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passé la nuit. C'est dans cette localité que j'ai établi notre poste, composé de 30 miliciens Saryks, sous le commandement du sous-officier AmanKlytch-Khan. Les Afghans n'ont fait preuve d'aucune hostilité à mon égard; au contraire, le Djarneïl m'a immédiatement renvoyé le cheval d'un djighite, qui s'était enfui et avait gagné le camp afghan à Ak-Tépé. A cet endroit sont postés, sur un tertre élevé, environ 250 cavaliers et fantassins afghans.

Une députation de notables Saryks est venue la même nuit trouver le Djarneil pour lui proposer d'évacuer le Pendjdé par suite de l'approche des Russes et parce qu'ils ne veulent ni se séparer de leurs frères, les Saryks du Yolatan, ni faire l'expérience des journées de Ghéok-Tépé ». Le lieutenant-colonel Ridgeway à demandé deux jours pour donner une réponse, et il a fait son rapport là-dessus au général Lumsden, à Kalé-i-Mor.

Dans une heure, je me remets en marche pour le retour; je profiterai de mon passage pour porter à Ourousch-Douschan toute la milice, avec l'enseigne Baba-Khan, et, pour ma part, je me rendrai à Aïmak-Djary où se trouvent deux sotnias de cosaques.

La présence des cosaques à Aïmak Djary n'est plus nécessaire; ils pourraient se replier sur Imam-Baba, mais il y a lieu de reconnaitre qu'ils sont parfaitement installés ici : les vivres sont arrivés, les huttes sont construites, et le bois est abondant toutes choses dont le manque ne tardera pas à se faire sentir à Imam dès l'arrivée du détachement. La distance entre ces deux points n'est que de 30 verstes.

La nouvelle voie que j'ai prise cette fois-ci pour me rendre au Pendjdé côtoie tout le temps la rive du Mourghab et permet aux fourgons et à toute espèce d'équipages de circuler librement; elle est plus courte que le chemin que j'avais suivi la première fois. La route menant à Imam est achevée et elle est du même genre que celles du territoire de Merv; par conséquent, les fourgons du détachement peuvent circuler sans obstacles jusqu'à DaschKeupri même. Il y a 40 verstes d'Aïmak-Djary jusqu'au pont.

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En informant Votre Excellence de tout ce qui précède, j'envoie ci-joint les lettres qui m'ont été adressées par les officiers anglais, le général Lumsden et le lieutenant-colonel Ridgeway, avec la copie de la réponse que j'ai faite au premier. Je n'ai pas répondu au second. Je constate en même temps que l'état des esprits des Afghans et la situation des affaires sont tout autres que les Anglais ne les dépeignent.

Le lieutenant-colonel ALIKHANOW.

ANNEXE A AU No 62.

Le Général Sir Peter Lumsden au Lieutenant-Colonel Alikhanow. Kalé i-Mor, 19 fév. 1885.

Le Lieutenant-Colonel Ridgeway m'a communiqué la lettre qu'hier il a reçue de vous. Je dois vous exprimer ma surprise du ton dans lequel elle est écrite, et ajouter qu'après une conversation avec le représentant de l'Emir hier, je trouve que j'ai épuisé tous les moyens d'empêcher plus longtemps les Afghans d'adopter les mesures qu'ils croiraient nécessaires pour la défense des droits afghans. Comme le Lieutenant-Colonel Ridgeway vous a informé dans sa lettre, j'ai réussi à persuader aux autorités militaires afghanes de retirer leurs avant-postes à Brush-Doshan, et des ordres à cet effet seront envoyés aujourd'hui à l'officier qui commande l'avant-poste afghan, et on lui ordonnera de ne pas même envoyer de patrouilles au-delà de cette place.

Je crois de mon devoir cependant de vous avertir qu'il me sera impossible d'obtenir des Afghans d'autres concessions ou de les retenir plus longtemps, et de vous déclarer que dans le cas où des patrouilles ou troupes russes avanceraient au-delà d'Arniak-Jarra, un conflit aura inévitablement lieu. Il semble incroyable qu'à un moment où, comme il paraît d'après un télégramme reçu hier soir, le Gouvernement de Sa Majesté Impériale, le Czar, entretient des négociations amicales avec le Gouvernement de Sa Majesté la Reine, Sa Majesté Impériale vous ait autorisé à faire la guerre contre l'Afghanistan en temps de paix; car sans le Lieutenant-Colonel Ridgeway, qui s'est adressé à vous par lettre, évidemment votre intention était de commencer les hostilités sans avertissement et sans donner aucune raison pour ce faire.

