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Majesté ne voit pas de raison pour qu'une division ne soit pas pratiquée dans le cas actuel, ou que des difficultés sérieuses soient pour cela suscitées au sujet de cette frontière qu'il s'agit maintenant de déterminer entre la Russie et l'Afghanistan.

A cause de ces raisons et d'autres encore, le Gouvernement de Sa Majesté croit bon de dire dès maintenant qu'il ne peut donner son adhésion à aucun arrangement par lequel le Pendjeh ou d'autres districts réclamés par l'Afghanistan, lui seraient refusés sans enquête sur les lieux.

Il reste encore au Gouvernement de Sa Majesté à s'occuper de la nouvelle proposition contenue dans la dernière partie du memoranduin de M de Giers, savoir que, dans le cas où les deux Gouvernements ne s'entendraient pas au sujet des limites d'une zone, ils puissent essayer d'arriver à une entente au sujet de la ligne de frontière actuelle, dont la direction est décrite dans les termes suivants :

A partir d'un point sur la droite du Héri-Rud, à environ dix verstes au sud de Zulfikar, la ligne passerait par Kéhrizi Elias et Kéhrizi Soumé jusqu'au ruisseau de Yégri Gueuk, suivrait les hauteurs bordant la rive droite de ce ruisseau jusqu'aux ruines de Tchéménibid, suivrait la chaine de coteaux sur la rive droite du Kuschk jusqu'à Havuzi Khan, puis s'étendrait jusqu'à un point au nord de Méruchak, qui serait laissé à l'Afghanistan.

A partir de ce point, la ligne de démarcation suivrait la crête des hauteurs au nord de la vallée du Kaïsor et à l'ouest de la vallée de Sangalak, et laisant Andkhoï à l'est s'étendrait jusqu'à Khojà Saleh sur l'Amon Daria. Cette ligne servirait de frontière, à condition que l'Emir repondit qu'il ne bâtirait aucune fortification qui puisse devenir une menace pour les populations de l'autre côté de la frontière.

Le Gouvernement de Sa Majesté regrette de ne pouvoir accepter ni la ligne proposée, ni les conditions qui y sont annexées. Conformément aux renseignements qu'il possède, la vraie ligue de la frontière Afghane s'étendrait de Shir Tépé, sur le Hérid Rud jusqu'à Sari Yazi sur le Murghab, et de là longerait les confins cultivés de Maimena et Andkhoi jusqu'à Khoja Saleh. Mais en exprimant cet avis, il faut ajouter qu'il a toujours cru, et croit encore, que la ligne de frontière devrait être tracée sur les lieux avec l'aide des officiers de l'Emir, et que les Commissaires britanniques et russes devraient avoir toute liberté d'action quant aux conclusions auxquelles ils peuvent arriver, et aux observations qu'ils peuvent vouloir faire, après avoir entendu toutes les informations qui peuvent être apportées quant à la question de droit, et après avoir visité le pays lui-même, ainsi compris; il est prêt à accepter que les ligues, que les deux gouvernements ont respectivement proposées, soient prises comme limites d'une zone à laquelle les recherches des Commissaires seront restreintes, c'està-dire que la limite nord de la zone serait une ligne directe s'étendant de Shir Tépé à Sari Yazi et de là longerait les confins nord de la culture de Maimena et Andkhoi jusqu'à Khoja Saleh, tandis que la limite sud serait une ligne s'étendant d'un point sur le Héri-Rud à environ six milles au sud de Zulfikar jusqu'à Kéhrizi Elias et Kéhrizi Soumé, puis jusqu'au ruisseau d'Yégri Gueuk, de là, à Tchémenibid et suivant la chaine de coteaux sur la rive droite du Kuschk jusqu'à Havuzi Khan, de là, à un point situé au nord de Méruchah, puis par les hauteurs qui bordent les vallées de Kaïsor et Sangalah jusqu'à Khoja Saleh.

Le Gouvernement de Sa Majesté conserve l'ardent espoir que le Gouvernement russe acceptera dans l'intérêt des deux pays que l'arrangement conclu au mois de mai dernier, soit encore considéré comme ayant force de loi, et qu'aucun délai ultérieur ne viendra retarder les travaux des Commissaires.

No 59.

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Le Secrétaire d'Etat de Giers au Conseiller privé de Staal.
Saint-Pétersbourg, le 7 mars 1885.

