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FRANCE

Une loi du 1er février 1888 (Journal officiel du 5) autorise le Président de la République à ratifier le traité d'amitié, de commerce et de navigation, signé à Mexico, le 27 novembre 1886, entre la France et les Etats-Unis du Mexique.

Une loi du 29 février 1888 (Journal officiel du 3 mars) autorise le Président de la République à ratifier la convention relative à l'assistance judiciaire, conclue le 23 mars 1885 entre la France et l'Uruguay.

Un décret décide que les quittances, factures, billets à ordre, traites et généralement toutes les valeurs commerciales ou autres, payables sans frais, pourront être recouvrées par la poste dans les relations entre la France, Î'Algérie et la Tunisie, d'une part, et la Norvège, d'autre part.

Le maximum du montant total des valeurs à recouvrer est fixé, par envoi, à 1,000 fr. ou à l'équivalent de 1,000 fr. en monnaie norvégienne.

Délimitation de la Guyane.

A la séance de la Chambre des députés du 10 février, M. Flourens, ministre des affaires étrangères, a donné les renseignements suivants :

L'honorable M. Franconie a demandé où en était actuellement la question de la délimitation des territoires contestés entre la Guyane française, et, d'une part, l'Empire du Brésil, de l'autre la Guyane hollandaise.

J'ai la satisfaction de dire à l'honorable M. Franconie que les négociations relatives à ces deux délimitations, qui avaient été interrompues depuis plusieurs années, ont été reprises il y a quelques mois.

En ce qui touche les territoires contestés entre la Guyane française et le Brésil, les ouvertures du Gouvernement français ont été accueillies très favorablement par l'Empire du Brésil; les négociations sont engagées et j'espère que d'ici à peu de temps une Commission pourra être nommée et envoyée sur les lieux pour procéder à la détermination exacte des frontières respectives des deux pays.

En ce qui concerne les territoires contestés entre la France et la Guyane hollandaise, nous sommes un peu moins avancés; cependant, sous l'empire des circonstances spéciales que rappelait l'honorable M. Franconie dans la dernière séance, j'espère que le Gouvernement néerlandais entrera dans la même voie que le Gouvernement brésilien et qu'une Commission de délimitation pourra aussi être bientôt nommée.

De l'Exposition universelle de 1889.

A la séance du 20 février, M. Andrieux, député, a questionné le ministre des affaires étrangères au sujet du débat qui s'était engagé quelques jours auparavant à la Chambre des représentants de Belgique. (V. plus haut, p. 313).

M. Flourens, ministre des affaires étrangères. Messieurs, au mois de l'année dernière, une circulaire du ministre des affaires étrangères, qui avait été délibérée en Conseil des ministres et adressée à tous les chefs de postes diplomatiques ou consulaires de France, les invitait à faire connaître aux Gouvernements auprès desquels ils étaient accrédités, l'ouverture de l'Exposition universelle de 1889.

Elle leur prescrivait, en outre, de demander à ces Gouvernements leur participation officielle à cette Exposition et subsidiairement, au cas où cette participation officielle, pour un motif quelconque, ne pourrait être accordée,

de donner toutes les facilités qui seraient à leur disposition aux particuliers, industriels ou commerçants, qui voudraient exposer leurs produits.

A la date du 24 mars 1887, j'ai reçu du ministre plénipotentiaire de France à Bruxelles une dépêche de laquelle il résulte qu'il s'était acquitté de cette mission auprès du Gouvernement belge.

A cette époque le Gouvernement belge a fait observer qu'il n'appartenait pas à la Belgique, dans une question de cette nature, de prendre une initiative, et qu'avant de statuer et de faire à notre demande une réponse ferme et définitive, le Gouvernement belge voulait se renseigner et se mettre au courant des décisions qui seraient adoptées par les autres Gouvernements. Les négociations se poursuivaient sur ce terrain lorsque le Gouvernement belge eut, à son tour, à s'adresser au Gouvernement français pour lui lui demander de faciliter la participation de ses nationaux au grand Concours international des sciences et de l'industrie qui doit s'ouvrir à Bruxelles en 1888. Le Gouvernement belge n'ayant pas accordé la participation officielle au Gouvernement français, il ne pouvait bien entendu être question pour le Gouvernement français d'accorder aucune participation officielle au grand Concours de Belgique.

Dans ces conditions, messieurs, les deux Gouvernements se sont mis d'accord sur la nature et l'étendue du concours qu'ils accorderaient, à titre purement officieux, aux exposants qui viendraient à l'Exposition universelle de Paris en 1889, comme aux exposants qui se rendraient au grand Concours de Belgique en 1888. Sur ce point, qui constituait la partie subsidiaire de notre communication diplomatique, l'entente s'est établie entre les deux Gouvernements, et je suis heureux de rendre justice, ici, à la bonne volonté et au zèle que le Gouvernement belge a déployés, jusqu'à présent, pour faciliter la réalisation de l'accord qui est intervenu.