Finalement, j'ai l'honneur de vous informer que j'ai télégraphié à Londres pour exposer la crise sérieuse qu'a fait naître votre projet, et ne peux qu'espérer que vous hésiterez avant d'entrer dans une voie qui, non seulement engagera la Russie dans un conflit avec l'Afghanistan, mais encore pourra causer une rupture entre les Puissances, maintenant amics, d'Angleterre et de Russie. J'ai donné ordre au Lieutenant-Colonel Ridgeway de rester à Pendjdeh et de porter toute son attention sur toute communication future que vous pourrez juger désirable de faire. P. LUMSDEN, Lieutenant-Général.

ANNEXE B.
Traduction du Djagataï

Le Lieutenant-Colonel Alikhanow au Général Sir Peter Lumsden. 8 février 1885.

Profondément estimé Général Lumsden, Commissaire de Sa Majesté la Reine de la Grande-Bretagne.

Tout en Vous saluant, je Vous informe que j'ai reçu Votre lettre. Ma réponse sera courte. Que Vous en soyez satisfait ou non, mais j'ai eu l'ordre d'occuper Dasch-Keupri par les troupes russes, et cet ordre je l'exécuterai. Nous ne désirons pas de conflit, mais si d'autres commencent les hostilités contre nous, ils nous trouveront préparés de notre côté. Je suis un militaire, je ne m'entends pas aux affaires politiques, et c'est pourquoi je n'ai rien de plus à Vous communiquer. Lieutenant-Colonel ALIKHANOW,

Chef des districts de Merv, de Serakhs et de
Yolotan.

ANNEXE C.

Traduction du Persan

Billet de Mohammed-Emin Khan, Afghan.

Attendu que l'officier du détachement russe a l'intention de se diriger sur AkTépé en tournant notre flanc, je l'informe que les ordres que nous avons reçus nous prescrivent de nous opposer à sa marche en avant, tout en évitant un conflit avec lui. Je le préviens en conséquence que, dans le cas où il se dirigerait sur Ak-Tépé, son mouvement sera arrêté par la force du sabre, du canon et du fusil.

ANNEXE D.
Traduction du Persan

Le Lieutenant-Colonel Ridgeway au Lieutenant-Colonel Alikhanow. Février 1885.

Cher, affectionné Colonel Alikhanow, que sa bienveillance s'accroisse.

Tout en exprimant le plus vif désir d'avoir avec Vous une heureuse entrevue, je Vous informe que j'ai reçu Votre lettre amicale du 18/6 février, et je suppose que Son Excellence le Général Sir Peter Lumsden, auquel je l'ai transmise, Vous y a fait parvenir sa réponse. Il m'est revenu plus tard que Vous aviez débusqué par la force le poste afghan d'Ouroush-Doushan. Le Général Gaoussed-din-Khan se propose d'arrêter Votre mouvement en avant, mais n'ayant pas l'intention de Vous attaquer, il compte se borner à la défensive. Comme, par le fait de cette situation, les hostilités semblent pouvoir se déclarer sous peu, je juge convenable, en conséquence, me trouvant dans ce pays comme Représentant du Gouvernement Britannique à la Commission mixte, do bien préciser tant ma propre mission que celle des autres officiers britanniques qui m'accompagnent. Ces éclaircissements sont d'autant plus nécessaires que dans Votre Lettre Vous désignez les avant-postes afghans comme nos avantpostes à nous. Attendu qu'il n'y a pas eu de déclaration de guerre entre l'Angleterre et la Russie, je ne saurais prendre part aux hostilités que les Afghans et les Turcomans-Saryks engageraient contre Vous, sans encourir une grave responsabilité pour violation des règles internationales.

J'avais précédemment exprimé le désir de Vous voir et de convenir d'une solution à l'amiable des difficultés existantes, mais Vous n'étiez pas disposé, de Votre côté, à aborder un échange d'explications.

Je crois devoir Vous informer actuellement que, désireux de prévenir un conflit armé, je ne demande pas mieux que de prêter ma médiation entre Vous et les Afghans, dès que Vous le souhaiterez Vous-même. C'est ce motif qui me fait rester ici. J. RIDGEWAY, Lieutenant-Colonel de S. M. Britannique.

No 63.

Le Secrétaire d'État de Giers au Conseiller Privé de Staal.

Saint-Pétersbourg, le 15 mars 1885.

J'ai pris les ordres de Sa Majesté l'Empereur au sujet de l'expédition de Votre Excellence du 3/15 courant et de la communication de Lord Granville qui s'y trouvait annexéc (1).

Sa Majesté a ordonné de la soumettre à un examen attentif.

