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d'hui à l'existence de la mère-patric. Mais je peux me rendre compte mieux qu'un autre du prix qu'elle attache à la conservation de ce vaste empire, qui lui permet depuis plus de cent ans d'étendre son activité, sou commerce, son industrie, d'occuper et d'utiliser le surplus toujours croissant de sa population. Je crois ses craintes exagérées, mais l'habile diversion des Russes vers l'Afghanistan, leur marche mystérieuse au centre de l'Asie ont fait perdre à l'Ang'eterre le tempérament d'insulaire qui a fait sa force pendant tant et tant de siècles. Dès à présent, elle n'est plus ile, car elle connaît toutes les charges, tous les inconvénients, tous les soucis d'une longue frontière, et son caractère s'accommode mal de cette nouvelle situation géographique.

Aussi j'ai la conviction qu'aujourd'hui ou bientôt, inalgré la délimitation des frontières afghanes, qui n'est que la constatation officielle d'un voisinage inquiétant, l'Angleterre laissera volontiers le tzar descendre en Europe vers la Méditerrannée, à la condition qu'il recule de quelques centaines de milles en Asie, c'est-à-dire qu'au licu de songer à se liguer contre la Russie, elle commence à comprendre que ses intérêts lui commandent beaucoup plutôt de s'entendre avec elle.

Ce ne sera pas, Messieurs, vous le voyez, un acheminement de sa part vers la triple alliance et nous ne pouvons guère le regretter.

M. de Bismarck, je le répète, pourrait donc se trouver aux prises avec la France et la Russie; il ne doute pas, parait-il, qu'il les battrait toutes les deux; mais, malgré les millions d'hommes dont il nous parle, nous ne sommes pas obligés de croire que cette confiance est bien sincère et nous pouvons nous demander, avec quelque vraisemblance, s'il a grande envie de risquer dans une pareille bagarre l'existence d'un empire qu'il a mis quarante ans à édifier.

Voilà pourquoi je me permets de croire que l'Allemagne est moins satisfaite qu'elle ne semble de la nouvelle triple alliance; qu'elle y trouve l'Empereur de Russie mal remplacé et qu'elle n'a aucun désir de voir éclater la guerre. Elle a peut-être aussi, pour ne pas la souhaiter, d'autres raisons devant lesquelles chacun de nous doit s'incliner: l'âge de l'Empereur Guillaume et l'état de santé malheureusement si inquiétant du prince impérial.

C'est assurément, Messieurs, à l'attitude nouvelle d'Alexandre III, aux allures indépendantes qu'il a prises, à son silence comme aux sacrifices que la Russie s'est imposés pour augmenter ses forces militaires, que nous devons de voir l'adversaire le plus acharné de la France nerveux et inquiet. Déjà, en 1875, nous avons contracté une dette de reconnaissance vis-à-vis de l'Empereur Alexandre II (Très bien! très bien !).

Mais il y a dans notre pays des sympathies si vives pour la Russie, que personne ne regrettera de voir grossir celle dette (Applaudissements sur un grand nombre de bancs).

Plus d'une fois, Messieurs, soyez-en sûrs, depuis que l'ancienne triple alliance n'existe plus, c'est-à-dire depuis que l'Empereur de Russie en est sorti, M. de Bismarck a regretté de n'avoir pas, suivant son expression, « saigné la France à blanc» il y a quelques années; mais ce qui pouvait se faire alors sans trop de difficulté peut-être, n'est plus guère possible aujourd'hui.

Un membre à gauche. Espérons-le !

M. le marquis de Breteuil.

-

Non pas que je croie une alliance avec la Russie réalisable à l'heure où nous sommes.

Je vais même plus loin: malgré les sympathies que je ne cache pas, je crois que le moment de la désirer n'est pas venu. Elle pourrait trop précipiter les événements. Il me suffit d'être fermement convaincu que la Russie a un intérêt capital à notre existence.