J'espère aussi, je crois pouvoir le dire, que, grâce au concours intelligent et actif de l'initiative privée, l'Exposition belge en 1889 présentera à Paris le même éclat, obtiendra parmi nous le même franc succès que les Expositions belges précédentes, qui ont laissé des souvenirs si favorables et si durables à tous ceux qui les ont visitées. (Très bien! très bien!)

-

M. Andrieux. Il a été dit au Parlement belge par M. le prince de Chimay, ministre des affaires étrangères, et par le chef du Cabinet belge, M. Beernaert, que la Belgique n'avait pas reçu d'invitation à participer officiellement à notre grande Exposition. J'ai cru devoir poser la question à M. le ministre des affaires étrangères. J'avoue que j'avais espéré une réponse un peu plus précise.

il me semble se dégager des explications de M. le ministre des affaires étrangères qu'à la différence de ce qui a été fait pour l'Angleterre, pour l'Allemagne, pour le Vénézuéla, pour toutes les autres puissances que je pourrais citer, il n'y a pas cu vis-à-vis de la Belgique une invitation dans les formes diplomatiques usitées; il y a eu des conversations; puis un accord qui s'est produit à défaut d'invitations officielles.

Si j'ai bien compris la pensée de M. le ministre, cette absence d'invitation doit être attribuée à un sentiment de bienveillance vis-à-vis de la Belgique. Il s'est agi de ne point mettre le Cabinet belge dans une situation embarrassée. On a voulu être agréable à nos voisins, et si notre diplomatie n'a pas été très heureuse dans ses tentatives vis-vis de quelques autres puissances, ici elle a mieux réussi, en ce sens qu'elle a trouvé le sur moyen de ne pas essuyer un refus; il consistait à ne pas inviter.

Eh bien, messieurs, cette explication était sans doute nécessaire, et peutêtre nos voisins n'auraient-ils pas compris si elle n'avait pas été portée à cette tribune.

C'est donc à un sentiment de bienveillance vis-à-vis de nos voisins qu'il faut attribuer l'abstention d'invitation offficielle. J'espère que cette explication sera retenue et appréciée par nos voisins belges. J'en remercie

M. le ministre. Toutefois il me sera permis peut-être de regretter qu'on n'ait pas adressé à la Belgique une invitation en la forme ordinaire, conforme aux précédents diplomatiques. (Marques d'approbation.)

M. le président. L'incident est clos.

La Question du Tonkin.

Elle a été encore agitée à propos de la discussion du budget des colonies à la Chambre des députés. Dans la séance du 11 février, on a entendu MM. Waddington, Delafosse, Freppel et de Lanessan. Dans la séance du 13, après des discours de MM. Etienne, Félix Faure (sous-secrétaire d'Etat aux colonies), Georges Perin, on procède au vote sur le crédit de 20 millions demandé par le Gouvernement à la charge de la France dans les dépenses du protectorat de l'Annam et du Tonkin; il y a 256 voix pour et 256 voix contre ; le crédit est rejeté.

M. Tirard, président du conseil, monte à la tribune et fait la déclaration suivante :

Messieurs, si le vote négatif que vient de nous faire connaitre M. le président de la Chambre a pour signification l'évacuation du Tonkin, je déclare, au nom du Gouvernement, que nous n'en acceptons pas la responsabilité. Si, au contraire, la Chambre a simplement voulu appeler l'attention du Gouvernement sur la possibilité de réaliser quelques économies, ainsi que M. de Lanessan, notamment, l'indiquait dans son discours, nous sommes tout disposés à entrer dans cette vole, sans rien sacrifier de ce qui est nécessaire à la défense du territoire français dans l'Extrême-Orient. M. Fouquet (Eure).

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Il fallait commencer par là? (Rumeurs et bruit.) M. Rouvier, s'adressant à la droite. On ne traite pas des affaires de cette importance par des interruptions. Y a-t-il un Gouvernement pour faire l'évacuation? Il fallait faire une demande formelle d'évacuation. C'eût été une politique claire et loyale! (Très bien! très bien ! sur divers bancs à gauche et au centre. Interruptions.) M. le Président du conseil. Si donc nous sommes d'accord avec la majorité de la Chambre pour considérer ce vote comme une invitation à réaliser des économies, le Gouvernement, je le répète, est prêt à entrer dans cette voie, et c'est pour ce motif que j'ai l'honneur de vous prier de voter un crédit de 19,800,000 francs, c'est-à-dire une économie de 200,000 francs.