Vous trouverez dans la notice ci-jointe nos observations sur le memorandum anglais qui accompagne la dépêche de Lord Granville. Ces observations portent sur des questions d'une haute importance, sur les principes mêmes qui doivent servir de base à un arrangement équitable entre les deux parties. Nous ne saurions laisser subsister le moindre malentendu à ce sujet, et je crois, en conséquence, devoir Vous engager à signaler sans retard à l'attention du principal Secrétaire d'Etat pour les Affaires Etrangères les motifs qui nous empêchent de nous associer aux conclusions contenues dans son memorandum, et à lui remettre copie de notre notice.

Lord Granville continue à se montrer impatient de voir notre Commissaire pour la délimitation arriver sur les lieux, et il n'admet point qu'une entente sur les points en litige puisse s'opérer en dehors d'une enquête locale.

Nous n'avons nullement renoncé à l'idée de cette enquête, mais la zone d'investigation, que vient de nous proposer Lord Granville, s'écarte sur plus d'un point des conditions d'impartialité voulues pour pouvoir être acceptée par nous, et elle ne répond pas non plus aux circonstances locales du moment.

Cependant M. Gladstone ayant loyalement reconnu et constaté devant le Parlement que les territoires en litige, supposés jusqu'à présent appartenir à l'Afghanistan, étaient en réalité l'objet de contestations, il nous semble que les vues des deux Gouvernements sont suffisamment rapprochées pour offrir un terrain pratique à des négociations amicales.

(1) V. le document n° 38.

Si le Gouvernement de Sa Majesté Britannique voulait revenir à l'idée d'une zone d'investigation, nous ne pourrions accepter que celle que nous avons proposée dès le début. Mais, vu les changements survenus dans la situation de ces contrées, nous croyons que les recherches et les études à faire dans un rayon aussi étendu entraîneraient une grande perte de temps, sans modifier les points de vue réciproques, et sans autoriser l'espoir d'une entente finale des Commissaires, qui, en définitive, devraient soumettre leurs divergences à la décision des deux Gouvernements.

Il nous parait plus pratique d'assigner aux investigations de la Commission les territoires situés sur la ligne que nous avons indiquée en dernier lieu au Gouvernement de Sa Majesté Britannique dans le sincère désir de concilier les intérêts des deux parties.

Dans ces conditions, si elles étaient acceptées par le Cabinet de Londres, la Commission pourrait se réunir sans délai et procéder sur place à ses travaux avec les chances d'une prompte solution.

Vous êtes autorisé à transmettre cette proposition à Lord Granville.

Veuillez réitérer à Son Excellence que le Cabinet Impérial n'a absolument aucune des intentions qu'on se plaît à lui altribuer. Il n'a aucun projet hostile relativement à aucune partie de l'Afghanistan, et, désireux de mettre ses relations avec l'Angleterre à l'abri de tout malentendu. c'est dans l'établissement d'une bonne frontière entre les sphères d'influence des deux Puissances qu'il voit le moyen le plus efficace de réaliser ce but.

Veuillez, etc.

ANNEXE AU No 63.

GIERS.

Observations au sujet du memorandum joint à la note adressée
Lord Granville à M. de Staal en date du 1/13 mars 1885.

par

Par sa note en date du 1/13 mars dernier, M. le Comte Granville a transmis à l'Ambassadeur de Russie à Londres un memorandum, qui sert de réponse à celui qui accompagnait la dépêche adressée par le Ministère Impérial des Affaires Etrangères à M. de Staal en date du 16 janvier, au sujet du tracé de la frontière nord-ouest de l'Afghanistan,

La marche des négociations entre les deux Gouvernements, ainsi que les motifs qui ont réglé l'attitude du Gouvernement de Russie dans cette question ayant été exposés en détail dans le memorandum ci-dessus mentionné du 16 janvier, le Cabinet Impérial croit pouvoir se borner aujourd'hui à ne relever que quelques-unes des observations contenues dans la communication de M. le Comte Granville, et qui pourraient, selon son avis, donner lieu à des malen

tendus.

1. Le memorandum britannique fait entre autres allusion à la proposition que l'Ambassadeur de Russie à Londres avait été chargé de faire en 1882 au Gouvernement de Sa Majesté la Reine relativement au règlement de la frontière afghane depuis le point où elle avait été laissée non définie jusqu'à Serakhs. Cette proposition avait été motivée par une proposition précédente du Gouvernement Britannique, laquelle avait pour objet l'opportunité d'une entente entre les deux Puissances au sujet de leur politique et de leur position mutuelle en Asic Centrale. M. le Comte Granville ayant suggéré entre autres à l'Ambassadeur de Russie la nécessité d'un arrangement entre l'Angleterre, la Russie et la Perse au sujet du tracé d'une ligne frontière entre les possessions persanes et la Turcomanie, depuis Baba-Dourmaz jusqu'au point où la frontière persane rejoint celle de l'Afghanistan aux environs du Hériroud, le prince Lobanow fut chargé de répondre au Cabinet de Londres:

1° Qu'une délimitation de la frontière entre nos possessions et celles de la Perse était une question qui ne pouvait concerner exclusivement que cette Puissance et la Russie, et dans laquelle nous ne saurions admettre aucune ingérence étrangère.

