade, du nom de Son Altesse Impériale la Grande-Duchesse Olga Feodorovna, ( compagnies et 4 pièces) et placée sous le commandement général du chef du 3 bataillon, le colonel Kazantsew, s'avança, conformément à la disposition, par les mamelons de sable pour tourner à la fois de flanc et par derrière l'avant-garde de la position ennemie. La cavalerie, composée des 1, 2 3° sotnias du 1er régiment de cosaques du Kouban et d'une sotnia de la milice de Merv, y compris les khans turcomans, les chefs notables avec leur suite et sept cavaliers de la milice d'Akhal-Téké formant mon escorte khanow, chef de l'arrondissement de Merv, s'avança un peu plus à gauche personnelle (en tout 4 sotnias), commandée par le lieutenant-colonel Aliqu'il n'avait été prescrit et se trouva, dès le début de l'engagement, au centre de la position. Je n'y changeai rien, car la marche du combat et les

conditions de la localité montrèrent que la modification s'était trouvée heu

reuse.

La colonne de gauche (2 et 3 compagnies du 3° bataillon de tirailleurs transcaspiens et deux compagnies du 6° bataillon de ces tirailleurs), commandée par le colonel Nikschitch, se mit également en marche à 4 heures du matin et s'arrêta, en vertu de mes instructions, derrière le mamelon de Kizil-Tépé.

La position des Afghans était telle que suit: le mamelon de DaschKeupri (rive gauche du Kouschk) formait le point le plus avancé de leur ordre général. Nous y étions attendus par 1.200 cavaliers afghans prêts à combattre. Sur le flanc était rangée une compagnie à peu près d'infanterie, et quatre canons se trouvaient en batterie dans les retranchements. Un peu plus à droite et en arrière, il y avait plusieurs compagnies d'infanterie régulière et trois canons dans des retranchements percés d'embrasures et de meurtrières. Les autres troupes afghanes étaient rangées en avant de leur camp sur la rive droite du Kouschk. Sur la rive droite du Mourghab, pendant toute la durée du combat, il n'était plus resté que 200 Afghans. Nous avions affaire à 4,000 hommes en tout avec huit canons. De p'us, comme l'ont déclaré les prisonniers, Yelantousch-Khan Djemschidi, à la tête d'une partie de la cavalerie, gardait le camp afghan par derrière, en prévision d'une attaque des Saryks.

Comme il a été dit plus haut, notre cavalerie, prenant un chemin plus direct que celui qui avait été désigné, avait devancé les tirailleurs du Turkestan, et vers les 6 heures du matin elle paraissait sur le mamelon de Dasch-Keupri, s'avançait à 500 pas du front de la cavalerie afghane et, se rangeant en bataille, elle s'arrêta pour attendre les tirailleurs qui avaient encore une verste à faire pour la rejoindre. Je donnai à la demi-batterie de montagne l'ordre de se joindre provisoirement à la cavalerie, et fis dire au bataillon mixte transcaspien arrêté à Kizil-Tépé d'avancer pour appuyer la cavalerie, mais le commandant du bataillon avait devancé mon ordre et s'avançait par compagnies. On n'avait pas encore ouvert le feu, au point du jour les avant-postes s'étaient déjà repliés des deux côtés. J'avais envoyé en observation dans les sables une patrouille de djighites sur l'aile droite; l'aile gauche était observée par un poste de quatre cosaques à Yarym-Tépé. Vers 6 heures, les tirailleurs du Turkestan étaient arrivés, et je leur envoyai la demi-batterie de montagne. Le Naïb-Salar s'était porté devant les cavaliers de l'avant-garde et les salua de ces paroles: Combattez à la gloire de Dieu ». Les Afghans répondirent par une triple acclamation, invoquant Allah et promettant de se battre au nom du Seigneur.