Je demande le vote immédiat. (Applaudissements sur divers bancs à gauche et au centre. Exclamations et interruptions à l'extrême gauche.)

Après diverses explications, le crédit de 19,800,000 francs est voté par 284 voix contre 256.

Discussion du Budget des Affaires étrangères à la Chambre

des Députés.

Séance du 29 février. M. le marquis de Breteuil. Messieurs, la discussion générale du budget des affaires étrangères nous offre une occasion de regarder chaque année ce qui s'est passé et ce qui se passe autour de nous en Europe je veux en profiter aujourd'hui et venir, quelque délicat que soit le sujet, vous parler de la triple alliance qui a été conclue en 1887.

Je sais la très grande réserve qu'impose une question diplomatique de ce genre, et je m'y conformerai; mais l'entente survenue entre l'Allemagne, l'Autriche et l'Italic est une chose trop considérable, a fait prononcer trop de discours, a soulevé trop de discussions, trop d'appréciations dans la presse de tous les pays, pour qu'il ne soit pas permis de l'aborder à cette tribune, de l'envisager sans périphrases, au point de vue français, de la juger pour ce qu'elle vaut et d'examiner quelle attitude elle nous commande de prendre.

Vous me permettrez de vous dire, avant d'aller plus loin, qu'il n'y a plus à mes yeux ni monarchistes ni républicains, quand on parle en face de l'étranger des intérêts de la France (Très bien! très bien! sur tous les bancs de la Chambre).

Dans tous les pays, Messieurs, où il y a un Parlement, on s'occupe de la politique extérieure; il n'y a que chez nous que cela ne se passe pas ainsi. Et permettez-moi à cet égard de mettre sous vos yeux une observation anglaise que j'ai lue, il y a quelques jours, et qui m'a frappé :

« On trouve ici que si la France et la Russie sont considérées par l'Europe comme désirant la guerre, c'est absolument leur faute.

«En effet, tandis que les Gouvernements de l'Allemagne, de l'Autriche et même de l'Italie expliquent leur politique devant leur Parlement, ils ne manquent jamais de le faire sans prêcher la paix. de pareilles explications ne viennent jamais de la Russie, qui n'a pas de Parlement, ni de la France, où les Ministres des affaires étrangères n'expliquent jamais leur politique.

<< Bien mieux, on ne leur demande jamais de le faire. Ils n'ont jamais une occasion de fournir des explications au public européen.

« Le résultat de ceci, c'est que l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie peuvent, sous prétexte d'assurer la paix, augmenter tranquillement leurs armements, tandis que si la Russie fait avancer quelques régiments et si la France déplace un seul soldat sur ses frontières, on les accuse immédiatement de préparer la guerre. »

Cette observation, Messieurs, me parait juste et je vous la livre.

Malgré la publication du traité austro-allemand qui pouvait paraître un symptôme quelque peu inquiétant, je veux croire pacifique le but de la triple alliance, puisque le prince de Bismarck l'affirme; mais il est un fait qui me paraît certain et qui est beaucoup plus rassurant pour nous, c'est que la triple alliance me semble extrêmement fragile. Et, d'autre part, nous sommes en présence d'un nouvel état de choses: c'est que les forces des puissances qui se sont alliées ne sont pas supérieures à celles des puissances qui sont restées indépendantes.

C'est là, Messieurs, une amélioration importante dans l'équilibre européen; elle doit appeler toute votre attention et elle est à mes yeux la meilleure, la seule garantie de paix.

Je vous disais, il y a un instant, que la triple alliance me semblait fragile; je vais m'en expliquer : Afin d'éviter la guerre en Europe, nous dit-il, et peutêtre aussi pour essayer de continuer à lui dicter sa volonté, M. de Bismarck, inquiet de l'allure indépendante de l'Empereur de Russie, a voulu s'entourer d'alliés.

Il a pensé qu'un jour la guerre éclaterait peut-être malgré lui, et il s'est dit que ce jour-là l'Autriche était bien située pour attaquer et occuper la Russie, que l'Italie était bonne pour attaquer la France et distraire une partie de ses forces, et que lui-même, servi par ces diversions, pourrait intervenir avec avantage dans l'un et l'autre sens et en tirer un bénéfice sérieux et définitif.

Le marché qu'il proposait à ces puissances ne semble guère avantageux pour elles, mais l'Autriche ne peut guère résister aux arguments de l'Allemagne et nous n'avons aucun droit de lui en tenir rancune.

Quant à l'Italie, elle était si fière de traiter d'égale à égale avec ces grandes puissances, que c'est la séduction qu'elle n'a pas résisté.

Elle craignait bien un peu pour ses côtes en cas de guerre avec nous, mais le chancelier a dû faire miroiter à ses yeux l'adhésion de l'Angleterre. Et M. Crispi s'en est allé satisfait, fier, mais engagé.