S'il n'y avait, Messieurs, que des sympathies réciproques, qu'une communauté d'antipathie, que ce fait que nulle part dans le monde nos intérêts ne peuvent se heurter, je serais plus sceptique, car je ne crois pas que les sentiments aient 2o SÉRIE, T. XXV (87)

ARCH. DIPL. 1888.

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jamais dirigé la politique des nations; mais elle doit tenir à notre existence en tant que grande puissance, pour préoccuper l'Allemagne et la rendre plus coulante sur les affaires d'Orient, comme il lui était indispensable d'occuper l'Angleterre de questions plus graves pour elle que la question du Bosphore.

Car, depuis cent cinquante ans, le but de la Russie n'a jamais varié: atteindre Constantinople.

Depuis Pierre le Grand, Messieurs, qui l'avait rêvée; depuis Catherine, qui avait pris la Crimée, soumis les Tartares, fondé Sébastopol et Nicolaïef, conquis la mer Noire et que Potemkin voulait mener plus loin, les Russes out-ils jamais renoncé à cette espérance? Récemment, ne l'ont-ils pas vue sur le point de se réaliser, à la veille du traité de Berlin 7 La domination de la mer Noire no leur donnerait-elle pas un commerce, une marine et un rang nouveau parmi les nations européennes ?

Mais si leurs efforts ont constamment visé le même but depuis un siècle et demi, toujours ils ont été combattus par les mêmes puissances, car les Cabinets d'alors se préoccupaient de l'équilibre européen, et les grandes puissances trouvaient déjà trop grandes les possessions du tzar, comme si l'importance d'un Etat se mesurait au kilomètre carré !

Depuis lors, l'aspect de la Méditerranée a changé.

L'Italie est devenue, à côté de l'Angleterre, à côté de nous, une puissance navale non sans importance.

L'isthme de Suez a été percé. Aucune nation, je crois, ne se battrait plus pour l'existence du Sultan, c'est-à-dire qu'au point de vue français la question d'Orient peut être envisagée autrement qu'il y a trente ou quarante ans.

Depuis lors, sur le continent, M. de Bismarck a bousculé l'équilibre européen, et c'est lui, quoi qu'il dise, qui porte seul la responsabilité des effroyables armements sous lesquels l'Europe succombe.

Mais il ne peut pas empêcher qu'à l'heure présente l'Angleterre ne soit uniquement préoccupée de ce qui lui tient le plus au cœur: ses intérêts asiatiques, que la Russie ne demeure impénétrable sur ses projets, et que nous-mêmes ne soyons encore une grande nation; qu'il existe en face de lui, en face de la triple alliance, trois grandes puissances indépendantes que le même intérêt peut réunir à un moment donné.

Voilà, Messieurs, la situation telle qu'elle m'apparait.

C'est à on profiter que doivent s'employer tous nos efforts, tout notre patriotisme, toute notre diplomatie.

La tâche serait assurément rendue plus facile si la France n'avait pas contre elle la forme de son Gouvernement.

C'est une vérité qu'aucun de vous ne saurait contester. Une démocratie qui s'installe ne peut pas inspirer une grande sympathie aux souverains qui règnent en Europe.

Il serait chimérique de vous illusionner à cet égard! Je vous le dis, quoique je me sois promis de ne pas parler des choses qui nous divisent; mais j'ajoute que le temps pourrait atténuer ces impressions, si vous convainquiez le monde

de votre modération.

L'inconvénient serait moindre si la République ne donnait pas ce spectacle auquel nous assistons, si elle inspirait confiance.

Quelles réflexions ne voulez-vous pas qu'on se fasse à l'étranger, quand on voit dix-sept ministres se succéder en dix-sept ans à la tête du département de la guerre ?

Autant, ou à peu près, se sont remplacés à la direction de nos relations extérieures. L'instabilité partout! L'impossibilité d'entamer une conversation, de commencer une négociation avec un homme qui ait chance d'être aux affaires six mois après.

On s'exagère aussi au loin les périls de notre situation intérieure, nos embarras financiers, nos divisions. Mais je passe, le moment n'est pas venu d'étaler ici nos faiblesses.