Le lieutenant-colonel Alikhanow, s'attendant après ces clameurs à une attaque immédiate, fit mettre pied à terre aux trois sotnias de cosaques et à une vingtaine de djighites armés de fusils. Les autres djighites restèrent seuls en selle. Le feu n'avait pas encore commencé. Les Afghans étaient évidemment dans l'indécision, et j'avais strictement défendu aux nôtres de tirer les premiers. Ce n'est que plusieurs minutes après le passage du Naïb-Salar, que les Afghans ouvrirent le feu contre notre cavalerie. Le lieutenant-colonel Alikhanow, ayant appris qu'un cheval cosaque avait été blessé, ordonna aux trois sotnias démontées de tirer une salve et continua ensuite un feu réglé sur le nombre des cartouches. Les Afghans répondirent par une fusillade et un feu d'artillerie sur toute leur ligne. Leur infanterie s'abrita dans les tranchées, la cavalerie s'ébranla, puis se replia

quelque peu, mais se préparant visiblement à une nouvelle attaque, tandis que quelque trois cents cavaliers descendaient du mamelon et se jetaient sur les derrières de notre cavalerie.

Le lieutenant colonel Alikhanow fit charger la sotuia de miliciens de Merv, et donna ordre aux cavaliers restés en selle d ouvrir le feu, tandis que le colonel Nikschtich, négligeant provisoirement la fusillade dirigée contre sa colonne du front de l'ennemi, fit faire à ses deux compagnies trois décharges sur la cavalerie, contre laquelle les tirailleurs du Turkestan avaient, de leur côté, déjà ouvert le feu par mon ordre.

Les Afghaus ne purent soutenir un feu aussi nourri, et se replièrent en désordre vers le Kouschk. Ils se jetaient du haut de la rive escarpée et, refluant en masses compactes vers le gué, commencèrent à passer la rivière. Ici, fusillés de près et sans relâche par nos tirailleurs, leurs pertes furent très considérables. Nos djighites, lancés contre la cavalerie qui tournait la nôtre, eurent un moment d'hésitation, sauf quelques braves qui, ayant à leur tête l'enseigne Baba Khan, pénétrèrent à coups de sabres dans les rangs ennemis. Mais le lieutenant-colonel Alikhanow courut aux djighites en leur criant: « Vous y rosterez tous ou vous les détruirez ! » Cela suffit pour que toute la sotuia chargeât comme un seul homme. Les tirailleurs du Turkestan allongeaient en même temps leur ligne sur l'aile gauche pour mieux soutenir nos cavaliers. Alors le reste des Afghans prit la fuite vers le Kouschk, en laissant le mamelo. de Dasch-Keupri couvert de cadavres et en nous abandonnant quatre canons et un drapeau (1).

tinrent

Le colonel Nikschitch, pendant ce temps, marchait à l'attaque des tranchées du flanc gauche de la position avancée des Afghans; ceux-ci ne soupas la charge à la baïonnette et s'enfuirent sur l'autre rive du Kouschk, laissant entre nos mains, de ce côté de la position, trois canons et un drapeau (2) et semant de leurs cadavres toute la longueur de leurs tranchées. Les Afghans firent encore une dernière, mais faible tentative pour se mesurer avec nos troupes. Entretenant le feu d'artillerie d'Ak-Tépé, auquel répondait notre demi-batterie de montagne, ils commençaient à se ranger en bataille au devant et à la droite (à l'ouest) de leur camp principal sur la rive droite du Kouschk, et essayaient aussi de continuer la fusillade. Mais le feu très violent des tirailleurs du Turkestan, et ensuite une charge vive et générale de nos troupes, ainsi que notre passage sur la rive droite du Kouschk, ôtèrent aux Afghans toute idée de continuer la lutte. Tous prirent la fuite dans le plus grand désordre. Je ne fis pas poursuivre les fuyards, voulant montrer par là que mon seul but avait été de mettre à exécution ma sommation d'évacuer la rive gauche du Kouschk. Dans le même but, je ne pris pas seulement des mesures pour arrêter tout mouvement sur Pendjdé, mais encore je m'abstins de passer la nuit dans le camp afghan.