Je crois devoir vous transmettre ci-près une notice (1) qui m'a été remise par l'Ambassadeur d'Angleterre, relativement à la déclaration faite par M. Gladstone à la Chambre des Communes, au sujet d'un arrangement qui serait convenu entre nos Gouvernements pour mettre un terme aux mouvements de nos troupes et des troupes afghanes dans les territoires contestés ou contestables.

J'ai déclaré à Sir E. Thornton, après m'être entendu avec M. le Ministre de la guerre, qu'il avait été prescrit à nos autorités militaires de ne point dépasser la ligne actuellement occupée par nous, et de s'abstenir de tout acte hostile, à moins d'une agression afghane ou de désordres qui éclateraient à Pendjeh et nécessiteraient une intervention pour prévenir l'effusion du sang.

M. l'Ambassadeur d'Angleterre a exactement rendu compte de mes paroles dans un télégramme adressé à lord Granville.

Nous venons de recevoir votre expédition (2) qui nous apporte la réponse du Cabinet de Londres à nos dernières propositions, relativement à la

délimitation.

Elle est soumise à un sérieux examen, et je ne suis pas encore à même de vous en faire connaitre le résultat, ni d'exprimer aucune appréciation. Vous recevrez ultérieurement les décisions de notre Auguste Maître. Veuillez, etc. GIERS.

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Memorandum remis au Ministère Impérial des Affaires étrangères par l'Ambassadeur d'Angleterre.

Saint-Pétersbourg, 8 (20) mars 1885.

Le Gouvernement de Sa Majesté a été informé que le colonel Alikhanoff a donné des ordres pour empêcher les troupeaux des Turcomans Sarikhs de paître au nord d'Ak-Tépé, et aux Sarikhs et Afghans d'aller au-delà de cette place, les privant ainsi de leur provision de bois du bas du fleuve.

Sir E. Thornton a des instructions pour démontrer au Gouvernement Impérial que la défense faite aux Sarikhs de Pendj-Deh d'exercer leurs droits de pâture et de coupe de bois dans le territoire contesté, est incompatible avec le maintien du statu quo pendant les négociations et fera naître probablement du mécontentement à Pendj-Deh. Il serait difficile. d'empêcher les Afghans de chercher à susciter des troubles parmi les Turcomans, sujets de la Russie, si les autorités russes persévéraient dans une conduite telle que celle décrite ci-dessus.

No 61.

Rapport adressé par le Chef de l'arrondissement de Merv an Commandant des troupes de la province transcaspienne.

(Traduction.)

Aïmak-Djary, le 6 février 1885.

A mon arrivée à Imam-Baba, le commandant du poste m'a déclaré qu'en nous hornant à l'envoi de nos patrouilles, nous ne parviendrions pas à

(1) Voir le document no 57. (2) Voir le document n° 58.

débarrasser de la présence des postes afghans non seulement le territoire s'étendant jusqu'à Dasch-Keupri, mais les environs mêmes d'AïmakDjary. Persuadés que les Russes ne voudront pas recourir à la force, les Afghans nous opposent une résistance passive, et réoccupent avec leurs postes les localités évacuées, aussitôt après le départ de nos patrouilles. Conséquemment, et en vue de l'exécution effective des instructions que Votre Excellence avait adressées au commandant du poste d'Imam-Baba, je me suis mis en marche ce matin pour Aïmak-Djary avec trois sotnias se composant de 8 officiers, 180 cosaques et 160 miliciens, munis de vivres, ies cosaques pour quatre jours, les miliciens pour quinze. A michemin, j'ai reçu du lieutenant-colonel anglais Ridgeway une lettre que je soumets ci-joint avec ma réponse. A Sary-Yazy, situé à 5 verstes d'AïmakDjary, j'ai été rejoint par un exprès qui m'a remis l'ordre de Votre Excellence (sub N° 9), me prescrivant de rester avec les cosaques à Imam-Baba et de borner mon action à l'envoi de patrouilles de miliciens. Je n'ai pas jugé opportun de retourner immédiatement à Imam-Baba, d'abord parce qu'il aurait fallu faire subir de grandes fatigues aux hommes et aux chevaux en exécutant en une seule journée deux marches forcées, et puis, parce que ce retour aurait produit sur les Afghans et sur nos miliciens une impression défavorable pour nous. Je me suis décidé, en conséquence, à continuer ma route jusqu'à Aïmak-Djary et à m'y établir. A notre approche, tous les postes afghaus se sont retirés, et leur capitaine, en quittant Aïmak-Djary sous nos yeux, avec les 40 derniers cavaliers, m'a laissé une lettre comminatoire que je joins également ci-près. Je n'attribue aucune importance à cette lettre, attendu que les Afghans ne sont que trop prodigues de menaces.