On vous a souvent répété ce si fameux du baron Louis : « Faites-moi de la

bonne politique et je vous ferai de bonnes finances. » Ce mot s'applique, j'en suis convaincu, aussi bien à la politique étrangère, et je crois qu'il serait plus facile à un ministre de faire de la bonne politique extérieure si vous faisiez de Ja bonne politique intérieure.

Je m'imaginais que M. Flourens pensait comme moi avant qu'il n'eût voulu joindre à sa situation de ministro la qualité de député, tant que, n'appartenant à aucune fraction du parti républicain, il pouvait paraitre plus indépendant... tant que, placé au-dessus de nos divisions, il pouvait sembler les ignorer.

Ce qui vous grandissait, Monsieur le ministre, ce qui rassurait l'étranger, ce qui donnait quelque confiance dans votre durée, c'est que vous n'apparteniez pas au Parlement.

Votre langage de candidat a déjà fait tort à votre attitude de ministre, et vous n'êtes, j'en ai pour, qu'au commencement de vos déboires.

Je reviens à la politique intérieure, dont j'allais vous dire un mot. Vous feriez, Messieurs, de la bonne politique intérieure au point de vue de l'opinion de l'étranger si, d'un commun accord, obéissant à une préoccupation commune, vous placiez au-dessus de vos discussions, au-dessus de vos préférences, au-dessus des aventures parlementaires, les deux hommes qui ont la garde de la défense nationale, le Ministre de la guerre et celui de la marine; si vous leur disiez: Nous avons confiance en vous, dans votre dévouement au pays; entourez-vous de tous les gens du métier les plus compétents, ne négligez rien pour l'amélioration de la défense nationale. Nous vous laissons en dehors de la politique vous ne viendrez devant les Chambres que pour y défendre votre budget; et tous les sacrifices que vous croirez devoir nous demander, nous essayerons de nous les imposer en faisant des économies par ailleurs.

Notre patriotisme n'est pas moindre que celui des membres du Reichstag allemand.

Et, Messieurs, ce langage, vous avez le droit de le tenir: il ne peut éveiller aucune crainte, aucune susceptibilité en Europe; il ne dément en aucune façon votre ardent amour de la paix. M. de Bismarck ne proclamait-il pas, il y a quelques jours, que les peuples désireux de voir durer la paix avaient le devoir de ne rien négliger pour améliorer leurs moyens de défense?

Tout récemment, lorsqu'on discutait ici le budget de la marine, nous applau dissions tous les paroles du Ministre, de l'honorable amiral Krautz, Bientôt nous ferons sans doute le même accueil à M. le Ministre de la guerre, à l'honorable général Logerot, si, convaincu de la lourde responsabilité qu'il porte, il se montre un soldat et non un politicien.

Eh bien, Messieurs, gardez ces deux hommes que vous avez choisis, conservez-les à leur poste jusqu'à la fin de cette législature. Vous ne pouvez pas regarder au-delà; mais l'exemple s'imposera à vos successeurs. Laissez à ces Ministres la certitude qu'ils pourront pendant dix-huit mois encore poursuivre l'œuvre commencée. Les résultats ne se feront pas attendre et vous aurez bien mérité du pays.

Fortifions-nous, c'est le principal, et comme le disait M. Thiers, quand nous serons devenus forts, les alliances viendront à nous sans que nous ayons à les demander. Ce n'est pas chez nous, Messieurs, membres de la droite, que vous rencontrerez de l'opposition si vous entrez dans cette voie, car nous avons toujours mis et nous inettrons toujours les intérêts de la patrie au-dessus de nos intérêts de parti.

Au point de vue de la politique extérieure, nous devons un démenti au jugement porté par le prince de Bismarck devant son Parlement; nous devons prouver que nous ne nourrissons aucune des haines qu'il nous prête. Son plus grand désir, et il est bien naturel, est que nous demeurions isolés en Europe; c'est à ne pas l'être qu'il faut travailler.