Quelques heures après le combat, je ramenais les troupes sur la rive gauche du Kouschk, où je les fis bivouaquer. Je laissai seulement à Akun poste de quelques hommes pour garantir mon bivouac des éven

Tépé

tualités imprévues. Cette mesure était d'autant plus urgente qu'après l'occupation du camp afghan, quelques fantassius afghans s'étaient cachés

(1) Le drapeau a été pris par le Saryk-Aman-Klytch, ouriadnik de la milice tempɔ

raire.

tirailleurs transcaspiens. (2) Le drapeau a été pris par le sapeur Kobylkine, sous-officier du 6o bataillon de

dans les fossés, sous des tentes et sous les arches du pont et tiraient sur nos soldats, refusant obstinément de se rendre.

Bien qu'il n'y ait pas eu de poursuite, la déroute des Afghans n'en a pas moins été complète. Toute leur position, celle d'avant-garde et la position principale, sur plusieurs verstes carrées, leurs retranchements, leurs tranchées et leurs batteries étaient couverts de cadavres dont un grand nombre aussi fut emporté par le courant rapide du Kouschk. Les Afghans ont dû perdre, d'après moi, plus de 500 hommes tués. Au dire des éclaireurs, le djarnéil lui-même estimait ses pertes à plus de 1,000 hommes tués, et sur le nombre des fuyards il y aurait plus de la moitié de blessés. Parmi les chefs afghans ont été tués: un corneil, deux capitaines, le chef de la cavalerie Hézaré, Schir-Khan; on assure que le Naïb-Salar lui-même a été blessé de deux balles.

Sont restés entre nos mains: tout le camp afghan, toute l'artillerie, au nombre de huit pièces, avec les caissons et les munitions; le grand étendard du djarnéil, deux drapeaux de bataillons d'infanterie, force insignes, tambours et trompettes; tous les approvisionnements, de la farine, de l'orge; des munitions, de la poudre et du plomb en quantité, et un transport de chameaux. Dans le camp, le sol était jonché de vêtements, de linge et de menus objets d'usage domestique.

N'ayant pas poursuivi l'ennemi, nous n'avons pas fait beaucoup de prisonniers, nous n'avons pris que ceux qui se rendaient en tout sept, plus dix-sept blessés. Un homme non blessé avait des fers au pied et au cou. Les prisonniers nous ont fourni quelques renseignements sur leurs chefs, sur la date initiale de l'érection des fortifications; ils ont donné des versions contradictoires du rôle joué par les Anglais, et nous ont positivement assuré qu'un secours de mille tirailleurs au moins avait été demandé aux Saryks, et que le jour même du combat, le 18 mars, avait été fixé comme dernier terme pour une réponse catégorique.

Je ne puis attribuer une victoire aussi décisive qu'à la conduite de tous les hommes de notre détachement. Les chefs des colonnes ont témoigné d'un esprit d'initiative merveilleux, prévenant les ordres lorsqu'il fallait qu'une partie des troupes soutint l'autre pour arriver au but commun. Les officiers ont tous donné aux soldats l'exemple d'une intrépide bravoure, ainsi que d'une discipline intelligente. Les soldats exécutaient tous les commandements sans hésitation, avec un ensemble et une précision qu'on ne voit pas toujours aux manœuvres. Pendant toute la durée de la lutte, pas un n'a reculé d'une semelle. Les djighites ont mis tous leurs efforts à se montrer les digues serviteurs de l'Empereur, et ils ont payé de leur sang le droit d'être traités en camarades par les troupes régulières.

J'ai dirigé les pièces enlevées sur Askhalad, jusqu'à nouvel ordre de Votre Excellence; je lui envoie par le lieutenant-colonel Zakrjevsky les drapeaux pris aux Afghans. J'ai donné l'ordre de regarder comme propriété de l'Etat les provisions prises, après en avoir fait dresser l'inventaire. Une partie du convoi de chameaux, près de 70 têtes, a également été déclarée propriété de l'Etat. J'ai fait donner quelques chameaux aux khans de Merv et aux hommes de la milice, qui avaient pris part au combat, pour le transport du fourrage et du bois. La poudre et le plomb ont été jelés à l'eau et le camp abandonné aux troupes.