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Depuis lors, l'Angleterre, qui a pour principe et ce priucipe lui a généralement bien réussi de ne pas se mêler des affaires continentales, n'a pas donné son adhésion à la triple alliance, et M. de Bismarck se trouve bien flanqué de ses deux alliés; mais je serais surpris qu'il établit un grand fond sur feur ardeur belliqueuse et sur leur persévérance. Au moins pouvons-nous expli

quer ainsi les sacrifices incessants qu'il demande à l'Allemagne de s'imposer pour accroître ses forces militaires.

Il n'a pas dû oublier, en effet, Messieurs. que la campagne de 1866 a duré six semaines, et que le lendemain de la bataille de Sadowa, l'Empereur d'Autriche signait la paix.

Or, c'est toujours François Joseph qui règne : M. de Bismarck peut craindre que les Russes ne battent, dès le début, les Autrichiens, et il doit alors se demander, non sans quelque inquiétude, si une nouvelle défaite essuyće ne déciderait pas l'Autriche à signer une nouvelle paix sans le consulter, moyennant une promesse, une concession quelconque de la part de la Russie.

Il peut se demander aussi si les Hapsbourg ont jamais sincèrement pardonné aux Hohenzollern de les avoir supplantés dans la prédominance de l'Alle

magne.

Quel serait alors pour lui le résultat?

La Russie, grandie par un premier succès, plus confiante dans ses forces, restant seule vis-à-vis de lui du côté de l'Est.

En ce qui regarde l'Italie, elle n'a, en réalité, aucun intérêt à faire la guerre à personne, la victoire ne peut rien lui rapporter et une défaite pourrait tout lui coûter. Elle irait, dans le seul but d'être agréable à l'Allemagne, risquer trente années de paix, de sagesse, d'économies? elle compromettrait sa siluation? elle pourrait voir ses côtes brûlées, ses ports détruits par nos flottes?

Non, Messieurs. Les Italiens ont toujours fait preuve de trop d'esprit politique pour tenter sans profit une pareille aventure; je suis convaincu que le chancelier n'établit pas un grand fond sur l'engagement pris par M. Crispi, qui ne représente peut-être pas très bien l'opinion nationale en Italie et qui peut tomber demain comme un simple ministre français.

Alors la France reste seule du côté de l'Ouest, avec toutes ses forces, tous ses moyens d'action, toutes les rancunes qu'on lui prête.

Et M. de Bismarck pourrait se trouver pris entre deux puissants adversaires auxquels une impérieuse nécessité commanderait de s'entendre, si la guerre éclatait. C'est l'éventualité qu'il redoute depuis dix-sept ans et que tout son génie, toute son habileté, toute son action diplomatique, sont parvenus à conjurer jusqu'ici.

S'il avait une si grande confiance dans la vigueur et dans l'entrain de ses alliés, croyez-vous qu'il multiplierait comme il le fait ses préparatifs et ses

armements?

-

Autre fait significatif. Il vient, et d'autres que moi ont pu se le laisser dire, d'employer tous les moyens do persuasion, de séduction, pour obtenir l'adhésion de l'Angleterre à la triple alliance, parce qu'il sait bien que le concours de l'Italie ne peut être effectif qu'à ce prix.

Le premier ministre de la reine aurait été sur le point de se laisser entralner, oubliant qu'un engagement de sa part n'avait aucune valeur dans une monarchie vraiment parlementaire, s'il n'était ratifié par le vote des Chambres, oubliant surtout les vieilles traditions de la politique britannique, qui ont toujours consisté à se tenir en dehors de toutes les associations d'intérêts continentaux; mais il s'est vite rendu compte que le parti dont il est le chef ne le suivrait pas compacte dans cette voie dangereuse, et que la majorité unioniste se disloquerait peut-être plutôt que d'approuver celle politique. Aussi je crois que s'il s'est un peu avancé, il s'est vile retiré, et je suis persuadé que l'Angleterre, aujourd'hui, est encore libre de tout engagement, peu disposée à entrer dans une ligue européenne, décidée à ne pas unir son sort à celui de l'Allemagne, de l'Autriche et de l'Italic.

Ce qui me fait penser ainsi, c'est que l'Angleterre est plus préoccupée de ses intérêts asiatiques que des questions europécunes, en dehors des soucis que ne lui ménagent pas à l'intérieur les affaires d'Irlande; elle croit son empire d'Orient menacé. J'ai pu en juger par mes propres yeux, car j'ai visité Tes Indes anglaises deux fois. Je ne vous parlerai pas de mon admiration pour cette magnifique colonie, pour celte possession devenue indispensable aujour

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