Pour cela, je crois que nous devons souhaiter que l'Empereur de Russie, qui est sincèrement pacifique, et de la parole duquel personne ne peut douter (applaudissements), continue de rester dans la situation indépendante où

il s'est placé, continue d'être l'arbitre de la paix. Nous devons saisir chaque occasion de lui témoigner notre véritable sympathie, sans exagérer les démonstrations...

Nous devons lui faire comprendre que nous sommes des amis solides, mais discrets.

Il a existé, Messieurs, plus d'un malentendu entre l'Angleterre et nous depuis quelques années; ils sont aplanis, ou à peu près. Je voudrais que nos relations avec cette grande puissance deviennent plus amicales; je voudrais que personne ici ne doute de sa sincérité, quand elle parle de ses intentions en Egypte; je voudrais que nos deux peuples, qui ont tant d'intérêts vitaux liés les uns aux autres, écartent pour longtemps les questions qui peuvent les diviser. Les nations, comme les individus, peuvent bien se faire quelques concessions.

Quant à l'Italie, nous pouvons espérer qu'en se persuadant de nos sentiments pacifiques, elle comprendra que nous n'avons aucun mauvais sentiment contre elle; que nous voyons, sans aucune espèce de jalousie, se développer sa force, sa richesse, sa puissance. Nous pouvons espérer qu'un jour elle comprendra que de communs intérêts doivent nous rapprocher.

En ce qui nous touche, Messieurs, je fais des voeux pour que la France, consciente de sa force, reste digne et calme, regardant l'avenir bien en face, dédaignant, comme la Russie, les raisons qui ne valent pas la peine de se fâcher, qu'elle ne néglige ricn pour l'amélioration de ses moyens d'action, qu'elle ne disperse pas ses forces au loin (approbation sur divers bancs), et que les sacrifices qu'elle s'impose n'aient pas des résultats purement négatifs.

Pour me résumer, Messieurs, je voudrais qu'en face de la triple alliance qui existe, nous sachions préparer la contre-partie, c'est-à-dire trouver un terrain d'entente où les nations indépendantes puissent, à un moment donné, dans leur intérêt, comme dans l'intérêt de la paix de l'Europe, être amenées à tenir le même langage, sans avoir été forcées de passer par les nécessités d'un traité, par les difficultés d'une alliance préparatoire.

D'ici là, Messieurs, gagnons du temps; il est notre plus précieux auxiliaire — les grands Ministres et les grands conquérants ont rarement des successeurs et montrons-nous ce que nous sommes : une nation qui veut sincèrement la paix, mais qui ne redouterait pas la guerre.

Je vous ai dit, Messieurs, pourquoi la triple alliance me semblait fragile et combien peu elle menaçait nos intérêts.

Je vous ai dit comment les intérêts des puissances libres se liaient aux nôtres et venaient naturellement les protéger.

Je vous ai dit que plus la Franco se montrerait forte et modérée, plus l'Europe comprendrait la nécessité de son existence.

Qu'il me soit permis d'ajouter, et je termine, que notre pays, j'en ai la ferme conviction, repousse toule idée de guerre offensive, et ne demande qu'une chose vivre et travailler en paix, mais sans que cela soit jamais au détriment de son honneur ni de sa dignité.

Tels sont, Messieurs, les sentiments et les considérations qui doivent à mes yeux inspirer actuellement la politique du Gouvernement français; et, chaque fois qu'un Ministre des affaires étrangères fera respecter nos droits et travaillera au bon renom de la France, personne ne lui marchandera son approbation.

Je ne demande pas à M. Flourens de me répondre. Il ne doit pas me répondre, et je le comprends. Au reste, je me suis adressé moins à lui qu'à mes collègues de la Chambre, et je n'ai engagé que moi dans le langage que je viens de tenir, en n'apportant ici que des impressions absolument personnelles, (Applaudissements à droite. L'oraleur, en retournant à son banc, reçoit des félicitations).