Nous avons en tout perdu comme tués pendant le combat un officier Seïd-Nazar-Youz-Bachi, enseigne de la milice; sept soldats du bataillon

mixte de tirailleurs transcaspiens et un djighite de la milice de Merv; comme blessés, deux officiers: le sotnik Kobtsew, commandant de la première sotnia du premier régiment de cosaques du Caucase, et le souslieutenant Khabalow, du 6 bataillon de tirailleurs transcaspiens, onze soldats du bataillon mixte de tirailleurs transcaspiens, deux soldats du 3 bataillon du Turkestan, un cosaque et quatre Turcomans de la milice ont été contusionnés un officier supérieur et deux officiers le colonel Nikschitch, chef du 3° bataillon de tirailleurs transcaspiens. le Sous-lieutenant Kosmine, du même bataillon, et le capitaine en second Kourotchkine, du 6° bataillon de tirailleurs transcaspiens, quinze soldats du bataillon mixte, un soldat du bataillon du Turkestan et deux cosaques. Après le combat, vers midi, le capitaine Yate avait envoyé successivement deux lettres adressées au lieutenant-colonel Zakrjevsky. Dans la première, il nous informait que le docteur Owen offrait ses secours pour soigner nos blessés, si nous en avions beaucoup; dans la seconde, il annonçait que les Anglais, ne se considérant pas en sûreté, demandaient notre protection et l'envoi d'une escorte. La première de ces lettres a été laissée sans réponse; à la suite de la seconde, j'ai chargé le lieutenant-colonel Zakrjevsky de se rendre avec trois officiers et quelques djighites à Pendjdé et d'offrir au capitaine Yate, en mon nom, le secours qu'il demandait. En arrivant à l'aoul où demeurait le capitaine Yate, notre officier l'a trouvé déjà parti, dans l'idée que sa lettre n'était pas arrivée à destination; mais comme le capitaine anglais n'était pas loin et se trouvait encore en vue avec ses cavaliers, le lieutenant-colonel Zakrjevsky lui a envoyé deux djighites pour lui annoncer son arrivée et son désir d'entendre M. Yate, et de satisfaire à sa requête dans la mesure du possible. Les djighites trouvèrent le capitaine Yate entouré de son escorte de lanciers du Bengale et d'une foule de fuyards afghans à cheval. Après avoir entendu les djighites envoyés par le lieutenant-colonel Zakrjevsky, les Anglais déclinè

rent toute réponse.

Après le combat, j'avais envoyé dans diverses directions des éclaireurs qui, au bout de quelques jours, sont revenus m'annoncer que le gros des Afghans avait fui vers Bala-Mourghab, et que quelques-uns seulement s'étaient dirigés sur Kalé-i-Mor s'efforçant, dans leur course précipitée, d'éviter les aouls des Saryks; qu'ils s'étaient arrêtés seulement à BalaMourghab pour y passer la première nuit; mais que le dépôt d'approvisionnements y étant insuffisant, leur fuite avait continué sans arrêt par Kaléi-Noou vers Hérat. D'après les mêmes rapports, le djarnéil aurait reçu en route une lettre du Naïb-oul-Houkoumé de Hérat, dans laquelle celui-ci

l'engageait à tenir ferme contre les Russes, lui annonçant l'envoi de renforts; sur quoi le djarnéil, après avoir emprunté au langage populaire quelques expressions trahissant sa colère et son désespoir, s'est écrié : Il n'y a plus besoin de rien, maintenant que tout est perdu ». Quant aux Anglais, les éclaireurs m'ont informé que le mécontentement contre eux était extrême, non seulement parmi les Saryks, mais parmi les eux-mêmes ; que les Afghans avaient brûla les kibitkas laissées

Afghans

le géné

par les Anglais, que les Saryks engagés pour transporter les bagages des Anglais, au lieu de les amener à destination, les avaient conduits dans leurs aouls et se les étaient appropriés. Je tieus de la même source que bres de la Commission. ral Lumsden a quitté Goulran pour se rendre à Koussan avec tous les mem

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