A Aïmak-Djary, j'ai occupé une position excellente au point de vue tactique; les Afghans ne nous en délogeront pas jusqu'à l'arrivée du détachement, à supposer qu'ils eussent l'intention de le tenter. Le campement est bon sous tous les rapports et, en tous cas, meilleur que celui d'ImamBaba. J'ai pris les mesures nécessaires pour la fourniture du fourrage et des vivres, et je crois que sous ce rapport il ne se présentera aucune difficulté. En conséquence de ce qui précède, j'ai l'honneur de demauder l'autorisation de Votre Excellence de rester avec trois sotuias à AïmakDjary, où j'attendrai Ses ordres à ce sujet,

Dans la matinée du 8, j'enverrai toute la sotuia de miliciens faire une reconnaissance jusqu'à Dasch-Keupri.

Le lieutenant-colonel ALIKHANOW.

ANNEXE A. AU No 61.

Le lieutenant-colonel Ridgeway au Commandant des troupes russes à Yolatan ou Merv.

Aymak-Tchari, le 14 (2) février 1885.

M. le général Sir Peter Lumsden, Commissaire en chef de Sa Majesté Britannique pour la délimitation de la frontière d'Afghanistan, a été informé par les autorités afghanes à Pendj-Deh d'une collision qui a eu lieu entre des patrouilles russes et afghanes le 8 février (27 janvier) au moment où vos troupes se sont portées en avant sur Ser-Yasi ef Aymak-Tchari. Le général m'a ordonné de me rendre sur les lieux pour savoir au juste ce qui s'est passé, et il m'a autorisé de tâcher d'arriver à un entendu amical en vertu duquel les patrouilles et les

piquets des deux parties s'abstiendratent de dépasser certaines limites en attendant la décision de la Commission mixte pour la délimitation de la frontière, maintenant en train de se réunir.

Toutes informations prises, il me paraît démontré que des malentendus sérieux seront le résultat inévitable de rencontres continuelles entre les troupes russes et les troupes afghanes. Je me suis donc adressé d'abord à l'officier commandant à Imam, mais cet officier ayant été empêché de me rencontrer, je voudrais vous proposer, Monsieur, d'envoyer un officier autorisé de s'entendre axec moi sur la question des patrouilles.

Avant l'occupation de Kaleh-Broun par les troupes russes, les Afghans envoyaient des patrouilles jusqu'à cet endroit, mais maintenant il parait que leur droit de dépasser Aymak-Tchari est contesté. Ce me semble que ce qu'il y aurait de mieux à faire serait de s'abstenir des deux côtés d'occuper et d'explorer la contrée située entre Sandouk-Kouchan et Aymak-Tchari. Sandouk-Kouchan paraît être à une distance convenable de votre poste à Imam, et, si vous voudriez avoir l'obligeance d'ordonner à vos troupes de ne point dépasser cet endroit, je prendrais les dispositions nécessaires pour établir à Ourouch-Tochan les troupes afghanes, à présent à Aymak-Tchari, et dont les patrouilles alors ne dépasseraient point ce dernier endroit. Il sera bien entendu que cet arrangement est absolument temporaire et ne préjugera en rien les droits que les deux parties pourraient faire valoir auprès de la commission mixte. Je retourne maintenant d'Aymak-Tchari à Ak-Tepeh, distance qui, comme vous le savez, Monsieur, pourra être franchie en quelques heures à cheval et je serais bien obligé si vous voudriez avoir l'obligeance de m'y envoyer votre réponse au plus tôt, vu que je dois rejoindre le Commissaire en chef de Sa Majesté Britannique avant qu'il ne rencontre son collègue Monsieur le général Zélenoï. En cas que vous consentiez à envoyer un officier à ma rencontre, je serais prêt à retourner à Ser-Yasi ou toute autre place qui vous paraîtrait favorable à une entrevuc. J'ai l'honneur, etc. J. RIDGEWAY,

Lieutenant-colonel, Commissaire de Sa Majesté
Britannique.

ANNEXE B.

Le lieutenant-colonel Alikhanow au lieutenant-colonel Ridgeway. (Traduction du Djagatai.)

Sandouk-Katchan, le 6 février 1885. Cher et affectionné lieutenant-colonel Ridgeway, que sa bienveillance s'accroisse.