20 Que si l'Angleterre désirait pourtant contribuer à la consolidation de la paix dans les contrées qui offrent principalement le danger de conflits, le Cabinet Impérial serait tout disposé à lui prêter son assistance et à entrer en négociations sur une ligne de démarcation à partir de Khodja-Saleh, sur l'Amou-Daria, jusqu'aux environs de Serakhs. Le territoire s'étendant à l'est du Hériroud n'ayant pu être exploré avant cette époque, à cause de l'absence complète de sécurité dans ces contrées, le Cabinet Impérial avait cru devoir indiquer Serakhis comme un point dont la position gographique était tout à fait connue, mais en même temps il avait invité le Prince Lobanow à déclarer au Cabinet de Londres que la ligue frontière à tracer devait_coïncider avec la limite qui sépare les possessions afghanes du territoire des Turcomans indépendants de l'Afghanistan, et les tribus des Salors et des Saryks de celles des Djemschidis et des Hézarés. Le Prince Lobanow avait également été chargé de signaler au Gouvernement de Sa Majesté la Reine que le Cabinet Impérial poursuit à l'égard des Turcomans le même but que l'Angleterre poursuit à l'égard des tribus afghanes voisines des Indes et du Béloudjistan, c'est-à-dire l'établissement solide de la sécurité de ses possessions et d'un ordre de choses pacifique sur sa frontière. Le Cabinet de Londres n'ayant pas jugé possible à cette époque de donner suite à la proposition du Cabinet Impérial, l'Ambassadeur de Russie s'était trouvé, de son côté, dans l'impossibilité de faire usage des instructions dont il avait été muni à cet égard.

2. Si le retard involontaire qu'a subi le départ du Général Zélenoï pour Serakhs a été un objet de désappointement pour le Gouvernement de Sa Majesté Britannique, ce n'est pourtant pas cette circonstance, mais bien l'envahissement du Pendjdé par les Afghans, qui a empêché les négociations de suivre leur cours naturel. Ayant eu soin de prévenir à temps le Gouvernement de Sa Majesté la Reine des conséquences défavorables qu'un tel envahissement ne pouvait manquer d'amener, le Cabinet Impérial s'est vu placé dans la nécessité d'aviser à la sauvegarde de ses droits, et c'est dans ce but qu'il a cru devoir demander que les arrangements précédemment convenus entre les deux Gouvernements au sujet des attributions de la Commission soient complétés par une définition préalable des limites de la zone d'investigation. Les faits n'ont d'ailleurs pas tardé à démontrer le bien-fondé des appréhensions du Cabinet Impérial quant aux difficultés que devait éprouver une entente directe entre les Commissaires respectifs à ce sujet. Le Gouvernement Britannique n'a pas jugé possible d'adopter le projet de zone dressé par les soins du Général Zélenoï, et le projet qu'il vient de proposer à son tour, dans son memorandum du 1/13 mars, se trouve sur plus d'un point en désaccord avec la manière de voir du Cabinet Impérial croit tout à fait superflu d'insister sur la gravité des inconvénients qui se seraient produits, si dès le début la Commission s'était heurtée à des obstacles insurmontables.

3. Le Gouvernement de Sa Majesté Britannique affirme que le principe suivant lequel l'état des possessions de Shir-Ali-Khan en 1872-1873 aurait dû servir de base à l'arrangement présent, aurait été abandonné, pour ce qui concerne la partie nord-ouest de la frontière, et il se réfère à cet effet à un passage de la dépêche adressée par le Prince Gortchacow au Comte de Brunnow en date du 7/19 décembre 1872. Le Cabinet Impérial se voit dans l'impossibilité d'admettre cette interprétation. En donnant son adhésion à un tracé de la susdite partie de la frontière, indiqué dans la dépêche du Comte Granville du 17 octobre 1872 et qui s'écartait du principe ci-dessus exposé, le Cabinet Impérial n'a nullement entendu abandonner le principe même, ainsi qu'il résulte du passage de la dépêche du Prince Gortchacow, qui fait suite au paragraphe cité par le Comte Granville « Par déférence pour le Gouvernement de Sa Majesté Britannique, le Cabinet Impérial serait disposé à adhérer pour cette partie des frontières au tracé indiqué dans la dépêche de Lord Granville. » Eu égard à ces circonstances, le Cabinet Impérial ne saurait reconnaitre aujourd'hui aux Afghans le droit d'étendre leur souveraineté sur des territoires qui n'avaient pas été désignés dans l'arrangement de 1872-1873. D'ailleurs, dans son

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