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M. le Président. La parole est à M. de La Ferronnays. M. le marquis de La Ferronnays. Messieurs, les usages parlementaires me permettraient de prendre prétexte de la discussion qui s'ouvre aujourd'hui pour examiner toute notre action diplomatique pendant l'année écoulée, et certes il

n'a pas manqué d'incidents qui ont permis à notre diplomatie de montrer son habileté et sa sagacité !

Parmi ces incidents, les uns ont reçu une solution conforme aux intérêts de l'honneur national; d'autres ont donné lieu à des négociations sur lesquelles il y aurait beaucoup à dire. Mais j'estime que, dans l'état où se trouve l'Europe aujourd'hui, ce sont là des questions qu'il serait imprudent d'aborder à la tribune. Je connais trop les dangers de l'improvisation pour vouloir m'exposer moi-même, et ce qui serait plus grave encore exposer M. le Ministre des affaires étrangères en me répondant, à prononcer quelqu'une de ces paroles insuffisamment mesurées dont le retentissement en dehors de cette enceinte pourrait avoir de redoutables échos.

Ainsi donc, Messieurs, ce n'est pas sur les affaires européennes que je désiro appeler l'attention de la Chambre, et néanmoins les questions que je compte traiter ont pour nous un intérêt tellement considérable que je crois devoir vous demander quelques instants d'attention pour vous les signaler et les discuter

avec vous.

Lorsqu'on réfléchit aux conditions profondément troublées dans lesquelles s'écoulent ces dernières années du xixe siècle; lorsqu'on voit toutes les nations européennes consumer leurs richesses en armements stériles et qui, s'ils n'étaient pas stériles, n'auraient d'autre effet que d'amener des massacres épouvantables sur toute la surface de la vieille Europe; lorsqu'on assiste à un spectacle aussi affligeant, il est permis de se demander si, après l'ère de guerre et de perturbalion que nous traversons aujourd'hui, ne viendra pas forcément une ère de réparation et de paix dans laquelle tous les peuples chercheront à refaire parle commerce et le développemeût de leur vie matérielle, les forces qu'ils auront inutilement dépensées à la fin de ce siècle-ci.

Alors, nous sommes conduits naturellement à admettre que les générations qui viendront après nous auront pour principale préoccupation de leur politique les questions de commerce, de développement matériel et de richesse publique.

Eh bien, Messieurs, je me demande si, dans le cours de cette année, les négociations qui nous ont été communiquées se sont suffisamment préoccupées de cette nécessité, si notre Gouvernement s'est suffisamment inspiré des sentiments qui, aujourd'hui, portent toutes les nations européennes à chercher à prendre pied sur les grands marchés commerciaux qui seront ceux du xx siècle.

C'est pour obéir à cette impulsion logique que la Russie poursuit lentement, mais sûrement, sa marche vers les Indes; que l'Angleterre cherche à gagner le centre de l'Afrique, et que l'Allemagne multiplie ses tentatives incessantes pour se créer un empire colonial peu onéreux mais extrêmement fructueux dans les iles de l'Océanie. Nous voyons, en effet, l'Allemagne planter successivement son drapeau aux iles Samoa, aux iles Marshall, et, par une tentative prématurée qui n'est peut-être pas la dernière, chercher à le planter dans l'archipel des Carolines.

Je me demande si les deux négociations qui nous ont été communiquées au commencement de cette session, celle relative à la neutralisation du Canal de Suez et celle relative à la convention pour l'abandon des Nouvelles-Hébrides, ont suffisamment sauvegardé en Océanie les intérêts de la France, intérêts que je crois très considérables.

La question du Canal de Suez est intimement liée dans cette négociation à celle des Nouvelles-Hébrides.

En est-il de même dans la réalité des faits? Je ne le pense pas. Il est incontestable que l'Egypte était depuis très longtemps, depuis Méhemet Ali, entièrement soumise à l'influence française. Il est incontestable que toutes les grandes choses faites en Egypte ont été faites par le génie et les capitaux français.

Il est non moins certain qu'un jour, par une série d'imprudences qui ont commencé en 1880, dont la plus forte a été notre attitude lors du bombardement d'Alexandrie, il est non moins certain, dis-je, que, sans aucune compen

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