Je vous annonce que le porteur de votre lettre a été le bienvenu. J'ai été très heureux de votre message amical. Nous n'avons aucune intention hostile à l'égard des Anglais ou des Afghans, et j'espère qu'on n'en viendra pas aux armes. Je serai très satisfait, si l'affaire reçoit une direction conforme à l'amitié et par le moyen de discours sensés. Je me retirerai de Pendjdé ou même de Merv, si, après la réunion des Commissaires respectifs et la fixation de la frontière, je recevais des ordres en conséquence. Mais, pour le moment, il m'est enjoint de prendre des mesures pour faire occuper Aïmak-Djary par des postes russes et de ne pas y laisser pénétrer un seul Afghan de Dasch-Keupri. Vous êtes vous-même un serviteur de votre souverain. aussi devez-vous parfaitement comprendre que mon devoir consiste à m'acquitter de l'ordre qui m'a été donné. Si, au reçu de cette lettre, vous faites reculer vos postes, il n'y aura plus d'autre affaire à régler entre nous, et nous resterons amis comme par le passé; sinon, je serai amené, en vertu des ordres que j'ai reçus, à employer la force pour obliger ces postes à la retraite. En dehors de ce qui précède, je n'ai rien à vous communiquer.

Lieutenant-colonel ALIKHANOW,

Chef des districts de Merv, de Serakhs et de Yolotan.

ANNEXE C.

Le lieutenant-colonel Ridgeway au lieutenant-colonel Alikhanow. (Traduction du Persan.)

Le 17 (6) février 1883.

Cher, affectionné ami colonel Alikhanow, que sa bienveillance s'accroisse. Tout en vous exprimant le plus vif désir d'avoir avec vous une heureuse entrevue, je vous informe que j'ai écrit il y a quelques jours à l'officier commandant le détachement à Yolotan ou à Merv, et l'ai prié de me fixer un rendez-vous afin de déterminer les points où seraient disposés les postes, tant des troupes russes que des troupes afghanes. La détermination de ces points semblait indispensable en vue des malentendus qui ont surgi ces jours-ci entre vos avant-postes et ceux des Afghans à Sary-Yazy et Aimak-Djary. Comme les droits. des Afghans à entretenir un poste à Sary-Yazy ont, parait-il, été mis en discussion, je proposais d'établir qu'aucune des parties n'y entretiendrait de troupes jusqu'à ce que la question soit résolue par la Commission composée d'officiers russes et britanniques, qui doit se réunir sous peu.

En effet, c'est dans l'idée qu'un principe aussi essentiel serait admis sans aucun obstacle, que les ordres relatifs au retrait des troupes afghanes de SaryYazi sont mis à exécution.

J'ai été informé actuellement de votre retour à Merv et de votre intention de vous rendre à Hazreti-Imam. Aussi, tout en souhaitant que vous vous occupiez au plus tôt de cette question, je m'empresse de vous communiquer que je serai on ne peut plus heureux de vous voir à Sary-Yazy ou à Aïmak-Djary ou dans n'importe quelle autre localité où vous le jugerez le plus convenable, et le jour qu'il vous plaira de désigner.

J. RIDGEWAY,

Lieutenant-colonel de l'armée de S. M. Britannique,
Commissaire pour la délimitation afghane.

ANNEXE D.

Billet de Mohamed-Emine Khan, Afghan.
(Traduction du Persan.)

Attendu que les officiers russes ont débusqué nos postes de Sary-Yazy par la force et qu'ils avaient l'intention d'employer la violence contre moi, je me retire conformément aux ordres reçus de mon Djarneïl, mais dorénavant je résisterai à ces mouvements hostiles entrepris en temps de paix. Au nom du Gouverneur et de l'officier commandant les troupes à Pendjdé, j'avertis l'officier des postes russes que, dans le cas où il persisterait dans sa marche offensive, celle-ci serait immanquablement arrêtée à Ak-Tépé ou ailleurs par la force du sabre, du canon et du fusil.

No 62. Rapport adressé par le Chef de l'arrondissement de Merv au Commandant des troupes de la province Transcaspienne.

(Traduction.)

Dasch-Keupri, le 9 février 1885, 7 heures du matin. Dans la matinée du 8, on m'a fait savoir que les postes afghars s'étaient de nouveau rapprochés et avaient occupé, entre autres points, Ourousch-Douschan. A cette nouvelle, je suis parti immédiatement d'Aïmak-Djary avec la sotnia de milice temporaire, et, ayant chassé les Afghans, je suis arrivé sur leurs talons jusqu'à Dasch-Keupri, où j'ai

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